Freedom Call

Chris Bay est probablement le musicien le plus affable et disponible que j’ai pu interviewer. Souriant, riant, toujours à même de discuter et d’interagir, le jeu des questions-réponses est loin d’être une épreuve pour lui et il est au contraire très heureux d’être présent ce soir pour nous raconter fièrement la genèse de son meilleur album depuis au moins dix ans, à savoir le très réussi « Beyond ».
Panorama d’un musicien épanoui et simplement heureux de faire ce qu’il fait…ce qui nous change un peu en ces temps où les artistes préfèrent se morfondre sur la crise du disque ou la noirceur du monde plutôt que miser sur l’optimisme et la lumière. Place à Chris et aux rayons de soleil qu’il porte naturellement en lui !

[Par Eternalis]

interview Freedom Call1 – Salut Chris ! Comment vas-tu ? N’es-tu pas fatigué de ces journées promo interminables qui précèdent la sortie d’un album ?
Tout va très bien merci. On prépare le staff pour la tournée à venir, nous sommes dans une bonne période avec un très bon état d’esprit.

Non ça ne me fatigue pas du tout, au contraire, j’adore ça. J’en fais maximum cinq ou six par jour. Je trouve que toutes les questions sont intéressantes et ça ne me fatigue donc pas, je dirais même que c’est quelque chose d’assez fun.



2 – Le nouvel album de Freedom Call s’appelle « Beyond ». Pourquoi ce titre ? Au-delà de quoi voulez-vous aller ?
Je dirais que c’est un mot très fort, très puissant qui permet de mettre en avant la philosophie de vie de Freedom Call. Depuis les débuts du groupe, nous sommes toujours aussi heureux et contents de faire ce que nous faisons et chaque membre du groupe est naturellement quelqu’un de positif. La vie est quelque chose de très important qu’il faut chérir et cet album est l’occasion d’apporter cette attitude en dehors de notre groupe, de la partager avec les autres. Les chansons et les textes sont une invitation pour tout le monde de suivre cette manière de profiter de la vie, d’ouvrir son esprit et de profiter. « Beyond » veut dire que nous partageons ça pour tous.

3 – Freedom Call est depuis toujours considéré comme du « Happy Metal », délivrant joie et bonheur. Mais peux-tu imaginer le côté sombre de ta personnalité prendre le dessus ? La facette ténébreuse de Freedom Call ?
Oui, je pense parce qu’il y a des moments, le matin sans mon café par exemple, où je suis malheureux (rires). C’est la même chose pour tout le monde. Tu as des mauvais jours, des passages difficiles et quelque fois, les sentiments qui prennent le dessus sont la tristesse et le désespoir.

Mon opinion est qu’il faut se dire que ce jour est noir, et que malheureusement, il va falloir le vivre mais que demain sera meilleur. L’énergie et la motivation permettent de faire passer ces mauvais moments plus facilement, il ne faut pas laisser les mauvais côtés prendre le dessus…



4 – Toujours avoir la positive attitude finalement ?
Complètement ! Parce que nous vivons notre vie, personne n’est là pour le faire à ta place. Nous faisons nos propres choix et ce serait une véritable torture que de toujours subir les mauvais moments. Quand tu es malade, quand tu es inquiet…il faut se dire que tu as la chance d’être là, de marcher vers un futur meilleur et qu’en se battant, ça ira forcément mieux. Nous n’avons qu’une vie et il est trop bête de perdre et gaspiller son temps en étant dépressif.

5 – Avez-vous eu de nouvelles inspirations pour « Beyond » ?
J’ai toujours beaucoup d’inspiration (rires). Elles viennent de ma vie, de mes expériences, des autres groupes avec lesquelles nous tournons et vivons. J’ai une vie que je considère comme active donc je ne manque jamais d’inspiration pour écrire.

6 – Mon morceau préféré est le titre-track « Beyond ». Il est vraiment épique, un peu comme « The Quest » de « Crystal Empire ». En quoi est-ce un challenge d’écrire un titre comme celui-ci ?
Oh oui, c’est surement le titre qui m’a pris le plus de temps à écrire. Le problème n’est pas les parties qui le compose mais surtout le fait d’arranger ces différentes parties, de créer des connexions. Entre les différents éléments, j’y suis allé très progressivement pour que ce soit naturel car le titre dure quand même huit minutes alors que j’ai plus l’habitude d’écrire des compositions plus courtes, entre cinq et six minutes. J’avais un bon feeling et nous sommes vraiment très fiers de cette composition…c’est donc tout naturellement que nous avons décidément de l’appeler « Beyond », puisqu’elle symbolise parfaitement le disque. C’est également ma chanson préférée de l’album et je te remercie de l’avoir noté, c’est génial.

7 – Et vous pensez le jouer sur la prochaine tournée ?
Nous allons essayer de le faire (rires). Nous nous entrainons beaucoup en répétition pour le faire et que nous jouions toutes les parties, sans ajouts de samples ou de chœurs.

8 – Pour moi, cet album est clairement le meilleur depuis « Crystal Empire », le plus fort et le plus abouti. Avez-vous travaillé différemment avant de commencer à le créer ?
Oh…premièrement, un grand merci p
interview Freedom Callour ce compliment, ça me va droit au cœur. Après, nous n’avons rien planifiés de particulier avant de débuter le processus de création. Il n’y avait pas de but ni de calcul disant « Ok, nous allons revenir aux racines des premiers opus ». Le développement a été très naturel et l’écriture est vraiment le miroir de la situation émotionnelle du moment, nous ne pouvons donc rien planifié à l’avance, ça dépend de notre état d’esprit.

L’écriture du morceau éponyme a vraiment été primordiale pour la direction qu’a prise l’album. Nous sentions que nous étions dans le bon état d’esprit et qu’il fallait continuer sur cette voie.



9 – Le nouveau line-up n’y est peut-être pas étranger…
Oui, bien sûr ! C’est peut-être la raison la plus importante pour laquelle l’album sonne si bien. Si l’opus évoque un certain retour aux sources, c’est parce que ce nouveau line up est extrêmement rafraichissant et qu’on retrouve des sensations d’il y a quinze ans. Tout le groupe est dans ce même mouvement et c’est très fédérateur, spécialement avec notre nouveau batteur qui a essayé énormément de patterns ou de passages à la batterie pour coller le mieux possible aux titres. Nous avons réussi à reproduire exactement ce que nous avions en tête et ça s’entend.

10 – Le personnage sur l’album me fait beaucoup penser au gardien des sept clés (rires). Volontaire ou non ?
(rires). La première comparaison qui me vient à l’esprit est celui d’un moine en fait (rires).

Il ne faut pas croire que ce personnage signifie que nous avons pris une direction plus proche de celle d’Helloween mais si l’on regarde l’arrière-plan de la pochette, on y trouve la signification du terme « Au-delà » parce qu’on y voie la planète, l’espace et la vie en générale. C’est une pochette positive car le personnage n’est pas un moine ou un guerrier mais juste quelqu’un qui te permet de voir toutes les forces positives autour de nous, la planète et sa beauté par exemple. Cela représente aussi les plus hauts sommets de ta vie, tes rêves et tes ambitions.



11 – Concernant les similitudes, je dirais aussi « In the Rhythm of Light » qui possède une mélodie proche de celle de « The Rhythm of Life » sur « The Circle of Life ». Conscient ou pas ?
(Petits rires). Non pas du tout. Il n’y a pas de lien particulier entre ces deux morceaux mis à part les titres qui se ressemblent. Le tempo n’est pas du tout le même malgré que la mélodie soit proche. Au final, je m’en fous un peu et si les gens y voient une similitude, tant mieux mais ce n’est pas une seconde partie ou quelque chose dans le genre. Elles sont totalement différentes et vont dans une direction différente.

12 – Il y a une édition limitée box pour l’album. Peux-tu la décrire ?
Bien sûr ! Nous venons juste de la voir et nous en sommes super fiers car le label a fait un boulot incroyable dessus. Dans la box, il y a l’album en digipack bien sûr et un bonus cd avec des extraits de deux concerts. Le premier est tiré d’un festival nommé le Black Forest, il y a six ou sept titres dessus et le second est un show très particulier en unplugged où tous les titres sont réarrangés. Par exemple, nous avons joué « Warriors » en style bosa nova ou « Power & Glory » tout en acoustique et c’est une chose très intéressante d’avoir donné vie à ces compositions dans un style si différent. Il y a aussi un grand poster, très cool ainsi que des photos du groupe. Pour finir, on trouve aussi, et c’est le plus intéressant je trouve, le livre de « Beyond » qui retrace l’ensemble du concept que vous pourrez découvrir en intégralité non pas en textes de chanson mais en véritable histoire écrite.

13 – Freedom Call est un groupe très communicatif en live, fait pour ça. Préfères-tu être en studio afin de créer de nouveaux morceaux ou jouer sur scène?
Définitivement cette dernière option (rires). Enregistrer en studio n’est pas la chose que je préfère mais c’est un passage obligatoire. Je vis pour être sur scène, pour être sur la route et c’est ce qui me fait avancer. Rencontrer des gens, nos fans, discuter avec eux et voyager à travers le monde est quelque chose d’exceptionnel. Après, pour proposer un nouvel opus, il faut évidemment s’enfermer en studio mais là, maintenant, je suis vraiment prêt pour rencontrer les gens sur la route. C’est ma vie !

14 – Quels sont les groupes que tu écoutes en 2014 ?
Oh c’est une bonne question p
interview Freedom Callarce que comme je travaille tous les jours dans mon studio et vit beaucoup de concerts chaque année, honnêtement, quand je sors de mon studio pour rentrer chez moi ou lorsque je suis assis dans ma voiture…j’ai envie d’écouter…rien du tout (rires). Juste prendre plaisir à profiter du silence (rires).

15 – Quel est l’album le plus important de l’histoire de Freedom Call selon toi ?
Hum…je dirais que le plus important est le premier, « Stairway to Fairyland » parce que sans lui, Freedom Call n’aurait pas existé et c’est sans doute le plus important (rires). Ensuite, je dirais « Eternity » car c’est un album ayant eu un fort succès, avec lequel nous avons fait un live et une tournée de fou avec Blind Guardian. Les chansons et la production n’ont pas vraiment vieilli et nous sentions, à cette époque, un vrai engouement autour de nous. Chaque chanson, chaque note, chaque mot étaient vraiment parfaits je pense et tout était fait pour fonctionner. C’est aussi l’un des préférés des fans…

16 – Pour moi, ça reste « Crystal Empire »…
C’est donc dur de décider (rires)

17 – Dan Zimmermann était un membre important de Freedom Call. N’a-t-il pas été difficile de travailler sans lui après « Legend of the Shadowking » ?
Après 2007, Dan n’était déjà plus à proprement parlé dans le groupe, il ne s’investissait plus comme avant et n’organisait plus les choses autour de Freedom Call. Ce fut un processus naturel qui lui fit comprendre que les choses changeaient et qu’il n’avait plus la même envie ni le même temps à dépenser pour nous et Gamma Ray.

Le premier album sans lui, Land of the Crimson Dawn, a été la première expérience studio sans Dan. Ce fut une nouvelle expérience parce que je travaillais avec une nouvelle personne derrière moi qui devait supporter nos morceaux. C’était très étrange pour moi mais excitant en même temps. Généralement, j’oubli facilement que ce n’est pas Dan derrière moi car c’est l’un de mes meilleurs amis mais je me sens vraiment très bien dans la situation actuelle et notre nouveau batteur est véritablement parfait pour le groupe.



18 – Quelques temps plus tard, Dan a justement quitté également Gamma Ray. As-tu pensé qu’il pourrait revenir dans Freedom Call à ce moment-là ou jamais ?
Dan est vraiment l’un de mes meilleurs amis et je garde toujours le contact avec lui mais la plus importante chose est que tout le monde soit bien à sa place, qu’il n’y ait pas de pression ou de mauvaises intentions derrières nos faits. Il ne voulait plus passer autant de temps en tournée, il veut dépenser du temps avec sa famille et ses amis, vivre plus simplement aujourd’hui et c’est une nouvelle vie qui commence pour lui désormais, après Gamma Ray. Il reste un batteur brillant et impressionnant mais il n’y a pas de raison qu’il réintègre Freedom Call aujourd’hui. La situation est très claire pour tout le monde.

19 – Ma dernière question sera à propos du power metal allemand en général. On trouve aujourd’hui deux types distincts : ceux comme Edguy ou Helloween qui ont beaucoup évolué cette dernière décennie et ceux comme vous, Gamma Ray ou Primal Fear qui restés très fidèles aux racines power traditionnelles. Que penses-tu de cette différence ?
C’est un développement naturel pour chaque musicien. L’évolution de l’être humain influe logiquement sur la musique et si tu prends Edguy, ils ont changé énormément mais les fans sont les mêmes et la qualité musicale est toujours là après toutes ces années. Après dix ou quinze ans, ils gardent un esprit identique, une émotion qui les caractérisent et c’est la même chose pour tous les musiciens.

Ta vie se développe et ta musique est le reflet de tout ça. Je respecte le parcours de tous ces musiciens et l’évolution de leur musique. On dit qu’Edguy a beaucoup changé et que nous revenons, par exemple, avec Beyond à nos débuts. Je ne sais pas si c’est vrai et je ne sais pas ce que l’on fera dans dix ou vingt ans. C’est le cercle de la vie, tout simplement.



20 – C’est la fin de l’interview. Je te laisse le mot de la fin…
Je voudrais remercier spécialement les « metalheads » français car c’est chez vous que nous avons notre tout premier concert, à Grenoble en 1999 avec Edguy et Angra. Nous avons une connexion spéciale avec votre public et nous reviendrons en avril, à Lyon, Paris et Colmar et j’espère que vous y serez très nombreux. Merci à toi et à très bientôt !
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interview réalisée par Eternalis

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=XGV= - 26 Fevrier 2014: Merci pour l'interview, Eternalis. Très intéressant à lire.
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