11 ans de
Rebellion, ça se fête. La longévité et surtout la qualité devenant une denrée rare dans le Heavy à dominante classique, nous avons donc décidé de sabrer l’apéro avec ce 6éme opus, sobrement intitulé
Arminius: Furor Teutonicus (à vos souhaits).
L’artwork, dont la qualité n’a rien à reprocher à tous ses concurrents, est par trop similaire à ceux ci. Que ce soit au niveau du thème (un guerrier combattant ses ennemis) ou des couleurs dominantes (deux comme pour tout le monde). Il serait de bon ton que ce style de dessins se renouvelle quelques peu, on va finir par confondre tout le monde et acheter
Rhapsody à la place de
Blind Guardian.
Bref.
L’album commence calmement avec des nappes de claviers sur lesquelles sont posés quelques notes de guitare acoustique. De menus chuchotements et un riff à consonance celtique plus tard, on attaque dans le mid tempo. Surprenant. D’habitude, c’est plutôt médiator au plancher, double pédale au taquet et basse chevauchante tels les 4 cavaliers de l’apocalypse fondant sur une tablette de chocolat après 40 jours de disette. Et c’est l’alternance des tempos tantôt speeds, tantôt lourds qui évite à cet opus de se classer dans la catégorie «chiant comme une éclaircie un jour d’été en Normandie».
Un excellent travail a été réalisé sur les choeurs comme le démontre la partie A Cappela sur la fin de
Rest In Peace, ou la sensation guerrière des refrains sur Breeding
Hate ou
Furor Teutonicus.
La voix relativement grave et rauque de Michael Seifert peut surprendre car on attend généralement un organe plus aigu vu le style mais elle s’avére neanmoins puissante, une sorte de croisement génétique entre Udo et Chris Boltendahl. Il n’y a pas vraiment de montées très hautes au niveau du chant lead, juste quelques haussements de tonalité mais il faut avouer les cris perçants n’apportant généralement rien aux morceaux, Seifert a bien fait de s’abstenir, la cohérence des morceaux n’en est que meilleure.
A l’instar du titre de l’album, une partie des morceaux portent des noms en latin. Mais l’utilisation de cette langue ne s’arrête pas là puisque que certaines parties narratives en sont aussi issues comme sur Ala Germanica.
Les passages instrumentaux lorgnent un tout petit peu vers un
Metal Progressif (au sens premier du terme) relativement classique avec un clavier en soutient des mélodies des guitares et de fréquents changement de rythmes. La guitare acoustique reste peu utilisée mais elle est impeccable (le break de
Ghost of
Freedom). Des passages plus lourds viennent ponctuer certains titres (
Rest In Peace). On est parfois aussi proche du Thrash au niveau des rythmiques (Breeding
Hate,
Ghost of
Freedom).
Pas d’esbrouffe dans les soli, c’est du direct au sujet sans passer par les circonvolutions chiantissimes dont nos oreilles sont inondées en ce moment. Les deux guitares nous font une superbe démonstration d’un couple uni pour la gloire du Heavy avec à savoir des rythmiques limites speed sur lesquelles arrivent à se greffer quelques mélodies bien senties à la Accept ou au
Running Wild des années 80. Un coté Maiden ressort aussi avec un poil de mélodies doublées (The Tribes
United). De légers effets viennent de temps en temps casser un peu le son des guitares (l’intro de Breeding
Hate).
Et on entend même la basse comme sur le break de
Dusk Awaiting
Dawn. Franchement ils ne savent plus quoi inventer pour faire parler d’eux...
Le clavier se retrouve très peu mis en avant mais ses interventions sont plutôt faites à bon escient (les courtes intros de The Seeress
Tower et
Vae Victis). Son moment de gloire arrivant sur le titre de clôture de cet opus,
Requiem. En effet, il accompagne la voix dans un duo acoustique sur la plus grande partie du titre, la guitare n’intervenant que pour un soli qu’on aurait sans doute préféré acoustique vu la couleur sonore du morceau. Ce titre est d’ailleurs une excellente conclusion à ce
Arminius: Furor Teutonicus. On peut dire que
Rebellion a fait un excellent choix sur ce point, car placé ailleurs, il aurait cassé la dynamique de l’album. C’est donc à The Seeress
Tower, située à la moitie de l’album que revient la place du morceau généralement mièvre et mou du claquoir. On a ici plutôt affaire à un morceau lourd, bien senti, pourvu de bonnes mélodies sur les parties instrumentales. Bien vu donc.
Rebellion, comme 99,66% de ses congénères Heavy Metalliens n’a pas inventé la poudre à couper le beurre. Par contre, il a réussi à extraire la substantifique moelle de toutes ses influences et de ces années passées sur les routes, le tout combiné à l’expérience personnelle des musiciens pour nous sortir un bon condensé de ce qui nous importe le plus : Un craquage en régle des vertèbres du cou.
TU les trouves comment les albums précédents?
J'adore leur premier album, le second maintient le niveau, par contre les trois suivants ne m'ont pas laissé de souvenir impérissable, vraiment trop classique pour le coup.
Je jetterais quand même une oreille sur ce dernier, je reste malgré tout amateur de classicisme allemand. Et qui sait, comme je n'attends pas grand chose de cet album je serais peut être agréablement surpris.
Merci pour la chronique en tous cas.
Edit : ah, et pour le coup d'acheter du Rhapsody au lieu de Blind Guardian, c'est une expérience personnelle ? Pas trop douloureux ? :p
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