"... something without physical ...
disturbing my frequency ..."
Voivod - Brainscan
Parfois avec un caillou, l'on peut construire un nouveau monde. Quelques fois une note de musique transforme une chanson en une merveille. Il arrive aussi qu'un bassiste vous fasse découvrir un nouveau groupe. Et quelques fois, il suffit d'un scanner du cerveau pour que votre vie bascule.
Pendant des années je considérais Voivod comme le meilleur metalband Canadien, et personne ne pouvait me faire changer d'avis la-dessus. Je me ruais sur tout ce qu'ils proposaient... quand je le pouvais. Un jour, alors que je recherchais des infos sur leur ex-bassiste Jean Yves Theriault – Blacky, je tombais sur une reprise de "Brainscan" de Voivod exécutait par un groupe appelait
Martyr dont Blacky faisait parti. Etant une dévouée a la cause du thrash des 80's, je dois dire que je me suis peu intéressée aux styles extrêmes du métal comme death et son death technique, me limitant a
Necrophagist et
Nile. Mais par amour pour Voivod et aussi par curiosité, je décidais de laisser une chance à
Martyr.
Avant d'introduire ce skeud, tournait sur ma platine une vieille démo au son tellement horrible que j'ai du monter le volume à fond; volume que j'ai ensuite oublié de baisser... ET LA PUTAIN!!! Une explosion est sorti de mes enceintes me frappant à la face et me cloua au sol... me laissant comme paralysée et exsangue. Pendant 40 minutes j'ai été submergé par un chaos sonore fait de vitesse, d'émotions, de riffs électrisants ... et de violons! Le tout parfaitement structuré et maîtrisé! Lorsque je retrouvais mon souffle, une seule chose me vint à l'esprit: Cet album n'est pas le fruit du commun des mortels. Je décidais donc de le ré-écouter à un volume plus convenable, afin de mieux me concentrer sur la musique. Le résultat fut le mémé, en un peu moins fort. Cet album est un amalgame de beauté et de brutalité concentré: ce son explosif quelques fois entrecoupé par un silence ou le violon d'Antoine Bareil, et ou les guitares sonnent telles des violoncelles.
Et lorsque je disais que "
Feeding the Abscess" est un album qui n'est pas le fruit du commun des mortels; mes dires prirent tout leurs sens lorsque j'appris que les membres de
Martyr avaient étudiés le jazz à l'université; ça veut tout dire! Cet album résonne comme un enregistrement de jazz. De "
Perpetual Healing (Infinite pain)" à "Brainscan" les morceaux sont imbriqués les uns dans les autres, si bien que l'on ne sait plus si le morceau est fini ou si le suivant vient de commencer. Ce remarquable enchevêtrement musical atteint son apogée sur le brillant titre en quatre parties, appelé "
Dead Horizons". On ne peut écouter cet album dans le désordre sous peine de se perdre dans ce labyrinthe musical, et, ou le titre suivant l'autre est la seule issue de ce dédale sonore.
Cette fusion fantastique entre le métal et le jazz, qui passe d'un blast-beat à une mélodie reposante, vous donne la même sensation que de nager à contre-courant! Cela tient autant du talent que de l'intelligence pour combiner ces éléments avec brio. Ce solo de violon qui vient conclure de manière hypnotique le morceau "
Havoc"...
Les paroles ne sont pas en restes car elles sont en symbioses avec la musique "... imperfect perfection...perfectly imperfect..." Du début jusqu'à la fin le thème de l'être humain "shell of shocked life, truth held concealed ...", dans ce qu'il a de meilleur et de mauvais, est repris comme les chapitres d'une vie contemporaine "... battling sailless windmills ..." Ce thème , bien que moins conventionnel pour du death, s'allie a merveille à cette musique brutale et détonante. En fait c'est comme un puzzle dont les pièces sont conçues de façon qu'elles puissent aller dans un seul endroit.
"
Feeding the Abscess" n'a pas pour vocation de vous faire headbanguer, je dirais plutôt qu'il vous met K.O au 1er round. Tout ceci pour dire que l'on a pas forcément besoin d'être farci de tatouages ou de piercings pour paraître le plus métal possible, sans oublier les paroles stéréotypées sur "
Satan et compagnie".
Martyr en est l'exemple parfait .
Cet album est de l'art brut.
Daniel Mongrain, François Mongrain, Martin Carbonneau et Patrice Hamelin sont de véritables artistes du metal.
Pour conclure je dirais que la scène extrême canadienne a trouvé en
Martyr l'un de ses plus beaux joyaux.
traduit par Baudelaire
très prometteur ;)
Un excellent album!
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