Nightwish

Après deux tournées mondiale éblouissantes de succès, Nightwish est revenu en force avec le monumental « Imaginaerum » qui a permis à ceux qui en doutaient encore que Tuomas Holopainen est plus inspiré et puissant que jamais.
De passage dans le Zénith de Nantes pour la première fois, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec le souriant et bavard Marco Hietala, géant blond à la bonne humeur communicative qui m’aura fait le plaisir ensuite d’un petit tour des loges à la rencontre du reste du groupe. Résumé.

[Par Eternalis]

interview Nightwish1 - Salut Marco comment vas-tu ? Comment se passent les premières dates de la tournée d’ « Imaginaerum » ?
Très bien merci (ndlr : il tire sur une cigarette électronique). Excuse-moi, j’essaie d’arrêter de fumer donc je traine ça un peu partout (rires). Les concerts se passent très bien. Nous venons de finir la tournée russe [interview réalisée le 17 avril 2012] et ça a été vraiment super. La réaction du public a été gigantesque. J’ai envie de dire « Yeaaah » parce que tout se passe vraiment de la meilleure des façons. Nous sommes relaxés et je m’amuse énormément sur scène à chaque concert. C’est une excellente combinaison : le plaisir et la relaxation.

2 – Quels sont les retours des fans vis-à-vis des nouveaux morceaux joués ?


Evidemment, on ne peut pas savoir ce que les gens pensent vraiment, notamment lorsqu’on joue devant autant de personnes, mais je pense que l’atmosphère est très positive. Les retours de la presse ont été très bons et positifs et cela a probablement rendu confiants les fans, qui viennent sans aprioris. Et puis sinon, on ne se fait pas chier avec ça !

3 – Parlons un peu d’ « Imaginaerum » justement. Il s’agit probablement de l’album de Nightwish le plus ambitieux à ce jour. Dans quel état d’esprit étiez-vous lorsque vous l’avez composé ?
Et bien…cet album a été construit autour de beaucoup d’information. Il est ambitieux comme tu dis mais il a pris la voie que nous voulions qu’il prenne. Nous avons intégré énormément d’éléments de plusieurs environnements musicaux et l’album en ressort grandit par un flot intense d’influences et de diversité. Je suis très fier de cet album parce que nous avons travaillé très dur pendant plusieurs fois. Je dirais qu’il s’agit du meilleur effort de groupe, dans le sens où chacun a réellement participé à cet album, même si Tuomas compose majoritairement. Nous avons fait l’album le plus sincère possible.

4 – « Dark Passion Play » a été un énorme succès commercial et vous avez tourné deux fois autour du monde pour le promouvoir. Etiez-vous plus relaxés ou stressés pour la conception d’ « Imaginaerum » ?
Définitivement plus relax parce que bien sur, le groupe avait eu le temps d’exister, de cohabiter et de prouver ce qu’il était en tant qu’entité. Evidemment, l’apport d’Anette a été différent puisqu’elle a apporté son background, son expérience et sa vision pour ce nouvel album.

« Dark Passion Play » a été un gros succès effectivement, et nous avons beaucoup joué dans le monde donc forcément, il n’était pas évident de passer véritablement derrière, de créer un album solide. Mais nous voulions montrer qui nous étions, ce qu’est Nightwish aujourd’hui. Je pense que la « relaxation » autour de cet album lui apporte de la vie, de la lumière et le fait s’élever au dessus des autres. Les vocaux d’Anette sont clairement à un niveau différent par rapport à « Dark Passion Play ». Sa performance est vraiment excellente car nous lui avons laissé une entière liberté d’interprétation et ça a été, je pense, la meilleure chose que nous avons pu faire au vu du résultat.



5 – Et concernant le film « Imaginaerum » ? Y a-t-il une date où il sera disponible ?
Il y a une date en effet, et normalement, ce sera pour le mois d’août, mais nous n’en sommes pas totalement certains. Nous avons pris la décision de prendre notre temps pour que tout soit vraiment prêt et ne rien précipiter. Cela reste une réalisation originale pour un groupe comme nous, et nous ne voulons pas aller trop vite. Le mois a aussi été choisi selon le « business plan » pour ne pas que la sortie soit trop proche de l’album, et recréer une actualité pour le groupe.

6 – Penses-tu que le film intéressera uniquement les fans de Nightwish ou pourquoi pas ceux ne connaissant pas le groupe ?
Hou, je crois bien que non (rires). Ce serait génial mais sincèrement, la musique reste au centre de la promotion qui sera faite du film, et les médias qui en parleront seront liés à la musique donc j’ai des doutes. Mais c’est quelque chose d’évi
interview Nightwishdemment très différent, autant pour nous que les fans.

De mon point de vue, ceux qui connaissent le groupe, son histoire et ses influences comprendront mieux le film, et le voyage n’en sera que plus beau pour eux, car il y a beaucoup de messages cachés. Nous sommes fiers du film, même si cela n’a pas été fait par des gars d’Hollywood (rires). C’est un risque car nous n’avons aucune idée de la manière dont cela pourra être accueilli.





7 – Wait & See ! Cet album touche au jazz avec « Slow Love Slow » [Marco sourit], à la musique celtique avec « I Want my Tears Back », à la musique de film sur « Arabesque » ou aux cauchemars dans « Scaretale ». Penses-tu que vous puissiez tout faire avec Nightwish ?
Ouais…en quelque sorte. Tu cites « Slow Love Slow » et ça a été un challenge parce que cela n’a rien à voir avec une chanson traditionnelle pour un rocker (sourires). En incluant des éléments jazz, nous avons ouvert notre esprit à un style totalement différent du notre, avec de nouvelles idées. Nous avions vraiment peur du résultat mais Tuomas nous a dit « Ouvrez vos esprits et vous verrez que ce sera fantastique ».

Quand nous avons entendu les démos de l’album, nous nous sommes dis que la musique évoquait une atmosphère fantomatique, enfumée et très jazzy, comme dans les vieux bars de l’époque. C’est vraiment un morceau sympa à jouer sur scène, avec nos instruments acoustiques (rires).



8 – Vous avez travaillé avec le London Orchestra et son chœur pour « Imaginaerum », que l’on peut entendre sur les bandes originales du Seigneur des Anneaux ou de Pirates des Caraïbes. Est-ce difficile de travailler avec un orchestre si grand ?
[Il hésite] Je pense que l’avantage majeur est qu’il s’agit de très grands professionnels, qui ont l’habitude de travailler pour des artistes immenses et qui sont capables de jouer un peu près n’importe quoi techniquement. Donc, la musique pouvait être immédiatement comprise par l’orchestre et jouée, même si ce fut un travail monumental à mettre en place.

Nous aurions pu travailler avec un orchestre plus « cheap » en Finlande mais non. Ces gens sont exceptionnels et nous font apprendre l’humilité. Ils sont très stricts et rigoureux, et quand ils suivaient la mélodie d’un groupe comme nous de heavy metal, le résultat qui s’en dégageait était réellement superbe. Donc si nous devons retravailler avec un orchestre, ce sera surement celui-ci, encore et encore.



9 – Parlons un peu de « Song of Myself », la dernière partie avec les différentes voix. Qui sont-elles exactement ? Vos parents ? Votre famille ? Amis ?
Oui, c’était l’idée globale. Avoir notre famille près de nous, nos frères ou nos enfants, et ce fut quelque chose de très sympa à faire. C’était un peu comme dire que le temps avance, qu’il s’égrène irrémédiablement et que de nouvelles générations naissent. Il y a trois générations de Hietala sur l’album par exemple, et c’est quelque chose de beau et émouvant, de savoir que ces trois générations auront laissé, au même moment, une trace sur une même œuvre.

10 – Sur scène, maintenant, sentez-vous une différence entre les précédentes tournées pour « Dark Passion Play » et celle-ci pour la promotion d’ « Imaginaerum » ?
Oui évidemment. La première chose est le show qui est plus grandiose et imposant. Il y a énormément de lights, d’effets et de pyrotechnie. Néanmoins, ce qui est capital, c’est notre performance en tant que groupe et c’est ce qui fait que les gens reviendront nous voir ensuite. Nous sommes un groupe de rock n’roll, et c’est l’homme qui prédomine.

Après, je trouve que c’est le meilleur show que nous avons jamais fait. C’est un très grand spectacle, et le fait que nous soyons plus relax pour jouer nous fait nous concentrer sur l’attitude scénique à proprement parler. Nous nous sentons chez nous sur scène, ou dans les villes où nous allons jouer, ce qui nous empêche de faire de la merde sur scène (rires).



11 – Depuis « Dark Passion Play », tu chantes de plus en plus. Comment définissez-vous qui chante quoi entre Anette et t
oi ?
C’est un processus naturel. Quand les morceaux se montent, nous avons une idée de ce à quoi ressemblera le morceau. Du coup, le fait que je chante de plus en plus n’est pas forcément calculé, cela tient de la nature de la chanson, de ce qu’elle attend.

Après, je ne suis pas un grand fan du chant sur scène, car toutes les lumières se retrouvent braquées sur toi et d’un coup, toute la salle te regarde. Beaucoup de gens pensent que c’est très cool mais non. En revanche, j’adore interagir avec les gens, jouer mon rôle de frontman et faire chanter le public.



12 – Depuis que Nightwish est sur Nuclear Blast, il sort un très grand nombre d’eps, de tee-shirts, de merchandising en tout genres…avez-vous un contrôle sur toutes ces sorties ?
Nous avons le contrôle quand nous voyons un objet et que nous nous disons « Non, pas ça pour Nightwish, surtout pas ». Mais, pour le merch en général, cela dépasse le cadre de la musique. L’album sort dans le monde entier, chaque pays fait un peu sa sauce et cela devient du business. Evidemment, nous avons quand même un devoir de qualité. Quand « Wish I Had en Angel » est sorti, il y a énormément de versions différentes, et ça devient difficile de tout gérer.

13 – Quelle est le meilleur public et le plus beau pays que tu as pu voir avec Nightwish ?


C’est une question très difficile ça. Quand on regarde ici, il y a des arbres, la nature [ndlr : et la pluie qui a accompagné le mois d’avril français] mais chaque pays est beau quelque part, mais de façon différente. On ne peut pas comparer l’Europe à l’Amérique du Sud par exemple.

En général, les gens sont très enthousiastes où que nous allions donc c’est difficile d’en sortir certains plus que d’autres. Les gens sont heureux de nous voir pour la plupart, et nous sommes heureux de leur faire plaisir. Il n’y a pas de liste à faire.



14 – Dans votre biographie « Les Archanges tombent en Premier », Tuomas explique que quand tu es arrivé dans le groupe, tu as été rapidement vu comme le grand frère des autres gars du groupe, par ton passé et ton expérience. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
Aaaah (rires). Je ne sais pas, il faudrait leur demander. Disons que j’avais un caractère déjà bien affirmé quand je suis arrivé dans le groupe, alors qu’aujourd’hui, chacun a son identité propre et marquée. Bien sur, il faudrait demander aux autres aujourd’hui, mais je suis convaincu que le groupe est une superbe combinaison de différentes personnalités qui vivent bien ensemble.

Ensuite, « grand frère » je ne sais pas, ça me donne l’impression d’être vraiment vieux (rires).



15 – Après la tournée européenne, où allez-vous ? En Asie ? Amérique du Sud ?
Nous allons essayer d’aller dans différents festivals d’été en Europe, dont certains en Finlande et dans d’autres pays. Après cet été, nous allons aller en Amérique, d’abord le nord puis le sud. Nous avons des dates de prévues jusqu’en 2013 et ne risquons pas de nous ennuyons sur l’année à venir.

16 – Gros programme en perspective ! Complètement différent, as-tu un avis sur le téléchargement ?
Quand tu travailles pendant plusieurs mois, très difficilement en studio, que des gens te font confiance et te donne de l’argent, qu’ils font des affiches et te préparent un beau packaging, je trouve que le téléchargement est la voie de la facilité pour l’auditeur. C’est une énorme connerie.

Je me souviens que lorsque nous avons fait « Crows Fly Back » avec Tarot, nos statistiques de téléchargent ont explosé parce que nous avions signé chez Nuclear Blast. Ce qui veut dire que bien plus de gens nous suivaient, mais ne nous supportaient pas car ils téléchargeaient l’album sans acheter derrière.



17 – C’est la fin. Si tu veux ajouter quelque chose pour les fans français…
Pour les fans français, vous êtes exceptionnels et hier soir à Paris, l’accueil a été fantastique. Je trouve que la France est un pays merveilleux, et que vous avez de la chance d’y habiter. A bientôt !
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interview réalisée par Eternalis

5 Commentaires

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Nadia - 07 Juin 2012: très bonne interview!
De_vinci - 10 Juin 2012: Superbe interview de Mr Marco
C'est vrai que ce viking dégage sympathie sur scène et dans ton résumé on ressent bien cela. Merci à toi !
NagaShadow - 13 Juin 2012: Excellente interview, rien à redire, ou presque... puisque j'ai pas pu m'empêcher de remarquer deux "coquilles" : question 3 :
"Je suis très fier de cet album parce que nous avons travaillé très dur pendant plusieurs fois" -> plusieurs mois, je pense.
Et : " Nous avons des dates de prévues jusqu’en 2013 et ne risquons pas de nous ennuyons sur l’année à venir. " -> ennuyer, plus que ennuyons ! =P
Darknemesys - 18 Juin 2012: Très bonne interview, exactement les questions que j'aurais aimé poser. Un grand merci !
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