Hypno5e

Déjà fort bien parti pour décrocher une place dans le top 5 de l’album de l’année, Hypno5e peut se targuer en plus d’être un groupe accessible et impeccable scéniquement.
Les montpelliérains, rencontrés en bord de Loire au Ferrailleur de Nantes, expliquent un peu plus l’histoire de ce second magistral album, « Acid Mist Tomorrow », leurs attentes et leurs futurs projets de tournées, visiblement très exotique. Bon voyage avec Emmanuel (chant, guitare) et Cédric (basse).

[Par GloryHoll et Eternalis]

interview Hypno5e1 - Salut les gars. Pouvez-vous nous présenter Hypno5e pour commencer à ceux qui ne vous connaitraient pas encore !
Emmanuel : On est une formation qui s’est monté en 2004, fin de l’année, avec les instruments classiques guitare/basse/batterie sauf que l’ont introduit des samples pour avoir une touche plus cinématographique.

On travaille sur un système de projection vidéo pour les concerts, ce qui ira vraiment dans le sens de notre musique où la vidéo possède un rôle majeur. C’est un projet pluridisciplinaire où l’on pourra assister à un spectacle complet, où tous les sens seront réunis. On voudrait vraiment introduire la musique dans un spectacle, de manière différente des autres groupes qui plaquent juste des images derrière eux.

Musicalement, on joue du metal sans que ce soit vraiment du metal. On est pas tous fan de cette appellation parce qu’on pense qu’on peut aussi plaire à des gens qui n’écoutent pas du metal.



2 – « Acid Mist Tomorrow », votre 2e album vient de sortir. En quoi est-il différent du précédent et aviez-vous des objectifs particuliers ?
Faire mieux que le premier (rires).

Le premier avait été très bien accueilli et avait eu relatif succès commercial à l’échelle d’un petit groupe indépendant comme nous. On ne voulait surtout pas se limiter à la musique que l’on avait déjà composée et on a cherché à mettre encore plus en avant le côté cinématographique de notre musique, et littéraire quelque part, intellectuel.

On cherche aussi à privilégier la scène au maximum. On ne veut pas reproduire les erreurs du passé ou de « Des Deux L’une est L’Autre », ou retomber dans des schémas qui pourraient au final lasser. On a aussi beaucoup travaillé sur le son, et c’est pour ça que l’album a mis autant de temps à sortir.



Cédric : Musicalement, on a essayé d’élaborer des parties plus violentes, mais de façons plus digestes et matures. L’ensemble sonne de cette manière plus naturel et on sent que la scène est passé par là parce qu’il est plus construit. Certains nous disent d’ailleurs qu’ils préfèrent le côté brut du premier mais je pense que celui-ci est plus simple à appréhender, à entrer dedans.

Paradoxalement, les parties metal sont plus agressives et complexes.



3 – Vous parliez du son tout à l’heure. Justement, il est très impressionnant. Comment s’est passé l’enregistrement ?
Emmanuel : Comme pour le premier album, donc en pleine campagne avec le minimum de matos (ndlr : Cédric éclate de rire). On a passé deux ans pour le mix par exemple, qui nous a pris énormément de temps. Mais on a tous fait par nous-même, ce qui explique le temps que cela a mis à être fait. Il n’y a que pour le mastering que l’on est passé par un studio indépendant à Avignon.

Ce n’était pas gagné d’avance d’avoir un tel son avec la base que l’on avait en prise directe. Ce fut un processus très long. On travaille avec des harmonies de guitare, c’est assez chargé puisqu’il doit y avoir une dizaine de pistes de guitare par morceaux donc on s’est pris la tête dans le mur pour obtenir un son aussi cohérent…



4 – Justement, quand on entend le résultat ici, est-ce que tu trouves opportun de tenter d’enregistrer dans un grand studio renommé comme le Fredman, le Hertz Studio ou encore le Soundsuite ?
Cédric : le truc c’est que les moyens du bord prennent énormément de temps. On a ramé pour en arriver là.



Emmanuel : l’avantage du home studio, c’est que l’on peut toujours continuer de composer pendant que l’on enregistre. On arrive jamais avec un morceau arrêté, ça évolue toujours au fur et à mesure, et ce n’est pas vraiment possible dans un studio pro où le temps est compté. On galèrerait moins c’est certain, mais je ne suis pas forcément prêt à passer le pas. On a la chance d’avoir des techniciens autour de nous qui sont compétents et qui nous comprennent. Je préfère que l’on investisse pour nos concerts comme je le disais, plutôt que de claquer 60 000€ dans un producteur qui nous dira « bon les mecs, il vous reste 15 jours, il faut se magner ».



5 – Parlons un peu de vos influences m
interview Hypno5eaintenant. J’ai pas mal pensé à Katatonia pour les parties claires, et à Hacride ou Devin Townsend pour les passages plus violents…
Cédric : Katatonia ? Je connais pas…Comme on te disait, on écoute très peu de metal. L’autre jour, on nous a comparés à Madder Mortem…j’ai été écouté et c’est sympa même si je ne vois pas trop le rapport.



Emmanuel : On nous pose toujours la question des influences et c’est vraiment difficile. Personnellement, j’écoute pas énormément de musique. Un peu de musique classique, Cédric de la contemporaine mais très très peu de metal. Ce qui ressort musicalement de l’album, pour moi, ce sont des images. Dans l’écriture des compositions, on se rapprocherait peut-être un peu de la musique classique pour les harmonies de voix ou de guitare mais en metal…surement indirectement mais je peux t’affirmer que ce n’est pas intentionnel.



Cédric : C’est plus une histoire de goût que d’influences je pense. On aime ce qui est un peu bizarre, ce qui ne rentre pas dans les cases…mais en réalité, on a du mal avec 90% du metal et des codes qui y sont liés.



Emmanuel : On est venu naturellement à un penchant metal parce que c’est une musique qui permet une totale liberté sans que quelqu’un ait besoin de te dire de te caser sur des stéréotypes. Le metal arrive au moment où il faut exprimer quelque chose de personnel, de pur et sans concession. Mais paradoxalement, je ne pourrais te citer de groupes précis…



6 – En revanche, on ressent des influences littéraires puisqu’on peut reconnaitre « L’Etranger » d’Albert Camus dans le morceau éponyme, du Gérard de Nerval ou encore une citation d’un film de Godart dans « Gehenne »…
Emmanuel : Il n’y a pas de concept derrière tout ça. Les extraits sont choisis après la composition, une fois que les morceaux sont vraiment finis. On fait des recherches et on essaie de jouer avec les mots et les citations.

L’idée de ces samples est de créer un dialogue, un univers entre les extraits de ces auteurs et mes propres paroles. Extraire une phrase qui est dans une globalité à la base, et la mettre dans un tout autre contexte sans lui faire perdre de sa force. Ce sont des personnages à part entière. Il n’y a pas que moi, mais ces personnes qui ont marqué leur temps et la littérature. Je me sens très proche des poètes ou écrivains de l’époque un peu naturaliste, nouvelle.



7 – L’album sort chez Klonosphere / Season of Mist. Comment cela se passe-t-il ?
Emmanuel : On a tourné quelque fois avec l’équipe Klonosphere par le passé et on a sympathisé. Quand l’idée est arrivée de sortir l’album, on a rediscuté avec Guillaume et le deal, du moins pour la France, était très intéressant. On joue un peu le même genre de musique dans le fond, sans barrières ni frontières. On a une recherche artistique et de donner quelque chose de différent au public. Artistiquement, cela collait bien et ils sont très sympas. C’est une petite structure, ça permet d’avoir un dialogue et ça c’est très bien.

8 – Une question un peu différente. D’où vient le « 5 » de votre logo à la place du « S » ?
Cédric : Ça vient d’une chanson qui s’appelle « H492053 » sur le premier album. En fait, c’est l’écriture lite (ndlr : écriture magnétique utilisée en informatique), en chiffre donc, du mot « Hypnose » et on a gardé le « 5 » du nom de cette chanson.



Emmanuel : C’est plutôt un délire de jeunesse mais au final on a gardé ce « 5 ». Mais aussi pour un truc très bête mais si tu cherches sur Internet « Hypnose » et tu trouves un peu près tout ce que tu veux sauf nous (rires).



Cédric : Ouais, trop de choses s’appellent comme ça. On n’est pas original en fait (rires).



9 – On parlait d’expérimentation tout à l’heure. Est-ce que vous vous définissez comme expérimental ? Et si non, comment vous définissez-vous ?
Cédric : c’est difficile de jongler avec les étiquettes. Je ne sais pas trop. Je dirais qu’on est progressif dans le sens où l’on veut sortir des carcans répétitifs. Quand tu vas dans un festival aujourd’hui, tu as toujours des groupes qui ont 30 ans d’âge. On voit pas
interview Hypno5e l’intérêt de copier tout ça.



Emmanuel : On est dans une musique en perpétuelle évolution. Expérimentale dans le sens où on cherche constamment à créer quelque chose de nouveau mais bon. Si on devait nous qualifier je dirais « Metal cinématographique », ou peut-être ambiant.



10 – Il se dégage une grande mélancolie, une certaine violence de l’album…Est-ce que vous n’aviez rien de positif à exprimer à travers votre musique ?
Emmanuel : je pense qu’elle est violente et mélancolique mais ce n’est pas quelque chose de déprimant pour moi. Après le constat de la fatalité que l’on a dans la vie et dans ce qui nous entoure, et que l’on a eu le courage de faire ce constat-là, on peut avoir une ouverture plus large sur le monde.

Dans ce sens-là, on fait une musique humaniste. On essaie d’extraire cette beauté, cette tragédie qui nous entoure pour l’ériger au statut d’art. Il n’y a pas d’art sans conflit, et notre conflit est peut-être le plus large qui soit justement, et qui touche chacun de nous.



Cédric : L’expérience. L’expérience que l’on vit nous-même et celle que vivra l’auditeur.



Emmanuel : Nous travaillons le présent pour le transformer immédiatement en nostalgie à travers notre musique. C’est là que l’on peut ressentir la tristesse de l’album, cette nostalgie d’un moment vécu, mais perdu dans le temps car déjà passé.



Cédric : Justement, l’album s’écoute très bien en voyage. Dans un coin perdu du monde, loin de tout, c’est dans ces conditions que l’album m’a offert le plus de frissons.



11 – Comment se passe la tournée ?
Emmanuel : Super bien. Cela fait plaisir. On voit le chemin parcouru, que les gens connaissent déjà les morceaux et sont très réceptifs. On va jouer au maximum pour promouvoir l’album.

On part en Australie le mois prochain pour neuf dates, et on repart directement pour d’autres dates françaises. Il est prévu ensuite la Russie, les Etats-Unis, le Canada peut-être…mais on va aussi privilégier la France qu’on a peut-être un peu oublié sur le premier disque. Même la Réunion ne sera pas épargnée (rires).



12 – Est-ce que vous pouvez nous parler de l’artwork ?
Emmanuel : c’est le batteur qui l’a créé. Moi je fais les photos, et lui s’occupe du graphisme, de la charte graphique et de l’ensemble que l’on veut à la fin.



Cédric : C’est très bien que l’on fasse ça uniquement entre nous parce que ça reste personnel, nous touchant directement. On voulait véhiculer la route, mais aussi la brume, quelque chose qui ne soit pas clair, pas limpide. C’est comme un carnet d’invitation au voyage pour nous.





13 – Qui compose dans le groupe ?
Emmanuel : C’est moi. J’arrive avec des thèmes, des mélodies et on construit tous ensemble autour. Les compositions évoluent beaucoup au fil du temps. On compose par fragments, se posant toujours la question si telle partie va bien à tel endroit, si l’alchimie se forme, si tout suit un cheminement logique.

14 – Si vous deviez prendre chacun 5 choses sur une ile déserte… ?
Cédric : oulà…un couteau suisse, un lecteur mp3 avec un chargeur solaire (rires), un livre et voilà !



Emmanuel : Du fil de pèche, une machette pour aller tuer les animaux et…(ndlr : il réfléchit)…ah et puis un cahier et un stylo (rires).



15 – Vos ambitions pour l’avenir ? Des projets en particulier ?
Cédric : Tourner, tourner et tourner (rires)



Emmanuel : …et faire un troisième album qui sera aussi bien, voire mieux que celui qui vient de sortir. Tourner à fond en espérant que ce disque atteigne le maximum d’oreilles possibles et plaisent au plus grand nombre de gens possible.



16 – C’est la fin de l’entretien. Les derniers mots sont pour vous…
Emmanuel : Merci de nous soutenir dans ce projet et restez curieux ! Merci pour l’interview.



Cédric : Restez curieux oui, et j’espère que vous passerez un bon moment ce soir.


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interview réalisée par Eternalis

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seppuku - 21 Avril 2012: Merci à vous deux pour l'interview. Je trouve qu'il y a une belle leçon à tirer de leur rapport au métal. Ils en écoutent peu mais ce sont tournés vers ce genre pas forcément parce qu'ils le considèrent comme violent mais parce qu'il permet une libération et une certaine forme d'expression !
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