Hyadningar

Coup de projecteur légitime sur les talentueux Hyadningar, groupe normand qui vient de commettre son premier album chez Ewiger Hass. Entre black-metal, pagan, doom et death, une de mes plus grandes raclées de ce début d’année sans hésiter. Malgré un foutu crash de pc qui a quelque peu retardée la mise en ligne de cet entretien, le gang nous éclaire en février 2007 sur la conception du divin 'Imminent Useless Soul'.

interview Hyadningar>Salut à vous ! Hyadningar étant composé d’activistes de la scène normande, ce serait sympa si l’on pouvait commencer l’interview par une présentation des membres du groupe, et savoir dans quelles formations vous officiez en parallèle.
Nekurat, bassiste dans Hyadningar, n’officie plus actuellement dans d’autres formations depuis son départ d’Invoker (speed/thrash) mais a plusieurs projets en préparation : Asbiorn, un projet pagan/black avec un ancien comparse de Invoker et dont la démo qui est déjà entièrement composée devrait voir le jour pour la mi-2007. Crom, un projet studio extrêmement épique, et comme son nom le laisse supposer, entièrement basé sur les nouvelles de Robert E. Howard, et enfin un projet de musique folklorique normande avec mon collègue Nehluj mais qui est encore au stade embryonnaire. Nehluj : Julien, 24 ans, également guitariste au sein de Yuck, d'un quintette de reprises de Piazzolla (violon, accordéon, piano, contrebasse, guitare électrique), d'un duo flûte - guitare classique, et occasionnellement de diverses formations de musique de chambre. Marquis et Turannos jouent ensemble dans le groupe de doom Ataraxie. Marquis évolue également dans Funéralium et Turannos a un projet solo d’ambiant : Innherfog. Eurynome, guitariste, n’a aucun autre projet musical que Hyadningar.

>Comment s’est formé le groupe ? Dans quel but ?
Le groupe s’est formé initialement autour de Marquis et Heimdall dans une volonté de faire un groupe purement pagan. Turannos, jouant déjà avec Marquis dans Ataraxie, a accepté de jouer dans un second groupe. Eurynome, ex-Alienchrist, a répondu présent quand il a été contacté et Nekurat a rejoint la horde après coup.

>Votre style est difficilement définissable. C’est pas vraiment du black-metal, pas vraiment du death à la suédoise, il y a des éléments doom, pagan aussi. Sur votre site web vous appelez ça 'epic & sick black-metal' ? Qu’entendez-vous par là ? Et quelles sont vos influences ?
L’essence de notre musique demeure black-metal (dans la veine de la scène scandinave des 80's et 90's), car pour véhiculer des émotions il n’y a rien de mieux. Cependant comme nous sommes tous férus de métal et de musique d’une façon générale nous ne nous limitons pas qu’au black, c’est pourquoi la musique jouée transpire d’influences musicales diverses et variées pour former un style homogène enlevé : notre style… Nous ne sommes pas très fans des étiquettes mais pour pouvoir être ciblés certains en ont besoin. L’intitulé epic and sick nous est venu de personnes extérieures au groupe. Nous sommes assez d’accord avec ces termes car il est vrai que notre musique garde le côté guerrier, martial de la démo et contre-balance avec une dimension plus intimiste que sur la démo, plus exutoire, quelque chose de plus solennel en somme. Pour en revenir à nos influences, dresser une liste exhaustive de tous nos groupes ou compositeurs favoris serait une tâche très fastidieuse et finalement un peu inutile, mais s’il fallait vraiment citer quelques noms de la scene extrême nous dirions : Dissection, Gorgoroth, Silencer, Lord Belial, Naglfar, Mork Gryning, Bethlehem, Behemoth, Sacramentum, Satyricon…

>Parlez-nous de l’enregistrement du 1er album 'Imminent Useless Soul' en Belgique. Les belges sont réputés être des gars naturels, comment s’est déroulée l’expérience en studio ? Pourquoi avoir choisi le CCR ? Des groupes qui y sont passés vous ont donné envie d’y aller, ou c’est plutôt une question financière ?
Nous ne savons pas pour les belges en général, mais Kris est quelqu'un de très calme et sympathique, et en tant qu'ingénieur du son il est d'une compétence et d'une patience exemplaires. Aller en studio a été une expérience à la fois magnifique et difficile : chacun de nous a du donner le meilleur de lui-même dans un laps de temps très court car notre timing pour les prises de son était très serré (en gros : une journée de studio par musicien). Ce fut un travail exténuant, mais au final ceci nous a permis de garder une certaine spontanéité et de tirer une certaine fierté de notre 'performance'. Nous sommes contents du résultat mis à part 2 ou 3 détails du mix, mais gardons à l’esprit qu’un album parfait n’existe pas et que même avec 6 mois de mix certains détails nous auraient encore dérangés. Concernant le choix, Marquis et Turannos ayant déjà travaillé avec Kris, et Nekurat, Eurynome et Nehluj ayant entendu le résultat, le CCR s'est imposé de lui-même.
interview Hyadningar>
>Parlons du processus de composition de l’album. Comment se passe l’écriture musicale au sein de Hyadingar ?
Le processus d’écriture reste toujours le même : les riffs de guitares déterminent un morceau quasi complet, pré-pensé en tout point. Il est proposé en répète ou sur support aux autres membres du groupe qui donnent leurs avis et rectifient la mire si besoin. Les idées se croisent, les lignes de basse se dessinent, les plans batteries s’enchainent et les vocaux se mettent en place une fois la structure de la chanson arrêtée. Nous essayons juste de proposer des chansons cohérentes et bien construites tout en visant une certaine originalité et en évitant de nous répéter.

>La recherche d’ambiances tragiques est clairement une de vos armes. De part les mélodies mais aussi la variation du chant, les atmosphères dramatiques sont énormément présentes dans votre musique. Cette quête de sensations malsaines est-elle récurrente lorsque vous composez ?
Nous ne pensons pas que l'on puisse parler de 'quête de sensations malsaines'. Nous cherchons juste à retranscrire le plus fidèlement possible nos émotions et les transmettre à l’auditeur avec pour ligne directrice : l’intensité… Que les passages violents soient réellement violents, que les parties en sons clairs soient soignées, travaillées, et contrastent avec ces derniers, etc. Et bien sûr, que les parties 'malsaines' soient extrêmement malsaines. Dans une chronique de l'album parue sur un webzine, l'auteur explique que les vocaux hurlés et 'torturés' l'ont dérangé, mis mal à l'aise, et il en parle comme d'un point négatif. Or, tout ce que nous faisons est fait sciemment et est maîtrisé, donc si nous sommes parvenus à obtenir un tel résultat chez lui, c'est que nous avons réussi notre coup !

>Le travail vocal est très intéressant chez Hyadningar. Ça peut aller d’un style hurlé à la Tomas Lindberg (At The Gates) vers un registre plus profond et guttural comme Aaron Stainthorpe à ses débuts (My Dying Bride), en passant par une registre black beaucoup plus torturé, quasi suicidaire (à la Bethlehem, Torturium). Comment se fait le choix de savoir quel type de voix utiliser ?
Le choix des vocaux dépend vraiment du passage et Marquis suit son instinct…

>De quoi traitent vos textes ? Qui les écrits ?
Les thèmes abordés dans Hyadningar sont des thèmes plus ou moins récurrents du métal mais traités de façon personnelle avec beaucoup de métaphores et qui peuvent de ce fait s’appliquer à tout le monde et susciter la réflexion sur les intentions du groupe et sur soi-même. Pour synthétiser, 'Cross Destitution' est un outrage aux religions, mais en particulier au catholicisme. 'Autumnal Fears' met le doigt sur la phobie et le phénomène de chasse aux sorcières. 'Cause I’m My Own…' évoque la fierté, prône le culte de la personne et la révolte. '…Of Ashes and Dust' traite de l’humanité et de sa fin. 'Dreaded Infinte Crescendo' et 'Imminent Useless Soul' de la mort, mais plus particulèrement du suicide, surtout pour le second. Les textes sont écrits par Eurynome.

>Quelle est la signification du nom Hyadningar ? Ça a une consonnance celte, non ?
Le nom Hyadningar trouve son origine dans la langue norroise. Dans la mythologie scandinave, le combat des Hyadningar désigne en effet le combat quotidien que livrent les guerriers morts sur le champ de bataille afin de se préparer au crépuscule des dieux.

>Parlez-nous de l’intro de 'Cross Destitution' qui a été enregistrée dans une église avec viole et violoncelle. Vous avez eu une autorisation spéciale pour l’enregistrement ?
En fait, la nomenclature instrumentale exacte de cette intro est la suivante : alto, violoncelle et guitare classique. C'est un extrait du 'Stabat Mater' de Pergolèse. Le stabat mater est sacré, magnifique et poignant. Il correspond parfaitement à l’ambiance de l’album et le passage sélectionné (début du 'Cuando Corpus Morietur', dernier mouvement de l'œuvre), retranscrit et rejoué s’enchaîne parfaitement avec le premier riff dans 'Cross Destitution'. La symbolique est forte, une mère dans la douleur et une offense aux croyances…Cette pièce est écrite à l'origine pour quatuor à cordes avec réalisation de la basse continue par l'orgue. Nous avons adapté cette musique pour l'effectif dont nous disposions et pour lui donner une nouvelle 'couleur'. Concernant l'enregistrement dans l'égli
interview Hyadningarse, nous préférons ne pas dévoiler tous nos petits secrets de fabrication. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que l'enregistrement s'est déroulé dans des conditions assez extrêmes : c'était en plein hiver, la température à l'intérieur de l'édifice ne devait pas dépasser les 5° et il nous était impossible d'allumer les chauffages d'appoints au gaz car ils étaient trop bruyants et risquaient d'être repris par le micro… C'était physiquement assez éprouvant, et nous profitons de cette interview pour remercier une nouvelle fois nos deux musiciens invités Charlotte et Clément pour avoir donné de leur temps et de leur talent.

>Sur 'Allemande', vous adaptez un air classique. Pourquoi ce choix ?
Cette pièce est un extrait de la 'suite en ré mineur' de Robert de Visée, écrite à l'origine pour guitare baroque, instrument à cinq chœurs (cinq fois deux cordes) et à l'accordage spécifique. Le choix de cette pièce est intervenu en cours de composition de l'album. Nous avions déjà en tête le 'Stabat Mater' de Pergolèse, et désirions rester dans le style baroque et cette esthétique toute en retenue, en gravité solennelle. De plus le but d'un tel interlude était de faire 'respirer' l'album tout en participant à sa construction et à son articulation. Si on prête une oreille aux tonalités des morceaux qui encadrent l' 'Allemande', on peut s'apercevoir que l'enchaînement est logique et naturel, il n'y a pas de 'rupture harmonique'. Nous pouvons d'ailleurs élargir cette constatation à la totalité de l'album : en fait c'est un peut comme si chaque chanson était un riff de l'album considéré dans son ensemble.

>Qui a réalisé la pochette de l’album ? Quelle est l’idée derrière cet aliéné à genou dans son cachot avec une croix en arrière-plan ? Ça fait assez 'Au Nom De La Rose' comme ambiance.
La pochette ainsi que tout l'artwork de l'album a été réalisé par Stéphane Casier du Yeaaah studio, qui a réussi à accentuer l’homogénéité de cet 'Imminent Useless Soul'. Il a évidemment travaillé en premier lieu par rapport au titre de l'album. Nos 'exigences' particulières étaient de conserver les aspects dramatiques et malsains de notre musique que tu as soulignés précédemment, d'évoquer en filigrane l'aliénation provoquée par la religion, et de jouer sur les contrastes à savoir la lumière et l’obscurité, l’humanité en perdition, condamnée, livrée à elle-même, et dieu, l’espoir et les désillusions… la complexité des extrêmes. Après des essais qui ne nous convenaient que moyennement, Stéphane nous a proposé cette magnifique cover qui a tout de suite suscité notre enthousiasme. Nous adorons vraiment le travail visuel de Stéphane, que ce soit pour l'album mais aussi pour le merchandising : t-shirt, badge, sticker, flyer. D'ailleurs les chroniques, les interviews et les impressions des gens qui achètent l'album nous confortent dans l'idée que le travail de Stéphane est un des aspects caractéristiques de notre album à part entière. Qu'il en soit ici remercié. Par ailleurs, je crois que le titre de l'excellent film de Jean-Jacques Annaud auquel tu fais référence est plutôt : 'Le Nom de la Rose'.

>Parlez-nous de votre label Ewiger Hass ?
Impressionnant et exemplaire. Ce label est tenu par Christophe qui est une personne entièrement dévouée à sa cause. Il est dans la même optique que nous. Avant que nous travaillions ensemble, il a tenu à se déplacer à Rouen pour nous rencontrer de visu, pour discuter des différents aspects du 'deal' et pour nous donner une bonne grosse poignée de main. Par la suite, il a toujours été très disponible et il nous a toujours été très facile et rapide de le contacter. Le but de son label n'est pas d'engranger des montagnes de pognon mais de proposer des productions de qualité. Pour faire simple, je pense que nous pouvons affirmer qu'il pense en premier lieu au public métal, d'où les prix très bas de sa liste de vpc mais aussi de la box de Hyadningar. Pouvoir sortir un premier album dans de telles conditions avec t-shirt, badge, et sticker sont une chose que très peu de labels permettent à leurs groupes, et nous lui en sommes très reconnaissants.

>Avez-vous des concerts de prévus prochainement ? Merci pour vos réponses.
Nous sommes en relations avec plusieurs groupes à ce sujet mais aucune date n'est arrêtée actuellement. Merci pour ton soutien et à bientôt. Metal rules ! Cédric Boulard 27 rue Arthur Rimbaud 76120 Le Grand Quevilly http://hyadningar.free.fr
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interview réalisée par DJ In Extremis

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