Belenos

 

Loic Cellier, chanteur et leader du groupe Belenos a accepté de répondre aux questions de France, Black, Death, Grind (Facebook ICI ou LA).

Remerciements à Cyrille et Yann-Pascal

 

1 - Salut Loic, comment s'est passé l'année 2020 pour le groupe ? (YPM)

Salut ! Eh bien elle a débuté avec un très bon festival black à Rennes en février où il y avait eu dans les 400 personnes, nous devions jouer à Toulouse et 2 semaines avant, le couperet du confinement est tombé. Cet été nous avions négocié des dates importantes au Canada et en France qui sont alors tombées à l'eau. Donc une seule date en 2020 qui a sauvé l'honneur, on attend la suite avec inquiétude…

 

 

2 - Est-ce que ces moments de confinement vous ont permis d'écrire de nouvelles choses ? (YPM)

Confinement ou pas, suite à Argoat sorti en septembre 2019, la période était opportune pour commencer un ressourcement mêlant repos, recul et quelques improvisations furtives qui peuvent constituer les bases de nouveaux morceaux.

 

 

3 - Comment a été accueilli votre dernier album, Argoat, par la presse et les fans ? (YPM)

Honnêtement le rôle de la presse aujourd'hui est minime je trouve, nul besoin d'aller chercher des chroniques pour choisir d'acheter des albums, on les écoute directement sans obligation d'achat. Si on avait su il y a 20 ans comment allaient tourner les choses, on se serait sûrement donner plusieurs baffes pour écarter toute tendance onirique ou état d'ébriété, mais ainsi ont évolué la technologie, la société et les mœurs... Voici un bon exemple : "Metallian": la notoriété de Belenos a pris un gros coup de pied aux fesses le jour où on a eu une toute petite interview et une chronique correcte car l'essentiel des fans se tenait informé via ce magazine entre autres, ça c'était début 2000. A la sortie de Kornog en 2016, l'album a eu les très rares 6 bombes sur 6 dans ce magazine mais qui n'ont pas cassé des briques en terme de retombées et 3 ans plus tard, Argoat n'a même pas été chroniqué car tout le monde sait (enfin c'est mon avis) que ça n'apporte plus rien, les gens s'informent autrement sur internet où tout est accessible légalement le plus souvent (exemple Youtube où ce sont les labels qui mettent via des chaînes détenues par d'autres à disposition les albums entiers en mp3 ... 15 ans en arrière, les mêmes labels se seraient sévèrement battus pour en interdire leur diffusion...c'est fou comment le monde s'est inversé quand on y songe).

Concrètement, Argoat a ravi les fans du groupe, certains disant que c'est sans doute le meilleur (ça reste un avis subjectif), d'autres plus rares l'ont trouvé trop brutal, quoiqu'il en soit les ventes ont été beaucoup moins marquées que les albums précédents, et cela m'étonne même que des CDs puissent encore se vendre en 2020 !

J'ai quand même lu quelques chroniques web issues du travail de promotion de notre label basé en Allemagne, très bonnes dans l'ensemble mais pas non plus fabuleuses, on sent bien que notre style ne s'inscrit pas dans les modes du moment (et tant mieux!). Personnellement après avoir livré cette analyse, tout ça je m'en fous royalement à partir du moment où je suis satisfait du travail qui a été fait pendant de nombreux mois (écrire, studio), faire de la musique c'est juste ça: être satisfait de ce que l'on joue.

 

 

4 - A ma connaissance, vous n'avez jamais fait de split. Pourquoi ? Cela peut-il arriver un jour ? Et avec qui cela vous plairait-il de le faire ? (CB)

Exact, on a eu des propositions que j'avais soumises à l'accord de notre label mais qui a refusé, prétextant qu'il est stupide de perdre des morceaux dans un split qui profitera avant tout au deuxième groupe beaucoup moins connu, on peut le voir comme ça effectivement. Sinon personnellement l'idée de split aujourd'hui ne m'intéresse pas, ça aurait eu sans doute un peu plus de sens dans les années 90.

 

5 - Votre prochain opus sortira-t-il chez Northern Silence Productions ? (YPM)

S'il y en a un et s'ils veulent encore de nous alors oui très certainement !

 

 

6 - Les titres des derniers albums voire des chansons ne sont plus en français, cela est-il voulu ? Ou simplement cela est-il dû à une évolution naturelle ou tout simplement un rattachement et une appartenance à la Bretagne ?(YPM)

Oui, c'est voulu et c'était prévisible, déjà en 2002 sur Spicilège il y avait certains noms de titres en breton et des textes qui évoquaient des légendes de cette région, à l'époque je n'y vivais pas encore. C'est en 2010 où j'ai franchi le pas avec Yen Sonn Gardis présentant uniquement des titres en breton et sous titrés en anglais, Kornog et Argoat ont aussi été écrits en breton (langue qui n'a absolument aucun point commun avec le français) et il est probable que le suivant le sera aussi. Le français au bout d'un moment me paraissait trop banal alors que dans les années 90, rarissimes étaient les groupes qui s'aventuraient hors de la langue anglaise. Le choix du breton c'est un mélange entre défi et originalité, cela tourne aussi définitivement le dos à toute évolution dite "logique" ou plutôt devrait-on dire commerciale de groupes qui arrondissent les angles, les tempos avec l'utilisation obligatoire de l'anglais. Sans citer de noms, je pense à toute cette clique de vikings en plastique...

 

7 - J'ai lu à travers plusieurs interviews, toujours cette question sur le réenregistrement d' Errances Oniriques où tu n'étais pas satisfait (Loic) de la première version, seulement les fans de la première heure ne voient que par ce premier  enregistrement, qu'en penses-tu ? (YPM)

Je comprends le point de vue des fans de la première heure, ils ont été marqués par cet album sous la forme qu'il avait à l'époque, très bien, seulement de mon point de vue c'est différent, beaucoup de choses, trop à mon goût déconnaient, la liste est longue, ça va de la pochette et du livret pas franchement beaux même si pour l'époque ça passait, beaucoup d'erreurs, des fautes, pire, l'ordre des titres qui a été complètement chamboulé par le label de l'époque et ce sans m'en parler (je trouve que c'est grave !) et quant à la musique il y avait de la hargne oui, mais enregistrée sans métronome, avec des moyens plus que rock'n'roll et un son assez synthétique même si audible, en 2009 j'avais un créneau de libre et après moult hésitations où pesant le pour et le contre, je me suis dit allez, refaisons-le très différemment et à la fois comme il  aurait dû être...

 

 

8 - Est-ce que la musique de Belenos est appréciée à l'étranger ? Vendez-vous beaucoup d'albums là-bas ? (YPM)

Alors oui mais c'est très restreint ! Pour faire simple, un groupe français passera bien après tout le monde pour un auditeur non francophone, c'est le constat clair et net que je fais après 25 années d'observation. La concurrence est rude et dans l'esprit des gens le made in france n'est pas spécialement gage de qualité, loin de là. En Allemagne par exemple les groupes français sont à la limite du boycott, j'ai très nettement vu ce que cela donnait... à l'inverse, au Quebéc, les groupes français sont considérés comme autant intéressants/prioritaires que des groupes scandinaves. Et pour tous les autres pays, je dirais que c'est un peu l'indifférence face à cette scène mondiale grouillante de groupes, ce magma sonore dans lequel les gens se perdent ne sachant plus où donner de l'oreille. Malgré un label Allemand bien implanté, j'ai eu bon espoir que cela allait nous ouvrir des portes là bas...que nenni ! Notre label qui croit en nous me l'a bien dit, il a dit que l'essentiel  des ventes de son côté se fait avec la France, et que des tonnes de bonnes chroniques en Allemagne n'y changeront rien car ils n'ont que faire des groupes français, ils soutiennent les leurs et préfèrent se focaliser sur les groupes qui "marchent" c'est à dire les groupes scandinaves ou anglo saxons à qui l'on ouvre volontiers toutes les portes (et toutes les cuisses pour certains ah ah ah). Alors je sais que certains groupes français arrivent à pas trop mal marcher à l'étranger mais ça reste quand même marginal, pour Belenos on pourrait dire sans se tromper que 90% des ventes se font en France, 5% dans les pays francophones et 5% dans le reste du monde.


9 - Par votre longévité, vous faites figure d'exemple pour beaucoup de formations françaises. Quel regard portez-vous sur la scène Black actuelle ? Elle vous emballe ? Est-elle prometteuse ? (CB)

Franchement je trouve qu'il y a de très bons artistes avec un niveau musical supérieur à ce qu'on trouvait il y a 20 ans, après la scène black a beaucoup évolué, il y a pas mal de nouvelles sous catégories. Personnellement je n'écoute pratiquement rien en metal donc mon avis est très limité. Je vois ça plus à travers ce qu'écoutent mes autres musiciens mais il y a sûrement du prometteur.

 

 

10 -  Où trouvez-vous encore l'inspiration pour écrire de bons albums, car sans etre vulgaire ni faire du favoritisme, Belenos n'a jamais fait de la merde ? (YPM)

"On fait de la merde quand on essaie de copier un style à la mode", je ne sais plus qui disait ça, un mec d'un groupe de black norvégien je crois. L'inspiration oui c'est le carburant du groupe qui se renouvelle petit à petit après chaque album, je pensais avoir fait le tour du sujet au bout de 24 années de service avec Argoat et ainsi en rester là, mais je constate un an plus tard que j'aurais de quoi faire un autre album avec un thème inédit et un style de black un peu différent, à voir....

 

11 - Mon camarade Yann-P ne me parle que de vous depuis qu'il vous a approché pour une interview. Il faut dire qu'il vous suit depuis le début. Avez-vous d'autres groupes à lui conseiller ? Qu'écoutez-vous en ce moment ? (CB)

Je suis un très mauvais conseiller en la matière !! je suis resté sur la poignée d'albums phares qui m'ont marqué à jamais avec en tête de liste les 2 premiers albums d'Emperor (s'il ne devait subsister qu'un groupe). Les rares groupes metal que j'écoute sont très différents de ce que je fais dans Belenos, exemple Belphegor ou encore Gojira sinon j'écoute très très  peu de musique au quotidien, un peu de musique classique et ambiant/indus, j'ai tellement écouté de black étant jeune adulte que j'ai eu ma dose pour l'éternité ah ah.

 

12 - Il y avait dans votre formation, le batteur de Gronibard, Gilles. Avez-vous encore des contacts avec lui ? Avez-vous un lien particulier avec ce groupe ? (CB)

Oui, il a été avec nous entre 2002 et 2004, c'est un batteur hyper bon, nous étions proches car vivant dans la même région mais depuis que je suis en bretagne (2004) je ne suis plus en contact.

 

 

13 - Comment et à quel(s) âge(s) avez-vous découvert le Black Metal ? Comment l'avez-vous vécu ? Fanatiques  directement ou preniez-vous du recul par rapport à ce qui y est associé ? (CB)

En ce qui me concerne, c'est un pote du lycée plus âgé que moi qui connaissait un mec en fac qui faisait un fanzine et recevait des tas de trucs (flyers, cassettes) et était parfaitement au courant de la scène underground totalement coupée du monde réel, elle fonctionnait en circuit fermé et il fallait vraiment connaître quelqu'un du milieu pour découvrir son existence et tout ce qu'elle cachait. A l'époque au début des années 90, j'avais acheté un Metal Hammer où était chroniqué et  interviewé Darkthone à leurs début (2e album). Sinon du black metal on en entendait parler parfois mais il s'agissait de Black Sabbath par ci ou Venom par là donc franchement pas grand chose à voir avec le vrai Black Metal. Et donc ce type au lycée m'avait prêté des cassettes audio avec des compilations d'obscurs groupes inconnus tous venus du grand nord, c'était au début de 1994 (j'avais 17 ans) avec l'émergence soudaine de la scène norvégienne donc avec les débuts d'Enslaved, Emperor, Satyricon, Burzum, Marduk, Immortal etc...Tout n'a pas retenu mon attention mais ce fut un  électrochoc de découvrir une musique tellement différente de ce à quoi on était habitué : du death (genre Cannibal Corpse) ou du thrash (Slayer) ! ça parlait plus aux trips et à l'esprit sous une forme bien différente, très sombre et une manière de jouer très surprenante. Très vite j'ai compris que ça me parlait et que j'avais mon mot à dire là-dedans, un an et demi plus tard Belenos débutait…

 

 

interview réalisée par France Black Death Grind

3 Commentaires

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DRIXMAN - 24 Janvier 2021:

Interview intéressante pour mieux découvrir Loic Cellier. Triste à voir que Belenos ne perce pas à l'étranger notamment en Allemagne malgré un label allemand. Nous les français sommes beaucoup plus ouverts. Je ne vois pas pourquoi la nationalité serait le premier critère pour écouter un groupe.

morgothduverdon - 27 Janvier 2021:

Super interview, merci !

Effectivement le dernier album est un de mes préférés, et Belenos n'a pour l'instant pas sorti de mauvais album.

JisSey - 05 Fevrier 2021:

merci

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