Sueur. Alcool. Sang. Toxique. Vomi. Folie. Défécation. Viol. Distorsion. Douleur.
Satan.
Destruction.
En un mot :
Diapsiquir.
Vous croyez encore en quelque chose vous ? Comme c’est mignon. Mais rassurez-vous, ça se soigne : injection quotidienne de ce
Virus STN directe dans les veines, effets psychiques garantis dans la minute. Prescription conseillée : dose létal.
Alors
Diapsiquir, c’est quoi ? On retrouve des membres de
Arkhon Infaustus, ce qui donne directe le ton. Pourtant,
Diapsiquir n’a rien à voir avec le précédemment nommé. Rien du tout, vraiment, musicalement et idéologiquement. Mais si déjà avec Arkhon on atteignait des rives assez impressionnantes de violence, ici attendez vous à bien pire.
Diapsiquir existe depuis un petit moment déjà, deux démos réédités depuis peu (à l’heure où j’écris ces mots), un album sobrement intitulé LSD (acronyme de Lubie Satanique Dépravé) puis ce
Virus expédié sur notre planète pour la contaminer.
Mais parlons sérieusement. Car certains considèrent que pour parler musique, il faut parler technique musicale. Et plus encore qu’en ce sens, parler d’un album implique de décortiquer chaque instrument et son implication dans la symphonie finale. Alors tentons de satisfaire ces esthètes quelconques. Guitar-basse-batterie. Voix. Tiens, peut-être deux guitares, qui sait ? Et puis pas mal de sample aussi. Voilà pour le gros.
Les voix sont complètement allumées, ça gueule, ça hurle, le plus souvent on pourrait même dire que ça parle d’ailleurs. Les textes portent sur différents thèmes de ce que l’on pourrait nommer déchéance humaine, c’est très cru (« je jouis dans ton cul ! »), mais au fond on sent aussi une souffrance latente franchement perceptible (« ça fait des années que je suis damné et condamnés à souffrir et faire souffrir tout ça jusqu’au dernier. Soupir, je suis fatigué de toujours gueuler… ». Le summum étant certainement atteint avec le troisième morceau, horreur suprême, expression quasi pure du
Malsain. Mais je vous laisse découvrir de quoi il s’agit…
Enfin, évoquons ces multiples samples disséminés le long de l’album, et qui renforce le caractère bizarre et crade de l’album (hard-tek, tronçonneuse, musique de film tel que Orange Mécanique, classique, et bien d’autres surprises encore).
Ensuite, précisons que le son est crade. Ben oui, pour exprimer la
Crasse, on ne fait pas dans le propre… Et c’est là d’ailleurs le génie de ce
Virus STN, le son colle parfaitement à l’optique visée. Un son malpropre, un peu suraiguë, les grattes ne vont jamais dans les basses, la batterie n’est pas assommante mais garde plutôt un côté assez « cheap ». Ça transpire, ça suinte presque concrètement. Et l’image qui s’impose pour chaque morceau est celle d’un enregistrement live, en direct. La force de l’album réside peut-être ici : le direct, le concret.
La musique de
Diapsiquir est donc difficilement qualifiable, on ne peut la rattacher à un genre, pas seulement parce que ce serait réduire la création, mais aussi parce que c’est un genre à part entière. Du
Metal dans ce qu’il a de plus sale et décadent. Nous vivons la chose telle qu’elle, il n’y a pas d’interprétation. Nous ne sommes pas dans la poésie ici, mais dans l’abjecte réalité du Réel, ce bloc impressionnant auquel nous nous confrontons chaque jour et que nous essayons de fuir par l’Imaginaire et le Symbolique (dirait peut-être un certains J. Lacan…).
Diapsiquir est
Crasse. Il est Ignobilité. Il est Immondice. Il est Déchet. Au fond,
Diapsiquir incarne l’Horreur pure. Mais le pire dans tous cela, c’est qu’il est bien réel, et que ce qu’il propose n’est rien d’autre que la réalité. La merde que l’on croise tous les jours sans s’en rendre compte, que l’on refuse pour se protéger. Le Toxique immonde qui ronge l’humain. Tout ce que
Diapsiquir interprète, il le trouve dans la réalité de notre univers. Et c’est bien là que réside l’ignoble, s’il y a choc, c’est bien parce que l’on conçoit qu’au fond ce n’est pas
Diapsiquir qui est ignoble, mais bien l’Homme lui-même.
Le ton est donné.
Diapsiquir est immonde, parce qu’il interprète ici la face la plus noire de l’Homme. Au Diable les convenances semble-t-il dire ? Non ! On va bien plus loin. Ici on ne choque pas pour s’amuser. On ne choque pas, d’ailleurs, on présente la réalité telle qu’elle est.
Satan est une excuse, on invoque le Mal comme autre pour s’en protéger, pour au fond l’étouffer, c'est-à-dire étouffer notre propre Diable, celui qui se tiens enfermé dans une poche de pus au fond de notre Inconscient.
Diapsiquir réveil tout cela. Ce n’est même pas de la sublimation. C’est de la destruction pure et dure, du trauma à vif.
9 Morceaux pour un peu plus d’une cinquantaine de minutes. Mais le temps vous paraîtra une chose bien futile à l’écoute de cet album. Oh oui, ce dernier nécessite plus que l’idée de se laisser emporter par l’univers du groupe. Ici, il faut s’abandonner, abandonner l’Homme, détruire l’image que l’on a construit de l’humain, pour se confronter à tous ses vices, toutes ses horreurs. Et l’on part pour un voyage sans retour, car une fois confronté au Réel de l’Homme, plus rien ne permet de camoufler cette réalité vomitive.
Black
Metal ? Bien trop réducteur…
Destruction ? Pourquoi pas…. Absolu ? Mmh….
En fait….
« LeMetal. Nocif et pur. »
Rien d’autre.
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