«
Martyr, ça (n’as) pas commencé comme ‘’
Martyr’’, mais plutôt comme des jeunes qui voulaient jouer de la musique, s’acheter des guitares.»
-Daniel Mongrain
Influencé par le death metal et le thrash metal de la fin des années
1980 (
Slayer,
Forbidden,
Annihilator,
Coroner), c’est par l’entremise du légendaire groupe québécois Voivod, que les jeunes trifluviens prennent vraiment goût au métal. Le groupe commence par faire des «covers» de
Metallica dans les bars de Trois-Rivières (alors qu’ils n’ont pas encore l’âge légal d’y pénétrer) puis, commence à composer leurs propres chansons qui aboutiront en une première cassette audio en guise de démo intitulé «
Ostrogoth», enregistré en
1994 (sortit en septembre 1995) dans une maison de campagne avec un équipement plutôt modeste. Les pièces enregistrées sur la démo ont été réutilisées et figurent toutes sur leur premier album :
Hopeless Hopes.
L’enregistrement de leur premier opus fut plutôt artisanal. Le manque de budget du groupe, ne pouvant se procurer de matériel électronique ou de logiciel d’enregistrement sophistiqué, les obligea à opter pour un enregistrement 16 pistes, à confectionner un «boot» pour la batterie avec des couvertures, à programmer le métronome manuellement et enfin, les pratiques du quatuor se déroulèrent à l’époque dans le sous-sol de la maison familiale des frères Mongrain. Le mixage qui suivit la longue session d’enregistrement se fit au Cégep de Trois-Rivières. Malgré tous les obstacles rencontrés par le groupe durant la conception de leur premier album, le résultat n’en est pas moins ahurissant.
L’album débute sur la pièce titre,
Hopeless Hopes, parlant de la désillusion, des rêves brisés face, paradoxalement, au fait qu’une vie sans désir n’est pas une vie qui vaut la peine d’être vécue. La musique reflète bien les propos. Le death métal de
Martyr est puissant mais sait toujours s’appuyer sur la signification des paroles pour construire une musique qui les représente bien. Les mélodies, quelques peu mélancoliques, incorporées dans un torrent de riffs assez robustes donnent le résultat escompté : un titre complet et riche en émotions.
Le titre suivant n’est pas en reste. Après le progressiste «
Hopeless Hopes», le groupe propose un autre classique (qu’ils joueront de façon régulière en spectacle) : «
Prototype», avec ses riffs électrisants et ses «cleans vocals» (très rare chez
Martyr) pendant le refrain. Suit le très entraînant «Elementals» et le méconnu «
Non Conformis», tous deux, sans conteste, des tubes à faire headbanger les coincés de la nuque!
Ce qui est intéressant avec la musique de
Martyr, c’est qu’elle ne tombe jamais dans la banalité, dans les paroles stéréotypées (
Satan…) ou encore dans le blast-beat de façon intensive avec vocaux gutturaux à souhait. Bref,
Martyr ne s’insère dans aucun moule, même pas celui du Death technique, où il y est pourtant classé. Le groupe joue de façon intelligente et ça rapporte; la musique est d’une originalité déconcertante (un riff de la chanson Inner Peace aurait d’ailleurs été copié par Chuck Schuldiner de Death dans la composition de
Spirit Crusher).
Martyr s’affirme haut et fort avec un premier album tel que celui-ci. La qualité et l’originalité sont au rendez-vous sans conteste. Aucun titre n’est à jeter, certes, mais il existe néanmoins quelques défauts à ne pas omettre. Tout d’abord, le manque flagrant de puissance dans le son de la batterie qui, tout en étant originale dans son jeu, ne peut rivaliser, en termes de force de frappe, aux autres instruments. Ce défaut agace mais on s’y fait. Enfin, la disposition des chansons sur l’album place les bombes au début et laisse les titres les moins cultes en dernier ce qui peut décourager le néophyte qui s’aventure pour une première fois dans ce genre de galette. L’auditeur avertit en fera certainement fit.
À écouter absolument :
-
Hopeless Hopes
-
Prototype
-Elementals
-
Ostrogoth
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