Sortie des oubliettes des années 80, la formation «
Lizzy Borden », l’un des fleurons de cette grande époque, se rappelle à nous 11 ans après leur dernier opus «
Master of Disguise ». N’ayant sorti entre temps qu’un EP et un best of. Le line up a encore muté depuis la dernière comparution. Seuls le chanteur
Lizzy Borden et le batteur Joey Scott s’affichent comme rescapés depuis l’album de 1989. Cette fois-ci nous sommes en 2000, et Lizzy signe un pacte avec le diable (une nouvelle fois dira-t-on). Un contrat lui garantissant de faire un retour triomphant sur scène.
Mais une si longue absence sans album est souvent l’occasion pour un artiste de trempe de se renouveler, de rallier le public, de tenter d’accrocher à la musique de l’époque présente, afin de ne pas rassembler que quelques nostalgiques. Une leçon difficile à mettre en pratique en vérité. Car hormis ses bonnes intentions, «
Lizzy Borden » n’a pas entièrement tourné la page de son passé, celui des années 80. Il s’emploie en revanche à faire quelques efforts.
On voit qu’il s’est pleinement investit. A l’image du grandiloquent morceau qui nous accueille d’entrée. « There
Will Be
Blood Tonight » enclenche et fait tourner la bobine par une entame de batterie puissamment martelée par Joey Scott. Les guitares passent à sa suite à l’offensive donnant dans un riffing heavy particulièrement bien tranchant. La voix de
Lizzy Borden est dans l’action. Elle offre un confortable soutien à la musique par son fort engagement, transcendant le refrain pour en faire un texte imprimable dans notre crâne. Ce morceau passe pour être le meilleur de l’album et celui dont le heavy serait encore d’actualité. Car en ce qui va concerner les autres titres heavy metal de l’opus, «
Lizzy Borden » restera dans la nostalgie de son glorieux passé.
Des titres aux sonorités typiques des années 80, ressortiront de titres purement heavy comme l’éponyme «
Deal with the Devil » et ses riffs salvés à l’ancienne. Le chant de Lizzy semble néanmoins se détacher de la musique, qui parait, elle, plus conservatrice et plus rugueuse. Le dernier tiers de piste prend une autre tournure, au niveau du chant notamment. Le style emprunterait alors plus le glam metal de groupe tel que «
Poison » ou « Mötley Crüe ». Dans cette même veine du old heavy, « State of
Pain » ressemblerait davantage à un «
Twisted Sister » de la période « U Can’t Stop Rock n’ Roll », même si le chant ferait ressortir un plus net penchant pour le hard.
Plus timoré cette fois, «
Hell Is for Heroes », mêle des riffs de guitares rêches et une touche de hard US, pas seulement dans le chant et les chœurs. Ce n’est pas un titre des plus originaux non plus, mais celui-ci respire véritablement la fraîcheur grâce à un refrain volontiers soft qui rentre bien en adéquation.
Du hard, il en est clairement question avec l’enchanteur « Lovin’ You Is Murder ». La guitare rythmique en fond maintient en haleine. Le refrain assume un côté FM avec ses chœurs. Peut être moins bâti pour la radio que la reprise d’«
Alice Cooper » « Generation Landside », où on reconnait bien la musique hard nonchalante et insouciante typiquement américaine. Autre reprise, celle de « (This Ain’t) The Summer of Love » de « Blue Öyster Cult », issu du sublime album de 1976, « Agents of
Fortune ». L’interprétation faite reste dans la fibre très américaine, toujours aussi prenant. «
Lizzy Borden » se cantonne dans la nostalgie, avec une certaine réussite, il faut le dire.
Ce qui ne sera pas le cas de la ballade « Believe ». On tenterait de nous faire bouger, de nous faire partager les sentiments de son chanteur. Mais c’est bancal, beaucoup trop répétitif. Si le chant semble totalement épris, ce n’est pas le cas des guitares, maladroites par moments, à l’exception des ouvertures à l’acoustique toujours du meilleur effet pour ce type de chanson. Répétitif et maladroit. Deux éléments que semblent partager « The World Is Mine » bien que s’employant dans un hard volontairement plus moderne. Pourtant l’excentricité du morceau avait tout pour échauffer les esprits.
«
Lizzy Borden » va véritablement innover sur « We Only Come
Out at
Night ». Des effets synthétiques et industriels ont été ajoutés cette fois ci. Cela reste néanmoins assez répétitif et parfois un peu trop scandé. L’innovation va payer par contre sur le très exotique « Zanzibar ». Une longue entame arabisante a été incorporée. La batterie et la basse réveilleront des orages de guitares. Le chant est aussi devenu beaucoup plus sérieux, Les riffs intimidants. En moitié de piste, les sonorités se montreront beaucoup plus évasives, s’échappant dans un sombre désert. Un titre qui se montre particulièrement riche et extensif.
C’est dans les vieilles marmites que l’on fait les bonnes soupes. La soupe de grand-mère, c’est bon, mais on voudrait toujours ajouter quelque chose en plus dedans. «
Lizzy Borden » fait donc son retour, sans pour autant avoir sacrifié son passé. Ce qui ferait dire, qu’ils sont restés à la vieille école. L’opus qui compte de bons titres, voir de très bons titres ne fera pas le succès escompté.
Lizzy Borden pourrait aller se plaindre à celui avec qui il a contracté. Mais il faut faire preuve de patience dans la magie comme dans la musique. Avec l’album qui suivra en 2007, tout sera rattrapé. Ce sera à partir de ce moment que «
Lizzy Borden » entamera une seconde jeunesse.
14/20
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