Chris
Impellitteri est un artisan de la guitare qu'il maltraite officiellement dans son groupe depuis 1987. On peut donc dire que le monsieur n'est pas un newbie débarquant de nulle part. Il a très vite été catapulté guitariste virtuose "à la Malmsteen" mais n'a jamais connu le succès de son génial inspirateur. Pourtant, malgré le succès plutôt intimiste qu'il rencontre, il continue avec
Impellitteri à sortir ses albums avec rigueur, conscience professionnelle et comme tout bon artisan, le souci du travail bien fait.
Wicked Maiden est donc le dixième album sorti des forges de ce métalliste chevronné.
Dès le premier titre éponyme, c'est un hard rock/heavy metal dynamique et survitaminé qui vous explose les cages à miel. Épaulé par une section rythmique solide et secondé par
Rob Rock, chanteur qui ne néglige pas d'ajouter un brin d'agressivité dans ses parties vocales, Chris se taille la part du lion : ça riffe joliment, ça shredde à tous les étages, envoie des soli avec des milliers de notes, balance des arpèges en veux-tu en voilà. S'il n'atteint pas le niveau de parrain de hard rock néo-classique, il se défend plutôt bien pour le plus grand plaisir des amateurs des guitares virevoltantes.
Mais, contrairement au sieur Malmsteen, Chris ne tire pas la couverture à lui et laisse aussi ses petits camarades de jeu s'exprimer, ce dont on lui saura gré. Surtout qu'ils se débrouillent bien, alors... De plus, il ne tombe jamais dans le piège de la démonstration technique pour la démonstration technique en enquillant des soli de 3 mn qui finissent pas devenir plus chiants que la pluie.
Pas de ça ici. Les soli sont certes souvent techniques et bouillonnants de célérité, mais bien construits, plutôt courts et restent facilement mémorisables. Un bien bel exploit. Enfin, il n'oublie pas d'agrémenter ses compos de mélodies simples mais efficaces et portées de fort belle manière par l'excellent
Rob Rock. Les riffs se révèlent aussi intéressants, incisifs et diablement efficaces.
Si donc la gratte est la maîtresse incontestée des lieux,
Impellitteri est un vrai groupe et le boss ne néglige personne ni aucun compartiment du jeu.
Alors bien sûr, la musique est typée années 80. Même la production honnête, claire mais puissante, ne peut pas gommer cet aspect rétro très marqué. De plus, l'évolution du bonhomme n'est guère notable depuis son premier essai de 1987. Il fait ce qu'il sait faire. Point. Comme tout bon artisan, ce n'est pas chez lui qu'aura lieu la révolution. La tradition, il n'y a que cela de vrai, messieurs dames!
Néanmoins, ce passéisme affiché avec aplomb n'est pas sans avoir son petit lot d'avantages. Comme dans les années 80, l'album est court : 10 titres en tout et pour tout dont aucun ne dépasse les 5 minutes pour une durée totale de 42 minutes. Du coup, l'album est assez homogène et il n'y a pas vraiment de remplissage douteux, même si les deux derniers titres me semblent un peu en retrait tout en restant quand même honnêtes. Donc, on ne trouve pas de longueur, pas d'expérimentations hasardeuses, ni de slows sirupeux d'ailleurs. On va droit à l'essentiel et on joue l'efficacité plutôt que la surenchère. Curieusement, par rapport à certains pavés qu'on nous refile gentiment aujourd'hui, le skeud me paraît même rafraîchissant ! Curieux paradoxe, non ?
Wicked Maiden constitue donc un agréable moment et la recette fonctionne bien. Sans être la pierre angulaire du genre, c'est typiquement le genre d'albums que l'on ressort régulièrement avec plaisir. Certains titres se révèlent même carrément jouissifs pour les amateurs de "heavy shreddé". Je retiendrai "
Wicked Maiden", qui annihile toute résistance d'entrée de jeu, "Last of a
Dying Breed", "
Garden of
Eden", "The Vision" avec son riff tranchant, le FMisé "
Eyes of an
Angel", un "
No More School" délicieusement rock'n' rollien et un "Wonderful
Life" doté d'un refrain entêtant.
Finalement, l'artisanat reste une valeur sûre. Et je ne peux qu'encourager les amateurs à visiter les ateliers bien garnis de Maître
Impellitteri.
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