Hyrgal

Intervew réalisée et publiée avec l'aimable autorisation de France, Black, Death, Grind (Facebook ICI ou LA).

Remerciements à Cyrille et Yann-Pascal.

 

 

Aujourd’hui, c’est Clément de Hyrgal, qui nous ouvre la porte pour notre traditionnel jeu des questions – réponses.

A travers cette interview, on peut se rendre compte que certaines valeurs humaines ne sont pas mortes, comme celles du Black Metal. Et Hyrgal est là pour les incarner, un bout de temps encore.
Dans un monde qui pourrait être idyllique grâce aux nouvelles technologies, aux progrès de la science, nous sommes   cependant, de plus en plus divisés et dirigés par l’opinion d’une minorité qui nous aspire vers le bas.
Les valeurs classiques qu’un quadragénaire a pu connaître par le passé, disparaissent petit à petit dans l’indifférence, voire la moquerie.
« De notre temps, ce n’était pas comme ça ...! » Purée, nous voilà à parler comme nos parents quand nous étions encore obligés de les écouter... Sommes-nous devenus des vieux cons qui ne peuvent plus voir comment le monde qui nous  entoure est si merveilleux ?

Moi, j’ai choisi mon camp, je vote Clément, je vote Hyrgal, je vote Black Métal... jusqu’à ce que la mort nous sépare...

                                                                                                                                                                   Cyrille

 

 

1. Pouvez-vous présenter le groupe ? (CB)

Clément: Salutations, Hyrgal est un groupe de black métal français que j'ai créé en 2007 lorsque j'habitais encore à  Bordeaux. Mis en hiatus durant presque 10 ans afin de me concentrer sur Svart Crown, j'ai décidé de faire sortir de son hibernation ce projet en 2016 afin de conjurer pas mal de choses personnelles et surtout composer cette musique qui me tient à cœur et me fait vibrer depuis très longtemps.

 

2. Un line-up qui a récemment changé mais un label de qualité pour la sortie du nouvel album. Tout va désormais pour le  mieux chez Hyrgal ? Etes-vous rassuré ? (CB)

C: Effectivement, il y a eu pas mal de changement de line-up et je pense qu'il y en aura encore car il est vraiment difficile de trouver des musiciens qui correspondent à mes attentes. Je suis le seul maître à bord dans ce projet, et donc je ne laisse pas forcément beaucoup de liberté au niveau artistique, ce qui peut être un problème pour certains mais c'est comme ça.
Je ne suis pas très anxieux et je suis très rassuré car Hyrgal me permet et me permettra toujours de m'exprimer  pleinement, sans limites, donc oui tout va pour le mieux.

 

3. Justement donc, une pause de 10 ans jusqu'en 2017. Comment se fait-il ? (CB)

C: comme je le disais j'ai mis le groupe en stand-by car à l'époque j'ai intégré à temps plein Svart Crown. Vu que SC  demandait beaucoup de dévotion et de travail, j'ai dû faire un choix afin d'être le plus performant possible au sein de cette entité, de plus j'ai changé de lieu de vie, beaucoup tourné avec Svart Crown et vu que je n'aime pas faire les choses à moitié j'ai dû prendre cette décision, difficile certes, mais qui m'a été des plus bénéfiques musicalement, humainement et artistiquement.

Lorsque j'ai décidé de faire une pause avec Svart Crown en 2015, j'ai senti que c'était le bon moment pour réveiller la bête. Je me sentais aussi plus mature artistiquement et cela m'a permis de composer de la musique avec les tripes et le cœur plus qu'avec l'envie d'exister au sein d'un mouvement ou d'une scène.

 

4. Parlez-nous de ce nouvel album "Fin de Règne" fraîchement sorti. De quoi parle-t-il ? Quel est le thème abordé ? (CB)

C: Fin de règne est une synthèse de ces 3-4 dernières années, il n'y a pas forcément de thème précis car Hyrgal a   intrinsèquement son propre thème et j'articule chaque composition autour de ça.
Fin de règne représente la fin d'une ère pour Hyrga, la fin d'une ère à titre personnel aussi. C'est un album rempli   d'amertume, de colère, de tristesse et de constats pas forcément agréables.
Hyrgal est une entité empreinte de la culture française, de son histoire, de ses racines... Et quand on voit ce qu'elle est  devenue aujourd'hui... Fin de règne me semblait être un titre des plus adéquats.

 

 

5. Un titre intriguant d'ailleurs... Que veut-il dire ? Rassurez-nous, il y aura encore des albums de Hyrgal ? (CB) Qui y a-t-il de prévu pour 2021 ? Si l'on ose espérer que la situation revienne à la normale ? (YPM)

C: Je pense que le titre est assez explicite, et puis je laisse les auditeurs en faire leur propre interprétation ainsi que leur propre lecture des textes. J'aime que les gens puissent s'identifier à ce qu'ils lisent et je cherche de plus en plus à mettre de côté l'ego dans mes textes afin que les gens se les approprient.
Vous pouvez être rassuré Hyrgal est très loin d'enterrer la hache de guerre, c'est même que le début.
Je travaille actuellement sur le 3ème album, donc 2021 sera dédié à ça justement en plus des autres projets que j'ai mis en route et sans compter le travail pour Svart Crown. En attendant, bien sûr, de pouvoir remonter sur scène dès que la   situation nous le permettra.

 

6. Je voudrais revenir sur l'Artwork de "Fin de Règne", qui l'a réalisé ? Et tout simplement que signifie-t-il ? (YPM)

C: Ils ont été plusieurs à travailler dessus, Chloé Fock-King aka " Le Chien Noir" s'est occupée des artworks fait main, des  dessins et de la cover. C'est une personne très proche de moi, et une talentueuse artiste.
Alexis Chiambretto, qui officie à la basse dans le groupe s'est occupé de certains visuels visibles sur le Digipack et Guibz  art, qui travaille pour LADLO s'est occupé de la réalisation pour l'impression et autres détails qui ont grandement leurs importances. Ils ont tous les trois fourni un travail remarquable et je les en remercie infiniment.
Je pense que le message est très clair. C'est une fleur de Lys en flamme. Un message fort chargé d'une symbolique  puissante.

 

7. Dans une interview pour votre label actuel, vous parliez "de mecs simples qui ont juste envie d’exprimer leur colère et leur fureur". Sur quel(s) sujet(s), êtes-vous en contradiction avec le monde d'aujourd'hui ? (CB)

C: C'est une question complexe.
L'évolution du monde est certainement très positive aux yeux des gens aujourd'hui, car plus de confort, plus d'ouverture sur le monde, plus de connexion entre les gens, toujours plus de progrès, etc...
Mais personnellement, je ne partage pas forcément ce constat.
Certes nous vivons mieux qu'au Moyen-âge, et encore cela reste à voir, mais aujourd'hui tout se perd. Il y a une inversion  et une aversion des valeurs, la notion d'héritage a complètement disparu, elle est même grandement critiquée car souvent considérée comme extrémiste ou quelque chose du genre.
Nous vivons dans un monde de fragiles, tout le monde veut tirer le drap de son côté et s'approprier des combats sociaux  complètement déments.
Le patriotisme est réduit à néant et bafoué.
Quand j'explique que j'aime mon pays et mes racines, souvent, j'ai le droit à des critiques ou alors une pseudo morale   moisie venant de gens qui sont prêts à tout renier au nom du progressisme.
Je pense que le fait d'être en paix depuis très longtemps et ne pas avoir vécu le pire fait que les gens se crééent de  fausses problématiques et s'insurgent sur des choses tellement futiles que cela en devient pénible.
Alors certes, l'évolution technologique nous permet aujourd'hui de faire des disques ou de s'exprimer musicalement avec  plus d'aisance et de facilité mais cela reste la seule chose avec laquelle je suis en accord et j'use de cette avancée pour  mes projets mais ça s'arrête là.

La désacralisation de l'art et de la musique en particulier me peine profondément aussi, certainement dû au mode de   consommation qui a changé depuis quelques années. Aujourd'hui c'est l'entertainment qui est en vogue et non l'artistique qui vient du cœur. Il reste encore beaucoup de choses qui me contrarient mais ça prendrait des heures à développer et je préfère que l'on discute du disque plutôt que de mon avis qui au final ne regarde que moi.


8. En parlant du label, comment vous ont approché Les Acteurs de l'Ombre ? Allez-vous poursuivre avec eux ? (CB)

C: Je connais Gérald, le boss de LADLO, depuis pas mal d'années via mes rencontres avec Svart Crown.
Lorsque je cherchais une structure pour sortir Serpentine, j'ai contacté Gérald et lui ai proposé de sortir l'album... Malheureusement, à l'époque, il n'était pas très disponible et traversait une phase de vie très compliquée, donc il n'a pas  donné suite à ma demande. C'est après avoir pris le temps d'écouter l'album et certainement dans de meilleures  dispositions qu'il m'a recontacté et de là est née notre collaboration.
Bien sûr que je vais continuer à travailler avec eux, notre collaboration ne fait que commencer.

 

 

9. Pensez-vous que votre notoriété est aussi liée au taf de LADLO, qui est tout simplement sublime ? Qu'ils sont vraiment dévoués aux groupes qu'ils produisent et produisent un travail acharné. (YPM)

C: C'est certain. Sans eux Hyrgal n'en serait pas là aujourd'hui. Gérald et toute son équipe sont des gens formidablement passionnés et talentueux, qui fournissent un travail titanesque pour le groupe. J'ai vraiment plaisir à travailler avec eux et je les remercie du fond du cœur pour tout ce qu'ils ont fait pour le groupe.

 

10. En 2018, LADLO a réédité l'album "Serpentine", sorti précédemment sur le label Allemand Naturmacht Production ? LADLO en le rééditant n'ont-ils pas pensé que signer Hyrgal chez eux, était une évidence ? (YPM)

C: Exactement, ils ont réédité Serpentine mais avaient déjà sortie l'édition vinyl auparavant. En ce qui concerne cette  évidence je ne sais pas, il faudrait leurs demander.

 

11. Sachant que vous composez tout dans le groupe ? Ne pensez-vous vous pas que l'on puisse penser qu'Hyrgal s'apparente plus à un One Man Band ? (YPM)

C: C'est plus ou moins le cas pour l'instant. Étant donné que je compose tout, que j'écris tout, et que je gère tout je pense que ça a l'apparence d'un one man band. Après, je laisse quand même mes musiciens s'exprimer au travers de cette entité, de part, leurs jeux et leur savoir-faire.
Certes, je suis un tyran mais un tyran qui écoute aussi ce que les autres ont à dire. Nous échangeons beaucoup sur Hyrgal, sur son fond, sur sa forme et je ne suis pas fermé à la critique ou aux conseils venant de leur part.

 

 

12. Vous avez joué au Hellfest. Quel(s) souvenir(s) en gardez-vous ? Etait-ce l'un de vos concerts le plus marquant ? (CB)

C: Effectivement c'était un concert marquant, car jouer devant autant de monde et avoir une aussi belle réception ne laisse pas de marbre, c'était un moment vraiment génial.
Après, à titre personnel, le concert le plus marquant fut celui au LADLO FEST car c'était le premier concert vraiment  important pour Hyrgal, et ce fut un moment vraiment magique. La salle, le public, l'organisation, l'esthétique ont fait de ce  concert un moment vraiment unique.
Nous y interprétions Serpentine dans son ensemble et il s'est vraiment passé quelque chose au fond de mes tripes ce soir-là. Intense à souhait.


13. Comment analysez-vous la scène Black/Française ? Pensez-vous qu'elle a un rôle à jouer à l'international ? Et le public français, défend-il plus ses formations que les autres ? (YPM)

C: Nous avons une très forte scène qui joue déjà un rôle à l'international. Il n'y a qu'à regarder l'impact qu'a eu des groupes comme Deathspell Omega, Antaeus, Blut Aus Nord, et j'en passe sur la scène Black mondiale.
Nous n'avons rien à envier à qui que ce soit. Beaucoup de jeunes formations sont très prometteuses et ça laisse présager que du bon pour la suite. Pour le public je ne sais pas je ne me suis jamais posé la question. Certainement ou du moins  j'ose espérer.

 

14. J'ai lu cette interview pour les Acteurs de l'Ombre, paru le 03/01/2020. Je l'ai trouvé poignant, difficile de ne pas vous poser les mêmes questions (je le recommande à ceux qui veulent en savoir plus sur le groupe) et je reste  assez bloqué dans mes questions sur votre personnalité, la chaleur froide que dégage votre univers. On sent une  certaine rage  omniprésente en vous. Le Black Metal est vraiment adapté à votre personnalité on dirait, non ? S'en  est presque bouleversant... (CB)

C: Je pense que oui. Ce style de musique me berce depuis énormément de temps, il fait maintenant partie de moi et me permet d'évacuer tellement de choses. Ça me permet de me cadrer, d'évoluer, de grandir, de réfléchir et de progresser. Je pense avoir définitivement trouvé ce qui me permet de ne pas vriller et de ne pas finir en prison.
En tous les cas, je suis ravi que tu perçoives cette personnalité et que tu arrives à capter mon univers musical et artistique.

 

15. Si je ne dis pas de bêtises, vous vous présentez rarement (ou même jamais) maquillé sur scène ? Est-ce quelque  chose de « has-been »? Vous pose-t-on souvent la question ou l'êtes-vous déjà vous posée ? (CB)

C: Bien sûr que la question s'est posée, et c'est loin d'être quelque chose d' has been à mes yeux, bien au contraire cela représente quelque chose de puissant à mon sens, d'ailleurs lors des premiers concerts du groupe en 2007, nous étions  grimés sur scène.
Mais après réflexion j'ai décidé d'arrêter ça pour plusieurs raisons. Le "grim" comme j'aime l'appeler n'est pas une chose à prendre à la légère, pour moi il est fort en symbolique et je n'aime pas bafouer les symboles et le folklore. J'ai énormément de respect pour ce genre de choses et je ne me permets pas de le traîner dans la merde juste parce que soi-disant " ça fait partie du jeu"... Il n'y a rien de plus lamentable que ce genre de raisonnement.

Après ses premiers concerts je me suis posé la question, est-ce que c'est vraiment pertinent pour Hyrgal ? Pour cette entité ? Et la réponse fut négative, donc par respect pour ce folklore et cette pratique j'ai décidé d'arrêté ça. Hyrgal puise ses racines dans quelque chose de différent et qui ne nécessite pas de se grimer. Par respect pour mes amis qu'ils le font, pour qui cette profonde symbolique est importante et pour mon ineffable amour pour le Black Metal, je ne le fais pas. Cela s'appelle le respect...
Encore une notion qui échappe à beaucoup de gens aujourd'hui.

 

 

                                                                                  Cyrille et Yann-Pascal

 

interview réalisée par France Black Death Grind

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