Pour les plus anciens de Spirit of Metal, Aragorn est de façon certaine un pseudo qui dira quelque chose.

Inscrit en 2006, Aragorn a énormément apporté au site puisqu'il est à l'origine, entre autre, de l'élaboration du guide des soumissions.

Il s'est éloigné du site pour raisons personnelles mais nous l'avons contacté pour les 20 ans de SoM afin qu'il nous parle de son expérience sur Spirit of Metal.

 

Bonjour Aragorn et merci de prendre de ton temps pour nous relater ton expérience au sein du site à l'occasion de ses 20 ans. Pourrais-tu brièvement te présenter et nous dire comment tu as découvert SoM ?

Aragorn : Né en 1978, j’ai 45 ans, marié depuis 2009 avec une fan de rock et de punk alternatif (Queen, The Offspring), deux filles de 11 et 9 ans, dont la grande a chopé le virus métalleux depuis 2/3 ans. Je vis à la campagne dans les monts du Forez (à 25 minutes au nord-ouest de Saint-Étienne, où je suis né et ait vécu jusqu’en 2012). J’adore la fantasy, la science-fiction et le post-apocalyptique (romans et films). Je m’intéresse aussi à l’environnement et au cosmos.

Quand j’ai découvert SoM, je cherchais à faire comme un pote fan de cinéma qui s’est fait une base de données des films qu’il avait vus (par genre, réalisateur, acteur, etc.)… Je souhaitais faire pareil avec ma musique préférée. SoM, bien qu’à ses débuts, avait déjà des atouts majeurs et les infos sur les groupes principaux que je suivais. De fil en aiguille, le concept d’encyclopédie participative avec forums m’a plu, j’ai participé, proposé, discuté et grimpé jusqu’au Premier Cercle que j’ai quitté en 2011 après la naissance de ma première fille, faute de temps pour continuer à m’investir.

 

Depuis combien de temps écoutes-tu de Metal et quels sont tes genres préférés ?

Aragorn : J’ai été élevé dans un mix de Johnny Hallyday (par ma mère) et de pop anglaise style Kim Wilde ou Elton John (par mon père). En 1992, je suis en classe de 3ème et la prof d’allemand nous demande d’enregistrer sur cassette audio (une autre époque !) une chanson chacun à l’attention de la classe allemande avec qui nous allons échanger. Je suis un des derniers à voir la cassette, alors j’écoute ce que les copains ont mis et je prend deux baffes consécutives avec « I want it all » de Queen puis « I want out » d’Helloween. Les copains concernés me refilent les Greatests Hits des britanniques et « The last, the best, the rare » des allemands… puis on passe à « Nevermind » de Nirvana et à « Fear of the dark » d’Iron Maiden, fraîchement sorti au printemps précédent… « Be quick or be dead » m’a lancé dans un tourbillon ininterrompu à ce jour.

J’ai rapidement fait le tour des groupes majeurs de l’époque : Iron Maiden, AC/DC, Megadeth, Metallica, Europe, Guns n’ Roses, WASP, Motörhead, Helloween… Finalement, mes styles préférées restent le heavy et toutes les variantes mélodiques et symphoniques qui en découlent, avec un peu de prog et de hard-rock. Dernièrement, un peu de death mélodique est venu pimenter la sauce. En ce moment, mes artistes les plus écoutés sont, en vrac : Iron Maiden, Nightwish, Eclipse, Kissin’ Dynamite, Amaranthe, Arch Enemy, Temperance, Hammerfall, Axel Rudi Pell, Visions of Atlantis, Outloud, Dynazty, Amon Amarth, Battle Beast, Volturian, Halestorm, Aephanemer, Scorpions, Sabaton, Beyond The Black...

 

Quels sont tes meilleurs souvenirs de concerts, les groupes qui t'ont mis une claque sur scène ?

Aragorn : Trop de moments à citer. J’ai adoré le show de Moonspell au Hellfest 2019, avec « Alma Mater » qui avait une consistance énorme avec les échos de la foule, et l’adieu de Slayer au public français sur ce même festival. Un grand moment, passé à la vitesse de l’éclair. J’ai été aussi hypnotisé, au sens littéral, par Ghost et Korn au Sonisphère d’Amnéville il y a plus de 12 ans je dirais, deux groupes que je ne connaissais pas (j’avais même un a priori négatif sur Korn) et je suis resté devant la scène sans en perdre une miette...

Je mettrais sur le podium : un show de Gamma Ray au Transbordeur de Villeurbanne, dans la petite salle de 400 places, avec un Kai Hansen en feu. Le groupe a autant donné dans cette petite salle qu’au Wacken. Un respect du public à souligner. En seconde place, le show Sabaton/Dragonforce/Edguy de 2006 au même Transbordeur. J’y ai découvert les suédois pour ne plus les lâcher, j’ai été impressionné par Dragonforce et leur jeu en cercle avec deux instruments à la fois, et j’ai adoré Edguy, qui dégage une puissance scénique hors norme. Les mecs ne font pas semblant, Tobias Sammet échange réellement avec le public, ils sont heureux d’être là, rien à redire. Et en top position, mon premier concert de metal en 2000 à Saint-Etienne pour la sortie du « Brave New World » de Maiden : au troisième rang, secoué de bout en bout, toujours debout à la fin malgré 2 kilos de perdus et les vêtements collés de sueur… On pris une claque quand Dave Murray a accouru juste devant nous. On a pu se poser 30 secondes au bout de trois chansons quand Bruce a commencé à parler à la foule après que le groupe nous ait atomisés avec trois nouveaux titres tout en puissance. Et puis c’était reparti à fond… Inoubliable. La marque de fabrique de la Vierge de Fer.

 

Pour revenir à SoM, qu'est-ce qui t'a poussé à t'investir sur le site ? Qu'as-tu développé sur le site ? Combien de temps cela t'a t-il pris ?

Aragorn : A l’époque, l’investissement sur le site s’est fait assez naturellement. J’ai grimpé assez vite jusqu’au Second Cercle, pas mal proposé et discuté sur les forums. Etant fan d’un travail propre et organisé, j’ai mis les mains dans le cambouis et proposé des choses. J’ai donc tout naturellement candidaté lorsque Kivan cherchait un membre supplémentaire sur le Premier Cercle. Les membres d’alors m’ont accueilli comme si j’étais là depuis des lustres et tout s’est bien passé.

J’ai d’abord participé à des validations de soumissions et aux discussions sur le forum du Premier Cercle pour organiser l’évolution à venir du site. Beaucoup de projets se sont bousculés en quelques mois. J’ai ensuite surtout travaillé sur l’écriture du guide des soumissions puis sur les débuts de la metal maps.

Le guide des soumissions m’a pris des dizaines d’heures sur plusieurs mois : il a fallu réfléchir à tout son contenu, le rédiger, en discuter, faire des concessions, etc. Un bouleau de fourmi qu’il a ensuite fallu faire appliquer pour avoir une trame identique d’une page à l’autre du site. De là a découlé l’équipe de correction de l’encyclopédie, que j’ai guidée jusqu’à mon départ. Les membres se paluchaient les pages du site une par une pour les remettre en ordre, vérifier les informations et les compléter. Je m’occupais de centraliser les travaux et de lister les « introuvables » pour que chacun puisse chercher ces informations et les fournir. Les différents membres ont fait un boulot de dingues pour le plaisir des SoMiens.

Enfin, j’ai participé aux débuts de la metal maps. Cela consistait à chercher sur internet les principales villes de chaque pays puis en créer la liste de celles-ci sur SoM fin de pouvoir lister les emplacements de chaque groupe. Au début, on a mis les plus grandes villes, puis il fallait en ajouter à mesure que les membres demandaient des cités plus petites… Je n’ai pas vu la fin du projet, parti en cours de route.

 

Que retiens-tu de cette expérience somienne ?

Aragorn : La première chose qui me vient, c’est le partage et l’émulation de groupe, l’envie de bien faire qui collait à chaque membre, leurs investissements respectifs sur le site. SoM est une sorte de pieuvre gigantesque avec des milliers de bras et de cerveaux. Chaque maillon est important, depuis celui ou celle qui a soumis 2 ou 3 pages jusqu’à Kivan qui gère l’architecture de SoM, mais j’ai réellement aimé les groupes de travail, Premier Cercle ou différentes équipes auxquelles j’ai participé. Des membres m’ont particulièrement impressionné par la qualité de leurs interventions et de leurs contributions, au-delà de toute considération personnelle, par envie de bien faire pour faire connaître le metal au plus grand nombre. C’est un peu l’état d’esprit stéphanois de ma ville de naissance et de coeur : la chaleur humaine, le goût du travail et surtout du travail bien-fait, mais sans arrière-pensée, sans faire-valoir de la part de celui ou celle qui s’investit. J’ai donc échangé avec pas mal de gens que j’ai appréciés, et sans vexer les autres, je citerais plus volontiers un quatuor de membres de l’équipe de correction de l’encyclopédie d’il y a 10 ans avec qui nous avons particulièrement bossé en parfaite harmonie : opeth59, Hellsheimer, ggjaime et tango666.

 

 As-tu quelques anecdotes à nous faire partager ?

Aragorn : Une me revient en particulier, car même si c’était bon enfant, on était surtout sur SoM pour « faire le job ». A un moment donné, Kivan a reçu une demande des autorités concernant des censures à appliquer, notamment les pochettes de type néo-nazi, violentes ou à caractère sexuel. De ce fait, nous avons été contraints de censurer la pochette originale de « The Origin of the Feces » de Type O Negative, qui était une photo de l’anus de Peter Steele, un des membres du groupe. Cela a induit un débat sur ce qui était réellement à censurer ou non. On a bien évidemment eu des apôtres de la non violence qui voulaient censurer tous les pentagrammes ou les fuck sans discernement… mais surtout un mec nous a dit que c’était dégueulasse de censurer cette pochette, simplement en mémoire de l’oeuvre de Peter Steele, décédé en 2010, dont celle-ci constituait une partie. Un plaidoyer original qui m’a marqué.

 

Nous avons appris avec plaisir il y a quelques semaines ton intention de participer à nouveau au site. Qu'est-ce qui t'as poussé à le faire ? Nostalgique ?

Aragorn : Plusieurs choses effectivement. Un peu de nostalgie, car j’ai beaucoup aimé ces années d’investissement sur SoM, même si c’était beaucoup de travail. Le fait de retrouver un peu de temps libre vu que mes filles ont grandi et sont plus autonomes. Et aussi l’envie d’écrire. Bien que je souhaiterais écrire un bouquin, je ne suis pas fixé complètement là-dessus (projet en cours de définition) et j’ai simplement un besoin d’écrire qui ne s’explique pas. Je pensais donc depuis quelques temps à contribuer à nouveau à SoM au niveau biographique, pour que cette envie soit utile et sur une thématique que j’aime : le metal. Je trouvais l’idée sympa, mais je ne sais pas comment le site a évolué en 10 ans. A l’époque, les biographies n’étaient pas très fournies ou celles que l’on avait n’étaient pas hyper bien étoffées pour la plupart. C’était un peu le point faible d’un site très qualitatif. Je me suis donc dit que, quitte à revenir, autant essayer de rassembler tout ce qui me fait plaisir pour reprendre pied sur la planète SoM...

 

Je te laisse les derniers mots...

Aragorn : En dehors de ggjaime, je n’ai jamais rencontré de SoMien dans la vraie vie à l’époque, ni après… Peut-être que l’investissement renouvelé sur le site permettra de renouer des liens anciens et d’en créer de nouveaux, et pourquoi pas se voir à l’occasion pour passer du virtuel au réel ! A bientôt sur SoM