Asylum Pyre

Rencontre très sympathique avec Heidi et Johann d'Asylum Pyre, le 2 octobre dernier au bar le Dr. Feelgood. On parle de leur nouvel album, des concerts à venir, et de Hayao Miyazaki.

interview Asylum Pyre1. Asylum Pyre, pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, c'est quoi ?
Johann : C'est un groupe de metal mélodique moderne, même si ça veut pas forcément dire grand chose que ce soit moderne, c'est libre à interprétation. Donc c'est un groupe aux influences très très variables, qui sort son troisième album en ce moment.

2. Pouvez-vous présenter ce nouvel album, Spirited Away ?
Johann : Par rapport aux deux précédents c'est là où le terme ''moderne'' m'est venu en tête, nous avons voulu faire quelque chose avec un son plus actuel, quelques guitares plus puissantes, plus tranchantes, quelques boucles électro par-ci par-là, quelques effets sur les voix qui font quelque chose qui sonne un peu différemment. C'est une constante évolution par rapport aux albums d'avant, avec toujours cette marque, qui est un peu notre marque de fabrique, d'avoir plein de styles différents, avec des chants différents, et des textes qui ont une vraie importance et qui ne sont pas accessoires. Puis l'envie d'avoir toujours de la mélodie très présente.

3. En écoutant l'album on remarque que les influences sont encore plus diverses et plus variées, c'est quelque chose d'important pour vous ?
Heidi : Encore plus diverses et variées par rapport aux autres albums ? C'est pas forcément quelque chose dont on a conscience, donc c'est intéressant à savoir.

- Oui c'est ça, je le trouve plus personnel.
Heidi : Ça c'est très bien alors (rires) ! Y'a une part de ''On fait pas exprès parce qu'on est comme ça'', et y'a une part plus '' d'assumé'' que de ''voulu''. C'est à dire que quand on s'aperçoit que c'est comme ça on ne se dit pas que c'est pas bien, au contraire on en est très contents !



Johann : On se dit des fois ''avec ça on va se faire taper dessus'' (rires).



Heidi : C'est vrai qu'il y a une partie des gens qui sont moins réceptifs, car ils pensent qu'un album doit être beaucoup plus unicolore, monolithique … Bien sûr c'est une question de goûts.



Johann : On peut aussi parler de cohérence, savoir si c'est cohérent ou pas.

4. On entend des influences dance, electro, cold wave par moment, ou un peu plus extrêmes, d'où viennent toutes ces idées ?
Heidi : De nos cerveaux torturés ! (rires)

- C'est vos écoutes personnelles ?
Heidi : Oui, d'ailleurs vu que c'est Johan qui vient avec la base de la compo, c'est plutôt ses écoutes.



Johann : Je sais pas trop, ça vient comme ça. J'ai envie de jouer sur les ambiances. Y'a une base, une mélodie, et très rapidement il y a un thème qui vient et ça va donner envie d'exprimer des émotions différentes, et d'explorer aussi des univers différents. Je suis en perpétuelle collecte d'idée.



Heidi : Oui il est impressionnant ! Tu as combien de morceaux d'avance déjà ? (rires)



Johann : Trop ! Selon le moment, selon le jour on a des envies complètements différentes. Selon le moment de la journée tu peux avoir envie d'un truc calme, et juste après tu passes sur quelque chose de complètement différent. On y peut rien, c'est comme ça. Et puis ça nous plaît, c'est assez amusant à faire. Mais c'est pas facile, parce qu'en studio il faut être capable de passer par plein d'états d'esprit différents, dans les différentes ambiances, notamment vocalement. Mais voilà c'est plaisant ; on fait pas des morceaux comme on va à l'usine !

5. Sur vos pochettes il y a toujours une figue féminine, c'est un signe de continuité ?
Heidi : Oui on peut dire ça. On a voulu avoir une pochette sensiblement différente des deux précédentes qui étaient très liées, avec le même décor et le même illustrateur. Mais effectivement c'est un changement avec comme point de continuité cette figure féminine, qu'on a un peu établie comme point de repère. Elle peut représenter l'entité d'Asylum Pyre aujourd'hui, dans un univers bien différent, puisque les thématiques sont vraiment différentes.



Johann : C'est notre Eddie à nous. Faudrait lui trouver un nom.



Heidi : Je sais pas comment on va l'appeler … Georgette ? (rires)

6. Et dans les thèmes c'est le seul point commun avec les albums précédents ?
Johann : Pas en tout cas au niveau des paroles.



Heidi : Sur le premier album il y avait une forte thématique environnementale et écologique qui était forte, c'était aussi le cas sur le suivant. On aurait eu du mal à ne pas se redire si on avait continué sur celui-là. On avait envie d'exprimer autre chose, des idées ont commencé à émerger, avec le côté ''esprit'', ''mental'', ''tourments'' qui s'est imposé, et la thématique de l'album s'est construite autour.

7. Et plus précisément quels sont les sujets évoqués ?
Johann : On parle beaucoup des tourments de l'esprit, de maladies, des syndromes, dont celui de l'autisme, de la schizophrénie, les syndromes post-traumatique, la fin de vie …



Heidi : On parle aussi de choses plus positives, comme le petit clin d’œil à Hayao Miyazaki.



Johann : Oui, quelques touches de lumière bien sûr. Il y a aussi deux titres qui parlent de l'héritage, psychologique et intellectuel, ce qu'on reçoit de nos parents au sens large.

interview Asylum Pyre- Ce sont des thèmes pas très courants dans le metal et la musique en général, notamment l'autisme …
Heidi : Je ne sais même pas si des gens avaient déjà écrit là-dessus …



Johann : L'idée est venue en regardant à la télévision une émission sur Josef Schovanec, qui est un autiste Asperger. Ce sont des autistes qui ont des capacités intellectuelles hors du commun, et j'étais fasciné par ces personnes-là. Il s'est avéré que parmi des personnes de mon réseau il y avait aussi des personnes autistes, et du coup j'ai un peu parlé avec eux, c'est venu comme ça. On s'est un peu renseigné, parce qu'on voulait pas dire n'importe quoi ; rien que le terme maladie n'est pas approprié, on a appris qu'il fallait parler de syndrome. On a fait valider le texte par ces personnes-là avant de le chanter.

8. À propos de Miyazaki, comme vous influence-t-il ?
Heidi : C'est une histoire qui remonte un petit peu loin, parce qu'on était en train de terminer l'album précédent, et on discutait avec Johann de Miyazaki. On s'est regardé et comme une évidence on s'est dit que Spirited Away ça ferait un super titre d'album. On a donc eu le titre d'album au départ, avant même de l'écrire. Ça a très bien collé, puis tout ce qui a découlé par la suite, dont ce morceau hommage ''In Hayao's Arms''. On est tous les deux fans, on adore le côté rêve et poétique.

9. Y a-t-il d'autres références ailleurs dans l'album ?
Johann : Non, pas sur d'autres morceaux



Heidi : Ce qui est rigolo, c'est que dans les commentaires j'ai vu des gens qui en avaient trouvé dans le clip de Only Your Soul, ce qu'on a pas voulu faire (rires).

10. Pour le clip de Only Your Soul vous avez bénéficié de l'aide d'un financement participatif, comment ça s'est passé ?
Heidi : Bien ! On a préparé notre projet, on voulait faire quelque chose de bien et de sérieux, et on sait que ce n'est pas gratuit. Ça n'aurait pas été évident de faire ça tout seul par nous-même. Le financement participatif c'est quelque chose qui se fait de plus en plus, on a vu plein de gros projets très sérieux de cette manière là, on s'est dit que ça pourrait être intelligent. Une fois le projet monté on a fait appel à notre public, qui a été hyper réceptif parce que ça s'est très très bien passé, on a récolté largement la somme, et même un peu plus. C'est ce qui nous a permis de ne pas nous mettre de barrières et faire vraiment ce dont on avait envie.

11. Vous pensez y avoir à nouveau recours plus tard, pour un autre album par exemple ?
Johann : On verra selon le moment voulu, ce dont on a besoin.



Heidi : On va pas le faire tous les trois mois sinon ce serait abusé (rires).



Johann : Si ça peut nous aider à faire des projets que l'on ne pourrait pas faire sans, on étudiera cette possibilité.

12. Et que veut exprimer le clip Only Our Soul ?
Heidi : Il parle de l'enfance perdue, des rêves et des illusions brisés qu'on perd quand on grandit, quand on passe à l'âge adulte. On a voulu retranscrire ça visuellement, en faisant une rencontre entre l'adulte et l'enfant. Le pitch c'est une personne, moi en l'occurrence, qui revient sur les lieux de son enfance, dans un grenier, et qui retrouve ses vieux dessins qui lui évoquent plein de choses. On va avoir un face à face entre les adultes et les enfants, pour évoquer cette dualité et ce dialogue qu'on essaye de renouer entre l'enfant qu'on est plus, et l'adulte qu'on est devenu.

13. C'est vos enfants qu'on voit dans le clip ?
Heidi : C'est des enfants de notre entourage, on les a volé à leurs parents (rires).

14. Vous avez aussi sorti récemment un clip acoustique issu d'un morceau du premier album, pourquoi maintenant ?
Heidi : C'est un morceau qui a toujours eu une grande importance dans la discographie d'Asylum Pyre, c'était le morceau phare du premier album. Il n'a jamais été mis aux oubliettes, d'ailleurs on l'a joué lors de la tournée précédente. C'est un morceau qu'on avait envie de refaire, et de ré-arranger en acoustique, parce qu'on pensait que ça allait donner quelque chose de sympa. On avait ça en tête depuis super longtemps, on avait déjà fait des essais quelques années auparavant, puis on était passé à autre chose. Et là on a décidé de le finaliser, et de faire un petit clip pour marquer le coup. Ça permettait aussi de l'offrir à nos fans en revenant sur le devant de la scène, vu qu'on avait un peu disparu en préparant l'album. On exclue pas non plus de faire un peu plus de choses en acoustique à l'avenir.

15. En concert ou en album ?
Heidi : Pourquoi pas, c'est une idée qu'on a, on va voir si on peut le faire, comment et quand. Effectivement, ça pourrait ouvrir la voix à d'autres choses.



Johann : Il y a aussi dans ce clip un petit clin d’œil, avec les dessins, au monde du dessin animé et à Miyazaki, c'est un petit fil conducteur. C'est un ami qui les a fait.

16. Sur le titre Soulburst on entend du growl, c'est pas très courant dans vos morceaux …
Heidi : Il y en avait déjà un petit peu sur l'album d'avant, notamment sur la fin de Any Hypothesis.



Johann : Et sur le premier album à la fin de Coral's Riff.

17. C'est
interview Asylum Pyre toi Johann qui les fait ?
Johann : Sur le premier oui, sur celui d'avant c'était Heidi, et sur celui-là c'est nous deux.



Heidi : Sur Soulburst au moment où il y a les gros growls oui on est à deux, pour avoir plus de puissance, et donner plus de couleur. On a pas du tout les mêmes types de chant saturé, donc c'est plus intéressant de le faire à deux.

18. Est-ce que Johann tu aimerais plus chanter à l'avenir ?
Heidi : Il chante déjà pas mal ! (rires)



Johann : Oui et non, pas forcément dans la durée. Dans le cadre d'Asylum Pyre peut-être un peu, mais il y aura toujours une dominante de chant féminin. C'est un rôle un peu particulier, parce que dans beaucoup de groupes c'est un duo quasiment tout le temps, soit c'est toujours derrière en backing. Là on est un peu entre les deux, et c'est pas exclu qu'il y ait des morceaux où je chante plus. Déjà je chante seul sur Fly.



Heidi : C'est surtout en fonction des morceaux, cette fois ça s'est imposé soi-même. On a travaillé le morceau et on a pensé que c'était plus pertinent que ce soit Johann qui chante.

19. Comme vous avez du chant féminin on vous classe souvent dans les groupes de metal à chanteuse, c'est une étiquette qui vous gêne ?
Heidi : C'est une étiquette qui me saoule ! (rires)



Johann : C'est un long débat …



Heidi : C'est pas faux en soi, mais dans la mesure où on ne dit pas ''metal à chanteur'' c'est un peu vain. Là où ça me gêne c'est quand ça devient réducteur, et que c'est associé à un certain type de scène hyper réduit qui ne correspond pas à ce qu'on fait.



Johann : On ne peut pas renier qu'on est un groupe avec une chanteuse (rires). Surtout en France il y a un côté péjoratif, qui est dommage. C'est pas grave, mais il ne faut pas que ça devienne réducteur.



Heidi : Il y a une chanteuse, en effet, mais qu'est-ce que ça veut dire que ce soit du metal à chanteuse, rien.



Johann : Il y a plein de groupes avec des chanteuses, mais ça n'a rien à voir. Arch Enemy, The Gathering, Nightwish, c'est vraiment différent. On va jouer avec Elyose qui fait des choses différentes, avec Stream of Passion qui n'est pas non plus la même chose.



Heidi : Le fait qu'il y ait une nana dans le groupe ne va pas conditionner le genre de la musique. On va avoir des choses très différentes avec des chanteuses qui sont très différentes.



Johann : Tu ne t'attendais pas à une réponse aussi longue (rires) !



Ce qui est amusant, c'est que sur le premier album au début ce n'était pas prévu qu'il y ait une chanteuse. Toutes les mélodies ont été composée pour un chant masculin. Parfois c'est encore le cas aujourd'hui, où comme c'est moi qui apporte la base, je ne pense pas tout le temps à comment Heidi va le chanter, ce qui peut poser problème ! Donc tout n'est pas forcément pensé pour être chanté par une femme. C'est parfois le cas, c'est notre identité, ça donne une variété de chant, mais on ne se dit pas que c'est des mélodies pour une chanteuse.

20. J'ai appris Heidi que tu donnais des cours de chant à côté d'Asylum Pyre, donc c'est ton ''vrai métier'' ?
Heidi : Oui oui, c'est mon vrai métier (rires). J'ai la chance de travailler tout le temps dans la musique. C'est pas tous les jours facile, mais je le fais !

21. En décembre, vous allez jouer avec Stream of Passion, Elyose et Evolvent, comment ça s'est fait ?
Johann : C'est l'organisation de la tournée qui nous a contacté, tout simplement.



Heidi : C'est organisé par SLH, Sounds Like Hell, basé sur Lyon. On est en contact avec eux, et ça s'est fait comme ça.

22. Ça fait quelques temps que vous avez pas fait de scène, comment vous envisagez ça ? Ça vous manque ?
Heidi : On a hâte ! Et oui bien sûr, ça nous manque. On a essayé sur ce nouvel album d'avoir plus de morceaux faits pour la scène, moins complexes, plus directs, on a vraiment envie de les tester sur scène.

23. J'avais une question à propos du line-up … j'ai l'impression que Hervé et Olivier ne sont plus dans le groupe …
Heidi : Oui (rires) !



Johann : C'est la vie des groupes … à partir du moment où la vie des gens autour du groupe évolue, l'histoire a fait qu'ils ne sont plus dans le groupe. Ça reste des amis, des gens qu'on apprécie beaucoup. Hervé avait quitté avant d'enregistrer, et Oliv s'était blessé au bras au moment d'enregistrer la basse donc c'était pas terrible. On est en train de voir qui les remplacera sur scène, ce sera une surprise.

24. Il n'y a pour l'instant que trois dates d'annoncées, est-ce que vous allez en faire d'autres par la suite ?
Heidi : On espère bien ! On est en train d'y travailler, rien d'officiel pour l'instant, mais on travaille dessus. En France et hors de France ce serait bien !



Johann : Il y a quelques endroits en France où on a pas été depuis quelques temps, la Normandie, la Bretagne, et puis le Sud Ouest, on va essayer d'y aller et pourquoi pas quelques dates à l'étranger.

25. Je vous laisse le mot de la fin …
Heidi : On espère voir tous les gens qui ont apprécié l'album en direct live pendant les dates de décembre, on a hâte de rencontrer tout le monde !
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interview réalisée par LeLoupArctique

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