Avant d’écouter cet album veuillez bien vérifier que votre tête est attachée à vos épaules, car elle risque de décoller, pour cause de headbang intempestif … Pour ceux qui ne connaissent pas l’ovni que représente
Jeff Loomis dans le monde du métal et même de la guitare en général, une session de rattrapage s’impose. En 2011, Jeff quittait Nevermore , l’inclassable et génial groupe dont il était un membre fondateur, pour causes de divergences personnelles avec une partie du groupe, et décida de poursuivre sa carrière solo. Après l’énorme claque que constitua «
Zero Order Phase » son premier essai solo, les fans attristés de Nevermore pouvaient y voir une bien belle consolation. Aujourd’hui nous parvient le fruit cultivé par Loomis hors de Nevermore, et autant vous le dire tout de suite, mordre dedans risque de ne pas vous laisser indifférents … Epaulés de musiciens très talentueux comme lui, Jeff a mis toutes les cartes de son côté pour que ce «
Plains of Oblivion » dépasse son glorieux prédécesseur. L’album s’ouvre sur « Mercurial » , un instrumental qui nous prouve dès les premières secondes que Loomis n’a rien perdu de son envie de faire rugir sa 7 cordes . En parlant de guitare, il y en a deux qui rugissent sur cette chanson, puisque
Marty Friedman (ex-guitariste des légendaires
Cacophony et
Megadeth ) joue également dessus . Le résultat, bien que peu surprenant par rapport à ce qu’on entendait sur le premier album, est extrêmement efficace, et on est content d’entendre cette collaboration entre ces deux grandes figures du métal, qui se sont visiblement fait plaisir avec cette pièce. Bien plus réussie est la collaboration avec une autre légende de la guitare, Tony Mc Alpine, car plutôt que d’être une joute de solos ultra-rapides, elle se révèle être un magnifique duo de guitares harmonisées, qui se termine avec l’intervention de Tony, à la fois grandiloquente et pathétique (on entend presque sa guitare pleurer).
Ensuite il convient de s’attarder sur ce qui est LA grande nouveauté de cet album par rapport à «
Zero Order Phase », qui est la présence de chansons chantées. Et c’est avec plaisir qu’on constate que le pari est réussi. Les deux chansons chantées par Christine Rhoades (qui avait déjà collaboré avec Nevermore sur «
Dreaming Neon Black ») viennent apporter un peu de douceur féminine à l’univers musical de Jeff, et celle-ci est bienvenue pour aérer un peu la densité de cet album, qui aurait pu être indigeste de par son excès de vélocité mêlée de brutalité. Ainsi, vous risquez fortement de vous surprendre à chanter les belles parties de Christine, dont la voix rappelle celle de Anneke Van Gisberg (comparaison flatteuse). Et pour les gros métalleux poilus, avide de riffs dissonants et de growls bestiaux, Jeff a également pensé à vous. Pour s’exécuter, Jeff a fait appel au génie du black métal
Ihsahn, qui hurle comme un démon puis chante comme un dieu sur «
Surrender ». Avec les chansons de l’album qui défilent, on se rend vite compte que la qualité monte en flèche, avec des morceaux de bravoure (haha !) comme la bien nommée «
Escape Velocity », où Jeff arrive littéralement à s’échapper de sa vélocité habituelle pour nous pondre un magnifique bridge de tapping harmonisé, qui sonne comme un bras d’honneur lancé aux détracteurs des « masturbeurs de manches », soi-disant incapables de jouer lentement et de se concentrer sur la mélodie. Bien sûr, Jeff ne manque pas de rappeler ses origines musicales sur cet album avec, par exemple, ce qui paraît être un clin d’œil appuyé à
Jason Becker sur «
Requiem for the Living », résolument néoclassique, avec l’aide de son ami
Attila Voros (dernier guitariste rythmique de Nevermore ). Dans «
Continuum Drift », il nous rappelle les meilleurs moments des sublimes power-ballades de Nevermore, soutenu par
Chris Poland, ex-
Megadeth lui aussi !
En guise de conclusion, on ne peut qu’une nouvelle fois s’émerveiller devant le talent de ce grand blondinet, qui agrandit sa discographie d’un nouveau chef-d’œuvre, alors que celle-ci est déjà abondamment fournie, que ça soit avec Nevermore, ou en solo avec «
Zero Order Phase ».
Jeff Loomis a réussi à créer quelque chose de sensiblement différent que son premier essai en solo. «
Zero Order Phase » pouvait sembler très monolithique , avec énormément de pièces très brutales et progressives tout le long, avec néanmoins quelques sublimes rayons de soleil comme «
Azure Haze » ou «
Sacristy ». Avec «
Plains of Oblivion », Jeff a réussi à équilibrer la balance entre les deux facettes de sa personnalité musicale, pour obtenir un album beaucoup plus varié dans ses climats musicaux, le rendant ainsi plus facile à l’écoute, mais pas moins intéressant, bien au contraire. Merci Jeff ! On espère que tu viendras nous faire une démonstration live en France !!
En revanche, grand adepte du jeu de Loomis, cet album a une fois encore conquis mon esprit, largement au dessus de Zero Order.
Les parties chantées sont un véritable régal, et je noterai une très large préférence pour Continuum Drift, qui nous amène clairement dans un autre univers.
lko : par curiosité, qu'est-ce que tu n'as pas apprécié dans ma chronique ?
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