Il est parfois ironique, voire même peut-être triste, de constater que les plus belles perles musicales du monde métallique se trouvent (trop) souvent enfouies dans le fin fond de l’underground, invisibles pour la masse. Il est vrai que l’on ne tombe pas tous les jours sur des pièces d’anthologie rares mais il s’avère qu’aujourd’hui (pour moi du moins), c’est le cas. Faisons une petite rétrospective sur l’historique du groupe entourant la production de l’album avant d’entrer dans le vif du sujet.
Quelques années auparavant, le groupe avait enregistré son premier album studio (
Hopeless Hopes) qui avait connu plusieurs bonnes critiques dans le milieu du métal underground au Canada et, dans une moindre mesure, aux États-Unis. L’écriture du deuxième album de
Martyr s’est déroulé entre 1997 et 1999, soit immédiatement après la sortie officielle de leur premier opus, étant donné la forte vague d’inspiration qui déferlait sur le groupe à l’époque et le caractère désormais obsolète du premier album selon le quatuor.
Les frères Mongrain, accompagnés de Patrice Hamelin et de Pierre-Luc Lampron à la batterie et à la guitare respectivement, enregistrent les premiers balbutiements de
Warp Zone en compagnie de Pierre Rémillard (
Misery Index,
Despised Icon,
Anonymus). Les pistes de batterie sont, quant à elles, enregistrées au studio Victor à Montréal en deux journées et demie par le prodigieux batteur, Patrice Hamelin. Pour le reste des instruments (voix, basse et guitares), le tout a été enregistré au même studio que l’album précédant.
La force de
Martyr, c’est évidement la création d’une symbiose entre tous les instruments, formant des compositions réfléchies, recherchées, uniques et qui détruisent tout sur leur passage et ce, tout en ne négligeant pas la technique et la virtuosité de chacun des musiciens qui composent le groupe (qui vont de performances remarquables en performances remarquables). Les guitares crachent d’impressionnants riffs, tous plus rageurs et techniques les uns que les autres, les solos en «legato» et les compositions polyrythmiques sont à vous faire décrocher la mâchoire et enfin, le couple basse et batterie rendent l’expérience «martyrienne» encore plus riche avec des rythmiques syncopées et complexes à se briser le coup!
Le groupe sait tout de même faire la part des choses : il ne tombe jamais dans l’excès de la démonstration musicale (submerger l’auditeur de notes jusqu’à l’overdose) comme bien des groupes de «Death technique» essayant le plus possible de compenser leur manque d’originalité en démontrant le nombre de notes à la seconde qu’ils sont capable d’extirper de leur instrument dans un seul morceau.
Martyr sait comment doser sa musique et la rendre technique et efficace à la fois. Les structures des morceaux sont alambiques et demandent une certaine patience, un certain apprivoisement de la part de l’auditeur pour bien les comprendre dans leur ensemble. Sans pour autant être déconstruites, la musique de
Martyr est difficile à saisir. Malgré cela, les chansons s’enchaînent tout de même avec une fluidité impressionnante et envahissent l’auditeur d’une ambiance à la fois sombre, spatiale, glauque et apocalyptique (le trio
Warp Zone-Virtual Emotions -
Endless Vortex Toward Erasing
Destiny en est probablement le meilleur exemple).
Chaque titre s’illustre tant par sa technique irréprochable que par la qualité de sa composition : «Deserted Waters» avec son riff lourd caractéristique et son «solo» de batterie incisif, le puissant «Carpe Diem» et son refrain implacable et, finalement, le féroce duo «
Fortune-Teller – Speechless», à la fois barbare et harmonieux sur certains passages. La pièce maîtresse (sinon l’une d’elles) de cet album est sans contredits «Retry? Abort ? Ignore ?» qui met en avant plan la précision et la technique de la basse et de la batterie de François Mongrain et de Patrice Hamelin. Les interventions de guitares, calculées et efficaces, sont à se briser la nuque. Enfin, la dernière pièce de l’album «Realms of Reverie», reprend le même patron, au niveau de la guitare, que le titre éponyme (
Warp Zone) dans une ambiance toutefois plus spatiale. Le groupe a d’ailleurs invité le chanteur et guitariste de
Gorguts, Luc Lemay, pour une narration sur le titre fermant l’album.
Martyr acquière donc sans conteste une personnalité très distincte au sein de la communauté «Death métal» grâce à cet album qui a eu un impact immense sur la musique extrême underground au Canada. Ses ambiances, sa technicité et sa férocité font du deuxième opus de
Martyr un incontournable du métal québécois. Pour écoute active seulement!
Comme l'a dit sijj, le chant on y prend goût avec le temps ! Ce groupe mérite vraiment de sortir de l'ombre et de venir tourner en Europe ! Le style de jeu de Daniel Mongrain est vraiment unique !
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