A l’image du melting-pot culturel irrémédiable qui enflamme notre chère planète (et qui fait bien chier les fachos), Kevorkia a décidé lui de mélanger / mixer / concasser / remodeler deux cultures résolument radicales : le hardcore et le métal. Deux disciplines complémentaires qui se voient ici idéalement maitrisées pour un résultat qui ne fait pas de quartier, toute résistance est futile. Car ces bretons ont l’art et la manière d’accomoder les frappes, d’expédier six pieds sous terre le moindre des récalcitrants. Pour paraphraser Audiard : Kevorkia dynamite, Kevorkia disperse, Kevorkia ventile. Serait-on en présence du retour des Tontons Flingueurs ? Voici une interview réalisée en décembre 2004 avec Martin, le roi de la gachette vocale.
>Ok, même si Kevorkia est un nom qui commence pas mal à
circuler un peu partout, peu de monde vous connaît vraiment. Pourrait-on
débuter cette interview par un historique du groupe ?
Originaire de Lorient (Bretagne), le groupe existe depuis juillet 1999. Après
6 mois d’existence, nous avons enregistré notre premier mini-cd,
intitulé "Nerve", que nous avons tiré à 500 exemplaires.
Après quatre ans de boulot et une centaine de dates, nous sommes enfin
en accord avec notre musique. "Elusive", sorti en novembre 2004, en
est la preuve.
>En vous écoutant on pense au hardcore viril de Stamping
Ground, au death-metal, au métal hybride de Fear Factory et vos riffs
dissonants vous rattachent directement à la nouvelle scène post-core.
Pourtant impossible de vous cataloguer clairement. Comment définirais-tu
le style de Kevorkia ? Quelles sont vos influences ?
Nous ne composons pas nos morceaux en voulant faire du "Kevorkia".
Le style final ne nous préoccupe pas. Nous aimons le death, le hard-core,
le métal en général et certains trucs en dehors du métal.
Si tu veux vraiment des noms, je te cite avec plaisirs des groupes comme Pantera,
Machine Head, Carcass, Napalm Death, Gojira, Nostromo, Gorefest, Entombed, Morbid
Angel, Cryptopsy, Aborted, All Out War, Kickback, Hatebreed...
>Votre premier album s’intitule "Elusive". Pourquoi ce titre ?<
En anglais, "Elusive" est un terme appartenant au langage soutenu, signifiant "insaisissable". Le sens assez vaste de ce mot peut à lui seul résumer l’ensemble des sentiments humains. Pour plus d’informations, je t’invite à lire les paroles…
>Où l’avez-vous enregistré ? Satisfait du son
obtenu et des séances de travail en studio ? Vous êtes plutôt
du genre que le stress motive, ou bloque ?
"Elusive" a été enregistré au Drudenhaus studio
par Neb Xort (Anorexia Nervosa). Pour ressentir l’énergie live,
nous avons opté pour un enregistrement en prise directe . Le but de la
manœuvre était d’obtenir un son chaud, tranchant et puissant.
Mission accomplie… Le stress est notre première source d’inspiration
et de motivation. Sans, nous ne pouvons pas être constructifs.
>Comment se déroule le processus de composition au sein du
groupe ?
Nous ne fonctionnons jamais de la même manière. La plupart du temps,
le morceau part d’un riff de guitare travaillé de façon
à ce qu’il soit en complémentarité avec un riff de
basse. Ensuite, Julien propose une série de tests à la batterie
pendant que Martin commence à définir des impacts vocaux. Le tout
part en bœuf pendant des heures et, après une longue série
d’engueulades et de compromis, le morceau prend forme.
>A propos de vos paroles, quels thèmes abordez-vous ?
Nous souhaitons illustrer la multitude et la complexité des sentiments
humains, jugés bons ou mauvais, qui sommeillent en chacun d’entre
nous. Parce qu’ils sont inscrits dans l’inconscient individuel et
collectif, ces affects demeurent insaisissables.
>Votre artwork est très travaillé, assez différent
de ce à quoi on est habitué en métal ou hardcore. Qui en
a eu l’idée ? Est ce une volonté réfléchie
de fuir les clichés en vogue ?
Nous avons longuement réfléchi à l’aspect de notre
pochette avec Guillaume de Masterlab, son créateur. Ce visuel illustre
parfaitement le concept "Elusive". L’idée
>Avez-vous des projets de concerts pour bientôt ? Avec quels
groupes français aimeriez-vous partager les planches ? Y en a-t-il desquels
vous vous sentez proches ?
On va reprendre les concerts vers fin janvier, si tout se passe bien. Eradicate,
Dagoba, Gojira, Anorexia Nervosa, Loudblast ; ce sont les groupes avec qui on
aimerait jouer. On se permet de citer également Nostromo, groupe suisse,
car ce sont des artistes que nous admirons beaucoup.
>"Elusive" est une auto-production mais qui est distribuée
par Overcome. En terme d’avantage, n’est ce pas comme si vous étiez
signés chez Overcome ? Qui gère la promotion du groupe ? Vous
directement ou Overcome ?
Hélas cela se limite à la distribution. La promotion, les dates…
est assuré essentiellement par Kevorkia et avec Eric, notre manager.
"Overcome distribution" fait déjà un très bon
travail par le biais de la distribution. Cela nous soulage d’une charge
de travail déjà importante et ça permet à beaucoup
de monde de découvrir notre musique. Pour le reste, nous nous débrouillons
entre membres du groupe .
>Ton avis sur la vague métal-core US qui nous a ammené
des groupes comme Killswitch Engage, Lamb of God, Black Dahlia Murder, Unearth,
Shadows Fall… ?
Au sein de Kevorkia, certains adhèrent et d’autres pas. Dans tous
les cas, nous n’essayons pas de nous identifier à tel ou tel courant
musical. Cette nouvelle vague commence à pondre un nombre important de
combos, et comme à chaque fois, déverse son lot de médiocrités.
Le courant est intéressant et s’ouvre à de nouveaux horizons
grâce à de savants mélanges, mais attention à la
redite et aux pompeurs sans talent !
>Merci pour tes réponses, je te laisse le mot de la fin.
Merci à toi et à toutes les personnes qui se bougent. Même
si les gens n’aiment pas notre musique, j’espère qu’ils
auront l’occasion de l’écouter.
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