Leiden

interview LeidenJuste quelques jours après la sortie de leur dernier album, Dualité, Leiden se produit sur leur terre natale (Toulouse) aux côtés de The Old Dead Tree et Epica.
Bérengère et Wilfried répondent à mes questions avec leurs accents si mélodieux.


Pourquoi avoir choisit ce nom ?
Wilfried : Ca veut dire souffrance en allemand. Un mot à double tranchant dans le sens où Leiden à prononcer s'annonçait doux à dire et en fait, il a un sens caché quand on ne connaît pas la signification de la souffrance. Ca représente bien notre musique pour son aspect doux, mélancolique et avec des aspects durs. Ca montre les deux côtés du groupe à deux voix qu'on gère. La voix de Bérengère est douce, moi, c'est guttural. Donc Leiden correspond vraiment à ça. On a pas cherché longtemps.
Bérengère : C'est le côté contraste, entre la sonorité du mot Leiden assez douce à prononcer et le sens caché.


D'où êtes vous originaire ?


Wilfried : Bérengère vient de Montauban, le guitariste vient de Paris. Le batteur est de Carcassonne, le bassiste d'Ariège. On habite tous sur Toulouse maintenant.

Comment vous êtes vous connu au sein du groupe ?
Wilfried : Ca date. ….. à l'époque, je montais un groupe avec un pote qui s'appelait Ludo Thalis. On était deux, au début, et on a commencé à faire des petits concerts, des demos et tout ça. J'ai connus Ludo, le guitariste qui était sur Montauban qui rejoint le groupe. Ensuite, il y a eut Bérengère. Après, on s'est connus lors de soirées naturellement.
Bérengère : Des rencontres humaines.
Wilfried : On n'a pas passé d'annonce pour trouver des musiciens, c'est venu naturellement. C'était des gens avec qui on s'entendait bien.
Bérengère : Avec la boîte à rythme, pendant quelques années puis on a rencontré Mathieu qui est devenus un pote. On savait qu'il était batteur. On s'entendait bien avec lui. Shadow, c'est pareil. En fait, lui carrément, on l'a intégré au groupe. Il ne jouait pas du tout de la basse, il faut le savoir. (rires) On cherchait un bassiste et ça passait super bien avec lui sur le plan humain. On a toujours privilégie le côté humain, on voulait pas faire des auditions pour cherche un bassiste, un batteur.

Que désiriez vous faire comme métier quand vous étiez enfant ?
Wilfried : C'est marrant moi je voulais être boxeur. J'ai fais de la boxe pendant neuf ans puis après ça m'a gavé. J'adorais la musique depuis que j'étais petit, j'avais envie d'en faire. Comme métier, je n'ai jamais eus dans l'idée de faire quelque chose de spécifique. Je me suis toujours fais chié à l'école et au lycée. J'ai essayé de faire de la comptabilité mais non, j'étais plus attiré dans le milieu artistique.
Bérengère : Moi, je voulais être avocate ou vétérinaire. Après il y a eut la découverte de la musique à l'adolescence. Je m'entraînais à chanter sur Madonna, j'adorais …….. Je faisais le micro avec ma brosse à cheveux (rires). Je me suis mise à la musique tardivement, même si j'ai toujours été très attirée et donc après il y a eu l'opportunité de chanter dans le groupe.



N'est ce pas trop dur de concilier votre profession artistique parallèlement au métier que vous exercez pour subvenir à vos besoins ?
Bérengère : Il faut être très bien organisé. Pour ceux qui bossent, puisque comme il te l'a dit, il y en a qui sont au chômage, là c'est plus facile, après c'est de l'organisation. C'est sur on a des emplois du temps bien remplis mais il n'y a pas le choix. Il faut travailler pour manger et la musique reste un plaisir donc même si ça prend beaucoup de temps, ça reste une passion.
Wilfried : il faut s'attendre quand on veut faire ça à être pauvre pendant un certain temps et le rester peut être tout le temps. Vivre avec ça, c'est l'aventure. A partir du moment où tu prends du plaisir dans ce que tu fais, pour ta passion, même si tu fais un boulot qui te plais pas que ce n'est pas toujours rose. Ca te fait kiffer, c'est très positif. Après, c'est sur que ça ne peut pas durer vingt ans mais tant qu'on peu, on continue. Niveau tune, faut s'y attendre, faut être préparé. Il y a beaucoup de jeunes qui arrivent pour la musique et qui prennent une claque sur ce point là. Ils croient de suite qu'ils vont être blindés de tunes.
Bérengère : Qu'ils vont être millionnaire.
Wilfried : Qu'ils vont être des stars. Quand j'ai commencé dans la musique, j'ai envoyé des mots partout, en espérant une signature, pouvoir faire une tournée. Ce n'est pas aussi simple que ça, c'est tout un cursus.
Bérengère : Et je suis persuadé qu'il y a des jeunes toulousains, par exemple, qui en voyant Leiden doivent penser qu'on est super riche, qu'on vit de notre musique et compagnie.
Wilfried : Pas du tout.
Bérengère : Souvent il y a un fossé entre l'image que ce fait le public et la réalité. Il faut savoir qu'il y a des groupes plus connus que nous qui bossent aussi à côté. C'est vrai, quand t'es pas dans ce milieu là, tu peux être choqué. « Ah ben machin, il est prof à côté, ….ah bon » C'est comme ça. Et comme le disait Wilfried, en France, c'est assez dur de vivre de sa musique contrairement à d'autres pays.
Wilfried : C'est toujours dur. Il faut savoir à quoi t'attendre. Il y a des stars mais nous on en est pas.


n'avez-vous jamais douté du manque de reconnaissance ? La scène metaleuse étant peu favorisé en France ?
Wilfried : La reconnaissance, on l'a toujours même à un petit niveau et même si on ne vit pas forcément de notre musique. Au niveau des fans, ou la répercussion des ventes, des gens qui viennent nous voir en concert, qui nous suivent depuis le début ou le public, ce n'est certes pas une reconnaissance de star mais on a la reconnaissance à une petite échelle qui nous va très bien. Si le groupe marche plus, il y en aura plus. On
interview Leidenespère que ça va marcher.
Bérengère : On n'a jamais été frustré de quoi que ce soit. Ne serait ce qu'au cours d'un concert quand t'as déjà une personne qui vient te voir après, c'est déjà une grande victoire.
Wilfried : On n'a pas de problème de ce côté-là. Par rapport à la reconnaissance de la scène française, c'est sur, il y a un soucis, puisque c'est le seul pays pleins d'ébullitions, qui a pleins de bons groupes qui émergent doucement. Il y a un problème pour l'identité du rock en France par rapport à l'Angleterre. Il y a du retard à rattraper. C'est pas un cliché, c'est la réalité, par rapport, aux artistes qui se développent, on n'a pas un groupe en France qui est mondialement connu comme Ramstein en Allemagne, comme les Beattles, Pink Flyod, Craddle Of Filth en Angleterre.
Bérengère : Within temptation, en Hollande.
Wilfried : Ici, il n'y en a pas. Tout est à développer encore. Ca vient petit à petit, il y a de plus en plus de public, de groupes. Le jour où les groupes vont vraiment s'exporter à l'étranger en étant reconnu là bas, ça sera une bonne chose de faite.



D'où vous vient l'inspiration pour vos chansons ?


Wilfried : L'inspiration peut venir de la vie de tous les jours. De choses qu'on peut imaginer, ça reste toujours sombre. Moi, personnellement je n'arrive pas à écrire quelque chose de joyeux, je ne peux pas l'expliquer, mon inspiration est ainsi. Pour Bérengère, c'est peut être différent, par rapport à l'inspiration, c'est souvent des choses qu'on a vécut, soit des choses qu'on a inventé.
Bérengère : Pour moi, c'est un peu la même chose. Il y a toujours une part de réel et souvent ça peut faire référence à des histoires personnelles ou qui sont arrivés à des proches, ou même des thèmes d'actualité. Tu ne reconnais pas forcément quand tu lis le texte final. Les trucs comme la guerre, les guerres de religion, les choses comme ça, ça peut être le départ d'un texte. Il faut savoir que nos textes, pour moi en tous cas, définissent l'être humain. Le côté bon, le côté mauvais, le côté un peu skysophrène. Quelque fois on se met dans la peau de personnage, on essaye de retranscrire ceux qu'ils ont dans la tête. Nos textes peuvent être introspectifs et font part d'émotions qu'on a pus ressentir ou qu'on ressent. C'est axé sur les émotions, l'état d'esprit et compagnie. On retrouve toujours une part de réel et une part d'imaginaire. On laisse planer le mystère, même si les textes, au moment, où on les écrit, on une signification très précise pour nous. Je pense qu'ils sont assez ouverts. C'est-à-dire, les gens qui lisent les paroles peuvent les interpréter de diverses manières. Il n'y a pas d'interprétation figée. Ce sont des textes qui appellent au voyage, tout comme la musique. Chacun peut y voir, un peu ce qu'il souhaite.


Ecrivez vous depuis longtemps ?


Wilfried : Depuis la naissance du groupe. J'ai commencé à écrire les textes au début de Leiden. Tu écrivais peut être des trucs avant (à Bérengère).
Bérengère : Non, pas du tout.
Wilfried : On a commencé avec le groupe. Dans les chants qu'on fait ensemble, on s'inspire du texte de l'autre pour faire quelque chose de cohérent. Ca vient avec le temps, on va dire qu'au début, c'était peut être un peu plus maladroit et maintenant ça s'affine un petit peu, vu qu'on a plus de facilité tout simplement.
Bérengère : Moi, c'est pareil. J'écris qu'avec le groupe, je n'écris pas toute seule dans mon coin. Je le fais quand la musique est composée, par rapport à ce que va m'inspirer la musique. C'est la musique qui guide mes paroles, qui guide l'inspiration.
Wilfried : Ce n'est pas évident d'écrire. Quand j'ai la gouache, ça va assez vite mais pas souvent effectivement. Faut se mettre dans l'esprit de l'écriture.
Bérengère : Il y a pleins de difficultés, c'est vrai mais du moment où s'est sincère, ça vient des trippes, c'est le principal.
Wilfried : Ca m'arrive souvent de laisser un texte de côté, d'y revenir plus tard, si j'ai plus d'inspiration. Soit j'efface une phrase et je recommence. Tant que ça ne se répète pas.
Bérengère : Je suis comme Wilfried, très lente. Il me faut m'imprégner du morceau et cetera, et cetera. Souvent on a trois morceaux de composer et j'ai qu'un texte sur un morceau. Je n'ai pas envie que ça soit l'usine, écrire au lance pierre. Je prends vraiment le temps de m'imprégner, de laisser libre court à mon imagination. On est pas des poètes, des romanciers, écrire n'est pas quelque chose de naturel mais on y arrive. Je préfère ne pas brusquer les choses et comme le dit, Wilfried, je peux mettre quinze jours, trois semaines voire plus. Changer un mot chaque jour jusqu'à ce que l'on soit satisfait. La difficulté, chez nous aussi, réside dans le fait que chacun écrit ces textes et ces parties chants. Par exemple, dans un morceau où nous chantons tous les deux, je vais écrire ma partie chant et lui, la sienne. C'est pas évident les textes doivent être en osmoses. Quelquefois on n'a pas la même vision sur le sujet, c'est des compromis.



Comment se passe votre travail pour trouver les paroles comme vous maitrisez plusieurs langues ?
Wilfried : Je chante exclusivement en Français, quelquefois en Anglais. Je pense, je parle en ton nom, tu me diras, si je ne dis pas la vérité. C'est plus facile pour elle, dans le sens où elle va avoir l'inspiration sur une phrase admettons qui va sonner plus dans cette langue que dans une autre. Elle ne va pas s'obliger à écrire que dans une langue. La sonorité peut apporté la facilité dans la composition des paroles.
Bérengère : C'est ce que j'allais dire. Comme je te le dis, un morceau qui va m'inspirer quelque chose de très doux, je mettrais du Français, de l'Italien, puis d'un coup ça va couler plus facilement. Tu vois, si je veux faire appel à des notions plus brutales, je vais plus utilis
er l'Allemand. C'est vrai que le choix de la langue est très important, parlant plusieurs langues, ça facilite les choses. Je devrais écrire qu'en Français, j'en serais incapable. C'est tout un jeu, ces histoires de langues, la sonorité. Des langues vont se prêter plus facilement à tel riff de guitare.
Wilfried : A des émotions aussi.
Bérengère : Oui, aussi (rires) C'est assez complexe (rires)



Auriez vous une anecdote à nous raconter ?


Bérengère : Un truc rigolo.
Wilfried : Oui, y'en a pleins. Entre les concerts, c'est arrivé qu'on est de mauvaises conditions. C'est-à-dire où on n'a pas eut de retour, par exemple. Des concerts dans de très bonnes conditions, on n'en a pas tous les jours. Après des anecdotes, je ne saurais dire. Il y aurait quoi ? (s'adresse à son amie)
Bérengère : Une anecdote (moment de réflexion) si il y a des petits trucs marrants. A nos tout débuts, on faisait un concert sur Toulouse. Il y avait une centaine de personnes. On allait entamer le morceau du set le plus lent de toute la création, très doom, tu vois, avec un rythme très lent. Il y avait des gens qui bougeaient un peu, et Wilfried emporté, ….comment dire, par sa fougue : « Allez vous, vous bougez maintenant » Le morceau qui a suivit était ce morceau très lent sur lequel il était impossible de bouger (rires) C'était le petit truc marrant.
Wilfried : Des trucs marrants, ça arrive.
Bérengère : Il faudrait réfléchir, je pense. On rigole toujours entre nous, on s'entend très bien, au sein du groupe et c'est vrai, qu'il y a une bonne ambiance.
Wilfried : On a rencontré des groupes sur la route comme Lycosia, Sybreed avec qui on est très potes. On fait souvent des soirées ensemble après les concerts.
Bérengère : On a joué avec Leave's Eyes.
Wilfried : Il y a pleins d'anecdotes à raconter sans toujours des rapports avec la musique.



Avez-vous une hygiène particulière pour vous mettre dans de bonnes conditions ?
Wilfried : Moi, pas du tout. Je ne fais pas trop attention. D'ailleurs, c'est un souci. On fait plusieurs dates à la suite comme c'est le cas, ne ce moment, il va falloir que je fasse attention. Ma voix c'est guttural, donc je n'ai pas trop de souci même si je suis enrhumé ou si j'ai trop fumé, ma voix passera dans le minimum. Tandis que Bérengère c'est pas le même style.
Bérengère : Je dirais niveau hygiène de vie, c'est quand même mieux que toi. Je prends des cours de chant, je chante assez souvent. Presque tous les jours quand je peux, pour entretenir la voix. Avant les concerts, j'évite de boire des trucs gazeux, style bières ou autres, à éviter. Je fais attention à ne pas manger trop épicés. Je fais attention à ne pas boire de l'eau trop fraîche pour mes cordes vocales. Y'a pleins de trucs comme ça. Mon gros problème reste la cigarette que je n'ai pas réussis à arrêter. Même si c'est en prévision, en attendant, ça n'aide pas, c'est vraiment la bête noire !! Et après les concerts, je fais toujours attention à me couvrir, même si j'ai chaud pour ne pas attraper froid.




A quelques heures du concert quel est votre état d'esprit ? Vous n'avez pas trop peur ?
Wilfried : Non ça va, on revient de date. Samedi à Valenciennes, après on était à Paris, le semaine dernière, Auch. On a fait quelques dates donc ça va, en plus, on est à la maison. Personnellement, j'ai toujours une petite tension avant le concert qui n'est pas négative. J'ai besoin de ça, cette tension pour pouvoir la transformer sur scène. Les autres n'ont pas tendance à trop stresser, à part Beren, un quart d'heure avant, on va dire.
Bérengère : Là ça va zen(rires).
Wilfried : C'est la première date de la tournée qui est la plus dure. Ca fait longtemps qu'on a pas jouer, les morceaux sont tout nouveaux et y'a toujours une petite tension. On espère pouvoir bien les faire. La tension est toujours là et au fur et à mesure des concerts, elle arrive plus tard dans la journée. Le premier concert, tu vas y penser dès que tu te réveille, tu vas te dire « ah putain, j'ai un concert ce soir ». tu vas commencer à flipper.
Bérengère : (rires)
Wilfried : c'est le mot de toute façon, la peur. Au fur et mesure des dates, ça recule dans la journée. Pour en arriver comme ce soir a une petite tension. Un quart d'heure, vingt minutes avant de monter, c'est une pression normale. Il vaut mieux avoir une petite pression, ça fait kiffer. C'est l'adrénaline. C'est comme quand tu vas sauter à l'élastique cette tension fait que tu vas t'en rappeler.
Bérengère : Moi, c'est pareil. Il y a trois ans, je stressais deux jours avant le concert. J'avais mal au ventre. Comme le dit Wilfried, c'est arrivé de plus en plus tard. Il y a quelques temps, je stressais, le matin en me levant. Comme il dit un quart d'heure avant, vingt minutes. Je stresse beaucoup plus à chaque fois qu'on joue sur Toulouse. Je ne sais pas pourquoi. Il y a une semaine, on a joué à la Locomotive (salle de la région Parisienne), là je pense que je vais stresser davantage que d'avoir joué sur Paris. C'est peut être parce qu'il y a les amis, les proches, je ne sais pas.
Wilfried : Le public.
Bérengère : T'as vraiment les fans.
Wilfried : Faut pas y penser, faut donner le meilleur.
Bérengère : T'as la famille, t'as tout le monde. Tu te dis tellement que tu veux faire quelque chose de bien que tu te mets la pression, et souvent, ça fait pire que bien. (rires) Là pour l'instant, ça va, j'ai pris la journée zen. Pourvu que ça dure !!!




Quel message voudriez vous transmettre aux membres de Spirit of Metal?


Wilfried : D'abord merci pour ta gentillesse et pour l'interview. Voila. J'irais voir le site, je ne le connais pas. Merci à toi, merci à vous.
Bérengère : Merci aussi à tout le monde et merci de soutenir les groupes comme Leiden, c'est chouette !!!


interview réalisée par Kalissa

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