Code

interview Code (UK)Dans la lignée de Khold et Thorns, à savoir un black-metal fidèle aux glorieux aînés mais qui n'hésite pas à briser des règles trop strictes, voici code et son tout premier album qui sort chez Spinefarm. Les métalleux suffisamment ouverts vont les adorer, les intégristes les fustiger. Pas de demie mesure avec ce genre de groupe ! C'est Kvohst, le chanteur, qui répond à cette interview fin avril 2005… et il n'a pas sa langue dans la poche (une interview traduite par Jean-Damien Scimia).

code regroupe différents membres de groupes de black metal norvégiens et anglais. Tu peux nous en dire plus sur vos parcours respectifs en guise d'introduction à nos lecteurs ?
code fut formé par Aort et Kvohlt qui sont tous deux anglais. Aort a réalisé des démos sous un autre nom et j'ai commencé à collaborer avec lui alors que je travaillais sur l'album de Void, « Posthuman ». Ce projet est donc devenu code. Il nous fallait un excellent batteur sur cet album alors on a pensé à AiwarikiaR des légendaires Ulver. On savait qu'il se faisait discret depuis un bon moment, c'est pourquoi on a été très enthousiastes de le voir revenir sur le devant de la scène. Des amis en commun nous l'ont présenté et tout s'est très bien déroulé . Ensuite, pour la basse, je connaissais de longue date Vicotnik de Dodheimsgard et Ved Buens Ende qui fut de suite emballé. Finalement, quoi de plus naturel et logique que deux norvégiens avides de musique rejoignent le groupe afin de partager cette passion ? Vyttra, le guitariste, est un vieux camarade d'Aort. Il vient aussi d'Angleterre, ce qui rend le groupe au trois quart anglais. Nous sommes très fiers de nos héritages respectifs, et cette diversité ne peut qu'être bénéfique pour notre créativité.

Vous semblés être inspirés aussi bien par le black old school que par la nouvelle école. Pouvez-vous nous expliquer ce concept intéressant que code tente de développer ?
Nous essayons de créer une musique inspirée, basée sur nos goûts et découvertes en matière de musique. Il n'y a pas de limite car on fait de la musique en priorité pour nous mêmes. Je pense que ce qui a été crée sur « Nouveau Gloaming » est une atmosphère et un champs de réflexion spirituel dans le but d'amener les gens a trouver leur propre forme, convenance et sens par le biais de la musique. J'espère que l'auditeur sera en mesure de distinguer différentes influences sur ce disque, mais j'estime qu'il contient quelque chose de neuf et d'indéfinissable sur celui-ci. Nous sommes complètement fous du black metal du début des années 90 et je pense que cela rayonne dans notre musique. Chaque personne qui a connu cette période peut se souvenir de l'émotion ressenti à la découverte de cette nouvelle forme de musique, si pure et riche, jouée avec tant d'intégrité et de conviction. C'était une période très excitante et on espère en quelque sorte raviver la flamme en apportant de nouveaux éléments car chacun d'entre nous possède une vaste culture musicale. C'est pourquoi on ne se fixe aucune contrainte.

A propos de votre premier album, « Nouveau Gloaming », où l'avez-vous enregistré, et pourquoi tant de temps entre l'enregistrement et la sortie ?
On a enregistré à Savonlimna en Finlande. Au départ, cela a prit trois semaines pour l'enregistrement mais cela ne s'était pas bien passé du tout. On n'était pas d'accord avec l'ingénieur à propos du son, et qui plus est, notre batteur n'était pas en forme la première semaine. Alors on a mis tout ça de côté et on a cherché un autre studio, ce qui a pris du temps et a repoussé les choses. En même temps, on a beaucoup appris et on s'est aperçu des difficultés éventuellement rencontrées lors de la réalisation d'un album. Mais on savait que pour un premier album, inévitablement il y aurait quelques accrocs. Donc quasiment un an plus tard, on a fini l'album au Shrek O Skru d'Oslo en Norvège, avec Henning Bortne. Là, on était libre d'explorer et le résultat sonore est celui que nous souhaitions. Cela valait la peine d'attendre, maintenant nous sommes satisfaits, car nous n'avons pas sacrifié la musique en sortant l'album trop rapidement.

Pour ceux qui ont eu la chance d'entendre votre précédente sortie en 2002, le promr « Neurostasmitions », quelles sont les différences ? Comment voyez-vous l'évolution ?
En fait, la démo n'était pas une sortie officielle et elle ne le sera jamais. Je ne pense pas que l'on soit le genre de groupes pour lequel les fans peuvent dire qu'ils préfèrent les démos, car ce n'est pas un enregistrement culte ou précieux. C'était juste histoire de démontrer un peu ce que l'on savait faire dans le but d'être signé. On a du utilisé une boite à rythmes, ce qui déjà donne une rep
interview Code (UK)résentation synthétique, aussi proprement enregistrée soit-elle. Et puis, on avait aussi un autre chanteur qui a contribué à la démo, mais celui-ci n'était pas très familier avec les morceaux et donc les vocaux n'étaient pas toujours justes. Je pense que l'album a vraiment un son unique. Les guitares sont parfaites et créent une atmosphère vraiment superbe. Vicotnik (ici connu sous le nom de Viper) a écrit des lignes de basse vraiment excellentes et il est allé cherché au fond de lui-même. Je n'avais pas entendu des lignes de basse si impressionnantes depuis « Kronet Til Konge » (Dodheimsgard) ou « Written In Waters » (Ved Buens Ende). La batterie également sonne brillamment. AiwarikiaR a fait du bon boulot et a insufflé une dynamique dans les morceaux, plutôt rigides précédemment, à cause de la programmation. Ce que l'on imaginait sur la démo et ici mis en œuvre. C'est étonnant à quel point nous sommes proches de nos rêves…

Y'a-t-il un leader au sein de code ? Ou est-ce un vrai groupe où chaque membre est impliqué dans la composition ?
code est un vrai groupe. Nous nous investissons tous autant que possible. Au début, c'était juste moi et Aort qui écrivions la musique et ensuite Viper apportait ses lignes de basse et AiwarikiaR quelques arrangements. Vyttra a écrit quelques-uns des riffs principaux sur l'album et on a un auteur qui s'appelle Andrew Nicol qui nous a écrit quelques paroles. Le noyau dur restera moi et Aort, mais Vyttra écrit plus de musique à l'heure actuelle et sera beaucoup plus impliqué dans nos futures réalisations. On forme un bloc, une unité où chacun travaille pour un résultat final. Nous étions tous présents pendant l'intégralité du mixage, ce qui est plutôt rare chez les groupes ces temps-ci !

Les vocaux sont très diversifiés sur cet album. Cela va d'une voix rude, âpre et stridente typiquement black à une voix plus tragique, plus claire. Que répondrais-tu à ces gens étroits d'esprit qui vont se moquer de cette preuve de sensibilité ?
Je dirais qu'il est possible de vaincre un millier d'individus lors d'une bataille, mais celui qui sait se dompter lui-même est un vrai guerrier ! Je tente d'exposer mes vrais sentiments et émotions à travers la musique, et je défendrais mon chant comme étant une patrie de ma personne. Il n'y a rien d'honteux à être sensible ou à montrer ses sentiments. Il y a bien d'autre émotions puissante, hormis la haine , et je pense que tu peux prouver ta force seulement si tu es capable de t'ouvrir sur tes sentiments. Il y a beaucoup de sentiments sombres, dépravés et haineux dans ce disque, et je serais très surpris d'entendre quelqu'un dire qu'il écarte cette musique, la trouvant trop sensible. La musique doit représenter plusieurs choses, autre que la haine, la guerre, la mort et la destruction, autrement elle serait top superficielle et ennuyeuse. Si les gens veulent entendre du black metal ennuyeux, il ferait bien d'acheter du Anal Naathrakh ou du Marduk et de nous laisser tranquilles.

Quand j'écoute votre musique, cela me rappelle des groupes comme Khold, Thorns ou Morgul, avec des petites touches à la Tiamat ou Voivod (période « Nothing Face »). Vous vous sentez proches de ces groupes ?
C'est bien si notre musique fait penser à d'autres groupes ou musiques. Je pense que la meilleure des musiques doit vous interpeller, vous rappeller des moments de votre vie, des fragments d'autres choses. D'ailleurs, jamais un groupe n'a été cité deux fois à l'égard de notre musique ! On essaie de créer une musique honnête et vraie, donc finalement c'est normal d'être associé à d'autres groupes, et ça me rend fier d'être comparé à des groupes du calibre de Thorns, Tiamat et Voivod. Nos musique respectives n'ont rien à voir mais c'est un privilège que d'évoluer dans la même catégorie. Cela me fait rire car on est censé sonner comme pleins de groupes qui n'ont rien à voir avec ce que l'ont fait. Cela montre que les auditeurs ont du mal à nous coller une étiquette, mais ils savent que cela leur rappelle de bons groupes. Peut-être que cela fait simplement penser à de la bonne musique. Je pense que la plupart des gens seront amener à nous percevoir nous et notre musique comme quelque chose d'unique.

Certains riffs sonnent très doom, comme celui de « A Cloud Formed Teardrop Asylum ». Que pensez-vous du doom metal ? Vous aimez la musique dépressive ?
Il y a de bons groupes de doom, tels que Reverend Bizzare, Sleep, Candlemass, Witchcraft (excellent), Thee Plague Of Gentlemen ou encore Cathedral à ses débuts. On retrouve des éléments doom dans notre musique mais c'est naturel car le doom en soit n'est pas une réelle influence. Ce genre de riffs est exploité dans le metal depuis si longtemps et je ne
interview Code (UK) pense pas que l'on puisse l'associer à un style précis. J'ai été élevé avec de la musique dépressive et cela continu. Je ne peux faire confiance à une musique totalement joyeuse et positive. La vie est trop compliquée pour cela. Je pense que les sentiments les plus positifs viennent d'une musique négative et dépressive. Cela aide à faire sortir les émotions, elle permet de nous rappeler que nous ne sommes pas seuls.

Evoquons des paroles. De quoi parlent-elles, et qui les écrit ?
Les paroles ont des thèmes divers. Un titre comme « The Cotton Optic », que j'ai co-écrit avec Fenriz est très particulier, car on tombe vraiment dans le « no-man's-land », dans les méandres de l'esprit humain. La plupart des paroles traite des fragilités de l'être humain, de ses défauts, de ses regrets, de sa culpabilité. Je lis beaucoup de Quincy Troupe, Allen Ginsberg, Derek Walcott, Billy Childish, Charles Bukowski et beaucoup d'auteurs pour enfants, comme Edward Lear, Frank L Baum et Lewis Caroll. Je suis obsédé par la poésie de Beat et par les auteurs comme Kerouac et Burroughs. J'écoute beaucoup de rap et de hip-hop, ainsi que des trucs comme MF Doom, Buck 69, Saul Williams, Sage Francis et Ramellzee. Je suis « un homme de mots ». J'aime jouer avec les mots et les sons, les significations et les images. C'est comme si je plantais un décor et racontais une histoire dans ce cadre. Ce fut génial de travailler avec Fenriz, car c'est un e grande influence pour moi. Il m'a beaucoup encouragé et la collaboration marche merveilleusement bien. Il a écrit ce chorus, qui vient d'un autre monde. Ce genre de paroles est très dur, c'est comme un arrachage de dent. Beaucoup des paroles furent écrites par le grand auteur et poète Andrew Nicol. C'est une personne très spéciale et très créative. Je le connais depuis des années et j'ai toujours apprécié ses écrits, très étranges, curieux. Il est l'un des meilleurs écrivains de ce monde et le ton de l'album est en grande partie du à lui selon moi. C'est bien qu'il ne fasse pas parti du monde du metal car il a une perspective différente sur le côté obscur de la vie. C'est comme avec un film d'horreur. Les meilleurs ne sont pas forcément les plus évidents ou les plus gores, violents. Cette subtilité, ce sens aigu de l'irréel et du sinistre dans ce monde peut faire peur. J'espère que l'on ressent ça à l'écoute de l'album. C'est comme si l'on conjurait quelque chose, on passait sur une autre fréquence. Depuis Swans et Dead Can Dance, je n'ai jamais entendu cela.

La basse est très présente et audible sur l'album. Que pensez-vous des groupes qui choisissent de masquer cet instrument en le noyant dans le mix ?
Cela convient à la musique. La basse sonne comme elle doit sonner et sert la mélodie et la profondeur des chansons. Ce n'est pas calculé, on n'a pas fait en sorte de promouvoir la basse dans le metal. Je me fous de ce que les groupes font avec la basse. Ils peuvent se la carrer dans le cul !

Entre musiciens norvégiens et anglais, cela pose un problème pour tourner ? Vous avez des projets à ce niveau ?
On ne tourne pas. Ce n'est pas possible si on veut continuer sur notre lancée, à savoir faire de la musique qui a un sens. Et puis, la scène, ce n'est pas dans notre nature. Ce n'est pas hors de question cependant, et, en temps et en heure, on pourra faire quelques concerts, après avoir répété pour un nouvel enregistrement et avoir constaté si c'est possible. Ce sera sûrement une série de concerts exclusifs. Le monde est petit, la distance ne pose pas problème et les billets d'avion sont bon marché !

Aujourd'hui, la scène black semble être divisée en deux clans. D'un côté les défenseurs du true black metal, old school, qui joue une musique violente, malsaine (1349, Orcustus, Horna…), et de l'autre, les pseudos goth /black métalleux, et tous les clones de Dimmu Borgir et Cradle Of Filth. Curieusement, peu de groupes expérimentent, comme Solefald, Arcturus, Enslaved et maintenant code. Que pensez-vous de ces deux genres opposés ?
Je ne crois pas aux catégories et distinctions entre styles et ce genre de considérations. Je pense que les gens doivent être vrais et honnêtes, qu'ils soit commerciaux ou underground. On n'a ni l'impression d'être des défenseurs de la vieille école ou d'être « expérimentateurs ». On fait notre truc, et on tente de le faire correctement, c'est tout. Les gens aiment les distinctions et labels, car ils se sentent rassurés et protégés, mais ce n'est pas le propre de la vraie musique…

Merci d'avoir pris ton temps pour répondre, j'apprécie beaucoup. Un dernier mot…
Merci beaucoup pour l'interview, santé à tous les lecteurs !Intéressez-vous à l'album. Hail and Kvult.
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interview réalisée par DJ In Extremis

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