1 – Salut Sergi. Pour la première interview réalisé pour Nami, peux-tu présenter le groupe ?Nous avons commencé le groupe en 2007, moi et Jonathan, aujourd’hui ancien guitariste. Puis Ricard est arrivé, le bassiste, et Bernard. On a tourné quelques temps comme ça et on s’est même demandé si on devait prendre un chanteur ou pas. Puis au bout de deux ans, on a trouvé Roger, et on a décidé d’enregistré le cd. Malheureusement, juste avant, Jonathan a quitté le groupe mais Filipe est rapidement arrivé derrière.
2 « Fragile Alignments » est aux confins du prog’, entre Opeth, Devin Townsend, Porcupine Tree ou Insomnium. Quelles sont vos influences ?
Hum…un peu de tout en fait, même si les trois groupes que tu cites nous les adorons, surtout Opeth pour moi. Porcupine a été une très grosse influence pour Jonathan au début…
Actuellement, je dirais que l’on écoute de tous, mais pas forcément du métal, même si ça dépend de chacun c’est sur. On écoute pas mal Karnivool, TesseracT aussi…ça dépend vraiment du temps. On est pas enfermé musicalement, ça va du hardcore au folk en passant par le post-rock…c’est ce qui fait notre richesse.
3 – Le concept évoque les 4 éléments naturels, la matière et l’anti-matière ainsi que la place de l’homme dans l’univers. Que peux-tu me dire dessus ?
Ce sont moi et Jonathan qui avons écrit la plupart des textes. Nous n’avions pas de chanteur mais nous voulions un concept (rires). C’est assez complexe…il y a un élément important dans l’histoire. Je dirais que c’est la liberté de l’homme dans ses choix, de réussir à faire ses propres vis-à-vis de ce qui est correct ou incorrect moralement.
L’être humain de notre album représente l’humanité, et se pose des questions sur l’humanité dès le début du monde. Il ne se sent pas bien dans la société, se suicide et débute un nouveau chemin initiatique psychologique. Je pourrais parler des heures du concept tant il est complexe, donc je vais m’arrêter là (rires).
4 – L’artwork est vraiment magnifique. Que représente-t-il ?
On voulait beaucoup de couleurs dès le début. Un ami à moi, Alberto, a travaillé pour nous. Il fait tous sur peinture, rien sur ordinateur. On lui a parlé de ce qu’on voulait, c'est-à-dire les éléments, quelque chose d’abstrait avec beaucoup de couleurs et d’espace. Quelque chose d’éthéré, qui ne soit pas surchargé, qui évoque l’espace. On peut apercevoir un cercle dans la pochette, qui est un cercle japonais qui veut dire « espace, univers et éternité ».
5 – Le chant évolue tout au long du disque. Très agressif, abrasif et âpre au début de l’album, pour devenir plus clair, humain et émotionnel, avec un chant plus maitrisé et posé sur le fin. C’est un choix conscient ?
Non. Déjà, on savait qu’il fallait du chant extrême parce qu’on avait déjà une idée du résultat final avant de placer les lignes de chant en studio. Chaque choix artistique découle directement des textes, donc ce n’est pas forcément voulu. Il est vrai qu’une fois fini, on s’est rendu compte que le début était plus extrême avec « Materia » ou « Oppression ». Mais ce n’est pas conscient.
6 - La musique est très technique, mais laisse la place au feeling et parvient ainsi à vivre…
En fait, avec Jonathan, quand on a commencé a joué, et même avec les autres membres, on était tous plus ou moins avec notre premier groupe sérieux. Et il faut avouer que nous ne savions pas vraiment composé…on jouait des morceaux longs et on se laissait complètement aller pour dire la vérité. Le niveau technique était là, surtout pour Filipe qui est un énorme fan d’un groupe comme Necrophagist par exemple, donc forcément, il y a des touches techniques dans l’album
. 7 – « Anti-Materia » me fait beaucoup penser à l’album « Ki » de Devin, avec une voix pourtant plus proche de Steven Wilson. Que représentent ces deux artistes pour toi ?
Je connais surement plus Steven Wilson, que j’ai commencé à écouter il y a environ 5 ans. Je ne suis pas un fan de prog depuis que je suis jeune donc ça reste assez récent mais je suis tombé amoureux de In Absentia, Deadwing et le premier Blackfield, ça a été une sorte de révélation pour la batterie et le chant. Gavin Harisson est un des meilleurs batteur du monde pour moi. Musicalement, la structure des chansons, la liberté de compositions…ils ne fixent aucune barrière. Ils n’ont peur de rien et c’est ça que nous adorons…
Pour Townsend, c’est aussi très étonnant. « Terria », « Synchestra »…il y a un mur de son tellement impressionnant et une liberté de création que l’on ne retrouve vraiment nulle part ailleurs. Ce sont des personnes que j’adorerais rencontrer pour discuter avec eux…on avait même pensé à un moment contacté Steven pour mixer notre album mais on a même pas essayé (rires). Surement un peu peur de paraître ridicule…un peu intouchable je crois.
8 – En tant que batteur, quel est ton apport dans la composition ?
A la base, c’était les deux guitaristes qui composaient les riffs et les structures de chanson. Et à partir de ça, on va dire que je suis celui qui va apporter les pulsations à la musique, en créant des espaces, intensifiant des parties à la batterie ou au contraire laissé des « creux » pour le chant.
Pour les textes et les mélodies de voix comme je te disais, je les compose pour la plupart, surtout que j’enregistre aussi les chœurs.
9 – Vous faites partie du collectif Klonosphère. Est-ce agréable d’avoir autant de libertés artistiques qu’ils en offrent ?
Tout se passe super bien. C’est Guillaume Bernard, le guitariste de Klone, qui s’occupe du label et il est vraiment génial. Il s’occupe de nous, fais de la promotion, fais le meilleur pour que l’on soit présent et ayons des deals, des concerts…il nous donne beaucoup de concerts et couvre vraiment bien la promo en France.
10 – Que donne Nami sur scène ?
On ne fait pas beaucoup de concerts en ce moment. Ce n’est pas parce qu’on ne veut pas mais on a mis beaucoup de temps à enregistrer l’album parce que chacun de nous travaille et nous n’avons pas pu faire tout ça pendant les vacances.
On a pas du jouer depuis un an, même si on a jouer en janvier, ou des petites dates ponctuelles, mais pas de tournées. On joue en juin à Barcelone et le but ensuite, c’est de faire une petite tournée en Espagne et en France. On attend (rires).
11 – « Fragile Alignments » est très pro, très travaillé, autant musicalement que conceptuellement. Etais-ce une volonté de frapper fort dès le premier album ?
Oui. On s’est demandé plusieurs fois si on devait enregistrer un ep avant, une démo pour les labels…On savait simplement que l’on voulait une très bonne production. Je pense que avec les groupes que nous écoutons, nous sommes mal habitués à entendre des supers prod partout (rires).
Du coup, on a contacté plusieurs producteurs européens et américains, on est entrés en contact avec Jens Brogen (Opeth, Katatonia, Cradle of Filth, amon Amarth…) et ça s’est très bien passé…
12 – D’où vient le patronyme « Nami » ?
Alors…le groupe à la base s’appelait « After Mars », pour l’idée spatiale, de liberté toujours…de trouver un endroit que l’on ne connait pas et qui reste à découvrir. On a du changer de nom parce que quelqu’un utilisait déjà ce patronyme mais on voulait garder le même esprit. On avait plusieurs choix mais on est tombé sur Nami, qui veut dire « vague de mer
» en japonais (« Tsunami »), et l’évocation d’une onde de choc également. On aimait cette idée d’explosion, de la nature qui se rebelle, qui montre sa supériorité…De plus, la consonance du mot ne sonne pas death ou purement métal et c’était aussi important pour nous. Nous ne voulons pas être catalogué avant même que l’on écoute notre musique, on veut faire de la musique au sens large, et pas être restreint à une étiquette réductrice.
13 – En tant que batteur, que penses-tu de l’éviction de Mike Portnoy de Dream Theater et de son remplacement par Mike Mangini ?
Je ne sais pas trop quoi en penser sincèrement, surtout avec le battage médiatique qu’il y a eu sur internet. Je ne suis pas hyper fan de Dream Theater même si je reconnais que l’influence qu’ils ont dans la musique aujourd’hui, que ce soit le métal, le prog ou le rock est assez grandiose. Quand à la production, il faut aussi avouer qu’il n’y a presque rien de mieux que Dream Theater donc…
Son départ a surpris tout le monde et vraiment, je pensais qu’il allait revenir, que ça ferait un énorme coup de pub. Mais non…bon, ça a permis de voir le casting de batteurs énormes. Mike Mangini, c’est un super bon batteur, celui qui colle le mieux au groupe je pense, pour le jeu, le feeling, l’âge et l’expérience mais moi…j’étais à fond derrière Marco Minnemann (rires). C’est un batteur exceptionnel…(Necrophagist, Kreator, Paul Gilbert).
14 – « Cosmical Beginning » porte très bien son nom. Il y a une dimension cosmique dans cette compo, planante et progressive qui offre une sensation d’explosion, de la naissance de l’univers. Est-ce un moment crucial du concept ?
Oui ! En fait, c’est le début du concept si l’on devait le placer chronologiquement. Mais « Cosmical Beginning » et « Conscience of the Void » sont les plus importantes de l’album, autant textuellement que musicalement. Elles ont été enregistrés presque intégralement par Bernard et nous voulions en effet offrir cette sensation d’explosion, de vide, de l’espace qui nous recouvre. Elles sont très particulières.
15 – Si tu devais te retrouver sur une île déserte : les 5 albums que tu emporterais ?
Moi ? Oulà…
Alors je prendrais sans hésitation « Damnation » d’Opeth qui est mon album préféré tous genres et toutes époques confondus. Après je dirais « Kid A » de Radiohead…je prendrais…putain mais je me pose souvent cette question mais je n’arrive jamais à y répondre (rires). [ndlr : un ange passe…]. Laisse moi penser…je dirais aussi « Attitude 0 » de Agora Fidelio, un groupe de Toulouse [ndlr : le groupe de Milka, le chanteur de My Own Private Alaska]. Je dirais aussi « Deadwing » de Porcupine qui est mon préféré du groupe…et un dernier. Je vais prendre un cd pas connu, mais plutôt un choix sentimental. C’est un groupe de hardcore espagnol qui n’existe plus, Nueve-Noventa y Cinco et le cd est un best-of en fait de leur deux ou trois albums.
Je prendrais plein de trucs si je pouvais de toute façon (rires). Il n’y a vraiment que « Damnation » et « Kid A » dont je ne pourrais pas me passer…et peut-être le premier 30 Seconds to Mars. Tu vois, c’est impossible !
16 – C’est la fin. Je te remercie et je te laisse les mots que tu pourrais dire à une personne n’ayant jamais écouté Nami, pour lui donner envie !
Que les gens ne s’enferment pas et qu’ils s’ouvrent à tous les horizons. Que même s’ils n’aiment pas le métal à cause de clichés, qu’ils se laissent bercer par le cd et ensuite développent leur propre avis.
Et pour finir, merci pour l’interview, vraiment. C’est notre première comme tu disais, et la chronique que tu as faite nous a été droit au cœur. Merci à toi et à l’ensemble des personnes nous soutenant. A bientôt j’espère.
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interview réalisée par Eternalis




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Cet album est magistrale .
Aussi intéressante que ladite chronique, pas étonnant qu'elle lui aille droit au coeur, peu de groupes doivent recevoir des discours aussi élogieux dès le premier album...
C'est vrai que pour un premier opus, ils font fort.
Dommage qu'ils n'ait pas passé "des heures" à parler du concept, ça aurait sûrement blasé certains mais personnellement j'aurais été vivement intéressé.
Au moins maintenant j'aurai la confirmation de mes suspiscions sur le nom du groupe ;)
Enfin, Bravo, à Nami pour sûr, mais aussi à toi, Eternalis, ça change un peu des interview de groupes connus -même si elles restent intéressantes- et visiblement ça leur a fait plaisir.
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