Bonjour Kells , parlez-nous un peu de votre carrière musicale , pourquoi vous êtes-vous orientés vers le métal ?
Virg : Au départ, quand nous avons créé le projet Kells avec Fabrice (ex-claviériste et co-fondateur du groupe), on ne savait pas qu’on ferait du métal. Les compositions étaient de simples morceaux piano-voix. Puis, en 2003, lorsque nous avons rencontré Patrick (Guitare) avec qui nous avons composé l’album « Gaia », la musique s’est orientée vers le rock-métal. Nos influences plus classiques à Fabrice et moi, mélangées aux influences rock et métal de Patrick ont donné ce son fusionnant rock, metal, et orchestrations symphoniques.

Les années, les changements de line-up ont contribué à ce que le son de Kells deviennent plus agressif avec le temps, mais aussi à la fois plus mélodique, plus technique, plus groovy…

Le métal ne bénéficie pas de soutien des médias en France , pensez-vous que cela puisse changer ?
Juju: Je ne pense pas que ça puisse évoluer... Nous sommes dans un pays où la culture se limite principalement à la variété française.

Les médias soutiennent ce que les Français écoutent, à savoir Star Academy et Johnny.

Heureusement que certains médias spécialisés existent !

Nous avons la chance d'avoir de nombreux magazines, des radios, des webzines, fanzines...

Nous ne pouvons compter que sur ces médias-là pour faire connaître notre musique.

Quand tu penses qu'en Suède, ils passent des lives de Metallica à 21h sur les chaines nationales... On est encore à des années lumières de tout ça dans notre pays.



Lo: Le jour où des groupes Français vendront et rempliront autant que des groupes étrangers, les choses changeront peut-être… Si les médias ont une part importante, le public l'est d'autant plus car c'est grâce à eux que tout se jouera !



Virg : Personnellement, je ne vois pas les choses comme Juju ou Lo… Pour moi, c’est le chat qui se mord la queue… les médias ne parlent pas de metal en France parce que c’est un style peu vendeur, mais le style se vend peu parce que les médias n’en parlent pas et la plupart des gens écoutent ce qu’on leur sert POINT. Il y a 3 ans, MCM diffusaient les clips de Kells par exemple. Aujourd’hui, ils ont décidé de ne plus en diffuser. Je crois qu’il faudrait que les majors compagnies cessent d’imposer leur diktat et s’ouvrent un peu à une pluralité des genres comme il y a quelques années. Le fait est que les médias sont tributaires de ces grosses maisons qui font la pluie et le beau temps et suivent les modes qu’ELLES décident de lancer, et ça c’est bien dommage.



Pat : Il est vrai qu'en France, le métal n'est pas très soutenu, c'est encore plus flagrant depuis que l'on est parti dans d'autres pays. Mais j'espère vraiment qu'un jour, ça évoluera, j'ai un petit espoir avec des groupes comme Gojira qui ouvrent une nouvelle perspective sur l’étranger et l’image du métal Français en général.



Comment décririez vous votre musique pour les personnes qui ne vous connaissent pas encore ?
Juju: Je dirais que c'est un mélange de pleins de choses qui correspond à nos 4 personnalités.

Chaque membre du groupe

écoute des choses différentes, ce qui fait la richesse de notre musique.

Il y a un côté mélodique, un côté rythmique syncopé, des orchestrations symphoniques, des lignes de chant à la fois douce et hargneuse, le tout débordant d'énergie.

Nous faisons du rock/metal, avec un chant féminin hors du commun, et une grosse une énergie !

Comment définiriez-vous les différences entre vos 2 albums "Gaia" et "Lueurs"?
Virg : Les morceaux de « Gaia » étaient plus orientés rock que metal avec des mid-tempos à la façon des premiers Korn ou Deftones. La composition de « Lueurs » a largement été influencée par l’expérience scénique des suites de la tournée « Gaia ». Comme nous sommes un groupe énergique sur scène, il nous manquait des titres plus à notre image pour pouvoir vraiment nous lâcher. Les rythmes de « Lueurs » sont donc plus entraînants et d’autant plus groovys pour faire jumper la fosse, mais il est aussi à la fois plus symphonique que « Gaia » avec beaucoup plus d’orchestrations.



Pat : Et les différents changements de line-up ont aussi apporté leur lot de nouveauté.



Vous avez effectué les premières parties des concerts de Tarja et d'Epica , quelles en sont les impacts pour votre carrière?
Juju: Nous sommes très heureux d'avoir pu partager l'affiche avec ces 2 groupes internationaux !

Cela nous a permis de jouer dans des grandes salles chaque soir. En termes de visibilité, c'est la meilleure promo qu'un groupe peut avoir !

Ne jouant pas du tout le même style que Tarja ou Epica, cela nous a également permis de nous confronter à un public inconnu, et le bilan en est très positif pour Kells !

Les gens nous ayant vus lors de ces tournées ont globalement bien accroché !

Professionnellement parlant, nous avons beaucoup appris sur scène, sur les changements de plateaux, les soundchecks, l'attitude sur scène et en dehors de scène...

Donc l'impact sur la carrière de Kells est très positif !



Lo: Nous avons gagné en expérience et en popularité donc que du bon en résumé !



Faire du métal en France , il faut avoir du courage , en faire en chantant en plus en français ...c'est du suicide , ai-je entendu un jour . C'est vrai ?

Juju: Quand tu fais du metal en France, tu n'espères pas devenir riche, ou gagner ta vie comme une personne qui travaillerait normalement...

C'est énormément de sacrifices, de compromis...

Les gens pensent qu'on gagne du fric, qu'on est des stars parce qu'on a un groupe, mais ils ne se rendent pas compte de l'investissement que ça demande ! Personnellement je pense musique 7/7.

Être en couple, ce n'est guère concevable tant que ton projet n'est pas stabilisé et développé correctement.

C'est une vie à part, mais à la fois, c'est une si grande richesse de pouvoir faire de sa passion son métier !

C'est souvent décourageant, mais le simple fait de se retrouver sur scène avec un public réceptif en face de nous, nous permet d'effacer tout ces soucis là.



Pat : Il est vrai que c'est ce que pensent la plupart des gens en France mais on s'est aperçu qu'à l'étranger, on nous trouvait "exotiques" car cela

changeait des milliers de groupes qui chantent en anglais. Au début de Rammstein beaucoup de personnes les critiquaient du fait

qu'ils chantaient en allemand et finalement, c’est ce qui a marqué leur carrière.



Virg : C’est certain que c’est un risque car aucun groupe de métal français qui chante en Français hormis Trust n’a réussi a passer les frontières françaises jusqu’alors. Mais c’est un parti pris, et une volonté d’originalité de notre part. Ce n’est pas non plus se fondre dans un moule qui est gage de réussite…

Vous travaillez sur votre troisième album , des petites infos à nous donner ?
Juju: Le troisième album est déjà terminé. Il s'intitule "Anachromie", et sortira le 20 janvier prochain chez Season Of Mist !

Il y aura une édition limitée collector, avec un dvd bonus d'une heure environ, des clips, des vidéos du groupe en répète, des tutos, making of...

Nous avons sorti également le clip du single "Se Taire" début novembre...



Lo: D’ailleurs, l’album est déjà en prévente sur l’e-shop de Season of Mist !s

vos projets pour 2012 ?
Lo: CONQUERIR LE MONDE !!! (Rires) Plus sérieusement on espère que l'album sera bien accueilli et partir le défendre sur scène un peu partout en Europe !



Juju: Nous sommes en train de booker la tournée 2012... On ne peut pas t'en dire plus pour le moment, mais le but du jeu pour nous va être de tourner le plus possible, aussi bien en France que dans le reste de l'Europe...

Nous avons également en projet un nouveau clip avec un guest star… à confirmer !

Une tournée avec uniquement des groupes de métal Made in France , cela vous parait-il possible ? Et souhaitable ?
Juju: J'adorerais oui !

Comme à l'époque des tournées Sriracha, ou Coriace... ça manque en France des collectifs avec des groupes qui se soutiennent à 200%.

Je ne sais pas dans quelle mesure cela serait possible, tous les groupes français ne sont pas forcément dans la même agence de booking, et c'est là que les choses peuvent se compliquer.

Mais si un jour, c'est possible, je signe direct !



Pat : C'est une très bonne idée en effet ! En France, ce serait faisable et ce serait mortel, mais pour une tournée Européenne, ce sera beaucoup plus dur de trouver des promoteurs prêts à prendre un tel plateau.

Espérez vous refaire une tournée avec Epica (qui annonce un album pour le printemps 2012) ou préféreriez-vous être la tête d'affiche ?

Juju: Non pas spécialement. Nous l'avons déjà fait, et nous avons besoin d'explorer de nouveaux horizons.

C'est important aussi pour nous de pouvoir tourner en headliner, et pas uniquement en tant que groupe d'ouverture…



Lo : C’est sûr que l'on préfère être en tête d'affiche car on a plus de temps, de liberté, de meilleures conditions pour faire un bon show mais le tour support a aussi ses avantages. Faire les deux est complémentaire, je pense ! Mais du moment que ça joue finalement, peu importe la place !



KELLS : Merci à toi pour l’intérêt que tu portes au groupe et aux lecteurs de Spirit of Metal !