Edguy

Réaliser des interviews en festival, c’est aussi devoir s’adapter aux imprévus et Edguy en fut un.
Des problèmes de transport ont en effet laissé Dirk Sauer seul face à la presse, abandonné par un Tobias Sammet d’habitude plus enclin à venir prêcher la bonne parole de son groupe face aux médias. Loin du moulin à parole reconnu du facétieux chanteur, le guitariste se montre plutôt timide et réservé, tout en devant être rapide car unique représentant du groupe pour l’ensemble de la presse présente au festival.
Dirk parle donc, avec le sourire, du dernier opus, de sa place dans le groupe, de la joie d’être sur scène et revient sur les mauvais souvenirs du Hellfest 2007…

[Par Eternalis]

interview Edguy1 – Salut Dirk, comment vas-tu ? Comment vois-tu « Age of the Joker » après un an ? Changerais-tu des éléments si tu en avais l’occasion ?


Très bien merci, comme toujours avant un concert !

Je l’aime toujours, encore plus qu’à sa sortie même. C’est toujours un challenge de sortir un nouvel album, d’expérimenter de nouvelles idées que nous n’avons pas fait avant et je trouve qu’avec cet album, Edguy grandit encore et évolue. Il représente vraiment le Edguy de 2011/2012 et ce que nous voulons jouer aujourd’hui et nous sommes très heureux de voir qu’il a été très bien accueilli par la presse et surtout par les fans. Il est entré dans les charts allemands à la troisième place ; c’est hallucinant d’être juste devant David Guetta (rires).

Je ne sais pas trop si je changerais des choses dessus…je l’aime comme il est, vraiment.



2 – Personnellement, je trouve que cet album suit la même voie que « Rocket Ride » et « Tinnitus Sanctus ». C’est du pur Edguy !
Oui évidemment. Ce n’est pas la même chose que les autres albums mais nous jouons beaucoup sur scène, et nous voyons aujourd’hui ce qui fonctionne ou pas lorsque nous composons. Notre regard a changé vis-à-vis des débuts du groupe.

Cependant, quand nous composons, nous ne nous imposons pas de barrières. Souvent, Toby [ndlr : Sammet – chant, claviers] s’installe derrière le clavier ou le piano et c’est comme ça que naissent les compositions. Quand nous avons commencé Edguy, nous savions à peine jouer de nos instruments alors que maintenant, nous savons exactement ce que nous pouvons faire et cette maturité est utile pour composer de manière efficace et pragmatique. Parfois, il y a entre quatre et six parties de guitare en même temps, ce qui enrichi vraiment notre son, et c’est pareil pour le chant ou les chœurs.

La voie que suit cet album est celle que nous avons choisi ensemble, et je trouve que nous avons fait du bon boulot (sourire).



3 – Le son d’Edguy est reconnaissable en deux minutes. Pouvez-vous imaginer produire un album sans Sascha Paeth à l’avenir ?
Nous avons, par le passé, travaillé seul concernant l’enregistrement mais je pense que Sascha est parvenu à nous emmener à un niveau supérieur, et que certaines choses ne seraient pas possibles sans son oreille extérieure.

Sur cet album, il a réussi à nous donner un son très naturel, surtout à la batterie qui n’est pas triggée ou modifiée. Il a fait sonner un album de rock comme si nous étions un orchestre, en nous faisant vivre, avec des moments où la production est intense et d’autres où, logiquement, le niveau est plus bas car la musique est ainsi. Notre son est comme une suite de montagnes, ça monte et descend mais jamais ça ne reste toujours fort, toujours en haut car ça rendrait le son fade et plat. C’est très américain de vouloir jouer le plus fort possible, et nous n’aimons pas du tout cette mentalité car elle ne met rien en valeur puisque tout est toujours au même niveau.

Sur « Age of the Joker », les moments puissants et épiques ressortent vraiment des instants plus intimistes, comme lorsque tu écoutes de la musique classique. C’est la grande force de Sascha que de parvenir à cet équilibre, à cette puissance naturelle et je suis certain que nous continuerons à travailler ensemble pour le prochain album.



4 – Avez-vous déjà des idées pour le prochain album ?
Nous avons des plans mais encore rien de mis en commun. Nous partons en tournée avec Deep Purple donc ça se fera surement après, car il est pl
interview Edguyus difficile de mettre nos idées en commun lorsque nous devons penser au concert du soir, se préparer ou installer le matériel. Mais rien n’est pressé, nous avons sorti un album l’année dernière dont nous sommes très fier donc rien ne sert de se presser inutilement. Je ne sais pas quand viendra le prochain disque…peut-être pour la fin de l’année 2013 ou début 2014…je n’en sais pas plus.

5 – Edguy est sur la route pour de très longues tournées la plupart du temps. N’es-tu jamais lassé ? Te sens-tu plus heureux sur scène ou dans la « vraie » vie ?
Hum…bonne question (rires). Simplement, je suis heureux car mon job est quand même merveilleux, que ce soit sur scène ou en studio. Nous avons la chance de visiter énormément de pays, de gagner de l’argent avec notre musique, de rencontrer les fans et être sur scène est la consécration de tout ça. Voyager autour du monde est parfait, c’est ce que je préfère. J’espère que cela continuera pour encore beaucoup beaucoup d’années…

6 – Justement, préfères-tu les phases de composition en studio ou jouer live ?
Le studio est très enrichissant. C’est différent mais je pense que le studio est l’acte déclencheur qui te permet d’un jour jouer correctement en concert. L’un ne va pas sans l’autre. Le studio permet de développer le processus de composition, de création de ta musique et c’est un challenge important car tu dois te renouveler.

Cependant, le meilleur pour moi reste de voir l’ensemble des gens devant moi, bougeant et sautant sur nos chansons. C’est fou à chaque fois et on ne s’y fait jamais.



7 – Comme pour Avantasia, AFM a sorti un coffret avec « The Savage Poetry » et « Mandrake » intitulé « Gold Edition pt II ». Est-ce que le premier volet, avec peut-être « Vain Glory Opera », « Theater of Salvation » et « Kingdom of Madness » est prévu un jour ?
Actuellement, je n’en ai absolument aucune idée (rires). Aujourd’hui, les maisons de disques ne sont pas au mieux donc sortir des rééditions n’est pas toujours rentable puisqu’elles ne sont pas certaines que ça se vendra. C’est pourquoi il y avait un disque uniquement de bonus sur ce coffret.

Je ne peux pas te dire si un autre coffret verra le jour, même s’il serait logique que ce soit le cas puisque AFM a commencé par le volume 2 (rires).



8 – Le morceau « Behind the Gates to a Midnight World » est bien plus sombre que ce que vous composez en général. Comment l’avez-vous écrite et aimes-tu ces ambiances plus inquiétante et « dark » parfois ?
C’est Tobias qui a composé cette chanson [ndlr : comme l’ensemble de l’album] et lorsqu’il est arrivé avec ce morceau, nous l’avons tout de suite aimé parce qu’il ne sonne pas comme un titre typique.

C’est avec des compositions comme celle-là que nous parvenons à diversifier un album, à le rendre attractif car les atmosphères sont très différentes d’un titre à l’autre. C’est une chanson vraiment cool et je l’aime beaucoup car elle sort du lot. Paradoxalement, elle me fait assez rire car j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer ce riff très heavy. Il est très solennel je trouve, comme si nous jouions dans un endroit avec une forte résonance. C’est un titre très fort et créatif…je joue un solo dessus et j’ai essayé de faire en sorte qu’il soit vivant, organique. J’en suis très fier.



9 – Quelle est ta chanson préférée de l’album finalement ?
J’aime beaucoup « Robin Hood » mais je pense que chaque chanson poss�
interview Edguy�de ses propres qualités puisqu’elles sont très différentes.

Il y aussi…je ne me souviens plus de son nom, merde (rires). C’est la chanson quatre ou cinq…[ndlr : Breathe ? Pandora’s Box ?]…non non ah [il chante le riff] ah si Pandora’s Box ! C’est une chanson vraiment unique et le rendu est génial en live. Malheureusement, nous ne pourrons pas la jouer ce soir parce qu’elle nécessite un changement de matériel et nous n’aurons pas le temps pour ça. C’est dommage.



10 – Quels sont tes meilleurs souvenirs de studio ?
C’est difficile à dire parce que nous sommes aujourd’hui habitué au studio, ce n’est pas une routine mais nous avons nos marques. A l’enregistrement du premier ou du second album, nous écoutions beaucoup les conseils des autres, étions dépendant mais c’était fou. Nous découvrions un autre monde et nous étions très jeunes.

Maintenant, nous regardons la télé ou jouons aux jeux vidéo en studio entre les prises et prenons beaucoup de bon temps. C’est très important. Nous sommes plus professionnels et savons ce que nous voulons, plus exigent je pense. Cependant, c’est toujours une chose unique de pénétrer le studio une nouvelle fois.



11 – Vous ouvrez pour Scorpions en ce moment. Comment sont les fans avec vous ?
L’accueil est très bon. Bien sûr, dans la foule, il y a beaucoup de gens qui ne nous connaissent pas et qui n’écoutent pas de power metal. Tu as des gens de 6 à 60 ans qui sont dans ces immenses salles et ça nous permet de toucher un vaste public.

Globalement, cela se passe toujours bien, surtout vers la fin du set où les gens en redemandent alors que Scorpions ne va pas tarder à rentrer sur scène. Nous essayons de prendre du bon temps, de divertir le public en attendant ces légendes et espérons que ça marche.





12 – Et ce n’est pas trop difficile de ne jouer que 45/50 minutes avec 9 albums au compteur ?
Ce n’est pas le même feeling ni les mêmes salles donc ce n’est pas comparable. Là, nous sommes des « special guests » et jouons dans des endroits vraiment énormes, des stades…et je pense que c’est parfois une bonne chose car ne jouer que 50 minutes permet de proposer un show très condensé et intense, où on jette vraiment toute notre énergie dans des morceaux catchy.

Evidemment, j’aime aussi jouer plus longtemps, être en tête d’affiche et savoir que les gens viennent pour nous et connaissent nos morceaux. Nous jouons combien de temps tout à l’heure ?



13 – Une heure !
C’est parfait, au milieu (rires).

14 – Ca ne vous fait pas peur de revenir au Hellfest avec les mauvais souvenirs de 2007 ? [ndlr : le groupe avait été « éjecté » par Megadeth à cause des retards accumulés de la journée]
C’est du passé. Il avait fait une très mauvaise météo, les retards s’étaient accumulés et…je crois que c’est Megadeth, nous jouions juste avant eux sur la grande scène et Dave Mustaine n’a pas voulu commencer en retard.

C’est un peu malheureux et nous avons été tristes et énervés sur le moment, surtout pour nos fans. Mais il faut être réaliste…c’était Edguy ou Megadeth et la loi du plus fort a gagné (petit sourire).



15 – Je te laisse le mot de la fin pour les fans français et Spirit of Metal !
Merci beaucoup ! Les fans français sont toujours supers avec nous et nous espérons que le Hellfest se souviendra de notre passage. Il fait beau et nous sommes prêts pour vous !

interview réalisée par Eternalis

7 Commentaires

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Eternalis - 13 Juillet 2012: Humour humour ^^

Oui, c'est sur que c'était decevant mais bon, comme je dis, il faut faire avec les imprévus. J'avais basé pas mal de questions sur la composition, sur Edguy ET Avantasia et des choses plus propres à Tobias donc j'ai du m'adapter à un autre membre bien moins influent...

Mais il a été cool et c'était un bon moment. Une prochaine fois !
seppuku - 13 Juillet 2012: En tout cas le rendu est quand même très intéressant !

Et oui ca te donne une bonne excuse pour les interviewer de nouveau ;)
cotok - 13 Juillet 2012: A coup sur l'interview aurait été bien différénte avec Tobias , mais bon... on découvre la un Dirk bien sympathique et ...modeste.
Noctifer - 16 Juillet 2012: Je trouve perso que c'est justement très interessant d'avoir le droit à l'avis d'un autre membre du groupe. Ca arrive pas souvent.
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