Liste des groupes Metal Mélodique Soul Shredder War Machine

Prudence est mère de sûreté, dit-on... Un adage suivi à la lettre par ce discret quintet britannique natif de Sheffield (comté du Yorkshire du Sud). En effet, créé en 2003, le prudent collectif ne sortira finalement son introductif et éponyme Ep que onze ans plus tard, une modeste mais démoniaque offrande incitative à un headbang quasi ininterrompu. Trois années supplémentaires sépareront ce méfait de son cadet, « War Machine », seconde auto-production qui, comme son aînée, compte 5 pistes égrainées sur une bande auditive d'une bonne demi-heure. Est-ce à dire qu'un bis répétita à l'exclusion de toute autre alternative qui en fonderait précisément son originalité serait à l'oeuvre ? Vers quelles rivages nous mènent cette fois nos cinq aventuriers ? A l'aune de ce nouvel arrivage, seraient-ils désormais en passe de se hisser parmi les valeurs montantes de ce registre metal ?

Dans ce dessein, le line-up a subi une légère refonte. Si l'on retrouve bien Thumri Paavana, frontwoman aux puissantes inflexions qui ne sont pas sans rappeler celles de Floor Jansen à ses débuts, Stuart Gibson aux guitares et aux claviers, Tom Collinson aux guitares, et Ed Scrimshaw à la basse, G Oldale, en revanche, se verra remplacé par Rix Hobbs derrière les fûts. De cette fraîche collaboration naît un propos estampé heavy/power mélodique, aux relents progressifs et hard rock typé 70s. Aussi, les influences de Ela, Halestorm, Battle Beast Kobra And The Lotus et Crystal Viper se font-elles à nouveau sentir, la touche personnelle en prime.

Tout comme son prédécesseur, cet album s'est vu intégralement composé par Stuart et écrit par Thumri, témoignant dès lors d'une technicité instrumentale et vocale maîtrisée et de lignes mélodiques plus difficilement lisibles mais finement esquissées. Mixé par Stuart et mastérisé, à son tour, par Ed, le manifeste jouit d'un enregistrement difficile à prendre en défaut mais aussi d'une belle profondeur de champ acoustique et de finitions passées au crible. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur la cale de la frêle embarcation...

A l'instar de son aîné, ce méfait nous plonge à nouveau dans un bain bouillonnant, non sans de sémillantes séries de notes à la clé. Ainsi, suite à un sensible picking à la guitare acoustique, le ''halestormien'' « War Machine » ne saurait tarder à sortir ses griffes. Pourvu de riffs épais adossés à une frondeuse rythmique, ce tonique espace d'expression ne relâchera sa proie qu'en de rares circonstances. Parallèlement doté d'une sente mélodique certes convenue mais d'une redoutable efficacité, sur laquelle se greffent les corpulentes impulsions de la sirène, l'entraînant up tempo heavy mélodique ne se quittera qu'à regret. Plus incisifs encore, et non sans rappeler Kobra And The Lotus, le torrentiel « Soul Shredder » comme le diluvien « Fire and Ice » génèrent une énergie aisément communicative ; mention spéciale pour les flamboyants soli de guitare que ces deux brûlots nous adressent.

Lorsque la cadence se fait plus mesurée, nos acolytes trouvent quelques clés pour nous retenir, un peu malgré nous. Ce qu'atteste « The Resurrection Circle », mid tempo heavy mélodique aux riffs crochetés qui, à l'aune de « Call to Arms » se place à mi-chemin entre Ela et Crystal Viper. Si l'on pourra se laisser happer par le fin legato du lead guitariste et se voir interpellé par le tranchant des serpes oratoires de la prédatrice, les schèmes d'accords, en revanche, tendent à une tenace répétibilité quand le sillon mélodique se fait, cette fois, un tantinet linéaire. Peut-être bien le bémol de la menue rondelle.

Dans ses pérégrinations progressives, s'il parvient encore à maintenir l'attention constante, le combo se révèle un poil moins inspiré aujourd'hui qu'hier. En effet, s'il se fait incitatif à un headbang subreptice, le ''halestormien'' mid/up tempo « Fade » peinera davantage que « Kijo » à convaincre de son efficacité. Jouissant pourtant d'enchaînements intra piste des plus sécurisants, portée par les poignantes oscillations de la princesse, et recelant un substantiel et grisant solo de guitare, mais se calant sur une ligne mélodique en proie à de bien pâles ondulations, la fresque ne pourra se dompter qu'au fil d'écoutes circonstanciées. A réserver aux plus chevronnés de l'exercice de style, donc.

Marchant sur les pas de son devancier, ce second opus peine même à s'en distancier suffisamment pour y voir-là une œuvre à part entière sur le plan artistique. Cela étant, cet effort se fait plus tonitruent et abouti mais plus insaisissable et stéréotypé que son aîné. Témoignant à son tour d'une ingénierie du son plutôt soignée mais non aseptisée, faisant montre d'une inaltérable et magnétique énergie, mais ne variant que peu ses exercices de style comme ses phases rythmiques et accusant de persistantes linéarités mélodiques, le manifeste aurait à la fois quelques armes de séduction pour l'emporter mais aussi l'une ou l'autre lacune à dépasser, ces dernières empêchant dès lors le groupe de se hisser parmi les valeurs montantes du metal mélodique à chant féminin ; état de fait qui n'exclue nullement de compter le quintet britannique parmi les espoirs que la concurrence se fera fort de ne pas occulter. Wait and see...