Nous avions quitté
1917 dans une mare de sang nommée
Vision. Ce troisième album, qui clôturait un premier cycle riche en transformations, instaurait la brutalité au centre des revendications d’un concept qui pensais-je avait trouvé sa vitesse de croisière. C’était sans compter sur l’inspiration imprévisible de son maître à penser, Alejandro Sabransky as Nahuel, qui décida de remettre la clarté mélodique au centre de son jeu, contrebalançant cette brutalité toujours présente mais en contrepoint. A l’instar de
Genesis and Horror,
Neo Ritual se construit sur des contrastes marqués entre lignes mélodiques envoûtantes, riffing agressif et changements de rythmiques en cascade.
Dès l’intro, le retour dans le passé est palpable, rappelant la mystique ancestrale à l'oeuvre sur les deux premiers albums, avec ces notes à la flûte très accrocheuses. Puis déboulent deux morcifs qui nous replongent dans la cruauté initiée par
Vision. On retrouve cette agressivité naturelle dans le jeu incisif des guitares, cette voix écorchée et possédée, des rythmiques changeantes souvent fulgurantes, parfois entraînantes, laissant s’exprimer un death rugueux et technique.
Sin Voluntad emprunte la même voie jusqu’au break et la reprise du jeu des guitares qui s’amusent à nous perdre dans une technicité redoutable, doublé par ces changements de rythmiques très bien placés. La vitesse d’exécution a de quoi laisser rêveur, tout comme les soli. Et puis voilà apparaître l’instrumental qui éblouit l’album d’un seul coup,
Neo Ritual !!! Il aura suffi d’un riff pour que
1917 ressorte de l’ombre, quelques notes savamment dosées, pour nous refaire décoller comme El Arte de Ser Decadencia avait su le faire. Il y en a en fait pour tous les amateurs de
1917 sur cet album, qui conjugue la brutalité de
Vision aux lignes mélodiques de
Genesis and Horror. La suite des titres respecte cette volonté d’équilibrer les débats. Parmi cette avalanche de riffs et de soli, Perpetuas synthétise à merveille ce mélange entre richesse atmosphérique et brutalité rythmique, sans compter le travail d’orfèvre sur les voix qui varient au gré des atmosphères proposées. On saluera la performance d’Alejandro qui se fait fort de rendre son phrasé compréhensible et ce depuis qu’il a repris le micro afin de mettre en lumière ses textes métaphoriques et poétiques.
Un an à peine après
Vision,
1917, toujours en duo, poursuit sur sa lancée et nous envoie
Neo Ritual dans les gencives. Un disque qui sélectionne les forces de
Genesis and Horror et de
Vision et qui réussit le tour de force de les fusionner pour un rendu à la qualité indiscutable. La maîtrise technique qui se dégage de cet album, quand on sait que la quasi-intégralité de l’œuvre est exécutée, produite et financée par un seul homme, est remarquable et rappelle dans un autre style ce qu’a pu réalisé un certain Muhammed Suiçmez avec
Necrophagist sur Onset of
Putrefaction.
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