Diapsiquir est avant tout un projet très personnel.
Lubie Satanique Dépravée est un hymne surréaliste, électrique, et vicieux qui met en relief une vie, une réalité. C'est en quelque sorte, le récit continu d'une chute sans fin, d'un vécu, d'un constat physique et psychique naissant d'un affaiblissement général, qu'il soit de nature intérieur ou extérieur.
Diapsiquir, c'est l'expressionnisme sonore.
Sur ces 51 minutes, nous avons une déferlante massive de riffs très diversifiés, très puissants, qui a eux seuls retranscrivent fidèlement l'atmosphère recherchée. A savoir, l'incommodant, l'embarrassant.
La majeure partie du temps, les pistes sont composées d'un dialogue effréné entre deux guitares au son particulièrement strident. Parfois, ce sont des arpèges lancinants qui déversent de tristes mélodies. À cela vient s'ajouter une boite à rythme criante et plate. Bien que répétitive et sans âme, elle reste très présente, elle lacère, elle martèle chaque titre et accompagne efficacement le duo de guitare.
Le tout est entouré de synthétiseurs aux mélodies aussi sales que travaillées, de samples tirés de films ("Léon", "
Requiem for a
Dream"), retouchés pour sculpter définitivement la démence. Et nous avons cette voie : folle, plaintive, et aliénée tantôt masquée par d'incurables vocodeurs, tantôt malade et fiévreuse qui, additionnée au reste, met en place un climat nauséeux et désœuvré.
On oscille sans cesse entre une rapidité agressive, et une lourdeur maladive. La construction improbable des titres ( changement brutale de tempo ) et leur longueur ( souvent plus de 10 minutes ) surprennent et maintiennent l'auditeur dans "l'incompréhension, le chaos". C'est toute l'originalité du LP, une véritable alternance de mouvements idéalement construits basés sur le déséquilibre.
Les thèmes abordés sont récurrents : la dite et maintenant très connu "
Crasse ", Le grand -S-, la dénaturation de la perception, la perte de repères, de notions, l'altération physique, ainsi que la naissance de l'aliénation. Et c'est paradoxalement dans ce trouble de l'esprit total, dans ce dérèglement moral, que l'ombre d'une conscience cachée semble vouloir se dessiner dans la
Crasse et montrer à qui le veux, une réalité personnelle, la plus poussée.
Le rendu final transpire l'extravagance et la sincérité.
Pas de compromis, tout est jeté, tout est crié avec pour support, une impétuosité justement dosée. C'est la folie maitrisée. On regrettera le fait de ne pas toujours comprendre les paroles; pourtant entièrement émises en français, elles sont bien souvent incompréhensibles à cause des distorsions et autres altérations qui leurs ont été appliquées.
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