Klone

Après un retour en fanfare grâce à son superbe cinquième album intitulé « The Dreamer’s Hideaway », il était devenu indispensable de discuter avec le groupe pour en savoir un peu plus sur la conception de l’opus.
C’est le sympathique et tatoué Florent Marcadet (batterie) qui a accepté de répondre au jeu des questions, en évoquant la composition de l’album, les différentes phases mais aussi les deux tournées à venir, ainsi que son récent investissement dans Hacride pour lequel il a également enregistré le nouvel album. Un musicien excité et débordé qui a pris une grosse demi-heure pour s’entretenir avec nous. Et il a des choses à dire !

[Par Eternalis et GloryHoll]

interview Klone1 – Salut Flo. Comment te sens-tu ? Vous entamez votre marathon aujourd’hui [ndlr : 10 octobre, première date de la Klonosphere Tour]. Un peu de pression ou pas du tout ?
Moi je suis prêt, je suis très excité à l’idée de tourner. J’ai hâte d’être sur scène et si je devais avoir de la pression, ce serait surtout parce que je vais faire ma première date avec Hacride, en plus de Klone. J’ai beaucoup travaillé pour ça et progressé. Je maitrise Klone depuis un petit moment maintenant mais Hacride est différent, plus technique. On va donc essayer d’envoyer le boulet !

2 – Justement à propos de Klone. Que s’est-il passé depuis « Black Days » ? Il y a eu la tournée avec Kings’X, l’ouverture du Hellfest, le ep « The Eye of Needle »…vous avez été bien occupés !
Beaucoup de dates comme tu dis, « The Eye of Needle » au moment du Hellfest pour relancer un peu la machine et surtout expérimenter le studio Sextan et depuis, on s’est surtout focalisé sur le nouvel album. Je te laisse imaginer le boulot que ça demande, énormément d’investissements et de travail personnel pour en arriver au résultat que tu peux entendre.

On est super contents de cet album, on a fait le maximum et c’est un nouveau bébé à défendre, autant sur disque que sur scène. Donc on ne s’est pas ennuyé comme tu vois (rires)





3 – « The Eye of Needle » donnait déjà beaucoup d’indices sur ce qu’allait devenir « The Dreamer’s Hideaway ». Est-ce que cela a été une sorte de laboratoire, de test pour tâter le terrain avant le véritable album ?
C’est possible. Après réflexion, c’est un peu difficile car nous n’avons pas analysé la chose lorsqu’elle a été faite, mais c’est vrai qu’il y a eu une étape de franchi dans le son, dans les couleurs et les propositions avec « The Eye of Needle ». Le chant de Yann était plus mélodique, l’orientation plus progressive. « Black Days » était rugueux et noir, alors que l’ep est plus spatial et lumineux. Ce n’est pas évident de se retourner sur quelque chose de si proche mais cela a été véritablement une inspiration.

Comme tu vois, le nouvel album est encore plus atmosphérique, il y a très peu de passages criés. On évolue naturellement et, c’est en se retournant, que l’on se dit « En effet, on a évolué dans telle ou telle direction ». Mais dans le « rush », ce n’est évident de s’en rendre compte.





4 – Comment décrirais-tu « The Dreamer’s Hideaway » ?
L’album est plus direct et efficace que « Black Days ». Quand je dis efficace, ce n’est pas péjoratif car quelqu’un recherchant une certaine complexité auront quand même de la matière. Cependant, les mélodies sont plus accessibles, il y a plus de riffs en note, moins de nappes ambiantes comme précédemment. Ce sont des chansons qui se retiennent mieux.

Yann a fait un boulot énorme au niveau du chant et des mélodies. Je peux le dire car ce n’est pas moi qui l’ai fait (rires). On a la chance de l’avoir et il a sublimé l’album. On avait déjà de bonnes compositions et lorsqu’il a posé sa voix, ça a été une grosse claque pour nous car il a emmené les compositions à un niveau supérieur.



5 – Comme je disais dans ma chronique, plus accessible car il se retient facilement mais très profond dans son interprétation…
Plus riche oui. Il y a matière à digérer avec le temps mais les premières écoutes accrochent tout de même. Ce n’est pas de l’ultra technique mais cela reste Klone, c’est notre personnalité depuis le début.

6 – A propos de toi, tu as enregistré tes parties de batterie il y a maintenant plus d’un an. Comment as-tu suivi l’évolution de l’album pendant ce laps de temps, que l’enregistrement avançait ?
Il y a la phase de composition collective et l’enregistrement de mes parties. Derrière, j’ai simplement laissé faire Guillaume [Bernard : guitare] et Aldrick [Guadagnino : guitare], le nouveau guitariste qui nous a rejoint après le départ de Mika. Guillaume a véritablement le rôle d’arrangeur, c’est lui qui a la vision globale de la musique et de la composition, qui va savoir où il faut aller et qui donne un peu les instructions sur la manière de procéder. Je dois t’avouer que je lui fais entièrement confiance sur ce point, idem pour la basse ou Yann et le chant. Je leur laisse la liberté qu’ils me laissent pour mes parties de batterie.

Parallèlement, j’ai beaucoup bossé avec Hacride car ils m’ont proposé la place et je suis sorti un peu de Klone pour enregistrer également le nouvel album. Ce fut assez épuisant, car j’ai dû m’adapter à leur musique qui est très différente de Klone.

Je me suis ensuite impliqué dans le mix de « The Dreamer’s Hideaway » au niveau des détails.



7 – Le break de « Rocket Smoke » est assez inhabituel, très technique au niveau de la batterie et des guitares. Comment bossez-vous ces parties où justement, on a la sen
interview Klonesation que chacun part dans tous les sens pour donner ce résultat très puissant ?


C’est difficile à répondre. Je t’avoue que je ne sais plus vraiment comment s’est passé ce moment-là en composition mais c’est vrai que je travaille beaucoup de plans, seul, et parfois, j’en ressors lors de la composition. Ce plan là passait très bien sur ce tempo. Je ne crois pas que tout avait été pensé avant mais il est certain que nous avons eu le luxe d’avoir beaucoup de temps de répétition, ce qui n’est pas négligeable.

On a beaucoup travaillé à deux ou trois, car plus ne permet pas d’être vraiment efficace. Certaines matinées ne donnaient rien et lors d’autres moments, on sentait qu’il se passait quelque chose.



8 – Il y a également « Into the Void » qui m’a marqué. Les sonorités sont très particulières et spatiales. Comment Matthieu travaille-t-il ce genre de parties qui frisent parfois l’expérimental ?
(rires). Il a une culture musicale très différente de la mienne par exemple. Je serais incapable d’apporter les idées qu’il a. Il est très impliqué dans le jazz, le classique et il a des accords très tendus, voir dissonants et ça apporte indéniablement un gros plus à notre musique.

Je ne suis pas dans son laboratoire de savant fou quand il compose car ça a en plus été fait dans la période où j’étais dans Hacride. Il a proposé énormément de choses, qui ont été retenues ou non derrière dans les morceaux, et ça a même été déroutant au début.

Par exemple, je viens du hardcore et du punk, sans arrangements, et notre musique au début est très brute. Et Matthieu arrive et boom, il plante tout avec ses arrangements (rires). Du coup, il faut s’adapter de nouveau car nous perdons les repères que nous avions avec les titres et c’est avec le temps que cela devient génial car on se dit que finalement, si ces éléments n’étaient pas là, ça nous manquerait. Il aime nous surprendre et sur ce plan-là, il n’y a pas de soucis !



9 – Et il sera avec vous sur scène ? [ndlr : il sera d’ailleurs là ce soir-là au Confort Moderne]
C’est compliqué car il est très pris mais il va être là la moitié du temps environ. Une date par ci par là, quand il pourra prendre l’avion et repartir ensuite. On a arrangé notre set de manière à ce qu’on puisse jouer avec et sans lui. De toute façon, c’est une proposition live donc qui est forcément différente de ce qu’on fait en studio. Cela apporte quelque chose qu’il soit là, c’est un vrai plus mais quand il n’est pas là, on peut jouer sans lui.

10 – Il a également composé l’intermède « Statum », qui me fait beaucoup penser à Silent Hill dans son ambiance crade et suffocante, très glauque. Est-ce que tu sais s’il en a été influencé ?


J’ai l’image de lui en train de faire mais c’est tellement abstrait que je ne saurais dire ses réelles inspirations. Je sais où il habite, dans sa chambre avec son vieux pantalon trouvé à triper sur ses machines (rires). Les gens ne sont évidemment pas censés savoir ça !

Klone a toujours cette petite touche qui permet à la musique de respirer. Certaines personnes se demandent surement ce que ces éléments viennent faire là mais Matthieu Metzger parvient à créer un espace-temps justement hors du temps. C’est très bénéfique.



11 – L’album sort chez Klonosphere Records, et non sur Season of Mist. Qu’est-ce qui fait que, cette fois, Guillaume a sauté le pas et a décidé de sortir son propre album sur son label ?
Il te répondrait mieux que moi mais il a emmagasiné beaucoup d’expérience avec le temps et il a désormais une véritable crédibilité auprès des groupes et des labels. Ce qu’il fait avec Klonosphere Propagande a évolué et il commence à avoir de la bouteille et fait très bien le travail, aussi bien que beaucoup de labels.

Certes, nous avons toujours besoin de la distribution, et pour cela, Season nous épaule mais tout le travail de promotion et de sortie d’album, il le fait parfaitement bien. Les retours de la presse sont excellents et très efficaces. Le choix était également d’être plus autonomes financièrement, et de pouvoir gérer uniquement nos ventes de disques.



12 – Cela change-t-il quelque chose pour vous ?
Non, pas du tout. Il te répondrait, encore une fois, plus précisément que moi, mais il saura faire une véritable promotion dont Klone mérite vraiment. Les labels sont utiles mais aujourd’hui, ils ont également des impératifs qui ne sont pas toujours en adéquation avec ceux des groupes.

Pourtant, nous faisons partie des groupes français qui vendent relativement bien, avec environ 2000 albums, ce qui n’est pas mal du tout. Klonosphere fait son travail vraiment très bien, Guillaume ne dort pas beaucoup en ce moment, et quand je vois les retours, je me dis que c’est vraiment parfait.





13 – Tu parlais justement d’Aldrick tout à l’heure. Comment s’est passé son
interview Kloneintégration et quel a été son rôle sur le nouvel album ?
C’est le guitariste de Step in Fluid, dans lequel je joue avec Harun de Trepalium, donc on se connaissait déjà. Mika est parti car il avait sa famille et Aldrick était disponible. Instrumentalement, il est vraiment très fort et lorsqu’on lui a demandé, il a accepté de suite donc ça a vraiment été le plus naturel du monde.

Tout a été très rapide, il a enregistré l’album, c’est-à-dire les guitares rythmiques. Je te laisse imaginer son excitation d’arriver dans un groupe avec un nouvel album et une super tournée qui se présente.



14 – En parlant de la tournée. Après le Klonosphere Tour, vous partez en Europe ouvrir pour Gojira. Est-ce que vous avez une certaine pression de représenter la France avec le mastodonte qu’est Gojira ?
De la pression…je te dirais non. La pression fut surtout d’organiser l’évènement, plutôt que celle de se dire « Comment on va faire face à cette machine de guerre ? ».

Personnellement, j’ai plus la pression pour cette première tournée car je dois enchainer Klone et Hacride, ou l’inverse, et ça risque d’être un sacré défi physique.

Mais sinon, jouer dans les pays du nord et se confronter à ce nouveau public est une super expérience. Et partager ça avec Trepalium qui sont de supers potes, pour une tournée 100% française, je ne sais pas ce qu’on pourrait demander de mieux. Donc pression comme je te disais, mais pression positive.



15 – Tu es devenu un membre permanent de Hacride ?
Oui. L’album sortira en février sur Indie Recording, label norvégien. Il risque d’y avoir beaucoup de dates également, et il faudra combiner Klone et Hacride en espérant que les dates ne se chevaucheront pas pour ne léser personne. Je suis à 100% dans les deux groupes et j’espère que tout se passera pour le mieux, également physiquement.

Je me suis énormément préparé, je maigris beaucoup (rires). Je fais 5/6 heures de batterie par jour et j’ai beau manger comme un fou, je n’arrête pas de perdre du poids (éclats de rires). Je ne vais même plus courir, je n’ai plus le temps. Hacride est en plus très dense et physique, et mon jeu initialement n’était pas en phase avec le groupe. J’ai une frappe puissante, pas forcément véloce donc j’ai mis pas mal de temps à vraiment appréhendé les parties du groupe. J’aime que tout soit fixé, que les choses soient fixées. En fait, je n’aime pas improviser les choses, il faut que je sache bien avant.



Si tu veux, Olivier, le premier batteur du groupe, improvisait beaucoup et se laissait beaucoup de marge de manœuvre d’un concert à l’autre. C’est un chat, un félin…d’un show à l’autre, ça pouvait être un break ou au contraire un plan continu…alors que moi, je ne suis pas du tout comme ça. Je fonctionne sur des temps, peut-être trop. Mike, le batteur précédent, était un peu entre nous deux, avec énormément de technique, bien plus que moi. Je suis sans doute plus obsessionnel que les autres à ce niveau-là (rires).

16 – Est-ce que tu crois que, qu’il s’agisse de Klone ou Hacride, vous êtes capable de grossir et d’acquérir une notoriété comme Gojira ?
Honnêtement, non. Il faut être réaliste, Gojira a l’un des meilleurs batteurs au monde dans le style. Je ne dis pas que c’est l’élément unique mais Mario est monstrueux. A un moment donné, des groupes comme cela sont obligés d’avoir le succès qu’ils ont aujourd’hui et si tu as des musiciens aussi monstrueux que ce quatuor, ce serait une injustice s’ils n’étaient pas plus hauts.

Nous sommes quand même dans un autre domaine, plus pop je dirais, même si ce n’est pas forcément plus accessible. Ils ont un talent de malade, ils ont eu des opportunités à un moment donné qui font qu’ils en sont là car il y a toujours également un léger facteur chance. Tous ces ingrédients font que je pense qu’il n’est pas possible d’être à leur niveau, même si on en révérait évidemment. On va aller le plus loin possible, tout simplement.

Je pense en revanche que Gojira a apporté une dynamique, une crédibilité pour la scène française qui nous fait beaucoup de bien. Tu vois, pour les critiques positives à l’étranger, on entendait « C’est vachement bien pour un groupe français » ; ce qui veut bien dire qu’il y a un manque de crédibilité de notre scène et j’espère sincèrement que tout ça est en train de changer. Gojira est originaire de Bayonne, ce qui prouve bien qu’on a pas besoin d’être né à New-York pour faire de bonnes choses (rires). Ils démontrent à merveille que l’on a autant de choses à défendre que les autres pays, qu’il faut être fier de notre scène et qu’il faut la défendre.



17 – Merci beaucoup en tout cas. Bon courage pour la tournée à venir. Je te laisse le traditionnel mot de la fin pour dire ce que tu veux…
Ecoutes merci pour cette première interview de la tournée. On va donner le maximum de nous et j’espère que ce sera une bonne partie de rigolade avec Trepalium et Hacride.
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interview réalisée par Eternalis

5 Commentaires

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Kuza - 04 Novembre 2012: Y a pas eu qu'une coquille. Il manque des mots un peu partout. Une bonne relecture, ce serait pas mal.
Eternalis - 04 Novembre 2012: J'ai modifié ce qui devait l'être.

Sinon, Flo enchainant toujours Hacride et Klone ou l'inverse, car il m'a avoué que devoir se reposer finalement aurait été plus dur que bénéfique, car il a besoin d'échauffement avant de jouer.

Mais la tournée est fini et visiblement, ça s'est très bien passé :)
FreeEddy - 04 Novembre 2012: Ah d'accord.

T'as eu la chance de les voir? Parce que je suis assez curieux du rendu de la musique de Klone en live, surtout quand ils passent après les rouleaux compresseurs que sont Hacrides et Trepalium.
 
Kuza - 05 Novembre 2012: à Poitiers, ils sont passé avant Hacride et Trepalium. A Rouen, ils sont passés en dernier, et apparemment, c'était pas un super choix. Les gens manquaient d'énergie après hacride et trepalium et ça les a refroidi, d'après ce qu'on m'a rapporté.

En tout cas, la tournure atmo-prog que prend Klone ne m'a, personnellement, pas convaincu sur le show de Poitiers.
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