On pourrait à tord penser que la musique industrielle a besoin des moiteurs intestinales des mégalopoles pour exploser au grand jour ; des bruits du trafic et des frustrations du stress pour prendre son envol. Or il n’en est rien, de Mâcon déboule Psycho Industry, projet d’un seul musicien ayant déjà deux albums à son actif. Fans de Nine Inch Nails et de Ministry, pénétrez l’univers angoissant, sombre et torturé de Psycho Industry. Cette interview réalisée en juin 2004 avec Marc Dumont vous est destinée.
>Salut Marc, tu pourrais nous dresser un récapitulatif de
ton projet Psycho Industry pour démarrer les présentations ?
Psycho Industry est né dans les tréfonds de mon esprit au cours
de l’an 1997, année au cours de laquelle j’ai acquis du matos
home studio pour composer et enregistrer ma musique. Le premier album a été
pressé deux ans plus tard et proposait une musique non conformiste, fusion
de métal, de techno, d’indus, de gothique, ouvrant sur un monde
saturé de folie. De bonnes chroniques ont suivi dans les mags (Hard-Rock,
feu Hard Force, Elegy, Rock&Folk…) et quelques lives solo. Je me suis
attelé à l’élaboration de son successeur courant
2001 et ce second album est sorti fin 2003, proposant une musique plus épurée,
ponctuellement plus violente, plus émotionnelle et au son davantage travaillé.
>Je crois qu’avant Psycho Industry, tu évoluais au
sein de formations métal classiques. Qu’est ce qui t’a donné
envie de t’exprimer définitivement seul au travers de cet hybride
métal-industriel ?
Vers 93-94, le métal a commencé à me lasser, je trouvais
qu’il tournait en rond et je me suis alors tourné vers des formes
hybrides de musiques violentes, telles le métal-indus. Les autres membres
du groupe étaient des puristes et ne voulaient pas entendre de sonorités
électroniques au sein du groupe, le split en découla.
>J’imagine que tout assurer seul de A à Z doit être
un casse-tête permanent en terme de composition. Mais sur quel matériel
composes-tu aujourd’hui ? Et as tu évolué depuis les débuts
du groupe techniquement parlant ?
J’ai composé le second album sur table mix numérique reliée
via carte numé au pc, enregistré les voix avec un micro statique
et les guitares avec un dynamique, le monitoring se faisant sur matériel
pro Yamaha. Le premier album a été réalisé avec
des moyens beaucoup plus basiques, et le son s’en ressent.
>Musicalement, en entendant les guitares très puissantes,
j’ai rapidement pensé à Pantera. Par contre n’étant
pas spécialiste d’élektro-techno-industriel, quels sont
les groupes ou tendances synthétiques auxquels tu te raccroches, qui
t’influencent ?
J’ai été très influencé au départ par
Nine Inch Nails, Ministry époque "Psalm 69", Cubanate, puis
par Rammstein, Misery Loves Co, Marilyn Manson, Oomph!, Atari Teenage Riot et
plus récemment par des artistes techno, house ou disco comme Benny Benassi,
Cerrone. J’écoute des choses très diverses mais qui restent
toujours, d’une manière ou d’une autre, énergiques.
>Où as-tu enregistré ce second album éponyme
? Le son est carrément énorme.
Chez moi ! Merci pour l’appréciation du son. C’est sur cet
aspect des choses que j’avais décidé d’axer mes efforts
pour ce second album, en simplifiant volontairement les structures des morceaux.
>Quelles seraient les erreurs que tu as essayé de gommer
par rapport à ton premier album "Crushing the Individual" ?
Eh bien, la qualité du son, qui
>Tu sembles t’être entouré d’autres musiciens
pour te produire sur scène. Tu n’envisageais donc pas que Psycho
Industry ne puisse pas jouer live ? Qui sont les gens qui t’accompagnent
?
J’ai fait 5 concerts solo après la sortie de "Crushing…".
Je n’envisageais pas de réitérer car cette formule ne me
permettait pas d’exploiter tout mon potentiel scénique. J’ai
donc recruté des musiciens en la personne de Gilles Candy, bassiste heavy-metal
et Julien Nicolas, batteur du groupe Furia. Je n’ai trouvé pour
l’instant personne aux samples, donc nous jouons avec cd de samples et
Julien joue au casque, synchronisé sur les samples. Notre première
sortie live du 5/6 à La Cave à Musique à Mâcon a
été un franc succès, slams et ovations du public, éloges
dans la presse locale. Nous rejouerons à la rentrée sur notre
région et d’ici la fin de l’année sur la région
Alsace-Lorraine. Nous axons dorénavant l’essentiel de nos efforts
à faire tourner Psycho Industry sur la France pour étendre la
notoriété du groupe.
>Un des textes du nouvel album traite du cas Richard Durn qui, à
Nanterre il y a quelques années, a ouvert le feu en plein conseil municipal
et y a décimé une partie des personnes présentes. Ce sujet
t’a touché ?
Le journal Le Monde avait publié des extraits du journal intime de Richard
Durn, dans lesquels il exprimait sa vision du monde, son dégoût
de la vie, son attirance de plus en plus marquée pour les armes à
feu, et l’envie irrésistible de commettre un jour un meurtre pour
"se sentir enfin vivre". Cela faisait des années qu’il
y pensait. On sentait dans ces auto-confessions toute la détresse et
le désespoir qui remplissait cet homme, qui avait arrêté
de vivre depuis au moins une décennie. Ce sont ces extraits qui m’ont
influencé pour l’écriture du texte de "The Red Sun",
dans lequel je me place à l’intérieur de la tête de
Richard Durn et exprime sa vision du monde, qui est… rouge.
>Plus largement la violence est très présente dans
tes textes. Les références à l’imagerie militaire,
la guerre, les violences faites envers les enfants… etc. Est-ce pour toi
une façon d’exorciser des choses que tu as en toi ou plutôt
un moyen de les dénoncer ?
C’est vrai que la violence, la souffrance sont des choses qui m’inspirent
énormément. Déjà sur "Crushing…"
et avant dans "Autonomes". Pourquoi ? Difficile à dire. Ce
sont ces sujets là qui me font réagir, qui me font agir. J’éprouve
une sorte de fascination mêlée de peur pour tout ce qui est noir,
et j’aime créer des mondes étranges et dérangeants
à partir de ça. L’être humain a besoin d’exprimer
une certaine violence. Certains le font directement, en commettant des actes
violents, d’autres exultent dans le sport, une passion quelconque. Moi
c’est la musique. Dans "La Chanson de Enfants Hurlants", je
m’immerge totalement dans une situation de viol, je décris le théâtre
des atrocités avec force détails désagréables, puis
je me mets en lieu et place d’un enfant violé et battu, pour en
ressortir toute l’horreur et susciter une réaction chez l’auditeur.
C’est de cette manière que je dénonce la pédophilie
et espère faire réagir les gens, peut-être pour qu’ils
ne s’endorment pas ou ne
>Au sujet de la pédophilie dont tu traites dans "La
Chanson des Enfants Hurlants", ne penses-tu pas qu’il faille utiliser
la castration chimique comme dans certains pays ?
Je me demande si elle ôte toute envie de violence aux gens. Admettons
que le gars ne puisse plus violer, n’aura-t-il pas envie néanmoins
de continuer à faire du mal, donc de battre, ou de trouver d’autres
moyens de torture ? Maintenant, il paraît que la castration supprime certaines
substances au sein du corps qui sont responsables d’une certaine violence.
Je ne suis pas très érudit sur le sujet, mais bon, si cette dernière
chose est prouvée, alors pourquoi pas castrer chimiquement, en effet.
Une élimination pure et simple est cependant plus nette, pour des gens
qui souffrent et font souffrir les autres.
>Le procès d’Outreau qui fait la une actuellement des
journaux télévisés est pitoyable dans la manière
avec laquelle des personnes innocentes ont été incriminées
et emprisonnées pendant 3 longues années. Du coup, la parole des
enfants victimes risquent d’être dorénavant moins écoutée.
C’est vrai qu’on ne sait pas sur quel pied danser dans cette affaire.
Un coup la principale accusatrice se rétracte, puis réaccuse en
bloc… Elle est mentalement très perturbée, c’est un
fait. Mais qu’en est-il des accusations des enfants ? Certains enfants
ont-ils sciemment menti ? Ont-ils été influencés par des
adultes ? Certains ont été victimes de viols, ça c’est
certain. Donc il y a des coupables. Mais lesquels parmi les 13 accusés
? En libérant tout le monde, ne risque-t-on pas de laisser filer un ou
plusieurs coupables ? Pour ceux qui sont vraiment innocents, quel crédit
accorder à une justice qui les a retenus prisonniers pendant 2 ans et
demi ? Au-delà de l’accusation de pédophilie, ce procès
exprime la difficulté qu’il y a à déceler le vrai
du faux et toute l’ambiguïté qui en découle.
>Es-tu à la recherche d’un contrat discographique actuellement
?
Pour l’instant non, mais à terme oui. Plus précisément,
l’album étant sorti et la structure live mise en place, nous recherchons
plus un management/tourneur qu’une maison de disque. Mais lorsque le moment
sera venu d’enregistrer le troisième album, j’aimerais évidemment
être financé par une maison de disque. Par ailleurs, Psycho Industry
est distribué par Adipocere sur la France.
>Quels sont tes projets à court terme ?
Comme je l’ai dit, recherche intensive de concerts, production scénique
de qualité. D’autre part, j’ai un side-project, qui s’appelle
Life On Mars et qui évolue dans un style rock-heavy plus "soft"
et mélodique que Psycho Industry. Nous sommes trois (basse-batterie-guitare/chant)
et initialement nous nous réunissions pour reprendre du Nirvana, Pink
Floyd, Red Hot Chili Peppers, RadioHead, etc… Mais dorénavant nous
nous tournons vers la composition. Ce groupe est l’occasion pour moi de
diversifier mon chant, de progresser vocalement, de composer dans un registre
différent et d’exprimer ainsi d’autres choses, qui ne peuvent
cadrer avec Psycho Indus.
>Merci à toi je te laisse le mot de la fin. Si tu veux aborder
un sujet qui ne l’a pas été, c’est le moment.
Un petit peu de promo alors : le dernier cd est dispo à Stars-Images
(Lille, Arras, Valenciennes), à Anarkia-Sk8 (Douai), à DiscoFeel
(Béthune), ainsi que sur internet par paiement sécurisé
: www.fnac.com ou adipocere.nexenservices.com/index.php, où l’on
peut se procurer également le 1er album. Pour de + amples infos, visitez
le site www.psychoindustry.com . A bientôt !
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