S'il est des formations sachant prendre la mesure des enjeux avant de se lancer dans l'arène, ce quintet britannique originaire de Sheffield (comté du Yorkshire du Sud) serait assurément du nombre. En effet, sorti de terre en 2003, ce n'est que onze ans plus tard que le combo d'outre-Manche réalisera son introductif EP éponyme, dans sa version physique tout d'abord. Cette auto-production généreuse de ses 31 minutes se verra ensuite remastérisée pour sa version digitale, celle qui, précisément, fera l'objet de cette analyse. Un scrupuleux dépoussiérage, synonyme d'une sérieuse envie de s'illustrer dans ce concurrentiel registre metal de la part de la troupe britannique. Cela étant, vers quels horizons se dirigent donc nos cinq valeureux gladiateurs ? Quels seraient alors leurs atouts pour espérer tenir la dragée haute à leurs opposants les plus féroces ?
Avant d'aller plus loin, quelques présentations s'imposent. A bord de la goélette, nous accueillent : Thumri Paavana, frontwoman aux puissantes inflexions qui ne sont pas sans rappeler celles de
Floor Jansen à ses débuts, Stuart Gibson et Tom Collinson aux guitares, Ed Scrimshaw à la basse, suivis de G. Oldale derrière les fûts. De cette étroite collaboration émane un set de cinq titres à la fois sanguins et grisants, composés dans leur intégralité par Stuart et dont les paroles relèvent de la plume de Thumri. Aussi, effeuille-t-on un propos d'obédience power/heavy mélodique, non sans une touche de hard rock typé 70s, dont les influences de
Ela,
Bif Naked,
Halestorm,
Battle Beast,
Kobra And The Lotus et
Crystal Viper se font tour à tour sentir. Enregistré et mixé par G. Atkinson, et mastérisé par Ed Scrimshaw, l'opus ne concède que peu de sonorités résiduelles tout en jouissant d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation. Il ne nous reste plus qu'à plonger le pavillon dans le chaudron bouillonnant...
C'est dans un vaste champ de turbulences que nous immergent volontiers nos acolytes, ces derniers générant alors un headbang bien senti sur la majeure partie de la torrentielle galette. Ce qu'atteste, tout d'abord, « The Enemy », up tempo power mélodique aux riffs épais adossés à une frondeuse rythmique, mis en exergue par les toniques impulsions de la belle. Un galvanisant méfait aux enchaînements des plus sécurisés, que n'auraient sans doute renié ni
Kobra And The Lotus ni
Crystal Viper.
Plus étourdissants encore, sans cesse réalimentés par de véloces et puissants coups de boutoir, recelant tous deux un fuligineux solo de guitare, et, eux aussi, impulsés par les serpes oratoires d'une interprète bien habitée, les pulsionnels et ''eliens'' « Prepare for
Annihilation » et « The
Undying Spirit » ne relâcheront pas leur proie d'un iota.
Dans une perspective progressive, le collectif britannique révèle de non moins séduisants atours. Ainsi, on ne mettra qu'une poignée de secondes pour se voir esquisser un headbang subreptice sous le joug de « Kijo », fresque heavy progressive ''halestormienne'' en l'âme délivrant ses quelque 8:45 minutes d'une traversée aussi houleuse que riche en rebondissements. Suite à un break opportun placé à mi-morceau, la cadence ne saurait tarder à s'accélérer ; moment où, précisément, un flamboyant solo de guitare vient s'inscrire dans la trame de ce brûlot. Portée par les poignantes modulations de la frontwoman et recelant un fin legato en bout de piste, la luxuriante offrande concède toutefois une clôture des plus abruptes.
Quand le convoi instrumental tempère un tantinet ses ardeurs, nos compères ne se sont guère montrés plus malhabiles, tant s'en faut. Ce qu'illustre « Call to Arms », mid tempo heavy mélodique aux riffs crochetés à mi-chemin entre
Ela et
Crystal Viper ; jouissant également d'un grisant solo de guitare, de saisissantes accélérations du dispositif instrumental et encensé par les troublantes oscillations de la sirène, le fringant propos ne se quittera qu'à regret.
Pour son premier mouvement, le quintet britannique s'en sort honorablement. Empreint d'une énergie aisément communicative, bénéficiant d'une ingénierie du son assez soignée et laissant entrevoir une technicité instrumentale et vocale déjà éprouvée, le modeste opus se suit d'un seul tenant. On aurait toutefois espéré un propos plus varié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, et des exercices de style un brin moins stéréotypés qu'il n'apparaissent. S'il ne peut, pour l'heure, prétendre inquiéter sérieusement ses challengers, le combo n'en délivre pas moins un premier essai aussi brûlant que démoniaque...
Pour prendre leur temps... deux ép et un full en presque 20 ans... la passion doit être plus forte que la frustration de l attente, mais tel doit être le prix à payer pour nombre de groupes nons "professionnels"chapeau à eux et bravo pour la chronique
De rien! En effet, on sent une réelle passion animer le prometteur groupe britannique, le brio technique et l'inspiration mélodique en plus. A voir s'il confirmera le potentiel pressenti à l'aune de sa prochaine offrande...
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