Elktronik Sciety

interview Elktronik ScietyEquivalent musical au terrifiant monde cinématographique de Cronenberg,
Elktronik Sciety mêle insidieusement chair et sang humain à la froideur
déshumanisée des machines. Au travers d’une première
autoprod machiavélique, ce jeune groupe parisien délivre un métal
industriel froid mais accrocheur et diablement puissant qui suinte un persistant
mal-être. Si paranoïa, schizophrénie et pulsions bestiales se
liguent et enveniment la moindre de vos synapses, Elktronik Sciety ne peut que
soulager vos tourments. C’est Rick, Sven, Void et Khyrian qui répondent
à l’interview en mars 2004.

1. Pourrais-tu nous présenter Elktronik Sciety en rappelant
les débuts du groupe ?


Nous sommes un groupe de métal indus parisien composé de deux
guitares (Rick et Sven), d\'une claviériste (Khyrian), d\'un bassiste (Sokrate),
d\'un batteur (O-liv) et d\'un chanteur (Void).

R : après avoir joué divers styles de métal, je voulais
faire une musique qui soit toujours puissante mais qui ne soit pas spécialement
basée uniquement sur les guitares. Je voulais plutôt une musique
pouvant être composée de diverses manières a partir d’un
riff de batterie, d’un clavier ou de samples, et ce style est parfait
car il n’y a pas de règles pour la composition. De plus, c’est
un retour aux sources car je suis fan de Ministry depuis plus de dix ans, et
je savais qu’à un moment ou un autre je ferai ce style de musique.
Le groupe s\'est formé au mois d\'octobre 2001 avec Khyrian, Sokrate et
moi. Sven s\'est greffé en tant que second guitariste un peu plus tard.
Les répétitions ont réellement commencées à
partir d\'avril 2002 avec la recherche d\'un chanteur. Après quelques essais
infructueux, DaveZero nous a rejoint au mois de mai 2002. A l\'origine, les rythmes
étaient assurés par une batterie programmée, en attendant
de trouver un batteur. O-liv nous accompagne maintenant depuis le mois de mars
2003.

S : Début septembre 2003, nous avons décidé de nous séparer
de notre chanteur. Ce dernier ne pouvait plus s\'investir suffisamment dans le
groupe et nous avons préféré mettre un terme à notre
collaboration d\'un commun accord afin de ne pas freiner notre progression. Après
quelques temps d\'une recherche laborieuse, due à la pénurie de
chanteurs "qualifiés" et disponibles sur la région parisienne,
Void nous a rejoint. Issu à la base de la scène rock prog et amateur
de chant jazz, Void a réussi en quelques semaines à totalement
s\'adapter à notre style. Son chant est nettement plus "rock dur"
que celui de DaveZero, mais il colle parfaitement aux compos.


 


2.Du point de vue de la composition des titres qui apparaissent sur
le premier album, est-ce que ce sont des chansons sur lesquelles vous travaillez
depuis longtemps? Dans quel état d’esprit ont elles été
conçues ?


S : Rick est le compositeur du groupe et certains rajoutent leur petite touche
personnelle au moment de l\'interprétation. La façon de composer
restera vraisemblablement identique à l\'avenir, mais nous n\'excluons
pas le fait que chacun puisse ramener quelques compositions plus personnelles
dans le futur. Quoi qu\'il en soit, notre style de musique ne nous permet pas
d\'improviser en répétition ou sur scène. Tout doit être
calculé, préparé à l\'avance et exécuté
avec une rigueur extrêmement précise, presque mécanique.

R : Les morceaux qui apparaissent sur le cd sont des morceaux assez récents.
Je les ai composés à peine un an avant leur enregistrement. L’état
d’esprit dans lequel je me trouvais est assez apocalyptique je dirais,
mais comme c’est mon état d’esprit au quotidien, je dirais
donc dans un état d’esprit tout à fait normal. Au début
je composais beaucoup à partir de riffs de clavier et de batterie, maintenant
je compose plus à partir d’une guitare et de samples, ce qui donne
un résultat plus direct et plus cru.


 


3.Etait-ce la toute première fois que vous travailliez avec
JJ Moréac? Pourquoi l’avoir choisi lui plutôt qu’un
autre? Comment se sont déroulées les sessions d’enregistrement
?


S : Oui, il s\'agit de notre première collaboration avec Jean-Jacques.
En fait, lorsque nous nous sommes mis en tête d\'enregistrer une première
démo, nous souhaitions obtenir un produit fini dont la qualité
serait irréprochable ou presque. Il nous fallait donc un ingé
son dont le professionnalisme et les capacités n\'étaient plus
à démontrer, tout en le choisissant plutôt en France afin
de limiter nos frais d\'enregistrement, et qui ait un esprit bien ancré
dans le métal. Avant Elktronik Sciety, Khyrian jouait avec l\'actuel guitariste
de Misanthrope, Antony, c\'est donc par son biais que nous avons pu contacter
JJ. L\'enregistrement a pris pas mal de temps en raison de l\'emploi du temps
extrêmement chargé de JJ à l\'époque, mais ce denier
s\'est réellement donné à fond pour nous et toutes les sessions
se sont déroulées dans une excellente ambiance.


 


4. Une des particularités d’Elktronik Sciety est d’inclure
des parties de guitare purement métal dans un univ

interview Elktronik Scietyers élektro-indus
qui pourrait d’emblée leur semblait hostile. D’où
vous est venue cette envie / idée d’expérimenter ainsi ?


R : Je ne vois pas trop où est le côté électro dans
notre musique et je ne trouve pas que nous ayons expérimenté quoi
que ce soit, car d’autres groupes l’on fait avant nous. Je dirais
plutôt que nous avons élargi les barrières en ajoutant des
éléments qui étaient exclus auparavant de la scène
industrielle, comme des leads de guitare et des refrains assez mélodiques,
sans pour autant que cela ne sonne comme de la pop par exemple.


 


5. Sans faire de la lèche, vous rivalisez de professionnalisme
pour un groupe relativement jeune, tant au niveau musical que visuel (look,
photos, livret cd…). Est-ce pour vous important de proposer un produit
qui attire l’œil ? Travaillez-vous avec des artistes extérieurs
pour vous fabriquer une image, ou assumez-vous tout, de A à Z ?


S : Oui, c\'est vraiment important pour nous d\'offrir un produit fini le plus
professionnel qui soit. Nous savons ce que nous voulons et nous nous donnons
les moyens de réaliser nos projets. Nous souhaitons nous démarquer
au maximum d\'une concurrence de plus en plus rude au niveau de la scène
underground. De plus en plus de groupes capables et disposant d\'un gros potentiel
se forment, il est donc essentiel de savoir se démarquer des autres.
Au niveau de l\'image du groupe, l\'essentiel se fait en interne. En fait, chacun
est libre de renvoyer l\'image qu\'il désire. Pour le côté
technique, séances photos ou vidéos, nous faisons effectivement
appel à l\'extérieur. Mais généralement nous n\'agissons
sous la direction de personne. A moins que cette personne n\'ait réussi
à capter l\'image du groupe. Au niveau bassement matériel (site
internet, création du livret, créations graphiques, conception
de l\'édition box métallique… etc), tout est également
géré en interne, principalement par Khyrian.


 


6. De quoi traitent vos textes ? Y a t\'il des sujets qui vous obsèdent
? De quelle manière sont-ils écrits, où puisez-vous l’inspiration
?


V : Je n’ai pas contribué à l’écriture des
paroles de ce premier cd, qui sont le fruit d’une collaboration entre
DaveZero et Rick, ce dernier ayant amené des idées que DaveZero
a, d’une certaine façon, illustrées. Je peux tout de même
vous décrire, en quelques mots, l’esprit général
d’ "Archetypal Influence". On peut dire que les textes des différents
morceaux présentent une vraie unité. Ils tournent tous autour
d’un thème unique : la question de la liberté dans une société
qui manipule et donne naissance à des hommes et des actes monstrueux.
"Brains Factory" et "Addict" traitent de la perte de contrôle
sous des formes diverses, du fait de ne plus se sentir maître de son propre
corps. "Insane Fuckers" et "Strange Motive" s’interrogent
sur ce qui peut amener un être humain à la folie, pouvant aller
jusqu’à l’envie de tuer pour le plaisir. Enfin, "Archetypal"
et "Nation’s Virtues" mettent le doigt sur la religion et le
patriotisme comme outils de manipulation, menant aux actes les plus cruels.


 


7. Concernant les critiques que j’émettrais, elles concernent
essentiellement le chant qui peut paraître à certains moments monotone,
et les rythmes que je verrai bien plus massifs, plus technoïdes. Quelle
orientation visez-vous pour vos prochains titres ?


R : Concernant le chant, Void et moi avons longtemps discuté, car je
tenais à avoir un chant puissant comme celui de DaveZero, mais moins
grave et plus naturel. Tout s’est extrêmement bien passé.
Je suis maintenant impatient de voir la réaction du public à nos
futurs concerts.

S : Void ne s\'est pas contenté de reproduire ce que faisait DaveZero,
il a adapté les morceaux à son timbre de voix et leur a donné
plus de vie. Le mieux sera, je pense, d\'écouter le résultat final
sur de nouvelles compos pour lesquelles Void aura pu exprimer toute sa création
au niveau des lignes de chant.

R : Mais je continuerai de garder le contrôle sur les lignes de chant,
car j’arrive également à trouver, la plupart du temps, des
refrains assez accrocheurs et je veux continuer ainsi. Pour la composition je
pense que je garderai toujours comme tu as dit un côté technoïde,
mais il sera moins présent. Les compos seront plus rock métal,
il y aura moins de claviers et plus de samples. Je vais également élargir
mon son de guitare en utilisant une lap steel guitar pour les leads afin d\'apporter
un son plus frais à notre musique.


 


8. Quelle est votre expérience de la scène ? Quels sont
les publics les plus réceptifs à votre musique lors de vos concerts
(métal ou plutôt indus-goth) ? Avez-vous des projets pour les mois
qui suivent ?


S : Nous nous sommes déjà produits sur Paris par deux fois en
2003 au Black Dog et aux Caves Saint-Sabin. Ces concerts ont plutôt fait
office de test en conditions réelles. Depuis l\'intégration de
notre batteur, nous ne voulions plus nous produire en l

interview Elktronik Scietyive tant que celui-ci
ne serait pas prêt et nous n\'avons donc pas cherché à trouver
d\'autres dates avant la rentrée. Maintenant que le line-up est complet,
nous pouvons nous consacrer à la scène. Nous passons à
l\'Usine à Genève le 26 mars 2004 (avec Punish Yourself et MXD)
et à Avignon (avec No Return, Kristendom entre autre) le 24 avril 2004.
D\'autres concerts sont en cours de négociation, mais je ne peux pas en
dire plus. Au niveau du public qui accroche le plus avec notre musique, je ne
saurais trop te dire. Le mélange que nous pratiquons est à la
fois un avantage (de part l\'originalité, virtuellement fédérateur
du public issu de plusieurs) et un inconvénient (possible rejet par une
frange du public de chaque scène que nous intégrons à cause
de notre mixité). Par contre, par rapport à la presse spécialisée,
j\'ai pu remarquer un meilleur contact avec la presse plus "ouverte"
et moins métal "pur et dur"... Peut-être un signe annonciateur
de notre futur public ? Dans les mois qui viennent, nous allons continuer la
promotion de notre album "Archetypal Influence" et, d\'ici les jours
à venir, vraiment débuter la recherche d\'un label via une version
promo au design très soigné. Dès que nous en aurons l\'occasion,
nous devrions également enregistrer 2 ou 3 titres avec le batteur et
le nouveau chanteur. Ce mini cd sera normalement agrémenté d\'un
clip sous l\'égide d\'un réalisateur pro.


 


9. Pourquoi avoir compressé votre nom pour aboutir à
Elktronik Sciety ?


R : Elktronik Sciety est en fait le condensé de "electronic society",
la société électronique. Il reflète notre société
actuelle où chaque individu est incapable de réfléchir
par lui-même et de fonder ses propres opinions seul. Les gens maintenant
sont obligés de suivre des règles pour se repérer, de s’identifier
à qu’ils peuvent voir à la télévision, de
fonder leurs opinions sur ce que leur dictent les medias. Nous en sommes arrivés
à un stade où les êtres humains naissent par troupeaux.
Ils se ressemblent tous dans tous les sens du terme, des individus qui vivent
sans se poser de questions ce qui limite beaucoup leur intelligence. En ce qui
concerne le nom du groupe, Elktronik sciety rendait mieux que "electronic
society". De plus, c’est bien plus esthétique. Beaucoup de
groupes jouent souvent sur les mots pour trouver un nom efficace, Def Leppard
par exemple. Dans notre cas cela s’applique très bien aussi.


 


10. Etes-vous en pourparlers avec des labels ou distributeurs intéressés
à sortir officiellement ou diffuser votre album ?


S : Avant de nous lancer tête première vers un distributeur ou
un petit label, nous allons tenter d\'approcher les plus gros. Pour le moment
nous nous occupons nous mêmes de la promotion et de la distribution du
cd, en nous déplaçant à l\'étranger, en province.
Peut-être en saurons-nous un peu plus d\'ici quelques semaines.

R : Avec ce cd nous avons pour but de promouvoir le groupe auprès des
labels et des maisons de disque en vue d\'une signature. Etant excessivement
rigoureux et exigeants sur tout ce que nous faisons, le simple fait de décrocher
un contrat de distribution n\'est pas notre priorité, loin de là.
Même si qualitativement la production est très bonne pour une autoproduction,
elle ne peut rivaliser avec les plus grosses pointures du genre telles que les
studios Abyss, Fredman ou autres peuvent produire. Une signature nous permettrait
donc de réenregistrer ces morceaux, ainsi que de nouvelles compos, avec
une meilleure production. Sans oublier que certains morceaux ont évolué
depuis leur enregistrement. Il s\'agira donc de versions différentes,
ce qui justifie d\'autant plus un nouvel enregistrement.


11. Quelles sont vos relations avec la scène française
? On ne peut pas dire que les formations élektro-métal indus soient
légion.


K : Contrairement à ce que l\'on pourrait penser, la scène française
regorge d\'excellents groupes à découvrir et qui officient dans
un style plus ou moins proche du notre. Bien sûr, chacun possède
sa propre spécificité et procède à un savant mélange
de différents styles musicaux (death, black, rock, glam, techno, goth,
punk… etc) avec de l\'électro indus et du métal au sens large,
ce qui fait toute la richesse de la scène. Pour exemple, je peux te citer
les groupes suivants : Zorglüb, Porn, Punish Yourself, Malmonde, Forge,
Muckrackers, Biodrain, Anael… etc. Nous sommes d\'ailleurs plus ou moins
en contact avec certains d\'entre eux pour tenter de diffuser au mieux ce genre
de musique par le biais de concerts.


 


12. Merci à toi, je te laisse le mot de la fin. Si tu veux ajouter
un truc aux lecteurs, la balle est dans ton camp.


S : Merci à toi pour le temps que tu nous consacres. Si ce n\'est pas
déjà fait, n\'hésitez pas à étendre votre
horizon musical en brisant les clivages. Toute musique est bonne à prendre,
tous les mélanges de styles sont intéressants. Bref, écoutez
Elktronik Sciety et faites vous un avis par vous-même (mp3 dispos sur
le site).




DJ In Extremis

>
interview réalisée par DJ In Extremis

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