Berri Txarrak

Groupe de rock/metal espagnol, Berri Txarrak sillonne les routes depuis 1997 et arrive enfin jusqu'à nous par l'intermédiaire de leur nouvel album, Payola, fraichement sorti chez Roadrunner. L'occasion pour nous de rencontrer Gorka (chant/guitare) et Aitor (batterie) dans une interview mi-basque mi-anglaise. On a la classe ou on ne l'a pas chez Spirit !

interview Berri TxarrakPouvez-vous présenter votre groupe, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Gorka : Nous avons commencé le groupe en 1994, à quatre membres – nous sommes désormais un trio. Initialement, le groupe sonnait plus comme du heavy ou du thrash metal ; la musique était plus rapide, alors que désormais, notre son a évolué. Pas qu’il ai changé, mais il s’est orienté vers un feeling plus rock. A côté de cela, nous aimons la pop, le hardcore ou tout aussi bien le punk : de ce fait, c’est une sorte de grand mélange qu’il est plutôt difficile de définir.



Aitor : Nous sommes des gens très ouverts d’esprit et avons beaucoup d’influences différentes. Nous écoutons beaucoup de musique qui ne ressemblent pas du tout à ce que nous jouons. Pour nous, la chose la plus importante est l’attitude ; peu importe ce que tu joues, le tout c’est d’avoir de bonnes chansons et l’attitude qui va avec pour monter sur scène. Certaines de nos chansons qui peuvent être très pop en studio sont finalement très dynamiques en live ; tout dépend de la façon de les jouer. Et, comme disait Steve Albini, nous avons grandi en tant que groupe. Mais nous sommes toujours en colère !



Votre musique a donc évolué, et votre dernier opus en est la preuve. Pouvez-vous nous parler un peu plus de Payola ?
Aitor : Nous avons eu une évolution à chaque album enregistré, comme si nous passions des étapes à chaque fois. Cela dit, le son reste le même : c’est du Berri Txarrak. Et c’est la chose la plus importante pour nous. A côté de ça, nous ne voulons pas nous enliser dans un unique genre musical. Avec Payola, nous voulions expérimenter une autre façon d’enregistrer, tous les trois dans la même salle, sans ordinateur, ou autre. Notre producteur nous a aidés, quelqu’un de très important pour nous. Il nous a permis d’aller vers un son plus sale, plus live.



Gorka : Nous avons pu enregistrer cet album en une semaine, contrairement aux dernière fois qui prenaient le triple du temps. Nous voulions, pour Payola, un son plus urgent, plus direct ; un son travaillé et propre peut marcher pour certains groupes, mais dans notre cas, nous voulions un son qui reflète l’idée d’un trio en train de jouer dans une même salle, sans pause.

Steve Albini n’a pas pris part à la composition, il n’a pratiquement rien changé, mais il nous a aidé à trouver le vrai son de Berri Txarrak, selon ses propres mots.



Aitor : Nous avons enregistré dans un de ses studios, qui sont juste incroyables – il y a un son de dingue qui en ressort. Disons qu’ensuite, il a fait son travail de magicien pour en tiré ce que l’on a sur Payola !

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Payola montre aussi un changement pour Berri Txarrak puisque vous êtes désormais signés chez Roadrunner…
Gorka : Jusqu’alors, nos albums n’étaient distribués qu’en Espagne. Ce qui était un problème pour nous, puisque nous tournions en dehors de nos frontières alors que le public n’avait pas de possibilité d’acheter nos albums avant de nous voir. Au début, nous marchions au « matraquage » ; on revenait sans cesse dans les pays où nous avions déjà joués, mais il n’y avait aucun retour dans la presse ni aucune distribution. Nous étions très contents de notre ancien label, Gor, mais il ne pouvait pas faire plus que ce qu’il faisait déjà… Lorsque Roadrunner nous a proposé de signer le groupe et de distribuer notre album partout en Europe, pour nous, ça a été une vraie opportunité. Nous aurions accepté de continuer ce que nous faisions avant, à savoir jouer et rejouer jusqu’à ce que l’on se souvienne vraiment de nous ; mais, pour le moment, voyons ce qui va changer avec cette signature.

En plus d’un son typiquement Berri Txarrak, l’autre identité du groupe réside dans le choix de la langue, puisque les chansons sont en basque.
Gorka : Nous avons décidé de chanter en basque parce que, d’une part, c’est tout simplement notre langue maternelle. D’autre part, le but de Berri Txarrak n’était pas de conquérir le monde (rires). Beaucoup de personnes pensent que cela peut faire office de barrière face au public qui ne comprend pas ce que l’on chante ; peut-être que c’est le cas, mais l’identité du groupe se retrouve aussi dans cette langue qui représente également beaucoup de choses pour nous. On parlait de Steve Albini tout à l’heure, et justement, celui-ci nous a dit qu’il appréciait que l’on ai gardé notre langue maternelle pour s’exprimer dans Berri Txarrak. Il disait que la profession américaine riait des accents horribles que pouvaient sortir les groupes européens chantant en anglais (rires). Enfin bref, nous sommes fiers de chanter en basque ; si les gens n’aiment pas, eh bien, nous ne les forçons pas à nous écouter ! C’est notre identité et si vous aimez, vous êtes bienvenus parmi le public !



Aitor : Par ailleurs, toutes les traductions sont sur internet maintenant. Et, si les gens ne veulent pas les lire, ils peuvent toujours interpréter ce que bon leur semble ! La musique reste aussi importante, de toute façon.



Vous avez également enregistré un documentaire sous format DVD incluant aussi un live. Un support très complet, donc. Dans quelles circonstances Zertarako Amestu (Why Dream, ndl) a-t-il été filmé ?
Gorka : Ce DVD/Documen
interview Berri Txarraktaire a été filmé pendant que nous tournions pour l’album précédent Jaio.Musika.Hil en 2005. C’était la plus grosse tournée que nous ayons jamais faite et également la première fois que l’on partait sur la route en tant que trio ; de ce fait, c’était une expérience spéciale pour nous, de base. Nous avons été sur trois continents avec presque 200 concerts ce qui a fait de cette tournée une accumulation d’expériences.

Nous n’avions aucun support vidéo à montrer aux fans alors que nous avions toujours été plus focalisés sur le support audio.

Nous avons en premier lieu filmés la tournée avec une caméra à la main mais nous avons demandés à notre réalisateur de monter quelque chose de plus pertinent qu’un simple DVD live.



Aitor : Il est difficile, de nos jours, de trouver de bons documentaires sur la musique rock, je trouve. Et nous ne voulions pas d’un DVD live type où l’on nous verrait sur scène pendant une date. On voulait quelque chose de plus profond et qui ne toucherait pas seulement nos fans, mais aussi n’importe qui s’intéresserait à ce qu’est de tourner et d’être sur la route en permanence. C’était quelque chose de compliqué à filmer, même pour nous. Mais c’était une bonne expérience.



Gorka : Le documentaire montre à la fois les moments amusants de la tournée, mais nous ne cachons pas les mauvais moments, où tout le monde est fatigué et loin de chez soi… Tout est sur le DVD. C’est un documentaire pour tout fan de musique.



Aitor : Les gens ne voient pas les kilomètres ou les heures que tu peux faire en permanence, ils ne voient que des musiciens fêtards. Ce qui n’est pas une réalité.



Gorka : Nous sommes heureux de ce que nous sommes ; nous vivons pour la musique. Mais parfois, c’est dur également.



Pour conclure, pouvez-vous me parler de la scène rock/metal espagnole actuelle ?
Aitor : Il y a beaucoup de bons groupes en Espagne, mais l’industrie de la musique et les médias n’aident vraiment pas la scène rock… La presse ne veut pas voir cette scène espagnole, ne croit pas en elle ! Ils sont toujours focalisés sur tous ces groupes commerciaux, et ne prennent aucun risque.



Gorka : Il n’y a plus de respect de la musique… Tu peux être dans un groupe talentueux, mais tout le monde s’en fichera. C’est une honte, car, dans d’autres pays que l’Espagne, ces groupes seraient remarqués. Mais la façon dont marche, de manière générale, l’industrie musicale, et en plus de cela, en Espagne, ne te donne aucune chance. Ils préfèrent se soucier de groupes bien pop qui marcheront six mois, avant de passer à un autre groupe simpliste, etc.


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interview réalisée par Elisa

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