Vision

Paroles
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
17/20
Nom du groupe 1917
Nom de l'album Vision
Type Album
Date de parution 2004
Style MusicalDeath Metal
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1. In Tenebra
2. La Vieja Sangre
3. Piel de Martir, Carne de Asesino
4. Mercader de Voluntades
5. Simbolos Muertos
6. Visiones
7. Realidad Desmembrada
8. Anidando entre Serpientes

Acheter cet album

 $27.06  48,97 €  15,00 €  £46.05  buy  buy  buy
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

1917


Chronique @ TasteofEternity

13 Mars 2020

L’Argentine s’enrichit d’un « nouveau » fleuron du death metal

1917 : 10 ans de carrière, 3 albums, et enfin un sommet de brutalité !


L’Argentine est une terre pleine de ressources en dépit d’une crise économique profonde provoquant une chute des investissements et un chômage en pleine explosion au début des années 2000. En effet, malgré des moyens techniques extrêmement limités, des circuits de distribution inexistants, quelques labels désargentés derrière lesquels se cachent une poignée de passionnés, toute une myriade de groupes se battent pour exister : Angkor, Nepal, Manifiesto, Carnarium, Bestial, Deimos, Malicia, Santuario, Necropolis, Tren Loco, Nequicia, Lapida, Sinfonia Macabra, Corporal, Prion, Avernal, Devastacion, Vibrion, Mastifal, Pogrom… A cette époque-là, les ambitions les plus élevées pour un groupe de metal extrême argentin sont d’abord de trouver une scène pour s’exprimer, un bar, un squat ou une cave ; avant d'imaginer enregistrer une demo pour trouver un label, et se faire repérer pour participer à une compile, ou, pour les plus chanceux, à un split. Rien d’autre que l’underground comme il existait avant internet.

Au milieu de ce désert empli de mirages, 1917, lancé en 94 sous l’impulsion d’Alejandro et Pansa, fait figure de résistant de la première heure. Le duo se transforma en véritable groupe, le temps de sortir en 98 leur premier album auto-produit, Inti Huacay, pour mieux repartir sous sa forme originelle. Genesis and Horror, deuxième effort, sorti en 2002, toujours auto-produit, mais distribué par le label argentin Hurling Metal, leur ouvrant les portes d'une notoriété régionale. Il leur permit surtout de participer à des compilations, et même à un projet de split avec Angkor, qui fut annulé faute de moyens. Vision, le 3e album, marque une nouvelle étape dans l’évolution d’un « groupe » en pleine ascension.

Vision sort en 2004, toujours animé par le duo Pansa (basse) et Alejandro (tout le reste, production et autofinancement compris), 1917 demeurant 100% indépendant. L’album est quand même co-distribué par los amigos Pocho d’Hurling Metal et Carlos de Southern Hellish. Vision va bénéficier pour la première fois de l’appui des labels mexicains Concreto et Atolinga Records pour une réédition distribuée à l'« internationale ». Ce 3e essai tranche avec ses prédécesseurs par le style pratiqué. L’album dégage une puissance qui permet d’envisager 1917 dorénavant comme un groupe de death metal à part entière. Pour vous situer un peu plus précisément les débats, vous prenez un shaker, vous ajoutez deux mesures de Carcass, période Necroticism, une mesure de Misanthrope, époque Visionnaire, et vous rallongez avec une grande rasade de Death, version Leprosy, et vous aurez une idée approchante de ce qu'est devenu le son 1917. Les éléments exotiques qui apportaient une dimension ancestrale tant au niveau du message que de la musique ont disparu. Alejandro n’emprunte plus de voies détournées, il fonce droit au but avec une efficacité que l’OM a perdu depuis fort longtemps.

Vision distribue 8 pains dans la gueule dont une intro atmosphérique bien angoissante, pour un peu plus de 32 minutes de death metal racé dans la langue de Cervantes. Une œuvre qui se caractérise par sa brutalité présente à chaque instant. Oubliez les lignes mélodiques envoûtantes, les breaks à la guitare acoustique, la flûte ancestrale et le chant susurré. Vision bastonne à l’ancienne sans se soucier de savoir si le bonhomme est encore vivant. La discographie du groupe s’enrichit d’une pièce maîtresse sans égal dans l’intensité. La voix écorchée de Nahuel déverse ses blasphèmes par chapelets de 36. Vision baigne d’une magie noire qui nous entraîne tout au fond de l’abîme, là où la lumière n’a plus de raison d’être. Dans cet enchevêtrement de riffs, de patterns, et de provocations assumées, on prendra le temps de s’arrêter sur Piel de Martir, Carne de Asesino, qui accroche l’oreille avec son riffing malsain, sa rythmique cassante, et son texte sans ambigüité. Puis on se dirigera droit sur Simbolos Muertos, un morceau à la structure classique qui se détache par un enchaînement sans faute dans le riffing : après une intro accrocheuse, une accélération rythmique, et un riff en forme de cavalcade meurtrière qui confère son identité au morceau, sans oublier un solo meurtrier, sans surenchère technique. Le passage à tabac se poursuit avec Realidad Desmembrada, texte métaphorique nous décrivant la réalité sans artifice où le vice et l’hypocrisie sont pleinement démasqués et vilipendés, non sans nous éclabousser au passage. Un titre plus mid-tempo, qui permet d’apprécier les déclamations de Nahuel à la voix écorchée plus que convaincante. L’accélération rythmique en plein milieu doublée de ce growl primitif viennent défoncer le morceau, un pur bonheur !

Vision est un cauchemar éveillé mis en musique. Le stade 2 de la colère est dépassé depuis un bon moment, il serait question de stade 3 assumé où la haine est déversée sans aucune restriction. Alejandro Sabransky semble tout simplement enragé sur cette œuvre maléfique qui dénonce autant qu’elle oppresse, proposant un premier album de pur death metal qui était tant attendu. Une réussite totale qui tranche avec le travail atmosphérique de grande valeur proposé sur Genesis and Horror. 1917 franchit un cap dans la construction technique et dans le travail du son sur cet album qui va lui ouvrir les portes de l’internationale. En dépit de qualités intrinsèques indiscutables, cet album restera dans l’ombre, ce qui n’empêchera pas Alejandro de poursuivre son chemin avec 1917. L’underground argentin devient son royaume dans lequel il étoffe son propos musical en donnant naissance à Bokrug, entité death/grind, et plus tard à Funeris, dans une veine doom, mais toujours en solo.



1 Commentaire

2 J'aime

Partager
adrien86fr - 15 Mars 2020:

Merci mate pour cette douce et intéressante emphase sur le metal extrême argentin, compte tenu des galères énoncées et de l'histoire plus ou moins récente du pays, les termes underground et métal extrême prennent ici l'intégralité de leur sens.

    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire