Cependant, Sergi nous dévoile également l’envers du décor, les difficultés de faire des concerts, d’autofinancer son groupe, de se faire connaitre à l’échelle européenne…c’est donc un constat amer que dresse le jeune batteur néanmoins passionné de musique et acteur dans pas moins de quatre groupes ! A lui la parole.
[Par Eternalis]
1 – Comment vas-tu Sergi ? Que s’est-il passé depuis la sortie « Fragile Alignments » et quelles-ont été les réactions ? Il faut se remettre des vacances (rires).
Sinon, on devrait être très content de ce qui s’est passé après la sortie de l’album car on était vraiment très jeunes lorsqu’on l’a fait mais je mets toujours la limite à atteindre très loin pour viser plus haut. Je peux dire que j’attendais encore plus de feedback même si on a joué pas mal de concerts, surtout en Espagne. On a joué dans un festival avec des groupes comme Opeth, Katatonia ou Marylin Manson donc ça c’était vraiment le top. On a eu aussi des sponsors mais on aurait vraiment aimé faire une tournée en Europe mais ça ne s’est pas fait.
Une fois le cd sorti, tout a mis du temps à se mettre en place et quelques mois plus tard, il était surement trop tard pour faire une véritable tournée et on regrette un peu.
2 – Que peux-tu dire sur « The Eternal Light of the Unconscious Mind » ? C’est un titre obscur et mystérieux…est-ce de nouveau un concept ?
Oui et non. C’est un concept mais comme le premier qui était très travaillé afin que tout soit lié de A à Z. Cette fois, j’ai laissé le thème très ouvert et je ne suis pas le seul à avoir écrit.
On a voulu parler des rêves et…pourquoi on a mis ce titre déjà (rires)
3 – C’est en plus un titre difficile à retenir au début…
Oui, ça fait titre de film indépendant (rires). On a choisi ce titre très tard finalement, une fois que l’on faisait le mix. On a vu que la musique que l’on jouait était plus sombre, que nous voulions parler des rêves et de la dualité entre la lumière et les ténèbres mais nous ne savions pas vraiment comment allait sortir cette nouvelle orientation musicale. On a donc attendu vraiment la fin pour donner un titre à l’album.
On a choisi ce thème car c’était personnel et nous avions envie de nous éloigner vraiment du premier cd. Cette fois ci, tout le monde a participé à l’album pour composer les morceaux. Quelqu’un a pu écrire les paroles et l’autre la musique. J’ai relaté mes rêves, Felipe également…le chanteur aussi…on a partagé des expériences personnelles ensemble et c’était vraiment intéressant. On ne parle de nos rêves en temps normal car c’est finalement assez intime.
Même musicalement, on s’est beaucoup parlé et c’est vraiment différent du premier cd.
4 – Sans parler de musique, l’artwork donne déjà le change. Le premier évoquait une aquarelle aux multiples couleurs alors que celui-ci est très sombre, comme une gravure macabre. Est-ce que cette opposition complète était volontaire ?
Pas si complète que ça je dirais. Le visuel a été influencé lorsqu’on s’est rendu compte que notre musique devenait plus sombre. Nos photos et nos images sont aussi plus sombres, nous sommes également en noir. Ce n’était pas très réfléchi en revanche de le faire si obscur car c’est le même artiste qui a fait la pochette des deux albums.
On lui a donné les paroles, on a parlé d’idées qu’on avait car le type d’aquarelle comme le premier album représente vraiment son style. Il a donc beaucoup travaillé pour le résultat et cette vision obscure est vraiment réussie.
5 – La musique est toujours très dynamique et progressive. Est-ce que vous composez au feeling ou alors tentez-vous plusieurs combinaisons avant de sélectionner ce qui fonctionne le mieux ?
Ca dépend des morceaux en fait. Quand on a fait le premier cd, il y avait deux guitaristes déjà mais Filipe n’a rien composé, il a juste interprété des titres déjà écrits. Il n’a donc pas imprimé le cd avec ses idées car tout était déjà bouclé car il était trop tard. Aujourd’hui, avec Filipe et Yvan, c’est différent car les deux ne sont pas du tout pareils.
Filipe c’est le feeling, le fait de jouer ensemble lui et moi et de prendre un max d’idées dans une répétition alors qu’Yvan est très centré sur la technique, les mesures et des idées au niveau des plans très bizarres et expérimentales. Il y a un côté vraiment feeling et un autre très réfléchi selon les individus qui écrivent les morceaux.
6 – C’est ce qui rend le disque si int�
�ressant finalement. « The Beholders » et « Bless of Faintness » n’ont par exemple strictement rien à voir…C’est clair et tu tombes très bien. « The Beholders » vient des idées tordues d’Yvan alors que « Bless.. » c’est complètement Filipe et son style plus aérien et progressif.
7 – On reconnait même une patte désormais bien à vous. Est-ce que tu serais d’accord de dire qu’il existe une « identité Nami » désormais propre, que l’on peut vous reconnaitre en un morceau ?
Je ne sais pas si c’est à moi de dire ça. Je pense que oui, qu’il y a des éléments qui font que Nami est différent. Tu prends « Silent Month » qui est particulière ou alors « The Dream Eater ».
On continu de nous comparer à dix milles groupes parce que c’est rassurant de se raccrocher à quelque chose lorsqu’on écoute de la musique…
8 – Justement, dans ma chronique, je parle de groupes qui ont beaucoup changé dernièrement comme Opeth ou Porcupine Tree…est-ce que tu apprécies le tournant de ces groupes toi que je sais fan des suédois et de Steven Wilson ?
Tu me mets dans une situation difficile (rires).
Bon, j’ai été fan d’Opeth mais il faut avouer que le dernier je n’ai pas été très intéressé et je ne l’écoute pas. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de growls ou que ce n’est pas metal car j’adore Pain of Salvation alors qu’ils ont aussi beaucoup changé mais je n’aime pas vraiment le Opeth actuel. Mais il faut aussi se mettre à leur place. Ils font ça depuis vingt ans et je comprenne qu’ils aient envie de changer…c’est aussi ça le metal, de faire ce que tu veux finalement même si, fatalement, tu décevras des gens. Je ne sais pas si les anciens fans de ces groupes nous aimerons, comme tu disais dans ta chronique. On est peut-être amené à changer aussi à l’avenir donc je ne sais pas si on doit tout de suite nous mettre dans ce panier…
Cependant…je me rends compte que je ne peux pas vraiment critiquer Opeth (rires). Ils sont intouchables avec Steven Wilson !
9 – Tu m’avais justement dis que ça vous aurait justement plu d’être masterisé ou produit par Steven Wilson mais que vous n’aviez pas osé et votre choix s’était porté sur Jens Brògen. Est-ce que le choix de retravailler avec lui a été naturel ou avez-vous tentés d’autres approches ?
Ça a été complètement naturel car on pense sincèrement que c’est lui qui nous connait le mieux aujourd’hui. Steven est occupé actuellement, je ne sais même pas s’il fait des mix et de toute façon, il n’écoute plus de metal lui aussi hein (rires).
Il s’éloigne de son style initial et je ne sais plus s’il nous correspondrait vraiment aujourd’hui…
10 – Tout à fait. On voit d’ailleurs une nouvelle vague de groupes prog avec Leprous, Haken, Mastodon…est-ce que tu penses que tout a été dit avec le progressif plus classique des Dream Theater ou Symphony X ?
Je pense surtout que si le prog est si varié, c’est que c’est un style qui te laisse énormément de libertés. Dream Theater, ce sont des dieux quand ils jouent mais il est clair que Leprous, aujourd’hui, est un groupe hallucinant, comme Haken ou Carnivool par exemple. Il y a aussi la vague djent qui ouvre de nouveaux chemins, de nouvelle perspective même si je n’aime pas cette appellation « djent ». Il y a encore plein d’année de musique à venir, de combinaisons à trouver. Cette musique n’est pas très grand public donc ça laisse une totale maitrise. Les albums ont besoin de beaucoup d’écoutes, que ce soit Dream Theater ou Leprous, il y a plein de petits détails qui font qu’on a toujours envie de réécouter pour redécouvrir de nouveaux éléments…
11 – Justement, on avait parlé de Dream Theater et du départ de Mike Portnoy. As-tu écouté le dernier et qu’en penses-tu si oui ?
Sincèrement, je ne l’ai pas du tout écouté. Donc je ne peux pas en parler…par contre, j’ai suivi ce qu’à fait Portnoy depuis son départ. Je regarde les vidéos de Dream pour halluciner sur les capacités techniques et économiques qu’ils ont pour faire cette musique mais je ne me suis pas penché sur le cd.
12 – En parlant économie, le précédent album était sorti chez Klonosphere et celui-ci sort chez Graviton. Est-
ce que Guillaume Bernard ne pouvait pas sortir cet album ou est-ce que Graviton proposait mieux ? De plus gros labels ont-ils approchés Nami ?Tristement, j’ai envie de dire, il n’y a personne qui nous a vraiment approchés. Le premier cd était sorti avec Guillaume et un label espagnol qui bosse avec Graviton, donc ça a été naturel de travailler avec eux.
L’album sort partout en Europe et ça va sans doute nous ouvrir d’autres portes mais Klonosphere a fait un super boulot pour nous, il n’y a rien à redire là-dessus.
13 – Vous cherchez une tournée pour l’album. Comment ça se passe pour un groupe de votre envergure trop petit pour une tournée en tête d’affiche mais trop gros juste pour des dates uniques ? Je suppose que vous devez faire beaucoup de choses par vous-mêmes…
On fait presque tout en fait (rires). On n’a pas d’entreprise de booking ou de management derrière nous donc ce ne sont que des petits promoteurs qui nous connaissent et nous apprécient mais c’est surtout en Espagne. On a fait des dates avec Leprous ou Blinded mais c’est surtout des amis effectivement.
Là, on cherche un espace pour une première partie sur une tournée européenne, ou une première première partie (rires). Ce n’est pas évident.
14 – Et les festivals d’été ?
Pareil. Ce que je vois, c’est qu’une fois que tu as fait une tournée européenne et que tu as montré ce que tu valais, des contacts se nouent et après, ça va beaucoup mieux. Mais il faut faire ce premier trou qui te permet de passer un cap. C’est triste mais c’est vrai.
15 – Vous aviez fait un clip pour « Ariadna ». Pourquoi ce titre un peu plus violent que les autres ?
On a choisi ce morceau parce qu’il représente nos différentes facettes et que la durée du titre s’y prête bien. Il y a des parties violentes mais aussi d’autres plus calmes et progressives. De ce fait, on pensait qu’il représentait bien Nami et ses parties très différentes. Ça aurait été trop juste de faire un clip de huit ou dix minutes. On a financé le clip par nous-mêmes, comme le reste. On a enregistré avec nos moyens, créé le packaging et pour le clip, on a eu la chance d’avoir un ami connaissant le réalisateur qui a pu nous faire entrer en contact. C’est un peu de la bidouille mais le résultat final est très satisfaisant.
16 – Tu évoques beaucoup finalement la galère d’un groupe comme Nami, ou rien n’est simple et tout est précaire. Pourtant, on voit parfois des groupes bien moins talentueux sur des énormes labels vendant des palettes d’albums. Il est où le déclic à ton avis ?
Si je le savais, on n’en serait pas là (rires).
Je pense qu’il faut aussi tenir le coup car beaucoup arrêtent après seulement un ou deux albums. Donc le fait de rester présent, de sortir des albums et faire des concerts permet de forcer ce destin même s’il y a toujours, effectivement, un facteur chance qui entre en compte.
Les gros labels ont besoin de se rassurer avant de signer un groupe, de savoir qu’il y a une grosse base de fan et qu’il y aura un minimum de ventes derrière. C’est grâce au temps qu’on peut avoir tous ces éléments. Ils veulent être certains de ne pas faire d’erreurs…c’est ce que je pense en tout cas.
On dépense de l’argent aujourd’hui pour créer et un peu tournée mais il n’en rentre pas suffisamment pour qu’on puisse réinvestir complètement dans l’avenir car nous sommes vraiment seuls. Je n’ai pas d’idées pour changer ça…c’est un peu une fatalité finalement. J’aurais aimé que l’on soit au bon endroit au bon moment mais visiblement ce n’est pas le cas. Ça brule parfois le groupe et les individus ces soucis d’argent, que ce soit les musiciens ou ceux qui gravitent autour comme la famille ou le travail. On voit même des groupes que l’on pense complètement indépendant mais qui ont encore des dettes à payer de leurs jeunes années…ça brise certains rêves quand on découvre l’envers du décor.
17 – Pour finir, si tu devais donner envie à quelqu’un d’écouter Nami, que dirais-tu ?
Je dirais qu’il ne faut pas avoir de frontières, qu’il se laisse emporter et qu’il essaie de vivre les émotions à chaque moment. Je ne vais pas dire d’acheter car les gens le font de moins en moins (rires).
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interview réalisée par Eternalis




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