Les Chants De Nihil

Intervew réalisée et publiée avec l'aimable autorisation de France, Black, Death, Grind (Facebook ICI ou LA).

Remerciements à Cyrille et Yann-Pascal

 

                                         Le maître et ses félons...

Allez, viens Yann-P... viens, raconter pourquoi nous rédigeons au bout de 2 mois seulement notre interview sur Les Chants du Nihil ! Ne serait-ce pas toi qui d’habitude, me pleure pour faire les grands groupes de la scène du Black Metal français ? Pourquoi suis-je alors en train de rédiger cette intro ?

N’attendez pas de réponse de sa part, ce poltron de Yann-P est tranquillement en train de se faire dorloter par sa douce dulcinée pendant qu’il m’envoie sur le front vous expliquer les raisons de ce retard lamentable.

Tout avait bien commencé pourtant. Le 3 décembre 2020, je me faisais porteur d’un message auprès de Jerry, le leader  emblématique des Chants de Nihil. Petits misérables que nous sommes, j’osais demander audience pour savoir si le Roi souhaitait nous adresser la parole afin de prêcher cette dernière auprès du bas peuple.


En grand Seigneur qu’il est, celui-ci accepta. Le temps pour nous, de rédiger nos doléances et nous lui donnerons tantôt de nos nouvelles, lui avais-je promis.

Seulement voilà, s’adresser à son Souverain, lui qui propose à travers son travail remarquable, des textes musicaux d’une grande richesse, un son des plus voluptueux, n’est pas chose aisée pour d’incultes vassaux que nous sommes.
Les odes que nous délivrons habituellement, ne pouvaient être suffisantes comparé à ce que notre maître nous offre à  travers ses œuvres. Nous en avions conscience et non satisfaits de notre rendu, nous avons alors opté pour le silence.
Le succès de nos récits que nous vous colportons aidant, nous faisions lâchement mine d’oublier notre Roi, lui qui nous avait tendu si généreusement la main...

Un beau jour, Monseigneur vînt aux nouvelles. Ce dernier aurait pu nous emmener avec lui sur le champ de bataille pour nous punir de notre filouterie. Une mort certaine nous y aurait attendu. Mais que nenni, celui-ci nous offrait une seconde chance ! Cette fois-ci, nous ne l’avons pas laissé passer...

Retrouvez sans plus attendre ce qu’est la marque des plus Grands !
Agenouillez-vous humbles serviteurs devant le Roi et écoutez ce qu’il a à vous dire !
Vive le Roi ! Nous te promettons fidélité. Mais, surveille tout de même Yann-P, ce poltron retournera sa veste dès qu’il en aura l’occasion...
Concernant, cette histoire qui nous est arrivé, retenez ceci : « Peu de gens ont le courage d'être lâches devant témoins.» (Théophile Gautier, poète du XIXème siècle.)

Cyrille, pour vous servir...

 

 

1. Le 22 janvier 2021 est sorti un nouvel album : Le tyran et l'esthète... Pouvez-vous nous en dire plus sur son thème ? Qui est le tyran ? Qui est l'esthète ? (CB)

Salut à vous ! Cet album est la suite de Propagande Érogène qui date de 2011. Ce dernier racontait l’ascension d’un leader politique et ses acolytes. “Le Tyran et l’esthète” relate la déchéance de ce groupe après que la majorité de son peuple l’ait  abandonné. L’album est divisé en quatre actes : “la confrontation” quand l’ennemi vient se présenter et piéger le leader  (appelé “songeur” sur l’album). “L’exil” du songeur qui va chercher l’aide de sa divinité perso. “L’ultimatum” : le songeur  propose à la foule de le rejoindre ou bien de périr. Dernier acte : “L’assaut” où le peuple est sacrifié, puis le leader et son armée se suicident. Le tyran et l’esthète sont la même personne, à savoir ce leader politique en quête de grandiose.

 

2. Qui compose dans le groupe, et surtout les textes ? (YPM)

C’est moi, Jerry, qui compose. J’écris également le scénario et les paroles. Je m'occupe aussi de l’artwork. On peut dire que LCDN est mon projet perso. Les autres membres du groupe reçoivent le produit fini et ont la liberté d’arranger les lignes qui les concernent s’ils le souhaitent.

 

3. Il y a une telle recherche dans les paroles de ce dernier album (et dans les précédents !). Le langage y est soutenu. Quel niveau d'études à celui qui les écrit ? Avez-vous conscience que cette finesse d'écriture vous démarque des autres groupes de Black ? (CB)

Peu importe mon niveau d’études. Je ne crois pas qu’il faille des professeurs pour développer sa créativité. Parce que c’est bien de cela dont il s’agit, avant de parler de technique. Si on a un thème et un univers solide, on peut écrire des textes très inspirés. Le message de l’album a une vocation universelle ; le dilemme c’était donc d’être précis dans ses mots pour  proposer un texte de qualité avec une portée idéologique, pouvoir raconter une histoire sans tomber dans le tout-narratif (ça aurait été merdique) et faire que l’ensemble reste tout de même accessible. Je n’ai vraiment pas envie de proposer une œuvre réservée à une élite, au contraire... Eveiller les consciences du plus grand nombre, ça c’est beau ! Encore faut-il que l’album y parvienne !

 

4. Vous chantez en français. Est-ce une réelle volonté de votre part ou un blocage par rapport à l'anglais ? (CB)

Les deux. Par respect pour mes origines, ma langue maternelle dont j’affectionne les sonorités. Et puis je n’ai pas les compétences suffisantes en anglais pour écrire un pareil contenu. En plus de ça, l’anglais est trop mou à mon sens, pas  assez agressif, pas assez dur. C’est une langue bonne pour chanter de la pop. En revanche, j’aime le mélange  romantique/guttural de la langue russe. Il est possible qu’un jour je chante un morceau ou deux dans cette langue  magnifique.

 

 

5. Une question, que je me pose souvent, Les Artwork de vos albums, ont l'air d'être mûrement réfléchis à chaque sortie, car ils sont tous magnifiques. Il semble que vous (Jerry) avez réalisé celui de l’album "Le tyran et l'esthète" ?
Exploitez-vous ce don en dehors des Chants de Nihil ? (YPM)

J’ai beaucoup dessiné quand j’étais petit. Aujourd’hui je n’ai plus le temps de pratiquer, je réserve ça quand il faut faire une cover des Chants de Nihil. Merci pour le compliment ! Je suis en effet satisfait de la cover d’”Armor” ! Par contre, mon  dessin pour “La Liberté guidant le fer”... au secours !

 

6. Dans vos clips vidéos, on sent que le côté théâtral est important pour vous, est-ce exact ? (CB)

De quel “clip” parlez-vous ? Nous n’avons jamais proposé de vidéo mise en scène pour illustrer un morceau. La question s’est posée pour le dernier album. Mais vu la prédominance du texte sur la musique, il aurait fallu un clip qui illustre  directement les paroles... et là, à moins d’avoir Roland Emmerich et un studio hollywoodien derrière, je ne vois pas  comment c’était possible. Tant pis ! J’ai réussi à peindre une scène qui illustre l’album, le reste est à la charge de  l’imagination des auditeurs.trices !

 

7. Vous avez changé de label pour ce nouvel album ? Pourquoi ? Que vous apporte-t-il de plus ? Vous disiez que vous vous entendiez pourtant bien avec le précédent ? (CB)

J’ai dit que le précédent label Dernier Bastion avait toujours fait le taff. De là à dire qu’on s’entendait bien... Pour s’entendre il aurait fallu qu’on puisse communiquer. Ce qui n’était pas le cas. J’ai quitté ce label après de nombreux mails de ma part  restés sans réponse. Heureusement qu’on a réussi à se retrouver avec les Acteurs ! Surtout que pour un album aussi  gigantesque que “Le tyran et l’esthète” il fallait du sérieux niveau production et promotion derrière. Je regrette qu’Armor ne  soit pas sorti chez LADLO aussi... avec le recul, il aurait mérité mieux que ce qu’il n’a eu.

 

 

8. Vous êtes de Saint-Brieuc. Ça doit être plaisant d'y vivre non (Nous sommes tout à l'Est !)? Parlez-nous un peu des coins que vous fréquentez ? On les retrouve dans les thématiques de vos albums précédents d'ailleurs, y a-t-il un clin d'œil à votre région à travers ce nouvel album ? (CB)

Saint-Brieuc est une ville qui n’a pas très bonne réputation. Elle souffre d’un taux de chômage élevé et a été un point fort de la “culture” punk (le wagon). Cependant, elle est située sur la côte et a un cachet post-industriel. Imaginez une vallée noyée de brume avec des ponts en brique qui se croisent de part et d’autre, dans tous les sens avec des bouts d'entrepôts  désaffectés émergeant entre les branches et un port de plaisance dans le fond de la vallée. Moi j’aimais bien cette ville.  C’est mes années lycée et licence, les années où on découvre beaucoup de choses. Je n’y vis plus depuis presque dix  ans. Toute la baie de St Brieuc regorge de petites plages assez sauvages, c’est très joli. Pour en revenir au dernier album, il est complètement fictif. Aucune référence à St Brieuc donc.

 

 

9. Jouez-vous à l'international ? Est-ce en projet ? Avez-vous déjà des dates de concerts prévus en France ? Comment se  passent les ventes de vos CD au-delà de nos frontières ? (CB)

Nous n’avons encore jamais joué hors de France avec LCDN. Nous aimerions beaucoup ! J’espère que, une fois la crise  Covid passée, nous aurons des propositions intéressantes. Nous sommes à l’affiche du LADLO Fest à Nantes le dimanche 23 mai 2021. L’album est sorti il y a seulement deux semaines, mais je crois que pour l’instant ça marche plutôt bien ! J’irai  aux nouvelles auprès de LADLO dans quelques semaines.

 

10. Que pensez-vous de la scène Black actuelle ? Le public a-t-il toujours les mêmes attentes que dans les années 90 ?  (YPM)

Dans les années 90 j’étais enfant alors il m’est difficile de répondre. Je crois que le metal extrême est allé au bout de la violence, du malsain, etc... La course à qui sera le plus méchant... ce n’est pas mon truc. Je préfère proposer quelque chose de frais, de complet. De la musique qui peut ravir l’intello fouillant les paroles et le son à la recherche de détails, de sens cachés. De la musique qui fait voyager les mélomanes avec des enchaînements et une construction surprenants mais bien amenés. De la musique rentre-dedans qui va régaler une oreille en quête de sensations fortes. Je voulais tout ça à la fois.
Que chacun y trouve son compte, peu importe la situation ou la motivation avec laquelle on attaque “Le tyran et l’esthète”.

 

 

11. Pour la sortie de ce nouvel album, quelle question vos différents intervieweur ne vous ont pas posé et que vous voudriez que l'on vous demande ? On vous laisse bien évidemment y répondre... (CB)

La question à laquelle je m’attendais, et que j’attends toujours : “Est-ce une bonne chose de mélanger politique et art ?”. Et je pense que la réponse est oui. Ce n’est pas nécessaire ; la musique peut rester un divertissement. D’ailleurs je disais plus haut que je souhaitais aussi que notre album passe bien auprès des auditeurs.trices qui ne veulent pas se prendre la tête. Mais un artiste ne doit pas s’interdire de proposer un contenu argumenté idéologiquement ou politiquement. Ceux qui s’y  essaient font ça de manière plus ou moins habile, mais pourquoi réserver cette parole aux journalistes ou écrivains  politiques ? Chaplin l’a fait dans son cinéma ; Shostakovich résistait à l’oppresseur avec sa musique (sans paroles !) en   opposition aux attentes et codes imposés par l'État ; Coluche alertait sur la misère sociale et tapait sur les politiques dans  ses sketchs ... Bref ! Personnellement j’aime quand l’art est engagé, même quand je ne partage pas le message à 100%. L’art doit apaiser en tant que divertissement autant qu’éveiller la conscience. C’est la mission que j’ai donnée aux Chants  de Nihil.

interview réalisée par France Black Death Grind

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