Jours Pâles

Intervew réalisée et publiée avec l'aimable autorisation de France, Black, Death, Grind (Facebook ICI ou LA).

Remerciements à Cyrille et Yann-Pascal

 

         Un renouveau loin d’être terne.

Jours Pâles, nouveau projet de Spellbound (vocaliste – Aorlhac) est né des cendres du premier et unique album du duo Asphodèle, sorti en 2019 chez Les Acteurs de l’Ombre Productions. Aux côtés d’Audrey Sylvain (Malenuit), on retrouve également Christian Larsson (ex-Apati, ex Shining, Gloson) Stefan Bayle et Sébastien Papot (guitare et batterie - Au Champ Des Morts).

Suite à la rapide dissolution du groupe la même année, Spellbound poursuit les compositions et l’aventure avec un désir de continuité autant que de cassure. Ce pas en avant répond à un besoin de s’exprimer au travers des mêmes états d’âme et d’épaisses brumes dysthymiques tout en se dégageant des carcans du passé, délaissant les humeurs rock pour une  évolution stylistique désormais tournée vers un metal toujours mélancolique mais aux relents plus agressifs et galopants.
Le premier album de ce nouveau rejeton, Éclosion, se veut le constat personnel d’un monde considéré plus que jamais comme disloqué et en lambeaux, mais surtout une recherche perpétuelle d’espoir et de lumière, autant au travers des  textes que de l’aspect visuel.
Loin de faire cavalier seul, Spellbound s’entoure de James Sloan aux guitares (Uada, Gravelight) et de Christian Larsson. Des guests viendront compléter cette ossature principale : Graf de Psychonaut 4 et Lilas Ondine Dupont (Silhouette, voix additionnelles) ainsi que Sylvain Bégot (Monolithe) et Lonn (Aorlhac) pour les guitares solos.

A l’abri du monde, attendant l’ultime éclosion, est né Jours Pâles...
A travers l’interview qui suit, Spellbound nous en dit plus et nous décrit en profondeur ce renouveau.

 

 

1. Le groupe a récemment changé de nom. Pouvez-vous nous en donner les raisons ? (CB)

Asphodèle avait été créé sous l’impulsion de la rencontre entre Audrey Sylvain (ex-Peste Noire, ex Amesoeurs, ex- Asphodèle, Malenuit) et moi-même, également vocaliste du groupe Aorlhac. Disons que notre relation était d’ordre musical principalement. Elle est arrivée à son terme pour diverses raisons, le projet s’est donc arrêté par la force des choses. J’ai dès lors eu l’envie autant que le besoin de continuer mes pérégrinations et expérimentations musicales.
L’arrêt fut un peu brutal psychologiquement parlant, mais sans pour autant avoir fait germer de la rancœur ou de  l’amertume car c’est probablement ce qui pouvait m’arriver de mieux, puisque des cendres de ce projet est né Jours Pâles. Cedi dit et contrairement à ce qu’on peut lire ça et là, je n’ai pas été l’instigateur de l’arrêt d’Asphodèle.

 

2. Du coup, pouvez-vous nous présenter votre line-up ? D'où venez-vous ? (CB)

Pour cet album, le noyau dur du groupe se constitue de James Sloan (Uada, Gravelight) aux guitares rythmiques/leads,  Christian Larsson (ex-Apati, ex-Shining, maintenant dans Gloson) à la basse, Phalène à la batterie et moi- même à la  composition, aux textes et au chant. Sont venus se greffer des guests, avec notamment Ondine (Silhoulette), Graf  (Psychonaut 4) et Sylvain Bégot (Monolithe)

 

3. Votre album, Eclosion, sortira le 26 février. Que pouvez-vous nous en dire ? Le titre est déjà très évocateur, non ? Prêt  pour un nouveau départ ? (CB)

Le titre de l’album me semble effectivement assez évocateur. Il est question ici de (re)naissance, de s’éloigner des  turpitudes du monde, mais également de se détacher de ses propres comportements néfastes et essayer tant bien que mal au milieu du chaos ambiant de porter le regard vers de l’optimisme ou au moins une lueur d’espoir.

 

 

4. Eclosion présentera un sublime artwork ? Pouvez-vous nous en dire plus sur cette œuvre ? (YPM)

La photo a été prise par Onodrim photographies et je suis tombé sous le charme, c’est aussi simple que ça. Elle fut donc  achetée par le label et sert exclusivement à l’artwork de Jours Pâles, aux côtés de deux autres clichés du même artiste que tu retrouves aussi sur dans le livret. Je pense que cela représente parfaitement le ton global de l’album, que ce soit en  terme de musique ou de la plupart des textes élaborés. Il y a un côté très recherché visuellement mais aussi très intelligent je trouve, cette personne lovée dans l’arbre, comme repliée sur elle-même, en “pause”, muette, cherchant l’énergie nouvelle pour éclore, telle la plante captant sa photosynthèse. Je suis certain que tout comme moi, cela éveillera la  curiosité et surtout l’imagination de beaucoup de gens et c’est comme si avant même d’écouter notre musique, l’on pouvait déjà avoir une sorte d’aperçu de ce qui peut se trouver à l’intérieur du disque.

 

5. Pour ce nouvel album, sous un nouveau nom de scène, ressentez-vous une émotion particulière ou êtes-vous "rôdé" à  ce type d'exercice ? (CB)

Étant vocaliste au sein du même groupe depuis 2009, non définitivement je ne suis pas un grand habitué de ce genre  d’expérience et je n’aime pas devoir tout recommencer à zéro, j’aime qu’un projet grandisse et se développe sous le même nom, sous la même identité. J’étais forcément attaché à ce que représentait Asphodèle, mais rien n’arrive par hasard. Je  veux dire, le projet s’est fané, il faut passer à autre chose, point. Jours Pâles, dans ma tête, est une sorte de continuité  autant qu’une cassure. Continuité que tu retrouves avec le nom du projet en lui-même, et cassure car musicalement le  propos évolue, ce qui est plutôt normal car Asphodèle était très lié à ce duo vocal féminin/masculin et les compositions étaient quasiment toutes articulées et pensées autour de ça. Je ne m’interdis ceci dit pas du tout de revenir à des ambiances plus calmes et éthérées sur les prochaines compositions, sans pour autant retomber dans cette forme de  partage vocal.

 

 

6. Un Artwork sublime, des compos au top, un label qui vous soutient comme jamais, Qu'attendez-vous de cet album ?  (YPM)

Merci ! Il est vrai que Gérald et Les Acteurs de l’Ombre font un très gros travail et je suis plus qu’heureux d’avoir signé avec eux, c’est désormais une grosse structure avec des moyens assez impressionnants pour les groupes, en terme d’accompagnement, de conseils divers, de promo. Gérald a su s’entourer d’une équipe solide et cela se ressent pour les groupes. Mes attentes sont simples : J’espère toucher le plus de monde possible au travers de cet opus, pouvoir réinvestir  les scènes à l’avenir, et composer beaucoup d’autres albums. Rester actif musicalement, c’est ce qui me sert à me sentir  vivant, et j’oeuvre en ce sens !

 

 

7. Ce premier titre en écoute, Illunés, est très mélancolique. Le nom du groupe, Jours Pâles, n'est pas non plus très joyeux. Quel est votre message ? Une souffrance personnelle ou un dégoût du monde qui vous entoure ? (CB)

Jours Pâles c’est quelque chose de très égoïste. C’est juste la théâtralisation (plus ou moins) et l’expression exacerbée de mon vécu et de mes expériences. Que ce soit la perte d’êtres proches, la dysthymie, les abus de plaisirs factices, l’état du monde qui m’entoure et tous ces cercles que l’humain dessine et dans lesquels nous tournons en rond perpétuellement... Mais ce sont du coup aussi très des thèmes que l’on peut qualifier de très génériques, et donc cela peut- être parlera à  beaucoup d’entre nous. Je n’ai pas de messages, encore moins de conseils à donner aux gens. Je compose pour moi, car j’en ai besoin. Je suis un autodidacte et surtout un passionné de musique, que c’est un des seuls moyens d’expression que j’ai à ma disposition et qui me donne l’impression de m’élever psychologiquement. J’espère ensuite que cela pourra  toucher le monde, d’une manière ou d’une autre.

 

8. Comment se passe la composition au sein de votre formation ? Est-ce le travail d'un seul homme, ou du groupe ? (YPM)

Je travaille effectivement seul à partir d’une guitare, de riffs qui font office d’ossatures plus ou moins élaborées de mes titres, puis j’agrémente, je tords, je change, j’analyse tout cela jusqu’à en être satisfait. Mes compositions sont ensuite  proposées puis agrémentées s’il le faut par tous les autres participants du projet qui ne sont pas simplement des  exécutants mais surtout de fidèles alliés !!! C’est donc autant un travail personnel qu’un réel partage, et bien évidemment je reste la personne qui aura le dernier mot sur le travail, mais tout le monde est conscient de cette manière de fonctionner et tout le monde a une place importante au sein de ce projet, ayant délaissé de manière quasi définitive toute pratique d’un instrument, et ne me servant que d’une guitare pour exprimer mes envies et mes ressentis, tu comprends à quel point les musiciens qui m’entourent jouent pour moi un rôle prédominant.

 

 

9. Jours Pâles sera-t-il un projet principal pour les membres du groupe ou le moyen d'explorer vos envies en dehors d'autres activités dans d'autres groupes ? (CB)

Jours Pâles est pour moi un projet principal comme l’est Aorlhac, et je pense pouvoir assurer les deux en parallèle, sans  que l’un ou l’autre en soit pénalisé. Il reste, je pense, un projet primordial mais pas principal pour les autres membres qui  ont déjà tous leurs propres groupes. James avec Uada, Christian avec Gloson, Sylvain avec Monolithe, etc... Je compte  inscrire ce projet dans la durée, je ne vois désormais plus d’avenir musical sans Jours Pâles qui vient donc se positionner  en première ligne de mes activités aux côtés d’Aorlhac, mais je ne peux prédire si tous les musiciens sur ce premier album seront de la partie sur les prochains. Je sais que James Sloan est très intéressé pour poursuivre l’aventure et je peux dire  d’ores et déjà qu’il sera présent pour le second album, mais pour les autres participants, je ne sais pas. En soi, cela ne me gêne pas car je ne suis pas figé, et j’aime cette idée de projet collaboratif, où toute personne qui veut réellement s’investir  et avec qui l’entente s’installe, est la bienvenue.

 

10. Avec une richesse musicale, comme j'ai pu l'entendre, quelles sont vos influences ? (YPM)

Je ne reste figé sur aucun style musical et j’aime énormément de choses différentes. Bien sûr j’ai mes préférences et mes références, récemment le dernier album d’Advent Sorrow, ou un album comme Fallout de Slumber. Toute la scène rock  dépressive scandinave également : Lifelover, Apati, Intig.
Psychonaut 4 reste bien évidemment un projet qui tient vraiment la route selon moi avec une discographie très solide. Mais voilà, j’ai toujours eu un penchant pour les sons électroniques, les morceaux plus pop sans jamais vraiment trop savoir vers quoi me diriger. Le fait que ma compagne soit pas mal axée sur ce style m’a probablement aidé à renouer et surtout approfondir ce côté-là. Du coup, j'adore aussi des titres de certains artistes comme Thylacine, Eric Prydz, Worakls... Je  pense que c’est pour ça qu’il sera compliqué de catégoriser Jours Pâles. Bien sûr je ne suis pas en train de dire que je vais virer électro ou rock, mais ce sont des influences que tu risques de toujours plus ou moins retrouver à petite dose dans ma musique.

 

 

11. Avez-vous déjà lancé d'autres projets avec Jours Pâles ? (CB) Quelle est la suite à donner à votre formation, dans les  mois à venir ? (YPM)

Pour l’instant bien sûr, attendre la sortie du premier album et les réactions qui vont en découler, mais en parallèle j’ai déjà  recommencé à composer, actuellement une bonne dizaine de titres sont en très bonne voie et je suis plus que satisfait du  résultat. Le plan est donc de rapidement se concentrer sur la suite du premier album, et continuer la promo pour la sortie  d'Éclosion.

 

12. Si la situation revient à la normale, pourra-t-on voir Jours Pales sur scène ? (YPM)

Géographiquement, le line-up, tu t’en doutes, n’est absolument pas viable dans l’optique des concerts, les membres étant  disséminés en Suède, en Amérique du Sud, en Géorgie, et un peu partout en France. J’ai par contre constitué un line-up live à l’aide de mon pote et bassiste d’Aorlhac, Alex, autour de ma région, et les répétitions sont en place depuis pas mal de temps. Il est clair que je compte porter le projet sur scène et je sais que de belles choses nous attendent à ce niveau-là. Notre première date doit s’effectuer au LADLO FEST II en mai prochain autour d’une très belle affiche, mais vu la situation grotesque et catastrophique que nous connaissons tous, j’ai peu d’espoir qu’une telle chose puisse se produire. Dans tous les cas, nous restons confiants et attendons que notre heure arrive.

 

 Propos recueillis par Cyrille et Yann-Pascal pour France, Black, Death, Grind et Black Metal Français.

interview réalisée par France Black Death Grind

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