Virus

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17/20
Nom du groupe Haken
Nom de l'album Virus
Type Album
Date de parution 24 Juillet 2020
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album28

Tracklist

1.
 Prosthetic
 05:58
2.
 Invasion
 06:42
3.
 Carousel
 10:30
4.
 The Strain
 05:24
5.
 Canary Yellow
 04:15
6.
 Messiah Complex (Part I) - Ivory Tower
 03:57
7.
 Messiah Complex (Part II) - A Glutton for Punishment
 03:39
8.
 Messiah Complex (Part III) - Marigold
 02:25
9.
 Messiah Complex (Part IV) - The Sect
 02:02
10.
 Messiah Complex (Part V) - Ectobius Rex
 04:58
11.
 Only Stars
 02:10

Durée totale : 52:00

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Haken


Chronique @ JeanEdernDesecrator

30 Avril 2021

un talent intact, mais moins superlatif

Il y a une telle avalanche d'albums qui sortent qu'on peut passer à côté de groupes réellement talentueux. Cela fait longtemps que j'entendais beaucoup de bien de Haken, et je n'avais pas pris mon courage à deux mains pour me lancer dans leur musique. Concernant le prog, j'ai besoin d'avoir un certain espace libre à consacrer, du temps de cerveau disponible, comme dirait l'autre, pour bien l'assimiler. Des excuses, tout ça, me rétorquerez-vous ! Tenez, alors que je suis un fan de Steven Wilson, je n'ai même pas encore écouté tous les albums de Porcupine Tree. Sacrilège !!!
Bref, le groupe vient de sortir (enfin il y a quelques mois) son sixième album et j'ai réussi à éviter d'écouter la moindre seconde de leurs créations.

Il était temps de réparer cette lacune, et j'ai décidé de faire appel à ma technique d'écoute favorite, dite "du Petit Candide", copyright Jean Pierre Coffe. A savoir l'écoute d'une traite, dans un calme monacal, sans me renseigner sur le groupe d'aucune manière.

Je dois dire que pour du métal progressif d'une telle densité, Haken réussit l'exploit d'être accessible, et étonnamment digeste. Ça fuse de partout, avec une virtuosité éclatante au service des compositions, sans esbroufe. Leur musique a beau être d'une richesse qui confinerait au Rococo, rien de superflu n'est à enlever.
C'est une explosion de riffs thrashisants ("Prosthetic"), de passages aériens et oniriques (Le très long "Carousel" de près de dix minutes) , de breaks au millimètre, de soli limpides, qui poussent l'auditeur dans des montagnes russes jouissives.
Les influences sont très variées : on passe du techno thrash hérité de Coroner et Mekong Delta, à du métal plus moderne qu'on trouve chez Tesseract, en passant par des harmonies vocales typiques de Yes. On trouve aussi tout un éventail mélodique d'une richesse luxuriante, dont la concentration de bonnes idées au mètre carré frise l'indécence
J'ai une pensée pour certains groupes dont je tairais le nom qui n'en ont tellement pas qu'ils sont obligés de copier consciencieuse ment sur leurs petits camarades... Alors que Haken débite du riff en titane comme à la parade.
Mais le sextet sait aussi ménager des plages de repos, comme "The Strain", le dépouillé et émouvant "Canary Yellow", ou "Only Stars" qui conclut l'album, et à l'intérieur des morceaux (les passages planants et le solo de "Carousel"). Car l'auditeur aura à engloutir le plat de résistance de l'album. En effet, "Messiah Complex I" est une pièce en 5 actes enchaînés, totalisant près de 17 minutes, qui n'est pas sans rappeler Steven Wilson, en plus méchant et schizophrène.

La maîtrise instrumentale des membres de Haken est confondante, toujours juste et utilisée fort à propos. La musicalité et l'efficacité sont les deux mamelles de l'opulente muse ogresse qui nous régale sans répit. Si on trouve de longues parties instrumentales, le chant fait la part belle à la mélodie et à l'émotion, avec un chanteur dont le timbre ressemble à un Daniel Tompkins avec de accents de Yes. Pas de growl ici, juste du chant clair et quelques hurlements dosant la saturation des codes vocales, avec maîtrise.

Une fois cette écoute au débotté effectuée, j'ai pu me renseigner sur le groupe. Cette chronique est illisible, mal fagotée à l'envers, je le concède, mais soyons savants fous. Difficile donc de résumer la carrière des Britanniques, depuis les bœufs entre trois ados, Ross Henshall, Matthew Marshall, et le chanteur Ross Jennings, qui ont eu ensuite l'idée de former un groupe et de le nommer Haken. Rien que leur démo "Enter the 5th Dimension", totalisant 58 minutes et des compositions déjà chiadées, les avait déjà sortis de la masse et leur valut une signature chez Sensory Records.

Lorsqu'il a fallu gravir leur discographie, j'ai moins fait le malin. Leurs albums studio sont autant de monuments à la gloire de la créativité débridée et du perfectionnisme. Chacun de leurs disques est d'une densité et d'une richesse à peine humaine, à l'image de leur premier LP "Aquarius" qui dévoile des Tim Burton surdoués du prog, avec une approche cinématographique (Les BO de Danny Elfman ne sont pas loin) , et une versatilité pouvant faire penser à Queen, ou encore Mr Bungle dans certains moments. L'autre influence majeure du groupe était le Dream Theater cristallin de "Memories…", en version méchante, et cela s'est accentué avec les années, alors que le coté "fou fou" s'est amenuisé au profit d'une sophistication clinquante. Le combo avait encore ébloui avec "Vector", avec un metal progressif résolument futuriste, qui donne une idée de la musique que pourrait composer un Terminator mélomane.
Il se trouve que Haken n'avait pas exploité tout le contenu des sessions de ce dernier, qui devait être un double album, à l'origine. Une fois "Vector" sorti, le combo s'est donc penché sur le matériel restant, à cheval sur la tournée qui a suivi, a mis en forme et enregistré la deuxième partie de son projet, "Virus". Ceci explique donc les pochettes au principe similaire, l'une rouge sanglant, l'autre jaune citron, qui semblent se répondre.

En réécoutant "Virus" après avoir survolé la discographie du groupe et son pendant "Vector", bizarrement j'ai trouvé l'album à la pochette canari de facture assez… classique, en comparaison. Si la complexité et la technicité sont toujours à un niveau d'excellence écoeurant, les compositions sont plus posées. D'un autre coté, le groupe s'autorise à thrasher à brûle-pourpoint, voire à blaster franchement, pour aplatir l'auditeur tout esbaudi par les enluminures mélodiques, avant de repartir derechef sur des fanfreluches technoïdes. Cela explique aussi l'aspect un peu fourre-tout que j'ai trouvé à cet album, et surtout aux cinq parties de "Messiah Complex :…", qui surprennent sans cesse, mais manquent un peu de fil conducteur. Aussi, le coté futuriste qui teintait tout l'album "Vector" est ici moins présent, mis par petites touches dans certains passages (le début carrément alien de "Messiah Complex IV : The Sect"). Puisqu'on parle de duos d'albums, le dernier "Phanerozoïc II" The Ocean avait réussi l'exploit d'être encore meilleur que "Phanerozoïc I", et j'ai l'impression que Haken a vraiment tiré ses meilleures cartouches sur "Vector". Il n'en reste pas moins que sur son nouvel opus, Haken n'a rien perdu de son talent, il l'a juste dispensé ici de manière moins superlative…

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Chronique @ Gustave

27 Août 2020

La confirmation : technique, moderne, catchy et mélodique.

Qu'il est beau ce Virus, si menaçant, avec ses petites pattes mécaniques, prêtes à bondir et à s'emparer de nos défenses immunitaires...

Même si les trois premiers opus du combo londonien sont musicalement et techniquement irréprochables, et recèlent chacun des moments de grâce intense, avec "Affinity", son quatrième méfait, Haken a rebattu les cartes de son prog metal parfois un brin daté et mis un coup de polish sur des tics encore présents sur "The Mountain" : exit la rythmique Yeslike ("Cockroach King"), finis les "tibidibibop bop" old school ("Atlas Stone") et le jazz infusé ("Falling Back to Earth"). Hélas, le résultat n'était ni stable, ni convaincant, et le futur encore au bout de la longue vue, malgré une modernité bien venue mais néanmoins un peu en deçà d'un Leprous, par exemple. "Affinity" a eu néanmoins le mérite de marquer une césure et une prise de position pour les événements à venir et reste un album fort appréciable.

En revanche, "Vector", son successeur, a assis une évolution et une maturité qui m'ont pris de court et pour tout dire mis KO debout ! Non pas que Haken ait renié ni ses influences, ni son style de prédilection, mais voilà que subitement tout semblait plus fluide, maîtrisé et passé au travers d'un prisme unique, le leur. Avec, en prime, pour ne pas me déplaire, une ambiance beaucoup plus agressive, voire "djentlike", associée à un prog qui se tient par ses harmonies et ses sorties de route, entre autres. Bref, du moderne qui pète et qui emballe en même temps, avec toujours une petite pointe de folie sur certaines interventions électro déglinguées superbement bien casées.

Alors, qu'en est-il de ce "Virus" qui nous tombe dessus bien à propos?

Jetons tout d'abord un coup d'oeil à la pochette : on continue sur le monochrome, et c'est tant mieux, la filiation sera d'autant plus évidente avec le précédent effort, et ce, d'autant plus qu'il semblerait que "Vector" et "Virus" aient été au départ le projet d'un unique et double-album, perturbé par le Covid (toussa toussa). Pour ma part, question pochette et monochromes, des bleus, verts, oranges, violets, me conviendraient aussi bien, si tout continue dans la bonne voie pour ce qui est de la musique !

Justement, côté musique, eh bien, l'affaire semble conclue! Haken a trouvé une voie qui est tout autant la sienne que celle de l'avenir, à savoir une intrication du passé, avec ses développements à venir, dans un présent à la fois sensible, complexe et vigoureux.

L'album s'ouvre sur "Prosthetic", avec un riff proto thrash/indus en sourdine et une batterie martiale en appui, mais vite fait, bien fait, l'atmosphère se densifie et une voix passée aux effets introduit le frontman dans toute son autorité, qui semble ma fois bien compromise tant il semble se débattre dans des problèmes que fort heureusement ni vous ni moi n'avons à gérer puisqu'il ne veut plus en parler,... à jamais! Au programme de ce morceau, une démonstration assurée de metal moderne, faite de riffs tranchants et de belles échappées "cyberprogmartiales" pour ponctuer et mettre du sel sur les plaies avec, en prime, un refrain dont la mélodie se grave illico dans le cerveau. D'emblée, Haken montre son savoir-faire à manier des éléments variés et complémentaires de façon construite et clairement intelligible.

A l'image de cette ouverture,"Virus" sera technique, progressif et mélodique et le contrat sera garanti jusqu'à la dernière seconde. Même sur le terrible "Invasion" qui bastonne comme pas deux, l'épilogue rassérénant vient caresser dans le sens du poil sur la fin, et ce, en dépit d'un tabassage en bonne et du due forme avec une batterie aliénée sur la toute fin.

Ce qu'il y a de vraiment abouti avec cette livraison ce sont, par exemple, les dix minutes trente de "Carousel", qui passent sans qu'on ait eu le temps de s'ennuyer une seule seconde, même si le morceau à tiroirs n'est pas avare en digressions et revirements, au demeurant tous aussi bien négociés les uns que les autres. Un bijou de brutalité et de finesse. Du bel ouvrage.

Le seul écueil de cet album, s'il fallait en trouver un, tient à sa lecture. Je m'explique : dans la première moitié, on suit une extension de "Vector" dans ce qu'il avait de plus abouti, mais à compter de "Canary Yelow", qui vient mettre comme une sorte de frein ou de frontière avec une grande classe, les cartes se brouillent...mais pas pour trop longtemps.

La série des "Messiah Complex", coeur palpitant de cet opus, démarre tout en douceur sur des nappes arpégées, puis monte en puissance sur un tapis de riffs en apesanteur et enfin d'autres plus incisifs ; et déjà ce "Messiah I" ouvre la voie vers la folie à suivre, une montée en puissance inexorable vers l'apex des suivants"II", "III" (divin "Marigold"), où on entend déjà des rappels mélodiques issus de "Vector" faits de breaks hallucinants et de montées mélodiques apaisées, prises au piège par une furie technique aussi mécanique qu'incandescente. Puis viennent "IV" et "V", où Haken concentre tout le savoir-faire acquis au fil des années avec, en plus, une niaque de tous les diables qui vient s'abimer dans une mélodie reprise de "Vector" en mode crash d'avion avec 1000 personnes à bord, sur "V".

Le final sera aussi déconcertant que bien vu, une belle mélodie déployée par le sublime Ross Jennings qui est à l'avant-poste et le fer de lance de cet album somptueux... il fallait bien le souligner.

"Virus" s'avère aussi complexe que catchy, aussi technique que mélodique, aussi moderne que redevable des anciens, et c'est un véritable tour de force que d'avoir su concilier tous ces paramètres a priori difficilement miscibles. A ceux qui pensaient avoir déjà pris une grosse baffe avec "Vector", n'hésitez pas une seconde, la deuxième grosse mandale est disponible.

11 Commentaires

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Op467 - 29 Août 2020:

En accord avec la chronique, même avec la version instrumentale pas d ennui. Haken a digéré ses influences Dream, Opeth,  Tool, Radiohead...

Fonghuet - 30 Août 2020:

j'ai bien hâte d'écouter! Vektor était plus énergique et metal, donc il me plaisait beaucoup plus que les précédents albums (sauf Aquarius qui est monstrueux)
merci pour la chro!

 
Op467 - 30 Août 2020:

Tu as raison @Gustave j ai écouté Vector avant et c est une suite logique avec la reprise de mélodies. 

Fonghuet - 01 Septembre 2020:

la voix sur cet album est très plate et monotone, sorte de plainte incessante, ça a tué mon écoute. Je suis le seul?

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