Anorexia Nervosa

interview Anorexia Nervosa
Interview réalisée le 04 novembre 2004
La laiterie (STRABOURG)
par Black_Requiem.

B_R : Pour rentrer dans le vif du sujet, nous allons parler de ce qui s’est passé entre New Obscurantis Order et Redemption Process. Alors j’ai vu que sur votre date à Belfort vous avez été accusé de pédophilie, j’y étais et c’est vrai que cela m’a beaucoup surpris :

RMSH : En fait nous on l’a appris un peu plus tard, on savait qu’il y avait des problèmes avec l’affiche et de toute façon c’est pas le seul endroit où l’on a eu des problèmes. Aux Etats-Unis on a été obligé de mettre un bandeau sur la pochette de l’album et d’ailleurs je crois que c’est un musicien local qui n’a pas été relayé …

 

B_R : Oui, c’est un jazzman qui n’a pas réussi à avoir sa date et il s’est alors il a fallu qu’il se rabatte sur quelqu’un.

RMSH : On a d’ailleurs vu une photo de lui sur Internet et on a déchiré la photo ! [Fou rire général] Mais on ne pensait pas qu’il y aurait tellement de problèmes avec l’affiche quand on l’a choisie d’autant plus que on l’a dit et répété que l’on est fan de l’œuvre de Saudek, le photographe, et c’est quelqu’un d’énormément respecté en plus dans le domaine de la photo. Ce qui est très décevant est que lorsqu’il a débuté il a été persécuté en Yougoslavie (son pays d’origine) qui était alors sous régime communiste et c’est la France qui lui a donné ses premières expos à Paris et qui l’a reconnu en premier réellement en tant qu’artiste et qui l’a fait monté. Et je trouve amusant qu’il y ait une nouvelle cabale qui se crée en France en France, cela me paraît assez hallucinant, c’est un manque de culture. Après pour en revenir à la question, c’est vrai qu’il y a pas mal de temps écoulé entre les deux albums parce que tout d’abord il y a eu pas mal de changements, le changement de label a pris pas mal de temps et il y a eu une phase où l’on avait besoin de changement à tous les niveaux, que ce soit au niveau du label, de la démarche, de là où l’on voulait aller musicalement. Il y a eu une grosse période de remise en question où l’on cherchait un peu, on avait l’impression d’être arrivé à la fin de quelque chose avec New Obscurantis Order. On a d’ailleurs commencé à bosser sur des morceaux au début que l’on a pas gardé car ils étaient sur la lignée de N.O.O. On avait vraiment envie de se renouveler donc cela a pris beaucoup plus de temps que d’habitude car on avait besoin de se réinventer. On a tourné aussi pas mal après N.O.O et on n’est pas le genre de groupe à composer des trucs alors qu’on est en concert, on sépare chaque chose.

 

B_R : C’est vrai car en écoutant N.O.O et Redemption Process, j’ai vraiment l’impression que ANOREXIA NERVOSA a achevé un cycle de haine assez marquée, de violence musicale plutôt provocante et est revenu à quelque chose de plus profond, de plus caché mais en gardant toujours la même flamme.

RMSH : Pour moi c’est exactement cela la différence. Quand je te disais que l’on était arrivé à la fin de quelque chose c’est cela. On a maintenant un côté beaucoup plus détaché, serein. La manière d’aborder cela est, je ne dirais pas mâture car je n’aime pas beaucoup ce mot, mais on a un peu plus de recul. Du moins, on a moins le besoin de cracher notre haine [Rires] et c’est vrai qu’il est un peu plus réfléchi, on met moins les pieds dans le plat comme on pouvait le faire auparavant. Evidemment, cela se ressent dans la musique, il y a des influences que l’on avait déjà mais que l’on ne laissait pas transparaître dans la musique, des influences vieux Death suédois par exemple, et en fait on s’est vraiment lâché.

 

B_R : C’est donc un album sincère que vous aviez envie de faire …

RMSH : Oui, voilà. Et c’est pareil au niveau de la prod. On en a un peu marre de toutes les prods trafiquées de partout. C’est très à la mode, surtout dans le style en plus … je ne vise pas spécialement Dimmu Borgir ! [Eclat de rire général] Mais l’envie c’était de revenir à quelque chose de plus organique, de plus vivant et c’est pour cela que l’on a essayé de travailler dans ce sens là au niveau de la prod pour qu’il n’y ait pas de triche : rien du tout, pas de recalage, pas de trigg. Tout en gardant un aspect moderne, on voulait que cela vive. La basse-batterie a été enregistrée live, c’est vrai que c’est un énorme boulot car on n’avait pas l’habitude de bosser comme cela, parce que pour enregistrer live il faut super bien maîtriser les morceaux avant d’enter en studio, ce qui n’était pas forcément le cas avant. Pas mal de groupes fonctionnent comme ça, c’est à dire que tu composes tes morceaux, tu enregistres l’album et après tu apprends à les jouer avant de partir en tournée. En l’occurrence, il fallait non seulement que l’on sache bien les jouer mais surtout arriver à les faire sonner, c’est ça le plus dur puisque moi je pares du principe qu’au niveau du son le groupe doit sonner tout seul, sans artifices. Ce qu’on reproche un peu aux prods modernes c’est de camoufler un peu les défauts et de les rattraper avec cette prod de post-production. Un mec que l’on admire c’est Collin Richardson, lui sa méthode c’est zéro effets, rien. Le groupe joue et puis voilà. C’est énormément de boulot parce qu’il faut arriver tout seul à faire sonner les morceaux en répétition, avoir le bon son, les bons instruments, le bons amplis. Et en fait on est revenu à des choses assez simples.

 

B_R : Et une fois de plus le Drudenhaus Studio (ndtr : le studio d’enregistrement du groupe, situé à une cinquantaine de kilomètres de Nantes) montre [le portable de Rose Hreidmarr se met à sonner, interrompant la question, Rose l’éteint et l’interview peut continuer] de belles facettes qu’il avait déjà révélé par le passé et cette fois-ci le son y est encore plus impressionnant !

RMSH : De toute façon, le son est en perpétuelle évolution. On essaye de toujours de s’améliorer, et c’est vrai que notre claviériste qui produit essentiellement tout, même si Stefan Bayle y participe aussi. Lui en tant que producteur a vraiment progressé en produisant pas mal de groupes …

 

B_R : Latrodectüs en particulier …

RMSH : Oui et aussi des groupes de la région …

 

B_R : GTI (Grotesque Through Incoherence) …

RMSH : Oui et je pense que cela lui a permis d’aborder pas mal de différentes choses, de différentes méthodes et d’avoir même des idées pour ANOREXIA NERVOSA. En plus au niveau matériel on a investi beaucoup au niveau du peu d’argent que l’on peut gagner avec ANOREXIA NERVOSA, en général on essaye de réinvestir dans du matos, des machines pour garder le niveau, tester de nouvelles choses.

 

B_R : Mais l’éloignement ne doit pas être facile, je sais que Nilcas est sur Nantes et toi tu es sur Limoges

RMSH : Oui, en fait on est deux sur Nantes et trois sur Limoges. Neb et Nilcas sont sur Nantes et Pier, Stefan et moi on est sur Limoges.

 

B_R : Et pour le processus d’écriture des morceaux, comment cela se passe-t-il ?

RMSH : Pour cet album là, le processus a aussi changé. Stefan a son home-studio à Limoges et il fait lui même ses maquettes. En général ses maquettes sont très complètes, il met de la programmation, des guitares, des bases de synthé et après je vais enregistrer le chant avec lui, enfin on travaille le chant et après on le fait écouter aux autres, s’il y a des choses à rajouter ou à dire on modifie, on essaye de trouver déjà un bon équilibre en maquette et après on essaye de faire des vraies pré prods en conditions réelles, en studio &agra

interview Anorexia Nervosave; Nantes. Jusqu’à présent cela se passait comme ça mais avec ce nouvel album, tout le monde a plus participé à la base, tout le monde s’est vraiment plus investi au premier niveau. Pier a apporté des riffs, c’était plus collectif.

 

B_R : Cela s’entend, la musique est plus complète et j’ai vraiment l’impression d’entendre une œuvre symphonique digne de Wagner ou d’un autre grand compositeur …

RMSH : Eh bien merci beaucoup.

 

B_R : Mais c’est vrai que j’ai été bluffé par les parties orchestrales, Neb a énormément travaillé.

RMSH : De toute façon on a mis l’accent dessus. On voulait pas mal travailler dans ce sens là, on l’avait déjà amorcer dans N.O.O principalement au niveau des cuivres, surtout que ce n’est pas très habituel dans ce style. Par rapport au style de la musique, cela colle bien car l’album a quelque chose de plus victorieux, de plus exalté, et le cuivres collaient très bien avec l’ambiance.

 

B_R : Et vu que tout le monde s’est investi beaucoup dans l’écriture, est ce que Redemption Procces a quelque chose d’un album concept ?

RMSH : Non pas dans le sens concept vu que tu n’es pas obligé d’écouter tous les titres à la suite. On a jamais fait vraiment d’album concept à part le premier album, Exile. Mais N.O.O avait un côté un peu plus bloc, un espèce de truc compact que tu écoutes de A à Z, un côté linéaire qui étais voulu, on voulait faire quelque chose qui soit lourd, froid, linéaire. Et celui là c’est un peu l’inverse, on voulait faire de vraies chansons que tu puisses prendre indépendamment et que écouter en tant que telles, en tant que morceaux. On a aussi beaucoup bosser dans ce sens là au niveau des structures, le maître mot c’est vraiment de faire des vraies chansons, avec des enchaînements qui soient justifiés. Bien sûr, il y a toujours une idée directrice derrière l’album, même au niveau des thèmes abordés puisque de toute façon quand on se met dans une phase composition, les morceaux on les enchaîne, des fois même plusieurs en même temps et même au niveau des textes ils correspondent à une période, donc fatalement tu vas dans la même direction.

 

B_R : J’ai vu cette fois ci qu’au niveau des textes on n’avait pas le droit à de l’allemand. Et le choix des langues est le résultat d’une interprétation personnelle ou cela colle plus à un riff ?

RMSH : Ca peut être n’importe quoi en fait. Ce n’est pas quelque chose que l’on calcule. De toute façon avec Stefan, lorsqu’on bosse le chant, on s’est jamais dit qu’il fallait mettre notre dose de français, d’anglais. On a jamais raisonné comme cela. On essaye plus de coller à la musique. Soit l’ambiance et la musique font que l’on sente mieux le truc en français ou en anglais, soit il y a au niveau du texte des choses qui sonnent mieux dans telle langue. S’il y a un passage dans les textes que je juge mieux en français, on essaye de la faire coller avec la musique pour que cela sonne. D’emblée, que ce soit dans le Metal ou le Rock, il y a des racines fortement anglo-saxonnes, la langue la plus naturelle après le français qui est notre langue maternelle. Mais c’est très difficile car le chant en français devient vite ridicule.

 

B_R : Surtout que le français est une langue très poétique.

RMSH : Oui mais pas forcément rythmique, il faut des phrases très courtes, très rythmées car il y a des mots, comme en allemand, qui deviennent très vite ridicules mis en musique, il faut faire très vite attention. Et c’est pour cela qu’il y a des groupes qui chantent en français que je n’aime pas à cause de cela. Il y a très peu de groupes qui arrivent à faire sonner le français, comme FORBIDDEN SITE (ndtr : ayant splitté déjà depuis plusieurs années) que j’aime beaucoup qui y arrive très bien.

 

B_R : J’ai aussi apprécié énormément l’accent mis sur le livret de Redemption Procces, Tancrède Szekely a fait un travail digne de photos d’art !

RMSH : De toute façon il est très très bon, il s’est toujours adapté à ce que l’on voulait, il a l’œil, il arrive à chopper le moment qu’il faut. C’est très subtil car il les prends même quand on ne s’y attends pas. Des fois on pose et il ne fait rien, et à un moment on va bouger et puis là il prend la photo, c’est vari que je suis satisfait du résultat. Pareil, pour le livret on voulait quelque chose qui retranscrive bien l’ambiance de l’album, d’où le côté épuré, de sobre mais qui soit classe.

 

B_R : C’est vrai que les photos en noir et blanc c’est pas très courant. Pour en revenir à la musique, vous avez atteint sur Redemption Process les sommets du Metal Symphonique, honnêtement, je n’ai pas encore entendu un groupe qui manie les parties orchestrales comme vous. Toi qui déclarait il y a quelques années dans une interview que tu voulais devenir un Dieu vivant [Eclats de rires] … c’est un très bon début, non ?

RMSH :Oui, mais certaines personnes ne comprennent pas notre humour ! [Fou rire général]

 

B_R : A propos de votre expérience live, vus avez ouvert pour pas mal de très grands groupes (IMMORTAL, CRADLE OF FILTH, RAGNAROK, …) et vous avez fait peu de dates : une cinquantaine depuis Exile, dont la moitié pour N.O.O, et est-ce que le fait d’avoir ouvert pour ces grands groupes, sans que vous ayez une grande expérience, a contribué au succès que le groupe rencontre actuellement ? Il faut savoir que vous êtes le groupe français de Metal extrême qui vend le plus d’album …

RMSH : Au niveau des live on a enchaîné les problèmes, à mon avis c’est essentiellement pour cela que l’on a pas assez tourné. Je suis convaincu que l’on pas tourné autant qu’on aurait dû, cela aura été souvent la cause de problèmes logistiques et des choses comme cela …

 

B_R : Ben … votre dernière tournée avec RAGNAROK …

RMSH, [avec un petit sourire au coin des lèvres] : Oh oui !

 

B_R : Le manager s’est taillé avec la caisse, vous avez eu de problèmes de tour-bus …

RMSH : De toute façon je pense que tu es obligé de passer par là, on a eu pas mal de dates annulées à une époque où l’on était maudits, entre Drudenhaus et N.O.O, ces dates ont été annulées pour des raisons obscures. Tu vois ça retombe très facilement sur le dos du groupe [imitant les paroles de gens] : « ouais, ANORXIA NERVOSA annulent tout le temps leurs dates ! ». Pareil, on a eu une tournée française avec IMPALED NAZARENE qui a été annulée parce que les conditions n’étaient pas possibles : il fallait poursuivre le bus en bagnole , … Maintenant, c’est vrai que ça a changé. On a une équipe qui nous suit, on a notre tourneur, c’est plus facile du moins en France, on va voir comment cela se passe à l’étranger. Mais après c’et vrai que l’on a eu de belle opportunités au milieu de cela. IMMORTAL c’était génial car on venait juste de sortit Sodomizing The Archedangel, on a eu cette occasion là et c’était bien. C’est vrai que l’on était pas rôdés du tout et en plus c’étaient les premières dates avec Neb aux claviers et moi au chant. C’était un peu casse gueule mais il fallait le faire. Ce sont de supers souvenirs et un expérience très enrichissante : la manière d’occuper une scène, tu apprends plein de trucs.

 

B_R : Et pour cette tournée, les dates on été ?

RMSH : On a commencé le 1° novembre à Paris, le 2 à Angers, maintenant c’est Strasbourg et samedi (le 6 novembre) c’est Rouen. On a commencé à paris à L’Elysée-Montmartre ce qui n’est pas forcément évident, surtout que l’on

interview Anorexia Nervosa a pas joué depuis le concert de la Loco le 27 janvier (ndtr : premier concert en tête d’affiche pour le groupe, c’était le 27 janvier 2003).

 

B_R : Ouais vous avez fait juste Perpignan et Belfort (ndtr : les 14 et 15 mars 2003), cette dernière ne restant pas forcément dans les annales (ndtr : voir les événements relatés dans la première question) …

RMSH : Ah si, je suis satisfait du concert de Belfort, le public était en forme même si moi je n’étais pas en forme du tout [Rires].

 

B_R : Oui, je me souviens …

RMSH : C’est vrai que je suis à moitié tombé dans les pommes après le concert. C’est pour ça que l’on a pas fait de rappels.

 

B_R : Si, vous avez fait « Metal Meltdown » de JUDAS PRIEST et c’est vraiment tout.

RMSH : Normalement, on devait jouer un autre titre de plus …

 

B_R : « The Red Archromance », c’est ça ?

RMSH : Oui, mais c’est vrai qu’à Perpignan on avait eu que des galères la veille, depuis cela on avait pas joué et on savait qu’il y avait une grosse attente, que l’album marchait bien, cela met bien la pression. On aurait bien aimé faire quelques petites dates avant, mais c’est la première fois qu’on joue les nouveau morceaux sur scène. Ca c’est bien passé, bon ce sont les premières dates, c’est un peu flou mais je suis super content car on a eu de très bons échos.

 

B_R : Ce sont en fait des dates d’échauffement si l’on peut dire. Il me semble que vous préparez une tournée début 2005.

RMSH : Oui, début 2005. C’est pour ça que c’est court aussi et je le dis parce qu’on on a eu pas mal de retours sur Paris, on a du écourter le set, de toute façon on a écourté même ce qui était prévu, à savoir 35 minutes et c’est vraiment très bref. On avait prévu un set plus long de 50 minutes. Nous on a aucun contrôle là dessus et on suit le timing qui est donné, on joue et tout ce que l’on peu dire c’est que l’on reviendra en tête d’affiche et là on fera un vrai set.

 

B_R : Et donc le 27 janvier vous vous êtes fait un véritable plaisir en jouant en tête d’affiche et en faisant jouer FORBIDDEN SITE !

RMSH : Absolument, c’est un super souvenir, c’est souvent agréable même d choisir les groupes avec lesquels tu vas jouer, t’as pas souvent l’occasion de le faire, mais là on a pu vu que c’est nous qui l’organisions. On a fait jouer des groupes qu’on avait envie de voir, j’ai vraiment tanné Romaric en plus pour qu’il reforme FORBIDDEN SITE, il ne voulait pas, et en plus on a jamais joué ensemble et il l’a fait. Moi ça me fait vraiment plaisir, je regrette seulement de ne pas avoir pu voir leur show en entier vu qu’il fallait qu’on aille se préparer, et même UNDERCOVER SLUT j’étais super content de jouer avec eux car on les aime super bien, c’est Rock’N’Roll et puis voilà. Le public était génial.

 

B_R : Pour continuer, on va parler de question un peu plus personnelles et diverses. Pour toi, les groupes qui on marqué l’histoire du Metal, ce sont lesquels ?

RMSH, [prenant son temps pour réfléchir] : Le premier qui me vient à l’esprit c’est METALLICA, ça a toujours été ne influence, Stefan ne jure que par eux, c’est pas forcément mon groupe préféré mais si l’on me demandait de retenir un groupe ce serait sûrement eux. Ensuite, il y a IRON MAIDEN. Bon, si je rentre ensuite dans mes goûts personnels il y a MÖTLEY CRUE, WASP, [réfléchissant] c’est vraiment dur de dégager des groupes, il y a EMPEROR qui a posé les bases d’un style, et même des groupes comme VENOM qui ont apporté des trucs, à l’époque où ils l’ont fait il fallait vraiment avoir l’idée de le faire. C’est vrai que moi j’aurais tendance à citer des groupes comme SLAYER, ce sont de gros incontournables, BLACK SABBATH aussi.

 

B_R : Et qui est cette fameuse Sister September don tu parles sur la chanson éponyme tirée de Redemption Process, car il est clairement visible que tu parles d’une personne …

RMSH, [riant] : non, je ne préfère pas le dire !

 

B_R : Tu évolues ou a évolué dans diverses formations comme MY DARKEST DREAM, THE CNK avec Heinrich von Baalbericht, MALVELIANCE dont il a une super photo de toi à la basse …

RMSH : Ah oui ! Elle a été prise en Belgique … elle est chouette cette photo et je l’ai paumée d’ailleurs.

 

B_R : Donc cela m’amène à te demander si tu es le fameux Vinnie Valentine de CRACK OV DAWN, car les photos sont plutôt ressemblantes ….

RMSH : Oui, c’est moi [Rires]. Ce n’est pas quelque chose de secret mais on ne voulait pas le dire au début. De toute façon on savait que cela se saurait un jour ou l’autre, on ne voulait pas le cacher spécialement mais on n’a pas mis l’accent dessus parce qu’on ne voulait pas que l’on dise : « ah tiens, le side project du chanteur d’ANOREXIA NERVOSA ». le style n’a rien à voir et l’on veut vraiment que le groupe fasse ses preuves tout seul, sans être dans l’ombre d’un autre groupe, et qu’il commence comme un groupe de club, de garage, c’est ça l’esprit et c’est pour cela que l’on a rien dit. Après bon on ne le cache pas, c’est un groupe de Rock’N’Roll et puis voilà.

 

B_R : Et au niveau professionnel, vous ne faites que de la musique ou vous avez un boulot ?

RMSH : Non, on travaille tous plus ou moins, on a d’ailleurs organisé nos vies un peu en fonction de ça, autour de la musique, parce que de toute façon pour en vivre c’est très dur, si j’arrivais à en vivre je ne me plaindrais pas et ce serait même un énorme soulagement, mais quand même on a des métiers qui restent en général dans le circuit de la musique, Stefan est ingénieur du son, Pier bosse aussi dans le son. Bon on arrive à se débrouiller même si notre grande priorité est le groupe. J’en parlais un peu avec Stefan hier et c’est cela un peu le gros problème de la scène française, un manque d’investissement des gens en fait. Quand tu vois des groupes américains ou scandinaves, des grosse machines, ces mecs ils sont rôdés. Ils ont des structures adaptées, en France il n’y a pas spécialement de statut à part intermittent et c’est pas la joie ! Et puis je pense que si tu veux arriver à quelque chose, il y a un moment où il faut faire un choix. Si tu considères la musique comme un loisir du dimanche, forcément cela ne marche pas. Les mecs à l’étranger ils arrivent et font les trucs à fond, que ce soit au niveau scénique ou musical. Je pense que c’est ce qui manque un eu à la scène française.

 

B_R : C’est même Frédérick Martin qui écrivait dans son livre Eunolie : condition d’émergence du Black Metal que « si ANOREXIA NERVOSA était norvégien ou allemand, son triomphe serait assuré ».

RMSH : Oui, en plus il y a un énorme à priori ave le France, c’est que la scène française a relativement mauvaise réputation, c’est pour cela que l’on essaye d’être le plus professionnel possible dans notre approche.

 

B_R : Depuis le début, le maquillage fait partie intégrante du groupe. Est-ce comme une deuxième peau que vous enfilez avant un concert ?

RMSH : Non, pour moi un groupe de Metal ou de Rock même doit avoir une image forte mais pas dans le sens du déguisement, mais plus une attitude. Le maquillage est pour moi quelque chose d’indissociable. C’est une attitude liée à la musique. Je n’aime pas du tout l’imagerie crade m’enfoutiste de NIRVANA, il y a des choses que j’aime beaucoup dans Nirvana, mais je n’aime pas cette clochardisation du Metal. Le groupe et la musique doit avoir une image forte et le maquillage en est indissociable.

interview réalisée par Spirit of Metal - Black Requiem

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