On a longtemps considéré le groupe allemand «
Rebellion » de l’ex-«
Grave Digger » Tomi Göttlich comme l’enfant de «
Grave Digger » et d’ «
Iced Earth ». Cette association s’entend parfaitement, mais n’obtient pas le prestige des deux grandes formations citées. «
Rebellion » semble n’être destiné qu’à devenir un second couteau du heavy metal germanique. On lui voue pourtant sa saga viking débutée avec l’incontournable « Sagas of Iceland », pour finir dans la confusion, la redondance de «
Arise: From
Ginnungagap to Ragnarök » et le départ du guitariste fondateur Uwe Lulis, membre du prestigieux groupe « Accept » à l’heure de cet article. «
Rebellion » s’était néanmoins ressaisi, abordant un nouveau cycle avec «
Arminius: Furor Teutonicus », cette fois consacré à leurs origines nationales. En 2015, sort logiquement chez
Massacre Records un nouvel effort, toujours en phase avec les racines alémaniques et intitulé «
Wyrd bið ful aræd - The History of the Saxons ». Curieusement, on retrouve là un heavy metal plus épuré, remontant presque à leur effort «
Born a Rebel », cependant, d’une qualité sensiblement inférieure à celui-là.
Le premier morceau, « Irmninsul », nous met tout de suite dans le bain. Et ce que l’on peut dire, c’est que ce n’est pas bien folichon. Les riffs abrupts et concassés proposés décèlent manque de subtilité et maladresse. Notre seul salut vient du chant de Michael Seifert apportant de la légèreté à une musique si inconfortable. Fort Heureusement, celle-ci se fluidifie malgré tout lors du refrain. Les refrains vont beaucoup jouer dans l’acceptation de la chose. Ils vont véritablement exercer un rôle de refuge dans des pistes au heavy metal parfois trop compressé et redondant à l’excès. « Hengist » en offre un formidable exemple. C’est presque le jour et la nuit. « Runes of
Victory » révèle un pareil décalage entre un heavy complétement mis en panne par une succession de riffs répétitifs et embouteillés, et un plus éclairci dans un style non-éloigné d’«
Iron Savior » en refrain. Oui ! Tout ça est fragile, ce n’est pas donc pas bien fameux.
Parfois, le refrain n’est même plus la providence escomptée et s’avère aussi décevant que le couplet. C’est en partie le cas avec « The
Fall of
Irminsul » où les chœurs incorporés en refrain créent un décalage affreux façon «
Lordi ». La piste aux riffs acérés, mais méchamment répétés, s’illustre mieux par un break aussi rafraichissant qu’inattendu en son milieu, précédant une belle accélération. Le titre éponyme, jouant de ses à-coups malhabiles, est lui aussi intéressant quand il vient à des accélérations, à des passages plus nerveux. Non ! Le pire dans tout ça c’est le titre «
God of
Mercy » et ses narrations de début et de fin ridicules. Vous vous souvenez de cette conversation entre un enfant et son grand-père entendue sur «
The Warriors Prayer » en fin du disque de «
Kings of
Metal » de «
Manowar », et introduisant leur «
Blood of
Kings » ? Et bien, il semblerait que «
Rebellion » ait voulu faire la même chose avec des intervenants complétement à côté de leurs pompes. Dans la partie proprement musicale, on retrouve d’ailleurs un peu l’esprit et l’atmosphère du premier album « Shakespeare’s
Macbeth ». Ce n’est toutefois pas suffisant pour rattraper le tir.
Nous retrouvons une certaine lourdeur dans l’atmosphère avec un « Slave Religion » on ne peut plus potable. Le chant de Michael y excelle particulièrement, prenant un côté quasiment langoureux, que l’on retrouvera par la suite sur «
Blood Court », une fois passé une entame toute électrique. Cette entame est autant trompeuse que le gros du morceau s’illustre davantage comme une envoutante power ballade. On se surprend même à apprécier la simplicité du heavy de «
Hail Donar », ayant une bonne rythmique, un jeu calibré, un léger penchant rock n’ roll qui fait toute la différence. Le jugement est tout à fait similaire pour le titre « Sahsnotas », qui repose sur un pareil dynamisme. Le refrain de « Sahsnotas » étant bien plus déterminant cependant, créant un véritable point d’orgue, comme il était commun il y a encore quelques années encore chez «
Rebellion ». Sahsnotas » est sans contexte un très bon morceau. Il rehausse la valeur de l’album avec « Take to the Sea » et son rythme effréné. Ce dernier est particulièrement entrainant et repose sur le heavy speed à tendance mélodique qui avait fait autrefois le succès de leur cycle scandinave. Dans un style plus ombrageux, légèrement groove, on pourra également saluer «
The Killing Goes On », malgré une tournure aussi assez répétitive et tapageuse que nombre des malheureux extraits de l’opus.
On avait dit que «
Rebellion » était un second couteau. Le résultat de cet album pourrait être celui d’un groupe figurant encore un stade en-dessous. On est loin du niveau de leurs disques captivants de la première décennie des années 2000, même si le style paraît désormais se rapprocher de celui de leurs débuts. L’exercice fait aussi assez pâle figure devant leur précédent effort, autrement plus subtil et riche. Avant de revenir à un style de heavy metal plus épuré, il faut être sûr de pouvoir concevoir des airs entrainants, une architecture efficace même si elle s’avère plus simplifiée. C’est là où «
Rebellion » se trouve à pêcher désormais, sauvé par les quelques titres alambiqués qui n’ont pas succombé entièrement à ce retour en arrière. «
Wyrd bið ful aræd - The History of the Saxons » n’entrera pas dans la postérité de la formation. Qui des Saxons ou des Vikings ont mis le plus à mal le royaume carolingien ?
12/20
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