Devilish Era

interview Devilish EraRarement l'art musical n'aura commis pareille abjection. Sondant sournoisement les tréfonds de l'ame humaine, nous voici en présence de Devilish Era. Les fans de black-metal malsain et underground se vautrent depuis des lustres en son infame fange, il était temps pour vous de faire connaissance avec cette perversion démoniaque. Voici un entretien fin octobre 2005 avec Lord Naggaroth, seul maître à bord.

Salut à toi Lord Naggaroth ! Peux-tu nous dire quand et pourquoi tu as créé Devilish Era pour commencer cet entretien ? Je crois qu'à l'origine tu n'étais pas seul.
Hellz. En fait, Devilish Era a vu le jour en 1998, mais officiait sous le nom de Fjalar. Nous avons changé d'identité en 1999. Et comme tu l'as deviné, le groupe se composait de trois personnes, puis nous avons rapidement opté pour la solution du duo. Krantar jouait avec moi depuis l'âge de 12/13 ans dans diverses formations, nous étions des gamins, il a continué l'aventure avec Devilish Era jusqu'en 2000 à peu près. Après quoi je me suis retrouvé seul, ce qui, selon moi, constitue une bonne chose. Pourquoi avoir créé ce projet ? Pour déplaire à un maximum de personnes, pour déranger et choquer les pudibonds, mais aussi pour libérer cette haine qui me ronge tous les jours. Ma musique a une valeur cathartique, elle me permet de ne pas commettre d'homicide par exemple, si tu vois ce que je veux dire.

C'est Forgotten Wisdom qui a sorti l'album "The Deiphobic Syndrome". Est-ce que ça a été facile de dénicher un label suffisamment dérangé pour accepter de t'accompagner dans cette aventure ? FWP étaient-ils les seuls intéressés par l'aventure ?
Disons que c'est plutôt FWP qui est venu à moi. Azmoth m'a envoyé un mail un jour dans lequel il m'expliquait que si j'enregistrais des morceaux dans la lignée de ceux de la démo "Under The Aegis of The Megathropist", il sortirait l'album immédiatement. J'étais évidemment partant à 200% et c'est ainsi que l'on a conclu l'affaire. Du coup, il n'y avait aucun autre label intéressé par l'album, vu que personne n'a jamais été au courant. Pour ma part, je suis vraiment satisfait du travail accompli par Azmoth, c'est un brave gars en qui j'ai une confiance totale. Sans lui, Devilish Era n'en serait certainement pas là. Ça peut paraître terriblement cliché tout ce que je te raconte ici, mais il me semble important de le souligner. Il ne faut pas non plus oublier Duke, grâce à qui la démo "Under The Aegis of The Megathropist" a pu voir le jour. Enfin bref, je remercie tout ce beau monde jurassien pour leur aide. Et puis tu parlais de label dérangé, tu sais, je crois que ces types font l'affaire.


Musicalement, le black-metal de Devilish Era est très froid, malsain et cauchemardesque. Quels sont les groupes qui ont, d'après toi, influencé ton style ? Comment le décrirais-tu d'ailleurs ?
Merci pour ces quelques qualificatifs plutôt judicieux je dirais. J'essaie vraiment de créer mon propre style, sans qu'aucune de mes influences ne ressorte de façon trop flagrante, mais c'est évident, certaines formations sont ancrées dans mon inconscient. Un de mes groupes favoris en black, c'est Silencer. Leur unique album "Death… Pierce Me" constitue un monument de l'histoire du black-metal, je ne cesserai jamais de vénérer ce disque. D'autres groupes ont pu m'influencer, comme par exemple Burzum, Blut Aus Nord, les premiers Bethleem, Torturium, etc... Je ne peux pas vraiment décrire mon style, c'est plutôt à l'auditeur de le faire, car j'en suis personnellement incapable. Il est toujours difficile de définir ou de décrire sa propre musique, je n'ai pas assez de recul pour cela. En général, les gens parlent de "sick black-metal", en prenant soin de préciser quels sont les groupes qui s'en rapprochent (j'ai vu quelques parallèles avec Shining, Silencer, Abyssic Hate, Burzum, et même Zarach Baal Tharagh). J'espère que ces éléments pourront éclairer tes lecteurs. Si ce n'est pas le cas, ils peuvent toujours se rendre sur le site officiel de Devilish Era et télécharger un morceau du dernier album pour se r
endre compte à quel point ma musique s'avère complètement torturée.

Même si elle n'est pas parfaite, la production de cet album laisse entendre chaque instrument, notamment la basse. Où/quand/comment as-tu enregistré ce disque ?
Tu as entendu de la basse ? Je pense que tu étais bourré quand tu as écouté l'album, car justement, il n'y a pas de basse, je t'assure (NDR : Roooooo, va falloir que j'arrête la Grimbergen! Ou alors que je passe chez un orl). Je peux même te dire que les principaux griefs ayant été émis à l'encontre de l'album concernent ce point-là justement : on m'a reproché l'absence de basse. Mais je compte remédier à ce gros problème dès le prochain album, ça, c'est sûr. Je suis d'accord avec toi pour ce qui est de la prod', elle est un peu faiblarde, mais avec un 4 pistes cassette, on ne peut pas vraiment faire de miracles. Toutefois, j'ai récemment investi dans du matériel bien plus sophistiqué et mes prochaines réalisations sonneront beaucoup plus "pro", sans non plus délaisser l'aspect underground propre à Devilish Era. Bon, pour en revenir à ta question, cet album a été enregistré chez moi, dans ma chambre poisseuse, aux alentours d'octobre/décembre 2004. Je me suis vraiment coupé du monde, d'autant plus que je vivais une période très délicate à ce moment-là. Je pense que l'enregistrement de cet album, et tout particulièrement des parties vocales, m'a permis de ne pas massacrer les personnes qui me faisaient perpétuellement sortir de mes gonds à cette époque. J'ai d'ailleurs enregistré le chant durant la nuit du nouvel an, seul chez moi, étant donné que je déteste fêter ce genre de conneries. Toute la haine qui s'était accumulée en moi a pris forme sur "The Deiphobic Syndrome".

Combien de temps laisses-tu mûrir tes compos ? T'arrive-t-il de mener à bien un nouveau titre très rapidement ? Au contraire, y a-t-il des "chansons" qui demandent énormément de versions pour arriver à leur fin définitive ? De quoi cela vient-t-il, d'après toi ?
En général, je compose assez vite. Je ne suis pas du genre à remanier une compo pendant plusieurs mois. Personnellement, je pense que la spontanéité d'un morceau est essentielle dans le black-metal, mais c'est vrai que pour certains morceaux, je peux passer un peu plus de temps, notamment sur les passages à la guitare acoustique par exemple, sur des titres tels que "The Agnostic Supremacy" ou encore "No God, No Icon-Slavery". Cela vient du fait que je joue tout seul, car quand personne n'est là pour t'emmerder à te faire changer de riff ou à te dire que ta compo a besoin d'être remaniée, forcément, on avance plus vite, et c'est donc le cas avec Devilish Era. Je suis toujours d'accord avec moi-même en général. Le fait de jouer seul et de travailler seul a toujours été une de mes principales caractéristiques : que soit dans la musique ou même (et surtout) en dehors, je n'ai confiance qu'en moi-même et je ne supporte pas le travail de groupe, ou alors il faut que je fourre mon nez partout (demande à mes collègues de Foedus Aeternus zine, il paraît que je suis insupportable). Mais bon, là, je m'éloigne de ta question…


Au niveau des textes, de quoi traites-tu ? Qu'est-ce que ce Deiphobic Syndrome ?
Le syndrome déiphobe reflète mes convictions athéistes, je ne crois qu'en moi-même et je rejette Dieu. Je suis d'obédience solipsiste. J'exprime également un point de vue très acerbe envers les croyants, les fanatiques, les aveugles et les lobotomisés.

Ta façon d'hurler est unique est terrifiante. Qu'avais-tu en tête lorsque tu as immortalisé ces parties vocales ?
Merci, j'apprécie tes commentaires. J'accorde beaucoup d'importance au chant dans Devilish Era, car je tiens vraiment à me démarquer des nombreux groupes proposant la même soupe d'un point de vue vocal. Comme je le disais un peu plus haut, j'ai enregistré les parties de chant suite à une période difficile, où la haine et le conflit régissaient mon train de vie. Certaines personnes m'ont presque rendu fou, il fallait que je me défoule e
n quelques sortes. Ce que j'avais en tête ? Du dégoût, du mépris, de la haine, de l'agressivité, de l'arrogance, de la répulsion… Ces individus m'ont donné la nausée.

Es-tu quelqu'un de dépressif ? Si tu ne focalisais pas ta haine sur la musique, quels genres d'individus aimerais-tu trucider illico (à part les fanzineux qui posent des questions débiles) ?
Non, je ne suis pas dépressif. Je ne fais pas partie de cette catégorie de faiblards, je veux parler ici des "pseudo dépressifs" qui se lamentent sans même savoir ce que ressent un vrai dépressif. Bref… J'ai simplement une vision très sinistre de l'existence, voire totalement égoïste et solipsiste. La liste des individus à trucider me paraît bien trop longue et peu intéressante à révéler dans le cadre de cette interview. In Extremis n'est pas un journal intime non plus. Mais heureusement que Devilish Era existe pour canaliser mes pulsions homicides.


Tu joues également dans Wolok, Zaghurim et Krazumpath, d'autres projets black-metal. Musicalement quelles sont les différences principales avec Devilish Era ? Comment arrives-tu à concilier les différents processus de composition propre à chacun de tes projets ?
Chaque projet possède sa propre identité et lors du processus de composition, mon état d'esprit est spécifique à chacune de ces entités. L'approche musicale dans Devilish Era n'est pas la même que pour Wolok ou Krazumpath. Wolok a une touche beaucoup plus expérimentale que Devilish Era, même si le black-metal pratiqué à travers ce projet reste très sombre et malsain (le prochain est d'ailleurs entièrement enregistré, restent juste le mixage et le mastering à effectuer). Krazumpath s'oriente davantage vers le black/thrash, car nos nouvelles compos n'ont plus grand-chose à voir avec les démos. Enfin, pour info, Zaghurim n'existe plus. Le projet est mort et enterré. Par contre, j'ai récemment intégré une formation de black-indus existant depuis 1998 et ayant sorti une démo cette année-là justement : il s'agit de La Division Mentale où je tâcherai d'assurer les parties de chant sur le prochain mini-album.


Tu es également un des rédacteurs de l'excellent fanzine Foedus Aeternus. Tu peux nous dire où vous en êtes du numéro 9 ? Sortira-t-il avant la fin de l'année ? Qu'est-ce qui entretient ta flamme depuis les débuts du zine ?
Le prochain numéro va sortir dans les semaines à venir, bien avant la fin de l'année, rassure-toi. Nous sommes en train de boucler le sommaire et les chroniques, je pense que le tout partira à l'imprimerie d'ici le 10 novembre environ. Je me permets de te dévoiler, en avant-première, le sommaire de ce n°9 : tu retrouveras des interviews de Dead Congregation, Anal Vomit, Oppression, Demilich, Inner Helvete, Slugathor, Torturium, Stalaggh, Vidsyn, Rotten Sound, Hilderog, Christicide, Reverence, etc., avec plus de 150 chroniques et des nouvelles rubriques. Ce qui entretient ma flamme ? Tout simplement ma passion pour le metal extrême et mon amour de l'écriture.


D'après toi, les idéaux fascistes ont-ils leur place au sein de la scène black-metal ? Que penses-tu du NSBM ?
Le NSBM est une mode lancée et suivie par des trendies qui ont entre 15 et 18 ans. Ces individus ne m'intéressent pas vraiment.


Quelles sont tes dernières découvertes, les groupes que tu nous conseilles ? Merci pour tes réponses, je te laisse conclure.
Je te recommande les dernières démos sorties chez Resistancia Underground : Charogne, Svart Hat et Yperite. Ces mecs font un boulot extraordinaire avec tous leurs projets. La démo de Charogne constitue mon coup de cœur du moment. Sinon, je suis accro à "The Painter's Palette" de Ephel Duath, l'album est sorti il y a un bout de temps déjà, mais c'est tellement bon. Sur ce, je te remercie infiniment pour l'intérêt que tu portes à Devilish Era.




Germain Eymeric
50 rue st-agathe
57190 Florange

http://devilishera.free.fr
http://wolok.free.fr
www.foedus-aeternus.net

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interview réalisée par DJ Extremis

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