A l’approche de la sortie du deuxième album du prodige de la guitare électrique
Jeff Loomis, il m’est paru intéressant d’étoffer la section chronique de «
Zero Order Phase » d’un deuxième point de vue. Un bref récapitulatif du contexte de cet album s’impose : après avoir pondu un album considéré par beaucoup comme leur chef-d’œuvre, le complexe This
Godless Endeavor, les deux têtes pensantes de Nevermore (le chanteur
Warrel Dane et l’ami Jeff) avaient besoin de s’aérer en s’investissant chacun dans un album solo, pour tenter d’apaiser les fortes tensions qui régnaient déjà entre eux. Choix assez logique pour un guitariste de son niveau, Jeff opta pour un album instrumental... Et autant vous dire tout de suite qu’avec cet album, le camarade Loomis n’a pas décidé de faire des compromis... Prenez garde lorsque vous insérez ce cd dans votre lecteur, un démon a été encastré à l’intérieur (car vous l’avez acheté, hein ??? si ce n’est pas le cas, ce même démon vous maudira sur 7 générations). L’impressionnante « Shooting
Fire At a
Funeral » donne le ton tout de suite : Jeff fais vrombir sa Schecter 7 cordes et nous fais mal aux cervicales très rapidement. Les riffs complexes s’enchaînent, les gammes dissonantes virevoltent dans tous les sens, Jeff ne s’est pas du tout calmé par rapport à son travail avec Nevermore, bien au contraire. On s’aperçoit également très vite que le batteur que Jeff a engagé pour l’épauler n’est pas vraiment un manchot, et délivre une prestation tout bonnement hallucinante tout au long de l’album. Là non plus, Jeff ne s’éloigne pas du schéma de Nevermore, puisque Van Williams est tout sauf une chèvre paralytique, comme le savent bien les fans du groupe. Bien heureusement, les 10 chansons de cet album ne sont pas toutes des grosses machines à riff et à solos « vitesse de la lumière ». Ainsi, la belle «
Azure Haze » vous entraînera vers d’oniriques horizons, et aura même une chance de faire pleurer votre copine. (Ou votre maman, au choix)
Mais chaque accalmie de cet album n’est qu’un bref répit, un calme avant la prochaine tempête , à l’image de l’oppressante « Cashmere Shiv » , un itinéraire tortueux et progressif teinté de sonorités orientales... Au fur et à mesure des chanson , on se rend compte du talent assez incroyable de Jeff à composer des riffs de tueurs et des solos qui feraient passer Alexi Laiho pour un débutant. C’est assez flagrant à l’écoute d’un morceau de bravoure (haha) comme « Opulent Maelstrom », ou l’irrésistiblement entraînante « Jato Unit ». Jeff maitrise à la perfection tous les outils du bon shreddeur et nous enchaîne les magnifiques arpèges (Jato Unit), les harmoniques sifflantes parfaitement dosées (Shooting
Fire At A
Funeral), les guitares harmonisées (
Azure Haze)... Dans «
Sacristy » ,
Jeff Loomis s’adonne à la ballade à la
Joe Satriani, un exercice classique de la guitare électrique instrumentale, et encore une fois , il réussit le pari avec une aisance insolente. Il signe ici un peu son « Always With Me, Always With You ». Anticipez en sortant les mouchoirs dès que vous entendez la belle intro au piano de cette chanson. Et là, c’est le drame... Vos cervicales agonisantes vont recevoir le coup de grâce... Car, suivant son habitude avec Nevermore, Jeff a gardé le meilleur pour la fin... Un fade-in bien pensé introduit «
Devil Theory » qui, avec ses riffs diaboliques, montre à quel point Jeffrey Loomis est un possédé... Là encore, on voit mal ce qu’on pourrait reprocher à cette chanson , qui est un exemple de composition à tous les points de vue (Pour peu qu’on aime ce genre de métal, bien entendu). La tuerie continue avec « Miles of Machines », qui sonne comme un hommage aux influences néoclassiques de Jeff, avec son intro de guitare au son « violonistique » et ses solis qui évoquent Bach, Vivaldi ou encore
Paganini. Et pour bien coller au style, on pourrait également dire que cette chanson est la plus exhibitionniste de l’album en terme de technique pure et de vitesse. Là encore, certains adoreront, d’autres auront envie de casser le cd sur leur tête, meurtrie par tant de notes...
Je suis personnellement le premier à fustiger l’onanisme en musique, mais en écoutant ce morceau, et même cet album de manière globale, on a pourtant l’étrange impression qu’aucune note de «
Zero Order Phase » n’est superflue. Et après nous avoir tué et enterré, la calme et aérienne «
Departure » sonne comme un requiem pour nous accompagner, « pauvres » auditeurs, vers le paradis de la musique. Sobre, elle constitue un contraste criant avec le reste de l’album, qui est brutal, épique et rapide. (oui oui, les trois à la fois !). En conclusion, Jeff était loin d’être en panne d’inspiration sur cet album , et nous signe une performance à l’image de celle qu’il nous a délivré tout au long de sa carrière avec Nevermore : hors norme. «
Zero Order Phase » fait partie de ces rares albums sans fautes, avec aucune chanson faible. Stylistiquement, il est assez difficile de classer cet opus, tant il emprunte à tous les styles du métal, aussi bien le néoclassique assumé, le thrash (très) énervé que le djent. En tout cas, on est sûr d’une chose après l’avoir écouté :
Jeff Loomis est un guitariste exceptionnel, relativement peu connu comparé à certains de ses collègues shreddeurs, alors que le talent et l’originalité sont là. «
Zero Order Phase » peut avoir également deux autres effets sur vous, le premier étant de faire naître une envie irrépressible que Nevermore se reforme, tant on sent que
Jeff Loomis a de la créativité à revendre. Le second est la hâte, la hâte que le second album du blondinet sorte, pour le plaisir de nos oreilles. Pour le détail professionnel, on pourrait tout de même déceler une esquisse de défaut à cet album : le manque d’originalité. En effet, en l’écoutant, vous aurez souvent l’impression d’écouter... du Nevermore instrumental, et cela dans les moments calmes comme dans les moments énervés. Et sur ce point particulier, l’originalité, on peut dire que
Warrel Dane l’a emporté sur son ex-pote
Jeff Loomis dans son propre album solo, le plus convenu mais agréable « Praises To The
War Machine ». Mais, rendons à César ce qui appartient à César (à Jeff en l’occurrence ), cela ne ternit pas vraiment la pure réussite que constitue «
Zero Order Phase ». Le mot de la fin : Amateurs de guitare instru’ convaincus que Vai est trop mou, fans de djent débridé ou encore inconditionnels de musique progressive, jetez-vous sur ce superbe album de métal instrumental !
Perso, je trouve que ces albums sont difficilement comparables, car étant foncièrement différents au niveau du style . (même pour du Loomis )
Donc il est normal de préférer l'un ou l'autre . Perso, j'aime beaucoup les deux , comme tu peux le lire dans ces deux chro !
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