Si l'on s'en tient aux faits, et rien qu'aux faits, difficile de nier que ce quatrième album des Américains de
Lizzy Borden, baptisé
Visual Lies et sorti à peine un an après l'excellent
Menace to Society, marque un tournant déterminant dans la carrière de ce groupe puisqu'il est le premier à s'inscrire aussi manifestement, et de manière aussi importante, dans la volonté de ce collectif de rendre sa musique plus mélodique et moins subversive. Et pourtant loin de toutes considérations partisanes, si tant est que l'on puisse s'en éloigner (ce à quoi, personnellement, je crois moyennement), force est de constater que le premier titre de ce nouveau manifeste, ce
Me Against the World qui entame les hostilités, est, dans l'absolu, un excellent morceau qui pourrait, aujourd'hui encore, apprendre pas mal de choses à certains groupes actuels, et notamment en matière de refrains réussis.
Toutefois, reconnaissons qu'au-delà de cette première piste, évidemment, ça se gâte quelque peu. Et notamment avec ce
Shock aux refrains bien trop candides ou avec ce
Visual Lies qui nous offre, quant à lui, certaines séquences mélodiques tellement harmonieuses que
Lizzy Borden en devient quasiment méconnaissable.
Les mauvaises langues, et surtout les gens prompts à dégainer facilement les arguments irréfléchis, pourraient venir nous dire que ce changement de style est l'œuvre du guitariste Joe Holmes remplaçant ici Alex
Nelson. Bon d'accord, j'avoue ma malhonnêteté intellectuelle qui n'avait pour unique vocation que celle d'évoquer cette succession car même si, indéniablement, un tel changement a toujours un impact, personne ne pourrait décemment penser qu'un
Gregory Charles Harges (aka
Lizzy Borden himself) aussi imposant dans la destinée de ce groupe, de SON groupe, ait été complètement étranger à cette décision.
Cela dit, ce constat un poil amer sur un disque, dans l'ensemble, nettement moins convaincant et séduisant que ses prédécesseurs devra tout de même être un peu tempéré.
Déjà parce que certaines de ses pistes, sans évidemment égaler celles d'autrefois, gardent tout de même quelques belles vertus (Den of the Thieves et sa vivacité enthousiasmante,
Lord of the Flies et sa construction très intéressante, Voyeur (I'm Watching You) et ses chorus ou par exemple ce
Visions à la facette trouble délectable).
Et ensuite parce qu'en considérant ce revers comme ce qu'il est, on le fait, et d'ailleurs c'est bien naturel, en le comparant à ce que les Californiens nous avaient proposé avant. C'est-à-dire en oubliant un peu le niveau assez haut où ils avaient placé la barre. En d'autres termes un échec comme celui-ci, je le souhaite à beaucoup de musiciens en mal de reconnaissance.
Quoi qu'il en soit, si on s'en tient aux faits, et rien qu'aux faits, difficile d'être pleinement convaincu par cette démonstration au Heavy Sleaze Rock un peu trop mélodique et un peu trop épuré de cette subversivité et de ces aspérités qui, au fond, définissaient, aussi, l'âme profonde de cette formation.
Et la suite du parcours de ces natifs de
Los Angeles, malheureusement, n'allait pas être meilleure et, bien au contraire, accélérer encore l'irrémédiable descente aux enfers entamée avec ce
Visual Lies.
Pour ma part, je trouve cet album très bon, à la limite de l'excellent avec une chanson magnifique "Me Against the World", qui pour moi, elle est la meilleure de Lizzy Borden à ce jour.
Par contre, je suis d'accord avec samolice en disant que le début de la fin arrive plutôt avec "Master of Disguise".
Samolice, ce serait bien finalement que tu nous faces une chro, cela donnerait un avis différent.
Sinon, c'est pas grave pour la confusion avec Alex Nelson, y a pas honte pour ça ;-)
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