Kragens

interview KragensS'il y a bien un groupe de heavy-metal à découvrir cette année (si c'est pas déjà fait), incontestablement ce sera Kragens. Formé par des fines lames rescapées des années 80, le groupe français vient de sortir un exceptionnel 2nd album qui va réconcilier pêle-mêle fans de heavy traditionnel et ceux adeptes de thrash/death sophistiqué. C'est leur chanteur Renaud Espeche qui a répondu à cette interview fin novembre 2005… Et il n'a pas sa langue dans la poche.

Salut Kragens ! Si on commençait l'interview par un rappel des débuts du groupe. Quand a germée l'idée de former le gang ?
Cédric Sellier et Ludwig Laperche nos deux guitaristes sont à l'origine de la formation du groupe vers 1999. Après quelques concerts en tant que groupe de covers, nous avons intégré Denis Malek (ex-Lynx) à la basse et Olivier Gavelle (ex-Ace, Dirty Side) à la batterie fin 2000. C'est à partir de cette stabilité qu'on s'est mis à composer ensemble, et à accoucher de notre première démo en 2001. L'accueil à cet enregistrement fût si positif qu'on a décidé de mettre le paquet en enregistrant "Dying In A Desert", notre premier album. Mixé par Stéphane Buriez, et signé chez Thundering records, il nous a permis de nous faire un nom en France mais aussi en Allemagne, ou on a obtenu de très bonnes chroniques.


Votre second album "Seeds Of Pain" est dans les bacs depuis peu. Pouvez-vous nous le présenter ? Quelles sont d'après vous les principales différences par rapport au précédent "Dying In A Desert" ?
"Seeds Of Pain" c'est la rencontre de Kragens et de monsieur + de Balhsen… Je dirais qu'autant "Dying…" était mélodique, autant "Seeds…" l'est encore plus, si "Dying…" était agressif et brutal "Seeds…" montre un Kragens déployant l'énergie d'une division de Panzers… Tout est monté d'un cran ! On a beaucoup travaillé depuis 2 ans, "Seeds…" est aussi plus technique, nous avons aussi digéré d'autres influences, plus thrash, plus extrêmes… Les racines heavy sont toujours audibles, mais la modernité est très présente. La production de Tue Madsen (Aborted, Born From Pain, Ektomorf…) est très adaptée aux morceaux, on a donc une galette super homogène.

Où/quand a t'il été enregistré ? Le son est particulièrement grandiose.
Les sessions de recording se sont déroulées aux NSR studios sous la houlette de Laurent Nafissi (aussi batteur d'Inner Visions). Et donc le mix chez Tue Madsen au Danemark. On a veillé à la qualité et à ne rien laisser passer. Les fans ont droit à de très bons produits, il ne faut pas lésiner. Au final, on a été surpris et émus de nous écouter à un tel niveau de production… C'est le moment où tu te dis que tous les sacrifices et les larmes valaient le coup.

Y a t'il des groupes qui font l'unanimité dans Kragens ? Quand on écoute votre musique, on pense à Judas Priest, Annihilator, Nevermore…
Bien joué, ça fait partie du lot entre autres ! En ce moment ce serait plutôt Arch Enemy, Exodus, Chimaira, Kreator ou Black Dahlia Murder. Ca part dans tous les sens !

Comment composez-vous au sein de Kragens ?
D'une manière très classique, on pose les riffs, la structure, et on développe ensemble. Ensuite vient le chant et les textes.

Sur "Dying In A Desert", je crois avoir d�
interview Kragens�celé à l'époque des petites touches à la Rammstein sur un titre qui m'avait assez interloqué. Or sur ce nouvel album, point n'est question de tergiversations commerciales. Tout a été misé sur la puissance et la pureté de votre style. Tenez-vous compte des critiques que l'on peut vous faire ?
On dit toujours "oui-oui" devant la personne, mais on fait ce qu'on veut… En fait ça dépend de qui ça vient. Bon, les tergiversations commerciales on en est loin de toute façon, si je voulais gagner des tunes je serai choriste de Lolo Ferrari ! (Ressuscitée !)

Pourquoi ce nom Kragens au fait ? Ça a une signification particulière ?
Bien sûr, ça veut dire corbeau en Danois, mais en fait ce sont des monstres marins qui dominent les humains sur une planète oubliée, dans un livre de Jack Vance. Je conseille aux ignares (qui bien évidemment ne te lisent pas) la lecture de livres de science-fiction. Ça ouvre l'esprit.

En ce qui concerne les textes, de quoi y parlez-vous ? Les sujets d'actualité y prennent-ils une place ou êtes-vous plutôt tournés sur la fiction ou les relations humaines ? Qui les écrits ?
J'écris tous les textes. Sur "Seeds…" effectivement l'actu est mise en avant. Sur le premier titre je parle d'ailleurs du gigantesque mur que les israéliens construisent autour de leur pays. "Danger Of Death", "I Choose To Die", "Over The Deadline" parlent du terrorisme. “The Last” est plus écolo. “Dream In Black” et “Darkness” explorent les fameuses relations humaines. "Sonderkommandos Defy" porte sur l'holocauste. "Reconquista" parle de l'abrutissement des masses.

Pourquoi ne pas chanter en français ? Dans les années 80, c'était une pratique assez répandue (Sortilège, Blasphème, Adx…). Ça a plutôt réussi à Malédiction, alors pourquoi pas vous ? Pensez-vous qu'il soit impossible de s'exporter dans la langue de Molière ?
Effectivement il est plus difficile de vendre à l'étranger en chantant en français. A part Tino Rossi… Le temps où je chantais en français est révolu, la musique de Kragens ne cadre pas avec la sonorité de notre langue. Pourtant pour ceux qui me connaissent, il est vrai que j'ai écrit pour Demon Eyes des pièces assez savoureuses, qui me font sourire maintenant, qui ne pourrait sonner qu'en français, c'est sûr !


Vous avez tous plus ou moins un passé glorieux au sein de la scène heavy metal française (Demon Eyes, Lynx…). En tant que "vieux briscards", quel regard jetez-vous sur l'évolution du métal depuis ces valeureuses années 80 : l'émergence de courants de plus en plus extrêmes, la montée du néo… ?
Oui, les tendances extrêmes se portent beaucoup mieux sur le plan business que le heavy traditionnel pour les groupes français. Et puis quand on voit la qualité de ce qui est proposé, style Dagoba ou Gojira, en tant que vieillard je suis subjugué par tant de professionnalisme et de créativité. Pour le néo je ne suis pas convaincu, tout a été dit pour moi, les groupes devraient s'arrêter, c'est comme pour le grunge ça devient ridicule. On dirait qu'ils ont fait caca dans leurs frocs ces morveux !

Lorsque vous avez commencé à tâtonner de vos instruments, l'internet n'existait que dans l'esprit des frères Bogdanov. J'aimerais connaître votre avis sur le danger que représentent les
interview Kragenstéléchargements sur le net, et est-ce d'ailleurs un véritable danger ?
Oui, beaucoup de confrères musiciens s'aperçoivent aux concerts que les kids connaissent leurs textes par cœur, mais que ces foules ne correspondent pas aux chiffres de ventes de leurs disques… Si ça continue comme ça d'autres faillites sont à prévoir. Les marges sont trop ténues, on ne peut pas continuer à brader une musique qui nous coûte toujours de plus en plus cher pour concurrencer les téléchargements. En plus c'est invraisemblable, quand on voit qu'on vendait plus de démos sur K7 dans les eighties !

Il y a pas mal de vocaux death très virils sur cet album, parallèlement au chant principal typiquement heavy. Qui s'en est chargé ? Est-ce pour tenter d'accrocher les plus jeunes ou une réelle envie artistique ?
Non pour accrocher les plus jeunes on voulait vendre l'album avec un œuf Kinder ! C'est Julien Truchan, le maître de cérémonie de Benighted qui a fait les principales voix extrêmes. Les gutturaux en particulier, et quelques hurlements hystériques ! Ça le fait vraiment bien, et nous aimons collaborer avec d'autres musiciens de talent. Bien évidemment ces voix sont là parce qu'elles sont primordiales pour les ambiances musicales où elles se posent.

Vous vous sentez bien chez Thundering ? Que doit avoir un label pour vous satisfaire ? Nightmare est chez Napalm, Heavenly chez Noise, Alkemyst chez Nuclear Blast… Et vous, on vous a déjà fait des propositions de l'étranger ?
Nous sommes signés hors France chez Locomotive music. Chris Boltendahl (Grave Digger) qui est directeur artistique chez eux a craqué sur nous. Il vient d'ailleurs de nous vendre au Japon, et nous avons obtenu des chroniques et des interviews de fous en Allemagne, Italie, Danemark, Hongrie, Hollande, Espagne. La carrière de "Seeds…" est déjà bien remplie à l'étranger ! Quand à Thundering, peu de label managers peuvent se glorifier de faire passer l'intérêt des groupes avant celui du label. La collaboration entre nous se fait donc dans la durée.

J'ai l'impression que vous ne donnez pas énormément de concerts, pourquoi ? Des projets concrets depuis l'annulation de la tournée avec God Dethroned ?
Les projets sont plutôt à l'étranger, on est confirmé par exemple pour le Bands Battle 2006 en Allemagne, on a des propositions en Italie. La France est plutôt frileuse en ce moment, il lui faut le temps de découvrir ses propres groupes. Nous espérons qu'avec la promo plus de concerts tomberont. Cela dit d'autres opportunités de tournée devrait venir, sûrement d'Allemagne.

En Allemagne, les retours suite à la sortie de "Seeds Of Pain" doivent être élogieux. Ça donne quoi généralement à l'étranger ?
Oui, je l'ai dit plus haut, la qualité de l'album plus la force de frappe d'un gros label font que tu obtiens des feedbacks très positifs. On a quand même eu un titre sur le sampler de Rock Hard Italie ! Peu de groupes français obtiennent ça.


Ok, l'interview se termine, je vous laisse conclure. Si vous voulez parlez de vos projets ou aborder un tout autre sujet, n'hésitez pas.
J'invite les curieux à nous découvrir sur www.kragens.com (mp3, vidéos…) et ensuite venez nous écouter en suant dans le pit… Avec nous c'est la guerre ! Merci !


interview réalisée par DJ In Extremis

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