Pilori (FRA-2)

Publié en Juin 2020, Pilori sort un bien bel premier album avec "A Nos Morts". A la fois sombre, violent et haineux, les rouennais n'y vont pas avec le dos de la cuillère, révélant un fort beau potentiel au sein d'une scéne extrême hexagonale bien prolifique. Privé dans concerts pour défendre son méfait, Gr. (chant) et Gu. (batterie) ont répondu en détail à nos questions.

 

1. Pouvez-vous nous conter la genèse de Pilori ? Comment vous êtes-vous rencontré ? Qui êtes-vous ?

 

Gr. : Tout d'abord, bonjour à toi et à celles et ceux qui liront cette interview. Ensuite, qui on est? on s'en fout un peu, ce n'est pas très intéressant. On est juste quatre gars, qui font de la musique ensemble. Nos noms, d'où l'on vient, etc..., c'est complètement accessoire. 

La genèse de Pilori est assez simple et commune à énormément de groupes je pense, elle n'a rien de folle. Notre guitariste, R., que je connais depuis quelques années maintenant, est à l'initiative du truc. Il m'a parlé d'un projet de groupe crust/grind qu'il avait en tête et qu'il désirait mettre sur pied. Ça me bottait vraiment bien donc on s'est retrouvé dans un local de répète à l'été 2015 avec un batteur et un bassiste, le premier concert ayant eu lieu en mars 2016. Depuis, ce batteur et ce bassiste ne font plus partie du groupe ; Gu. nous a d'abord rejoint à la batterie il y a un peu plus de deux ans maintenant. On n’était pas satisfait de l'implication et de l'investissement de notre premier batteur donc on a cessé la collaboration avec lui.

Depuis l'arrivée de Gu., fin 2018, beaucoup de choses ont changé car il était un peu la pièce manquante du puzzle. Ça nous a tous fait progresser et tirer vers le haut car il avait exactement tout ce que l'on cherchait et ce qui nous manquait jusque-là. Son entente pour la composition avec notre guitariste est excellente, et encore c'est un euphémisme tant ça se passe bien. Pourtant les deux ne se connaissaient pas avant. Puis, juste après les sessions studio pour l'enregistrement de « À Nos Morts », notre premier bassiste est parti car il n'avait plus assez de temps à consacrer à Pilori avec sa vie vie perso et pro. C'est un gars que je connais depuis des années, J., qui a pris la basse depuis mi-2020 en gros. Voilà, vous savez tout, et ce n'était, comme je le disais, pas très passionnant.

Gu. : Bonjour à toutes et à tous. Pour ma part, j’ai rejoint Pilori il y a deux ans après avoir rencontré Gr. plusieurs fois autour de bières à Rouen. Humainement et musicalement, je pense que c’est clairement la meilleure décision que j’ai prise à ce jour. Je n’ai jamais joué avec des personnes avec qui je m’entendais aussi bien. Je pense que ça doit se sentir sur le résultat de notre premier album. On a pris énormément de plaisir à le faire. C’est une bonne rencontre et on est heureux de jouer ensemble. Covid ou pas Covid, on fera tout pour que ça dure. À côté de Pilori, je suis freelance. C’est une position qui me permet d’être assez flexible et libre de mes mouvements pour officier convenablement dans le groupe.

 

 

2. Une question à 100 balles, pourquoi « Pilori » ?

 

Gr. : A la base, tu cherches toujours un nom qui « claque » pour ton groupe, pas forcément une signification précise. Je pense que c'est à peu près pareil pour presque tout le monde. Ensuite, si il y a un symbolisme ou un sens derrière, c'est bien entendu encore mieux. Pilori nous a vite tous mis d'accord, le côté instrument de torture moyenâgeux colle bien avec l'esthétique crust/grind/black. Et si on pousse le truc, c'est justement un instrument de torture qui ne sert ni à tuer ni à blesser, mais à humilier. Il y a un côté quelque peu vicieux, voir pervers là-dedans : afficher quelqu'un en place publique, à la vue et au su de tous, pour exposer ses fautes, pour que tout le monde puisse le voir, le montrer du doigt, l'insulter, lui cracher dessus, se moquer de lui. Si tu regardes bien, c'est moyenâgeux mais aujourd'hui les gens qui se disent « progressistes » continuent toujours de clouer leurs proies au Pilori. Sur les réseaux sociaux, ils affichent sans détour ni réflexion poussée, sans jugement ni connaissance de l'intégralité des faits, ceux qui fautent, font des choses qui ne leur plaisent pas. Le Pilori est très actuel finalement, il a juste une forme numérique. On a pas besoin de vérités, juste de coupables. Ça a toujours été et ça le sera toujours.

Gu. : Merci Gr. pour les explications. Pilori est en effet un instrument de torture servant à humilier une personne sous toutes ses formes en place publique. L’approche est toujours d’actualité. Seul l’instrument change. On trimballes tous une vielle machine qui est notre cerveau et qui n’a pas évolué depuis des milliers d’années. Il serait donc prétentieux de prétendre que nous sommes assez intelligents pour faire évoluer un procédé. Aujourd’hui, le « Pilori » est plus « en ligne ».

 


3. Comment vivez-vous cette période ?

 

 Gr. : Mal, haha ! Et je dirais même plus : très mal ! Mais bon, qui la vit vraiment bien ? Je pense que personne ne peut s'en réjouir, c'est impossible. Donc au fond on est dans le même cas que tout le monde, ni plus, ni moins. Le truc chiant pour nous, en tant que groupe de musique, c'est qu'on ne peut pas jouer, pas tourner, rien prévoir... On doit annuler des    concerts, des tournées... Par exemple, une tournée en Angleterre était bookée, une autre au Canada était prévue, et tout cela tombe à l'eau. On en a d'autres en prévision, mais pourra-t-on les faire ? Si oui, quand ? C'est l'incertitude totale et ça fait un an que ça dure. C'est frustrant car non seulement personne ne voit le bout du tunnel, et cela demande du temps et du travail d’organiser tout cela. Surtout, cela représente énormément pour nous car nous adorons jouer, être sur la route. On fait tout ça en grande partie pour jouer en live. Donc on nous prive d'une essence principale au fait de faire de la musique. Ce qui est encore plus frustrant, c'est que l'on vient de sortir un album. On a envie de le jouer, de le « défendre » comme on dit communément, et c'est impossible.

Gu. : Pour ma part, il y a des hauts et des bas. Je relativise. Oui, on ne peut pas faire de concerts, oui on n’a pas pu défendre notre premier album, oui on a annulé quelques tournées que l’on rêvait de faire depuis l’adolescence. Mais bon… Je me dis qu’après les nuages, le soleil revient toujours. Après presque un an de Covid, on est toujours ensemble, on se parle tous quotidiennement, on s’organise pour recommencer à composer à distance et on y arrive. On a plus le même jeu de cartes entre les mains, mais ça nous force quelque part à penser autrement, à surmonter les difficultés, et peut-être même, par conséquent à être plus créatif.  Ce groupe est pour nous un exutoire, un pilier faisant pleinement partie de notre équilibre de vie. C’est pour ça que l’on ne baisse pas les bras. On peut juste continuer à faire une chose : essayer.   

 

 

4. « A nos morts » est sorti depuis 6 mois maintenant, êtes-vous satisfait des retours sur l’album ?

 

Gr. : Franchement, on est plus que satisfait, on est même carrément surpris. Et je dis ça sans fausse modestie ou autre. On est très heureux car les retours sont hypers positifs et on ne s'attendait pas à ça. Enfin, pas autant. Tu l'espères, tu le souhaites, mais bon... Ça fait plaisir, c'est évidemment très flatteur. Par exemple, entre le 15 mai (date à laquelle on a balancé l'album en écoute intégrale) et le  26 juin (date de sortie officielle de l'album), il y a eu près de 80 précommandes. On était en rupture de stock de la version colorée du vinyle en une semaine, on a dû en recommander à nos labels. Pour un petit groupe et à notre humble échelle, c'est énorme. Notamment, pour un premier album. Limite, on en revenait pas. 

Et puis, côté presse, on a eu de très bonnes chroniques. Il y en a eu beaucoup sur de « petits » médias et webzines (je dis « petits » sans être aucunement péjoratif, ça ne change en rien la légitimité de ces chroniques), et quelques-unes dans des magazines plus « connus » et « respectés », comme New Noise, Rock Hard et Hard Force ici en France, ou encore Metal Sucks et Cvlt Nation aux États-Unis. Il faut savoir, à ce titre, que l'on a pas payé pour toute cette promo. On a pas d'attaché de presse à 2500€ le pack qui nous place dans les pages  de son réseau avec qui il a des arrangements financiers.  C'est quelque chose qui se fait beaucoup, même chez les petits groupes, et que l'on m'a proposé : « votre album est génial, pour 300€ vous pouvez être dans notre sampler » ou bien « c'est super ce que vous faites, pour 500€ vous êtes en couverture de notre magazine ». Nous, on a pas déboursé un centime, ni eu recours à ce genre de méthodes, tout a été fait en DIY.  Du coup, ces éloges sont « authentiques » si je puis dire, on a pas raqué pour. Putain, mais il est où le mérite sinon ?
En ce moment, on est plein dans la période où les gens font leurs tops de l'année écoulée.

Et, en ouvrant nos différents réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram, ainsi que notre boite mail, je reçois pas mal de messages et notifications de gens ou de zines qui nous mentionnent. Genre, il y a un podcast métal québécois qui nous classe carrément « album de l'année » devant des trucs comme le dernier Napalm Death par exemple. On s'est aussi retrouvés dans le top des lecteurs du magazine New Noise. Franchement, c'est ouf. Perso, j'ai été abonné longtemps à ce magazine, c'est toujours « drôle » de se retrouver dedans, comme ça. Et d'autant plus frustrant par rapport à ta question d'avant ! Très sincèrement, je remercie tous ces gens pour leur soutien. Déjà en temps normal, c'est quelque chose de gros, de touchant. Mais là, en cette période difficile, ça l'est encore davantage. Ça a beaucoup aidé à faire passer la pilule, à maintenir le cap et l’envie.

Gu. : Je suis plus que satisfait de ce que nous avons accompli. Cet album, c’est pour ma part l’accomplissement d’un rêve d’adolescent. On y a mis toute notre énergie, notre cœur, nos tripes dedans et je pense que ça se sent. En plus, l’album a été dévoilé le 15 mai. Ce moment me marquera jusqu’à la fin de ma vie puisque c’est aussi le jour de mon anniversaire. Ce n’était même pas fait exprès. En tout cas, les chroniques tombent d’elles-mêmes et c’est très flatteur. Ça donne beaucoup d’énergie pour la suite !

 

 

5. Comment est né cet album justement ?

 

Gr. : Le plus simplement du Monde : une continuité dans l'évolution du groupe. On a sorti une première démo très rapidement, 4 titres totalement autoproduits en mai 2016, puis un split vinyle en 2018 avec un groupe de post-black US, Dakhma, sur lequel on avait deux titres. L'idée a été de continuer sur notre lancée et de faire un album, très classiquement. Début 2018, au moment où la compo de cet album en était encore à ses balbutiements, nous nous sommes séparés de notre premier batteur. On a eu deux potes qui ont fait de la session live durant quasiment un an, mais ils ne composaient pas du tout avec nous, ils jouaient juste notre set pour les concerts. Du coup, ça a ralenti un peu les choses, car même si le gros des idées sort de la tête de notre guitariste, R., un batteur, ça pose tout de même énormément de trucs, ça structure les morceaux, ça donne la base rythmique. Un bon jeu de batterie, c'est 50% d'un album. Quand Gu. nous a rejoint, on avait plusieurs morceaux déjà entamés pour le LP, mais il a apporté sa patte, ce qui était important. Comme je l'ai déjà dit, il a su vite trouver sa place non seulement dans la vie du groupe mais aussi dans le processus de composition. On a donc tout repris quasiment à zéro avec lui. Même si on a gardé des idées, des riffs et des morceaux commencés avant son arrivée, tout a été revu. On a taffé quasiment un an pour tout mettre en place avant d'entrer en studio. Mais sinon, c'est né de façon classique, dans une forme de continuité, mais aussi d'envie : l'envie de faire un album, et de le faire bien, enfin du mieux possible. On a plus 18 ans, fini les trucs fait à l'arrache sans se préparer. 

Gu. : Déjà par l’envie de produire quelque chose de bien ensemble. J’ai de suite eu une bonne entente sur la composition avec notre guitariste. “Que La Bête Meurt”, par exemple, je crois que la structure globale est sortie spontanément en à peine 20 minjtes de répète. On ne réfléchit pas trop, on lâche prise sur l’instant et on se laisse aller sur ce qui nous inspire pour composer. Des morceaux de l’album existaient déjà comme “La Grande Terreur”, “Divine Comédie”, “Sous Mes Mains” ou “À la recherche du Temps Perdu”. J’ai pris le temps de les retravailler à ma sauce. Puis le reste des morceaux est arrivé en répète. À un moment donné, on était pas loin du ratio un morceau / une répète. À savoir que l’on répète peu souvent, car j’habite à Cracovie. Mais l’énergie passe bien entre nous, on est heureux d’être ensemble donc tout se fait dans la joie et la bonne humeur. La date butoir de l’enregistrement batterie nous a aussi permis de nous mettre un petit coup de pied aux fesses en terme de productivité. Et tant mieux. Il faut se fixer des objectifs, sinon on fait du sur place à n’en plus finir. 

 

 

6. Comment qualifiez-vous la teneur de cet album ? Comment qualifiez-vous votre style ? 

 

Gr. : C'est une question difficile car on nous dit souvent que Pilori ne se case pas dans un seul style, mais un peu dans plusieurs. Ça nous va parfaitement. Ce n'est pas réellement volontaire car on ne s'interdit rien lors de la composition, on ne se bride pas, mais on ne cherche pas non plus absolument à sonner comme ça ou comme ci. Notre manière de faire est très immédiate, limite primitive. Ça correspond beaucoup à notre guitariste, qui a cette façon très instinctive de jouer et de composer. Il sort beaucoup beaucoup de riffs et d'idées à l'instinct, comme ça, sans forcément réfléchir, et on fait le tri ensuite là-dedans : on garde ci, ou jette ça, on modifie, on structure, on revoit tout ça ensemble. A la base, R. propose vraiment un tas de choses assez facilement, sans se poser de questions. Entre nous, on l'appelle « la machine à riffs » tant il est productif haha ! On se pose les questions une fois que l'on a toute cette matière en fait. C'est là qu'on réfléchit, mais au départ c'est extrêmement spontané. Et comme R. est un gars qui écoute et aime un paquet de choses, de genres et de groupes différents, ça donne le résultat que tu entends quand tu écoutes Pilori. Gu. est pareil, ses influences sont aussi diverses que variées, c'est la même pour moi, je n'écoute pas que du death, que du grind, que du black, que du crust, que du punk hardcore, mais beaucoup plus que de tout ça, et plein d'autres choses encore. Je pense que dans un groupe de death old-school, les mecs essaient de sonner le plus possible comme ils veulent être étiquetés. S’ils sortent un gros riff qui fait très black metal, ils ne vont très certainement pas le garder, même s’il est bien. Et bien nous oui. On aime autant Immortal que Converge, Tragedy ou Carcass. Tous ces trucs différents nous influencent beaucoup et de façons différentes, donc on ne se refuse rien. On cherche avant tout à ce que ça nous plaise à nous, à être fiers et contents du résultat.

Gu. : C’est une question difficile, effectivement. Pour moi, se ranger derrière un style, c’est comme se ranger dans une boîte. Développer son propre style, ce n’est pas forcément se dire, on va faire comme… Pour certaines personnes, ce que l’on fait peut être original, pour d’autres, pas du tout. Tout ça reste très subjectif. En tout cas, on a essayé de produire un premier album qui nous ressemblait, tant sur nos goûts respectifs que dans l’approche de la composition. Créer quelque chose de spontanée, direct, qui va à l’essentiel, brut, mais travaillé à la fois. C’est un alliage de ce qui nous a inspiré dans le  métal. C’est aussi un alliage de ce que l’on est capable de jouer techniquement tout en essayant, mois après mois, d’augmenter petit à petit le degré de technicité. Mais voilà. Pour moi, c’est ça un style. C’est de réussir, petit pas après petit pas, à faire ressortir ce qui nous caractérise, ce qui nous inspire à un instant T, pas un style précis de musique à proprement parlé, mais plus un mélange de plein de trucs. Je trouve que ça n’a aucun sens de dire que l’on fait du Crust/Punk/Death/Grind/Black/Hardcore. Bref, impossible pour moi de qualifier ce que l’on fait précisément. En général, je dis aux gens que j’ai un groupe de metal et c’est tout. 

 

 

 

7. Quels sont les thèmes abordés ?

 

Gr. : A l'instar de ce que je te disais un peu plus tôt, la recherche obsessionnelle et compulsive d'un coupable plus que d'une vérité, est un des thèmes de l'album. Ce n'est pas nouveau, rien à voir avec l'époque. Même si l'on vit des temps assez étranges, non pas à cause du Covid mais surtout de l’avènement massif des réseaux sociaux et leur hégémonie prédominante, ça a toujours été. Il faut trouver un coupable très vite, répondre au sang par le sang. C'est comme ça. L'époque de l'Inquisition et des bûchers n'est pas si lointaine finalement. Les badauds veulent que l'on châtie quelqu'un, ils ne veulent pas des réponses, de vérités, ils veulent que l'on conduise un lascar sur l'échafaud. Point. 

Les faits divers, ça excite, ça passionne, les assassins et les psychopathes aussi. Aux procès d'assises, ce n'est pas pour soutenir les familles des victimes que les foules se déplacent. C'est pour voir le monstre. Parce que l'on a tous une part monstrueuse, une part sombre en nous. On s'évertue à la cacher, à la renier, et tout ça nous sert à l'expier. On ralentit pour regarder un accident sur l'autoroute, et si il y avait encore des exécutions en place publique aujourd'hui, crois-moi, il y aurait beaucoup plus de monde pour ça que pour un concert de métal/hardcore dans un bar. 

Un des autres thèmes abordés est celui de la mort, sous l'aspect de notre propre mort qui va venir un jour, inéluctablement. Qui que l'on soit, quoi que l'on ait fait, quoi que l'on fasse. Cette mort inévitable sous le prisme du temps qui passe, des secondes qui s'écoulent inexorablement. On vieillit, on se rapproche de la ligne d'arrivée ; c'est pareil pour nos proches, nos familles, nos amis, et je le ressens, à titre personnel, de plus en plus. Ça ne m'angoisse pas forcément, même s’il y a un côté inquiétant à la fin de toute chose bien sûr, mais ça me permet aussi de voir les choses de façon différente. Peut-être plus concrète, j'en sais rien, je sais pas si je suis plus clairvoyant, mais c'est bien d'être conscient de cela, de savoir que je mourrais un jour, de ne pas être dans le déni et de se croire immortel. Ça permet, peut-être, de faire quelque chose, d'accomplir plus de trucs, de profiter davantage. Cette grande réflexion sur la mort et le temps qui passe, est, je pense, très commune à mon âge. Je me rapproche tout doucement de mes 40 ans, donc de ma crise existentielle haha !

Gu. : Pour les textes, très honnêtement, je les ai découverts au moment de l’enregistrement haha. Je ne savais même pas de quoi ça parlait. Je connaissais juste les titres pour suivre convenablement la setlist que je devais jouer. Je dois dire que franchement, j’ai été très surpris par la qualité d’écriture de Gr. En toute modestie et en toute franchise, j’ai jamais eu un chanteur qui écrivait aussi bien et de loin. Félicitations pour tes textes, Gr. Tu nous mets hors du metal saucisse haha. 



 

8. « A nos morts » est à la fois haineux, sombre, brutal et malsain, est-ce le reflet de votre état d’esprit ? Est-ce une démarche volontaire ? Quel regard portez-vous sur la société ?

 

Gr. : C'est avant-tout le reflet de la musique que l'on écoute, que l'on aime et que l'on a envie de jouer. La démarche, c'est ça et elle est simple. Il ne faut pas chercher beaucoup plus loin. On est des gentils, et plutôt des mecs souriants et positifs, on n'est pas habités par le noir et le colère, par l'aigreur et le ressentiment, et on ne cherche pas à faire semblant d'être ce que l’on est pas pour se donner un genre. Quand tu écoutes beaucoup de black metal, de death, de grind, de punk, de hardcore, etc..., depuis l'adolescence, que tu te bouges à beaucoup de concerts du genre, que tu en organises ou y joues, ça donne juste ça, c'est tout. On est pas des types en colère contre la société, on est pas Tagada Jones ou Black Bomb A. On a pas envie de faire des morceaux faussement « engagés » pour vendre du merch à des adolescents en conflit avec eux-mêmes.

On a rien de spécial à revendiquer, pas de textes « engagés » au sens où on l'attend généralement, c'est-à-dire enfoncer des portes ouvertes en se trouvant des combats impersonnels et faciles, ce genre de luttes que tu mènes pour la pose en faisant tout pour ne pas te prendre de coups. Mais la définition même d'une lutte ou d'un combat impose de se faire mal et/ou de faire mal, pas d'y aller avec le monde ON sur tes stories Instagram. Si tu n'es pas capable de ça, c'est mieux de ne rien faire, ou plutôt de ne rien revendiquer comme si ta vie en dépendait, alors qu'il n'est en réalité question que de ton image et des points sociaux que tu veux marquer au regard des autres.

 La seule démarche dans Pilori, c'est celle de quatre potes qui prennent beaucoup beaucoup de plaisirs (et écrire « plaisirs » au pluriel est important) à faire de la musique ensemble, à jouer, à tourner. C'est, peut-être, aussi une façon de rendre hommage à tous ces groupes qui nous influencent énormément depuis des décennies et que l'on affectionne particulièrement. Notre regard sur la société, on s'en fout, et ce n'est pas pour cela que l'on a monté Pilori. Tu trouveras plein de types et de groupes qui le feront et l'exprimeront mieux que nous. Faut pas se sentir obligé, de façon quasi-automatique, de donner ton avis sur tout et rien parce que l'on te donne une tribune pour le faire, aussi petite et insignifiante soit-elle. Je ne fais pas de la musique pour changer le Monde, mais pour me faire plaisir et accessoirement, si j'ai beaucoup de chance, en donner au passage. Il n'y a que les gens qui écoutent Tryo et Sinsemilia qui pensent changer la face de la planète tout en fredonnant les refrains de groupes signés sur Sony.

 

Gu. : Pour ma part, je pense uniquement à faire des parties batteries correctes. Je ne pense pas trop à la société lorsque je fais de la musique. Ça me fait penser à une phrase de David Lynch qui m’a vraiment marqué :  « Je ne vois pas pourquoi les gens attendent d’une œuvre d’art qu’elle veuille dire quelque chose alors qu’ils acceptent que leur vie à eux ne rime à rien ». Ça a le mérite d’être ultra cash, mais c’est vrai. Je fais de la musique pour me laisser aller, lâcher prise, essayer de faire quelque chose qui me donne de bonnes sensations. Le métal conscient, ce n’est pas pour moi.


Dans le groupe, on a tous un état d’esprit positif. On est très heureux d’être ensemble et on a envie de cultiver ça. Nous sommes déjà assez anxieux dans nos vies respectives, alors pourquoi en rajouter? Ce n’est pas pour nous. Après, il y a des artistes qui le font très bien. Mais je serais incapable de sortir un exemple, là tout de suite, car ça ne me touche pas. En revanche, ce qui me touche vraiment, c’est la capacité qu’ont certaines personnes, artistes ou groupes à composer à 100 % avec leur singularité. Le premier exemple qui me vient tout de suite en tête, c’est un groupe comme Hangman’s Chair. À chaque fois que j’entends ce groupe, que ce soit au casque ou en live, il y a une telle sincérité qui s’en dégage. Et cette voix… Quelle claque ! Il se passe vraiment quelque chose. C’est cette singularité que j’aime dans la musique. Celle qui expose sans filtre, sans tricherie, juste avec le cœur.  “Banlieue Triste” est pour moi un chef d’œuvre absolu dans ce genre. Pour moi, c’est un peu le dénominateur commun qui va me faire apprécier des styles de musique radicalement différents.

 

 

9.Comment s’est déroulé le processus de composition et d’enregistrement ? Est-ce un travail collégial ou l’œuvre d’une seule personne ?

 

Gu.  : C’est l’œuvre de tout le groupe. Je dirais que notre guitariste nous a bien aidé pour la composition de tout l’album.
En répète, c’est toujours pareil. Lorsque je m’installe, il improvise des choses où il y a toujours 2 ou 3 riffs que l’on enregistre avec nos téléphones et que l’on garde sous le coude. C’est une personne très créative. Le travail sur les mélodies, c’est quasi à 100 % lui. Ensuite, je réécoute ses maquettes et j’imagine ce que je pourrais faire à la batterie. Une fois que la structure du morceau en place, on prend du recul puis on optimise à la note près jusqu’à l’enregistrement. Je prends aussi le soin de bien me caler avec la basse. Puis, Gr. arrive à la fin. Ce qui est parfaitement compréhensible, car pour caler sa voix, c’est mieux que la structure du morceau ne bouge plus. 

 

 

 

10 .La production est très solide, surtout pour un premier album, de qui est-elle l’œuvre ?

 

Gr. : Majoritairement, elle est l’œuvre de Cyrille Gachet, qui a déjà bossé avec des groupes comme Fange, Monarch, Verdun, Year of No Light, The Great Old Ones, ou encore Huata. Donc merci beaucoup pour tes compliments mais au fond c'est à lui qu'il faut les adresser ! En amont, on a enregistré les batteries à la Gare aux Musiques, un petit studio à une demi-heure de Rouen. On connaît bien l'équipe là-bas, ils nous aussi connaissent bien. On a déjà bossé avec eux par le passé, que ce soit avec Pilori ou nos autres projets.

Ensuite, les guitares, la basse et les voix ont été fait dans le home studio de notre ancien bassiste, D. Ainsi, on a pu bosser tranquillement, décontractés, en prenant notre temps, ce qui est un luxe pour de petits groupes désargentés comme le nôtre. Ça nous a permis de tafer sans pression, sans compter les heures, et avec des gens qui nous connaissent bien, avec qui on est à l'aise. Et puis on a tout envoyé à Cyrille qui a fait le mixage. Il a abattu un travail monstre, vraiment. J'échangeais très, très, régulièrement avec lui au sujet du mixage et de la production, c'était toujours très enrichissant, très fluide. Il écoutait nos desideratas, nos envies ; et en même temps il nous donnait beaucoup de conseils, d'idées, d'avis, de directions à suivre ou non. C'est un type très pro, très solide, et bosser avec lui (ce qui était une première pour chacun d'entre nous) a été vraiment cool. J'ai, personnellement, beaucoup appris et il nous a beaucoup apporté, indéniablement.

Pour finir, c'est chez Brad Boatright que c'est faite l'étape finale, à savoir le mastering. Boatright est à Portland, aux USA, et il est réputé pour son boulot avec plein de pointures que l'on écoute et nous influence, comme Nails, Cult Leader, Full of Hell, Obituary, Pig Destroyer, All Pigs Must Die, Trap Them, Tragedy, Integrity, et j'en passe... C'était logique d'aller chez lui vu que son nom se retrouve sur tellement de skeuds que l'on aime. Là encore ça s'est super bien passé. C'est un pro, il bosse bien, il est carré, et il est à l'écoute tout en proposant des choses. 

Gu. : Gr. a tout dit. :) 

 

 

11. Les vocaux sont mixés en retrait , cela fait-il parti de votre concept ? Quel en est le but ?

 

Gr. : Alors, je te répondrais que les voix ne sont pas du tout mixées en retrait, elles ne sont juste pas mixées en avant comme on a l'habitude d'entendre, c'est tout. La nuance est importante. Après, il n'y a pas de concept, de but, d'approche artistique ou autre derrière tout ça, car on est loin de faire quelque chose de conceptuel dans notre musique. C'est juste que, lors des sessions de mixage, je trouvais ce rendu hyper agressif. J'avais demandé à Cyrille Gachet de faire des premiers mix avec les voix qui se fondent dedans et non en avant. Pas du tout parce que je n'aime pas ma voix ou que je suis timide et que je ne voulais pas m'entendre, non. Juste pour voir le rendu, car c'est à ce moment-là que tu dois tenter des trucs qui t'apporteront une sorte d'identité, pas une fois que le skeud est sorti.

Et, quand on a entendu ces premiers jets, ça a de suite parlé à tout le monde. Ça rend l'ensemble plus compact, ça fait davantage bloc, du coup c'est plus incisif je trouve. Avec les voix « noyées » dans le mix comme ça, le chant ne prend pas le pas sur les instrus, et tout fait corps, c'est plus lourd. Le commun des mortels, et moi le premier, s'identifie beaucoup et d'emblée au chant car il ressort toujours, il est quasiment à chaque fois en avant. Là, ce rendu plus compact, donne un côté plus massif à mon humble avis, mais aussi peut-être plus malsain, plus bestial. Comme c'est difficile de dissocier les voix du reste, c'est moins confortable pour l'auditeur, moins « rassurant » si je puis dire. Les gens cherchent d'emblée le chant dans un morceau, quel que soit le genre, pour justement s'identifier.

Avec les voix plus noyées dans le mix comme on l'a fait, il y a peut-être un côté moins immédiat. Ça trouble peut-être un peu plus l'auditeur. On ne cherchait pas forcément à ce que les gens soient dans une position inconfortable à l'écoute, ni à les malmener. On ne cherchait pas non plus une signature spéciale en le faisant, mais c'est peut-être ce que ça a donné, et c'est tant mieux. Nous, dans le groupe, on a tous été de suite très contents du taf sur les voix, c'est quelque chose qui nous a vite mis d'accord dans le mixage. Lors du mastering, Brad Boatright avait la possibilité de monter les voix, ou plutôt de les faire ressortir davantage. Et il m'a lui aussi dit qu'il trouvait cela très bien ainsi. Il me disait qu'il trouvait que ça rajoutait beaucoup à l'ambiance du disque, et aujourd'hui, avec le recul, je suis d'accord sur ce terme « d'ambiance ». C'est très important d'arriver à en créer une. 

Gu. : Franchement, pas vraiment de concept derrière ce choix. C’était vraiment au feeling. On est tous tombés d’accord sur le moment, donc on a validé. Avec un peu de recul, je suis du même avis avec Gr. Je trouve que cela sert l’ambiance globale de l’album. 

 

 

 

12. Il y a deux guests de choix sur « A nos morts » , Matthias Jungbluth (Fange) et surtout Dylan Walker de Full Of Hell, comment avez-vous pu leur mettre le grapin dessus ?

Gr. : Matthias est un ami, on a beaucoup joué avec Fange, notamment une tournée en Europe de l'Est avec eux, il va y avoir bientôt 3 ans de cela. Du coup, ça nous semblait tout à fait normal de faire appel à lui pour poser sa voix sur un morceau. On voulait faire participer un pote, et Fange m'avait fait faire un featuring en live avec eux au Hellfest en 2018. Donc voilà. On kiffe bien sa voix (mon gratteux et moi, on aime aussi beaucoup ce qu'il faisait dans son ancien groupe, Calvaiire), et, petit truc en plus, vu qu'il chante aussi en français et qu'il a plutôt une bonne  plume, il a écrit lui-même son texte sur « Poursuite du Vent », ça nous a plu. 

Pour Dylan Walker, ça s'est fait au culot. On a ouvert à Paris pour Full of Hell en juillet 2019. C'était déjà beaucoup pour nous, vu que l'on apprécie tous pas mal ce groupe. La soirée était bonne, il y avait du monde, les conditions étaient excellentes. Et Dylan Walker était le plus souriant et le plus abordable des gars de Full of Hell, donc j'ai tenté. Après le concert, je lui ai demandé si ça pouvait le brancher, il m'a dit « pourquoi pas » et on est resté en contact. Je lui ai envoyé les maquettes et il m'a dit qu'il était chaud. Il s'est super bien impliqué, il nous a envoyé des prises en disant qu'il n'y avait aucun problème pour les refaire si on aimait pas, si on voulait autre chose... mais c'était parfait de suite ! Puis après, il nous a fait des retours sur l'album. C'était cool, car certains d'entre nous avaient, par le passé, payé leur billet et fait de la route pour aller voir Full of Hell lors de leurs précédents passages à Paris, et puis là non seulement on joue avec eux mais leur chanteur accepte de faire un guest sur l'album. C'était du bonus, et du joli bonus.

Gu. : Gr. est le tchatcheur professionnel du groupe. C’est lui qui prend les devants sur tout ça. Il y va au culot, il tente et il a raison. Il y a finalement que comme ça que l’on peut espérer obtenir un résultat différent et intéressant à la fin. 

 

 

13. Vous avez effectué un petit paquet de concerts, pouvez-vous nous décrire un set de Pilori ? Quels sont vos meilleurs souvenirs et avec qui avez-vous apprécié de jouer ?

 

Gr. : Décrire un set ? Je sais pas trop, je suis pas bien placé pour en parler, le mieux c’est encore de venir nous voir je pense. Je n'ai aucun recul pour parler d'un de nos sets vu que je suis en plein action à chaque fois. Je sais juste que l'on y prend, très généralement, beaucoup, beaucoup de plaisir, que l'on est très contents d'être là, et on essaie d'en profiter un maximum. J'espère que ça se ressent, ne serait-ce qu'un peu, et que celles et ceux qui viennent sont satisfaits de ce qu'ils voient. Je me dis souvent que le bon indicateur pour savoir si t'as bien joué, c'est le merch que tu vends après ton set. Et jusque-là, on en a toujours vendu pas mal à chaque fois, c'est plutôt bon signe !

Par exemple, on a récemment joué à Chambéry, c'était vraiment pas ouf. Déjà c'était un concert où le public devait être assis (normes sanitaires oblige), et le dit public venait pour un groupe local qui jouait une sorte de stoner RTL2. On a pas passé un super moment sur scène, et on a pas du transpirer grand chose du coup. Et mon indicateur ne m'a pas trahi : on a fait très très peu de merch après le set.


Sinon, j'ai, à titre personnel, toujours apprécié de jouer avec les potes : Fange donc, mais aussi Cowards, Nuisible, Bain de Sang ou encore Whoresnation, pour ne citer qu'eux. Déjà tu passes un bon moment, mais vu la qualité des groupes, tu passes aussi un bon concert. Full of Hell justement, au Gibus, c'était un super souvenir dans la catégorie « concert où l'on ne joue pas avec des potes », car, comme je te le disais, les conditions étaient nickels, il y avait du monde, et une excellente ambiance. On nous a demandé un rappel, alors qu'on était le groupe de première partie, ça fait forcément plaisir. Récemment, on a eu de la chance car en septembre et octobre, nous avons profité de l'accalmie covidienne pour faire deux petits weekends tour.

La toute première de ces dates a eu lieu à Rennes, dans un lieu que j'affectionne particulièrement : le Mondo Bizarro. Et c'était mortel car les gens avaient vraiment la dalle après six mois sans concerts, et nous aussi bien sûr. C'était aussi le tout premier live avec notre nouveau bassiste. C'est toujours un truc cool à fêter. Et puis c'était aussi, très très certainement et fort fort malheureusement, sans qu'on le sache au moment où l'on jouait, le dernier concert dans ce lieu mythique qu'est le Mondo Bizarro, puisque ce dernier va baisser le rideau, victime des restrictions qui frappent le milieu culturel, notamment les rades indépendants. C'est triste. J'en place une pour Bruno, le patron, pour tout ce qu'il a fait pendant des années dans ce lieu devenu incontournable, et pour tous nos potes de Rennes qui vont se retrouver orphelins.

Gu. : Pour commencer, avant le set, je vais m’échauffer au moins 30 min. Impossible de jouer à froid. Dès l’intro, je ressens personnellement une cohésion instantané avec les gars, aussi beaucoup de gratitudes pour les gens qui sont venues nous voir. Je sais aussi que je suis parti pour une bonne suée de 30 min et que ça va être émotionnellement intense. Je me sens toujours intérieurement d’une quiétude absolue après un concert.


Quant aux meilleurs souvenirs, je dirais tous. Je n’ai pour l’instant aucun souvenir moyen dans Pilori. Tout est très bien. J’ai aimé jouer avec tous les groupes que j’ai rencontré dans toutes les salles que j’ai pu faire. J’ai tout aimé. Mais si je devais choisir, jouer en première partie de Full Of Hell, c’était assez fou. J’étais encore loin d’imaginer que Dylan Walker, accepterait de poser sa voix sur « Que La Bête Meure ». J’ai adoré aussi jouer avec Whoresnation (Tonio à la batterie me met toujours la claque de ma vie lorsque je le vois jouer), ma deuxième tournée avec à la basse Antoine (<3) de Fange,  Bain de Sang, The Third Eye (aujourd’hui Yarotz), Nuisible, Implore… Dire que le Covid nous a enlevé des premières parties en 2020 avec des groupes comme Gatecreeper, ACxDC, Wormrot…


Si je devais choisir mon meilleur souvenir, c’est sûrement le jour où je suis parti en tournée pour la première fois de ma vie. C’était vraiment un rêve de gosse. Je remercie vraiment Gr. pour tout ce qu’il fait pour nous. Il se démène vraiment pour que l’on vive tous ces moments uniques ensemble. À titre personnel, Gr. est très certainement l’une des personnes, si ce n’est « La » personne la plus investie et la plus intègre que j’ai rencontré dans le cadre d’un groupe de musique, et ce, depuis que j’en fais. Merci à lui. 

 

14. Envisagez-vous de publier un nouvel album assez rapidement ? Si oui, quelle en sera la tendance, si ce n’est pas un secret ?

Gr. : Alors nous sommes en train de composer le successeur de « A nos Morts » oui, on y travaille. Mais on prend un peu notre temps, même si les choses avancent plutôt bien. On ne se presse pas en cette période où tout est gelé. Il n'y a aucune urgence, on a fait seulement six concerts depuis la sortie de l'album fin juin, et limite c'est beaucoup en ce moment, on a eu de la chance !!! L'objectif était de beaucoup jouer, tourner, pour défendre un maximum ce premier LP, mais bon... On est donc pas pressé de sortir un nouveau truc alors que l'on a peine pu jouer celui-ci. Mais oui, c'est en projet, c'est sur les rails. Si Dieu le veut, ce sera là en 2022 je pense.

Gu. : Rapidement, pas vraiment. Le contexte fait que nous sommes un peu plus lents. Mais bon… après tout, un groupe, c’est plus une histoire de marathon qu’un 100 mètres haies. Nous devons apprendre à nous organiser à distance. Ça avance et on y arrive. Pour le deuxième album, on se met aucune pression sur le timing. Les choses viendront naturellement. Nous essaierons de vraiment accentuer toutes les facettes du premier album. Nos prochaines compos nous guident aussi vers quelque chose d’un petit peu plus ambiant. Rendez-vous l’année prochaine (peut-être). 

 

 

 

15. Quelles sont vos influences principales ?

 

Gr. : Comme je te l'ai dit plus haut, il y en a plein, et je me répète encore : elles sont aussi diverses que variées. Pour la faire courte, je te citerais pêle-mêle des groupes que l'on aime et que l'on écoute beaucoup, et qui doivent forcément nous influencer d'une façon ou d'une autre, consciemment ou non : Nails, Gaza, Cursed, Converge, All Pigs Must Die, Gatecreeper, Full of Hell, Magrudergrind, Cult Leader, Darkthrone, Angelcorpse, Pig Destroyer, Rotten Sound, Skitsystem, Tragedy, Immortal, Deicide, Morbid Angel, Entombed, Kickback, Calvaiire... J'en oublie plein, forcément. Et puis il y a aussi des groupes « non -extrêmes », n'ayant rien à voir avec tous les gens précédemment cités, que l'on aime et écoute beaucoup, dont l'influence doit aussi se faire sentir d'une façon ou d'une autre. On aime vraiment pas mal de trucs « post », des choses plus ambiantes.

Gu. : J’écoute beaucoup de choses différentes. Je dirais que mon groupe préféré, c’est un groupe de musique Ambient que s’appelle A Winged Victory for the Sullen. Je connais absolument toute leur discographie par cœur. Ce duo me transporte loin, très loin. Un autre groupe que j’écoute énormément aussi, c’est Bohren Und Der Club Of Gore, un jazz ambiant en mode « Faites Entrer L’Accusé » avec Christophe Hondelatte. Toujours dans l’ambient, Ben Frost aussi que j’adore, Skalpel, The Cinematic Orchestra, un groupe qui me suit depuis 15 ans (si ce n’est plus). Je suis très musique ambient au quotidien, tout simplement parce-que je ne supporte pas entendre quelqu’un gueuler lorsque je travaille. En métal, actuellement, j’écoute beaucoup de choses comme du Type O Negative, Gatecreeper, Whoresnation, Winterfylleth, Nails, Black Breath, Napalm Death, Russian Circles, Imperial Triumphant, Hangman’s Chair, Wolfbrigade, Wormrot, Death Toll 80 k, Mortiferum, Disma, Kerasphorus, Undergang, et plein d’autres… En rock / pop, j’adore Helios, Jesu, Mac DeMarco, Slint, Toe, Nothing, Real Estate, Sebastien Tellier… Il y en a trop ! Je vais m’arrêter là. 

 

16. Je vous laisse la parole, si vous voulez vous adresser à nos lecteurs, c’est le moment.

 

Gr. : Je vais juste dire un grand merci à celles et ceux qui ont pris du temps pour lire cela, et à celles et ceux qui nous suivent et nous soutiennent de quelque manière que ce soit. Je leur souhaite également de pouvoir reprendre très très bientôt le chemin des concerts et des festivals. Si ils peuvent y retourner, ça voudra dire que nous aussi, donc je fais semblant de leur souhaiter quelque chose de positif mais c'est juste une manière déguisée de me souhaiter un truc à moi. Et je te remercie pour tes questions et de ton intérêt à notre égard.

Gu. : Si vous avez tout lu jusqu’ici, respect éternel à vous. On imagine déjà vous retrouver lors des prochains concerts. La sensation va être folle ! Et merci à mon frère de nous avoir posé ses questions. ;) 

 

Merci à Gr. et Gu. d'avoir répondu à mes questions, de façon développée. Ce n'est pas toujours le cas, il est donc bon de le signaler. Pour les amateurs de violence, de haine, d'obscurité et d'atmosphères poisseuses et dérangées, jetez-vous sur ce "A Nos Morts" de Pilori. Ce groupe est encore une preuve du vivier métal français.

interview réalisée par odrodzenie

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