Cinq années de silence radio envolées déjà depuis son second et sémillant album studio, «
Alba »... Une éternité pour sa fanbase ! Une attente soldée par un album de même acabit, dénommé «
We All Are Shadows », sorti, lui, et tout comme pour
Ela et Keops, chez le modeste mais actif label allemand NoCut Entertainement ; premier challenge pour le quintet italien, lorsqu'on sait que son premier album, «
Enlighten », fut signé chez le puissant label suédois Ulterium Records, et son successeur sus-cité, chez le géant
Napalm Records.
Les 10 pistes de ce troisième opus marquant une évolution stylistique insoupçonnée, où moult sonorités organiques d'obédience metal moderne et électro se conjuguent dorénavant à un rock'n'metal mélodico-symphonique aux relents heavy et pop-rock bien huilé, la fibre originelle du groupe, c'est à un réel revirement de situation auquel sera confronté le fan de la première heure. Aussi, si les influences de
Delain,
Xandria (troisième mouture) et
Amberian Dawn (seconde période) marquent encore de leur empreinte quelques-unes de leurs gammes, celles d'
Amaranthe,
Lacuna Coil, Volturian, Spiritbox et
Rage Of Light ne se feront guère moins sentir. Second challenge à relever par le collectif transalpin, donc...
Dans ce dessein, si l'auteur compositeur, guitariste et orchestrateur Federico Truzzi, le batteur Francesco Zanarelli (ex-
Fogalord) et le bassiste Lorenzo Costi (State Of Mind, ex-
Fogalord) sont toujours à la barre, Mattia Todescato (Winterbreed) se substituera, lui, à Fabrizio Incao, aux guitares ; sans oublier la frontwoman aux sensuelles inflexions, Federica Lanna (Volturian, Malefistum), remplacée, pour sa part, par Lina Benabdesslem (dite ''Lina Victoria''), parolière et chanteuse aux chatoyantes impulsions, du groupe de metal progressif francilien
Abhcan. De cette fraîche collaboration émane un méfait à la fois enjoué, pimpant et frondeur, jouissant d'une production d'ensemble de bonne facture, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut. Cela étant, les 41 éclectiques minutes de ce propos seraient-elles à même de nous surprendre au point de nous retenir plus que de raison ? Troisième challenge à relever pour la troupe italienne...
Lorsque le rythme de leurs frappes se fait intense, sans systématiquement nous assigner à résidence, nos acolytes parviennent cependant le plus souvent à leurs fins. Ainsi, c'est d'un battement de cils que le refrain catchy jaillissant des entrailles du ''delainien'' mid/up tempo «
Call My Name » happera le tympan ; un tubesque effort rock'n'metal symphonique aux riffs épais, infiltré de growls glaçants et mis en exergue par les troublantes ondulations de la déesse, que l'on ne quittera qu'à regret. Dans cette énergie, tant les riffs corrosifs que les assauts répétés de la sanglante rythmique inhérents à l'entraînant et ''xandrien'' « My Own Foe » révéleront son caractère à la fois incisif et enjoué ; en outre, un break aussi lascif qu'opportun placé à mi-parcours se verra soufflé par la déferlante sur la crête d'un refrain que l'on entonnerait à tue-tête. Enfin, non sans renvoyer à
Rage Of Light, le torrentiel et groovy «
Haven », quant à lui, dissémine de virulents coups de boutoir, ne relâchant son étreinte qu'en de rares instants. S'il se fait aisément headbangant, on pourra toutefois regretter la présence de persistantes linéarités mélodiques ainsi qu'un léger sous-mixage des lignes de chant. Mais là n'est pas l'ultime argument de nos gladiateurs pour asseoir leur défense...
Quand la cadence se fait un tantinet plus mesurée, le combo trouvera quelques clés, pas toutes, pour aspirer le pavillon du chaland. Ce qu'atteste, d'une part, le ''volturien'' mid tempo «
Smoke and Mirrors », que l'on retiendra davantage pour son refrain, certes, prévisible, mais finement esquissé et relevé par les fluides patines de la sirène, que pour ses couplets en demi-teinte. Dans cette dynamique, en dépit de la répétibilité des schèmes d'accords dont ils se nourrissent, mais bénéficiant d'enchaînements intra piste des plus sécurisés, de lignes mélodiques des plus enivrantes et de grisants gimmicks guitaristiques, les ''lacunacoilesques'' mid tempi «
Ghost Shadows » et «
We All Are Shadows » ne sauraient davantage être éludés. Un poil plus tourmenté tout en suivant un infiltrant cheminement d'harmoniques, l'''amaranthien'' « Resemblance of Light » pourra non moins nous aspirer dans son champ de turbulences.
A la lumière de leurs espaces ouatés, nos compères nous immergent dans de seyants paysages de notes, sans pour autant tomber dans les travers de chemins tout tracés ou de sirupeuses ritournelles. Ce qu'illustre, en premier lieu, « Stuck in your
Head », ballade atmosphérique et progressive pétrie d'élégance, ponctuée de fins clapotis organiques, que n'auraient sans doute reniée ni
Angelzoom ni Volturian. Mis en habits de soie par les magnétiques volutes de la maîtresse de cérémonie auxquelles s'adjoignent des growls angoissants à mi-morceau, et ce, préalablement à la graduelle et grisante densification du corps orchestral, l'instant privilégié saura faire plier l'échine à plus d'une âme rétive. Non moins céleste, «
Bridge of Minds » se pose telle une ballade atmosphérique d'une sensibilité à fleur de peau. Eminemment éthérée et se faisant tardivement progressive, sans pour autant s'avérer ni insaisissable ni inconvenante, la tendre aubade peinera toutefois à déclencher l'émotion requise chez l'aficionado du genre intimiste. La sauce ne prend donc qu'une fois sur deux, hélas...
Au terme d'un voyage des plus inattendus, force est d'observer que le collectif transalpin a soigné sa production d'ensemble et consenti à l'octroi d'inédites sonorités ; un louable effort, synonyme de prise de risques pour la troupe italienne. D'aucuns auraient peut-être espéré un message musical plus varié quant aux exercices de style dispensés et plus diversifié eu égard à ses ambiances. On déplorera, par ailleurs, l'une ou l'autre zone de remplissage, l'entame de l'opus sous forme d'un lassant récitatif en tête de liste.
Un revirement stylistique, certes, habilement négocié, mais qui pourra désarçonner un tympan déjà familiarisé avec les premières mesures d'obédience metal symphonique pur de nos acolytes. Pourtant chatoyante et des plus sensibles, l'empreinte oratoire de Lina pourra-t-elle faire oublier l'identifiable et gracile filet de voix de Federica ? Bref, un troisième effort recelant son lot de surprises, au risque toutefois de voir le combo italien y perdre un peu de son âme.....
Note : 13,5/20
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