Doctor Livingstone

Doctor Livingstone est un groupe à part, qui laisse rarement indifférent. Après un très bon Contemptus Saeculi en 2014 qui avait bien secoué le paysage black français, le trio revient avec un Triumphus Haeretici aussi détonant qu’étonnant, explosif, indescriptible, addictif et foutraque et qui risque une fois de plus de faire parler de lui.
Un entretien avec Six, batteur de la formation montpelliéraine, s’imposait, histoire de décortiquer ce nouvel acte de terrorisme musical…

1) Salut ! Presque trois ans se sont écoulés depuis la sortie de Contemptus Saeculi. Avec le recul, quels ont été les retours pour cet album ? L’avez-vous défendu sur scène ? Que s’est-il passé pour les membres du groupe durant ce laps de temps assez long ?


Salut, a priori, le disque à reçu un très bon accueil… Bon qu’est ce que ça veut dire ? Je lis des chroniques de disques foireux qui reçoivent aussi des chroniques élogieuses.

On a fait quelques concerts, trop peu… On va tenter d’en faire davantage pour présenter Triumphus Haeretici.

Lorsque l’on termine un disque on aime prendre notre temps pour en faire un autre, l’idée c’est de ne pas répéter ce qui vient d’être enregistré. On a aussi fait un disque pour Sektemtum, Panacea.



2) Il semblerait qu’il y ait eu quelques changements de line-up chez Doctor Livingstone et si je ne m’abuse, Guru Deadlock et Azat ne font plus partie de la formation. Que s’est-il passé? Cela a-t-il changé la façon de composer les morceaux, et, d’une manière générale, de travailler du groupe ? Qui a fait quoi sur ce nouvel album ?
Guru Deadlock et Azat étaient invités sur Contemptus Saeculi, on n’a pas réitéré l’invitation cette fois-ci. Il ne s’est rien passé de particulier, à part une volonté de faire un disque entre nous.

En général REL compose la majeure partie du disque, le tout est revisité, transformé, par l’ensemble du groupe. J’ai pour ma part pris plus de temps que d’habitude pour enrichir les parties batterie mais aussi tous les arrangements rythmiques à l’aide de percussions et autres objets ayants une sonorité adaptée. Les voix sont enregistrées par REL, REVEREND PRICK et moi-même.

Cependant le line-up a bougé, puisque désormais Jaythro fait partie de la bande, et s’occupe de la basse.



3) Triumphus Haeretici est donc votre nouvel album studio. Un nouveau titre en latin, une pochette pour le moins décalée et étrange (c’est moi ou on dirait Trump qui domine le monde assis sur un trône type GoT aux formes phalliques suggestives?), que représente cet artwork exactement et en quoi est-il représentatif du contenu musical de l’album ?
Il ne s’agit pas de Trump, on se fiche pas mal de tout ça. Il s’agit du Gargantua, qui profite sans vergogne, des plaisirs de la vie, assis sur le monde il rit grassement du spectacle quotidien. Jamais rassasié, le bougre… je suis fané de touts ces pochettes de metal avec des démons ultra musclés aux aux yeux de feu, l’hérétique contemporain se cache aussi derrière ce physique dégueulasse au regard lubrique.

4) Votre musique est assez chaotique et propose un mélange de styles musicaux explosif assez complexe. Comment faites-vous pour concilier toutes ces influences et créer un morceau cohérent ? Chacun a-t-il son mot à dire dans l’élaboration d’un titre ou est-ce REL qui s’occupe exclusivement de la composition ?
REL vient du Hardcore, REVEREND PRICK et moi-même sommes plus des enfants du Metal extrême. C’est un mélange des influences communes qui donne l’esprit Doctor Livingstone, bien qu’il y ait dans cet album des influences plus lointaines encore, musique afro, latine, expérimentale…

Quand REL compose, nous on fait en sorte que le reste se décompose. On fait le disque ensemble, la finalité résulte, d’un long moment passé en studio. Epuisant exercice…



5) Y a-t- i
l des éléments extra musicaux qui influencent la gestation d’un morceau, comme vos humeurs du moment, votre vision du monde, vos opinions politiques, vos références cinématographiques et littéraires, ou Doctor Livingstone est-il un groupe dont l’essence se veut purement musicale ?
La musique est un véhicule, imaginer un disque uniquement axé sur la musique n’a aucun sens. C’est une histoire, qui globalise évidemment nos humeurs, notre état d’esprit, nos influences et notre histoire. Le melting-pot de nos émotions garantit un résultat authentique, riche et complet. Doctor Livingstone, c’est une entité, qui utilise la musique comme stratagème pour faire passer le message. Chacun est libre d’en faire ce que bon lui semble. Tu peux écouter le disque et ne pas lire les paroles, tu peux lire les paroles sans écouter le disque… A toi de voir.

6) A ce propos, lors de notre dernier entretien, Reverend Prick expliquait que la thématique qui liait les titres de Contemptus Saeculi était l’avènement du Monde Nouveau. Doctor Livingstone est-il toujours guidé par cette philosophie propre au groupe ? Tu peux éclairer le lecteur sur ce que cela représente pour vous, en tant que groupe et êtres humains ?
Ce qu’expliquait Prick la fois d’avant n’a pas changé. Le Monde Nouveau gouverne, modèle et met en place la stratégie. C’est notre bureau, le QG, notre association de malfaiteurs.

La philosophie est au cœur du projet, Le Monde Nouveau, c’est la structure qui gère tout ce bordel. Les groupes, eux, sont les fruits du système qui a été mis en place pour exister.

Pour nous ça représente tout, pour les autres sans doute rien.



7) D’une manière générale, j’ai trouvé ce nouvel album plus direct, chaotique et noisy, moins lancinant et black metal que Contemptus Saeculi. Es-tu d’accord avec mon analyse ? Quelles émotions avez-vous cherché à exprimer avec cette nouvelle galette ?
Je ne suis ni pour ni contre bien au contraire. Je ne suis pas certain qu’on cherche à exprimer une émotion. Elle se dégage d’elle-même. Il y a plein de types qui parlent de leur disque, comme s’ils avaient vomi leurs tripes, bon, je veux bien, mais tout de même, n’est-ce pas un peu compliqué à mettre en œuvre, ça sent la comédie tout ça. Le disque parle aussi de ça, du théâtre que nous inflige les jours qui passent. Mais réciproquement c’est cette comédie qui nous maintient debout, on en profite, on jubile avec elle. Alors si je devais me plier à la règle, de la réponse adéquate je dirais que l’émotion qui se dégage n’en n’est pas vraiment une.





8) Allez, petit exercice de style : Si chacun d’entre vous devait essayer de décrire Triumphus Haeretici au mieux avec seulement 3 mots, vous diriez quoi ?
Entrée, plat, dessert

9) Votre nouvel album laisse également plus de place aux expérimentations avec des pistes comme ASMD, Peisithanatos ou The Grand Finale. Comment décidez-vous d’inclure telle ou telle partie dans votre musique ? Avez-vous une idée précise de comment vous voulez sonner en tant qu’entité musicale ? Doctor Livingstone a-t-il des limites conceptuelles et musicales définies ou suivez-vous vos instincts et vos envies en matière de composition ?
Ce genre de titres se font en direct, dans l’esprit du moment, ils arrivent brutalement, sans crier gare. Ce sont des instantanés, des créatures informes… Ca se passe toujours en studio, en fonction d
e l’humeur ou de l’état psychique du moment… ils sont nécessaires pour réapprécier les murs sonores qui arrivent ensuite tout en ne relâchant pas la tension pour l’ auditeur.

10) Certains passages de Triumphus Haeretici me font énormément penser à Panacéa de Sektemtum dans lequel on vous retrouve tous les trois. Ces deux formations ont-elles les même objectifs musicaux, les mêmes messages à livrer ? D’une manière générale comment faites-vous pour dissocier ces deux entités et pour décider si tel ou tel riff, telle ou telle mélodie ou telle ou telle ligne de chant se retrouvera chez l’un groupe ou chez l’autre ?
Les deux groupes sont issus du Monde Nouveau, ce sont les mêmes membres, donc forcément quelque chose rapproche les deux groupes, mais pas dans la musique qui elle est véritablement différente. On fait un album après l’autre ainsi il n’y a pas de choix à faire en matière de riffs. On fait Sektemtum avec un état d’esprit différent que celui de Doctor Livingstone. On est différent selon les époques, bien que les deux disques aient été enregistrés à la même… Allez comprendre, moi-même j’ai pas encore compris. J’ai pas envie d’essayer.

11) Depuis vos débuts, on sent une volonté de bousculer les codes musicaux et de malmener le public trop souvent attaché à un style ou une scène en particulier. Encore une fois, on retrouve ce goût prononcé pour la provocation et l’irrévérence avec cet artwork pour le moins déroutant au graphisme simpliste ainsi que ce premier titre d’ambiant sombre et ritualiste de plus de 16 minutes qui semble vouloir prendre l’auditeur à contre-pied. C’est une démarche consciente et réfléchie chez vous ou cette attitude est-elle tout simplement viscérale ?
On le fait et ensuite on réfléchit, mais c’est toujours trop tard pour revenir en arrière. On n’imagine pas faire ceci pour dérouter, on est peut-être juste déroutant. En tout cas, rien n’est véritablement calculé, sinon qu’on n’est pas attaché aux codes, aux règles, aux habitudes. Rien ne nous rattache à la scène, sinon notre passé, peut-être, mais on était jeunes et stupides. Aujourd’hui on est vieux et cons, ça fait la dif’. Les 16 minutes de cette intro qui sont en réalité deux phases d’environ huit minutes sont indispensables pour apprécier justement ce qui suit.

12) Je me rappelle encore du choc visuel qu’avait été l’excellent clip de « Le » sorti pour promouvoir votre précédent album. Avez-vous l’intention de sortir d’autres vidéos pour Triumphus Haeretici ? Le cas échéant, quel(s) morceau(x) choisiriez-vous d’immortaliser sur pellicule ?
Nous avons fait un clip pour cet album, c’est le morceau Dancing with horses qui a été choisi. Il sera visiblement sur youtube et en avant première sur Decibel Magazine à partir du 31 mars.

13) L’année prochaine, Doctor Livingstone fêtera ses vingt ans d’existence. Avez-vous des projets pour cet anniversaire spécial ? Que peut-on vous souhaiter pour les vingt prochaines années ?
Pour Prick et moi cela ne fait pas vingt ans que DL existe et je ne pense pas que Rel ait envie de célébrer quoi que ce soit, après on a besoin de beaucoup moins que ça pour se déglinguer.

14) Cette interview touche à sa fin, le mot de la fin est pour vous !
Merci à vous pour cette interview… On cherche deux guitaristes, merci de nous contacter. [email protected]
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interview réalisée par Icare

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