Pitbulls In The Nursery

interview Pitbulls In The NurseryDes groupes français qui signent à l'étranger, y en a pas des masses, faut bien se l'avouer. Victimes des préjugés, les étrangers tardent encore à miser leurs brouzoufs sur des formations hexagonales. Pourtant peu à peu, les choses semblent évoluer, reflet naturel de la super forme du métal français. Le label grec Black Lotus ayant récemment recruté les Pitbulls In The Nursety, il était temps de faire plus ample connaissance avec ces molosses aux canines acérées. Voici une interview en novembre 2005 avec Jerry et Panda, respectivement batteur et chanteur de la meute.

Salut les Pitbulls ! Pourrait-on commencer cette interview par une présentation du groupe. Qui êtes-vous, d'où venez-vous, où allez-vous ? Un historique serait le bienvenu, mais ne vous sentez pas obligés.
J : Salut ! Et bien PITN est né en 1997 à Rambouillet mais c'est vraiment en 2001, lors de l'arrivée de Mat et Francesco, que l'on a commencé à passer la seconde. Désormais le groupe est composé de Panda (growls), Simon (guitare), Mat (guitare), Francesco (basse) et de moi-même, Jerry (batterie). Pour l'instant, nous sommes dans l'attente de la sortie du 1er album et nous préparons activement le live ainsi que la compo du 2ème album.

Vous avez à votre actif un mcd 3t "Impact" qui date un peu maintenant, et un putain de nouvel album "Lunatic" qui devrait sortir je crois chez Black Lotus. Comment en êtes-vous venu à enregistrer cette dernière prod au studio des Milans ? Satisfait du son ? Moi je le trouve vraiment top.
J : Au début nous ne savions pas où enregistrer ; nous en sommes venus à enregistrer au studio des Milans par bouche à oreille et par conviction du résultat. L'idée de sortir un album nous trottait dans la tête depuis pas mal de temps. Le son est assez typé, assez brut de fonderie, il sort pas mal du lot de ce qui se fait en ce moment.

Depuis le mcd 3t, votre style a bien évolué. Pour celles et ceux qui connaissaient "Impact", quelles sont les différences majeures avec "Lunatic" d'après vous ? Dans quels domaines avez-vous travaillé le plus ?
J : La différence majeure est qu'il y a plus de musique lol ! Non ça vient beaucoup du niveau technique du groupe qui a augmenté, chacun a fait son petit bonhomme de chemin et a su s'épanouir dans la pratique de son instrument ; mais il y a eu l'arrivée de Francesco et de Mat en 2001 (date de sortie de la démo) qui a été décisive aussi. Nous avons découvert des groupes comme Cynic, Meshuggah et Atheist qui ont pas mal bouleversé notre vision du métal. On cherche toujours à expérimenter de nouvelles choses en essayant de rester cohérent.

Parlons encore de votre style. C'est un brassage surpuissant de death-metal et de thrash expérimental avec une technique impressionnante et une putain d'énergie qui détruit tout. Comment en parleriez-vous précisément ? Quels sont vos goûts dans le groupe ? Que pensez-vous des groupes de death technique des 90's comme Atheist, Gorguts... etc. ?
J : Je pense que nos influences sont palpables : elles se situent vers des groupes comme Death, Loudblast, Meshuggah, avec un zest de brutalité en plus ! Mais c'est assez dur de parler de soi même en étant objectif donc je ne m'étendrai pas plus sur ce sujet. Dans le groupe, en gros, nous avons tous en commun les groupes de métal cités précédemment, à coté de ça c'est assez open, ça va du dub, au hip-hop, en passant par Pink Floyd, la musique indienne…etc. Pour ma part, au risque de choquer les puristes, j'aime des choses comme Nosfell, Noir Désir, Tarmac, Puya, Brassens, la musique du monde…etc… Je pense vraiment que les groupes de death technique des 90's n'ont pas eut le succès qu'ils méritaient. Peut-être trop a
interview Pitbulls In The Nurseryvant-gardiste à l'époque, en tout cas ces groupes ont beaucoup fait avancer le métal à mon sens. Aujourd'hui des groupes comme Coprofago, Martyr ou nous-même puisent, à des degrés différents, une part de leur inspiration dans ces groupes là et permettent de transmettre cet héritage.

La sortie de l'album chez Black Lotus est prévue pour quand ? Comment êtes-vous entrés en contact avec ce label grec ? A ma connaissance, vous êtes bien le 1er groupe français qu'ils signent (non, en fait il y a eu Hypnosis avant). Aucun label français n'était donc intéressé ?
J : La sortie pour Black Lotus est prévue pour février. Nous avons fait des envois à tout un tas de labels, beaucoup n'ont pas répondu, d'autres étaient intéressés mais nous proposaient des conditions qui ne nous convenaient pas, bref beaucoup de choses qui limitent les possibilités. Black Lotus nous ont fait comprendre qu'ils étaient intéressés et après avoir débattu des clauses du contrat, ce qui a pris du temps, et être arrivé à quelque chose qui nous convenait, nous avons enfin pu signer.

C'est pas trop frustrant d'avoir un disque tout près depuis des mois et de devoir attendre le bon vouloir d'un label qui veuille enfin le sortir officiellement ? Surtout qu'au moment où il sera dispo, votre style aura peut-être encore évolué sensiblement.
J : Cette année a été très longue pour nous effectivement car quand tu sors du studio tu as envie que ça sorte direct après. Nous avons eu une année pour méditer là-dessus, on en peut plus il faut que ça sorte ! On entend souvent dire que la sortie du premier album est un accouchement douloureux nous n'avons malheureusement pas échappé à ce dicton.

Comment composez-vous généralement ? Niveau technique, c'est du costaud, alors combien de temps bossez-vous sur un titre avant qu'il ne soit finalisé ? Et surtout comment savez-vous qu'une chanson est arrivée à maturité ? Jamais déçu de ne pas avoir modifié un détail avant l'enregistrement final ?
J : La composition est un processus très long chez nous avant d'arriver à une version définitive. Souvent Simon fait un squelette de musique sur lequel tout le mode essaye de se greffer et d'apporter ces idées. Les structures des musiques sont souvent triturées dans tous les sens ! Disons que sans objectif et sans pression on est plutôt lents. Je ne pense pas qu'on ait des regrets sur les musiques enregistrées car nous sommes assez difficiles avec nous-mêmes lors de la composition.

Il est clair que vous donnez une importance non négligeable au coté mélodique de votre métal. Pour vous est-ce important d'alléger ainsi vos compos ?
J : Le coté mélodique a toujours été présent dans le groupe mais effectivement l'apparition de son clair dans les musiques est une vrai bouffée d'air pur ! Cela permet de pouvoir s'exprimer autrement donc c'est effectivement très important.

Est-ce que vous vous auto-censurez lorsque vous composez ? Je veux dire par là : est-ce que vous interdisez des trucs particuliers, des plans ultra barrés ou des influences décalées ?
J : On s'interdit de faire de la technique pour de la technique ou du riff à riff ; sinon rien de spécial à ce niveau là si ce n'est que l'on rencontre sûrement les mêmes problèmes que tout le monde, et particulièrement celui de ne pas plagier les groupes qui nous influencent : c'est chaud dès que tu sors un riff de ne pas dire que ça ressemble à ça ou à ça ! Sinon il n'y a aucune censure, le groupe est me semble- t-il de plus en plus ouvert au métissage et à l'expérimentation musicale.

En ce qui concerne les paroles, de quoi traitez-vous ? D'où vient l'inspiration lorsque vous
interview Pitbulls In The Nurseryécrivez ?
P : Les paroles traitent pour la plupart de sujets d'actualité. Par exemple, la guerre en Irak, la pauvreté des médias, les régimes totalitaires au pouvoir. Beaucoup de choses qui me scandalisent. Après, il y a aussi des sujets moins graves mais qui me tiennent tout autant à cœur. "La Norme", par exemple est une réflexion sur la "normalité" par rapport aux gens que tu fréquentes. Les paroles te disent d'aller plus loin que tes idées préconçues et de faire en sorte de ne pas rester enfermé par peur du qu'en dira-t-on. En gros, fais des expériences teste plein de choses, découvre le monde et assume tes choix si tu penses que c'est ce qu'il y de mieux pour toi. Ca parle d'amitié aussi pour un titre : "In My Veins". Ce morceau est une dédicace aux gens qui nous aident, les groupes avec qui on a tourné et au public qui partage nos émotions sur scène.

Quels sont les sujets de société qui vous interpellent ? J'imagine que les émeutes en banlieue, vous vivez ça de près. Votre point de vue là-dessus ?
P : Mes paroles reposent pour beaucoup sur des sujets de société. Les thèmes récurrents sont la désobéissance réfléchie et le refus de l'ordre établi. Je suis pour aborder beaucoup de problèmes sociaux et politiques d'une manière plus adulte. Faire de vraies choses plutôt que de faire le zouave à la télé sans réelle actions derrière. Pour ce qui est des évènements en banlieue, c'est un énorme gâchis. Pour les gens des quartiers défavorisés qui subissent ces violences au quotidien, il est tant d'agir socialement mais aussi au niveau de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. Je pense que pour les violences qui ont éclatées, on ne peut pas cautionner de tels actes. Je réponds très rapidement, car c'est un sujet très sensible, et pour expliquer réellement la totalité de mon sentiment là dessus il me faudrait plusieurs pages.

Le ghost-track à la fin du cd est terrible. Qui y joue du sitar ? Comment vous est venu l'idée d'inclure un instrumental folk indien ?
C'est Simon qui joue du sitar sur l'album. Ca trottait dans nos têtes depuis un petit bout de temps de faire un morceau avec son sitar, nous avions envie de mettre quelque chose qui change de l'ordinaire sur cet album alors ce choix s'est fait naturellement. Aujourd'hui nous jouons ce titre sur scène, il y a un petit coté challenge qui nous plait bien, peut-être cet instrument sera-t-il exploité par la suite qui sait ?

Qui s'est chargé de la pochette ?
La pochette a été réalisé par Djahal un ami de longue date qui se charge d'ailleurs de tout le design du groupe et des lights pendant les concerts. J'en profite pour souligner que le groupe travaille avec un manager (Greg), un lighteux-graphiste (Djahal) et ingé-son (Sonolive) et que sans eux le projet ne tiendrait pas debout. Big up à eux !

Prévoyez-vous des dates en France en parallèle avec la sortie de l'album ?
Nous voulons tourner un max en France après la sortie de l'album, et à l'étranger si c'est possible. Pour l'instant il n'y a rien de bloqué.

Dans ma critique récente de votre album, je citais les noms de Korum, Gojira, Scarve et Klone. Quels sont les groupes français que vous aimez ?
En métal français nous aimons Loudblast, Scarve, Lofofora, Fatal, Psoriasis, Gojira… et j'en passe ! La scène française est très riche.

Ok, merci pour vos réponses, je vous laisse conclure.
Merci de t'intéresser au métal français en général ! Viendez nombreux (z) aux spectacles d'orchestres métal et autres ! Bien merci à toi pour cette interview. Jerry et Panda pour Pitbulls In The Nursery.



www.pitbullsinthenursery.com
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interview réalisée par DJ In Extremis

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