Que de nouveautés dans le metal progressif ces temps-ci ! Jamais autant de groupes ne se sont illustrés durant une même année !
My Soliloquy,
The Omega Experiment, Opposing Motion,
Leprous, Scale the Summit,
Until Rain,
Imperial Gates … Et maintenant les anglais de
Haken.
The Mountain est leur troisième album, sorti deux ans seulement après
Visions qui était déjà une belle réussite (plus sur le plan artistique que sur le plan commercial il faut bien l'avouer), qui était lui-même sorti tout juste un an après
Aquarius, l'album ayant projeté le groupe sur le devant de la scène européenne. Et avec
The Mountain, c'est le cas de le dire, on atteint des sommets. Neuf titres, pour des durées allant de 2 à 11 minutes, du plus pur metal progressif au jazz classique sur fond de musique expérimentale.
Pour ne rien gâcher (quoique parfois …) l'opus est un concept album, mais je ne pourrais malheureusement pas vous raconter son histoire, puisque j'ai acquit cet album par la voie du téléchargement (et si vous en savez plus que moi dites-le). La (très belle) pochette évoque peut-être ce concept, avec cet homme, tel un scarabée bousier poussant son gros caillou ; il paraît qu'il y a une référence au mythe de Sisyphe, mais mes connaissances en mythologie sont trop limitées pour en être certain. Cet album annonce donc quelque chose d'au moins intéressant, sinon un très bon moment à passer. En ne se fiant qu'à la "documentation technique", ça part d'ailleurs très bien, toutes les chances étant du côté du groupe pour réussir parfaitement leur troisième album (et la signature chez InsideOut Music doit y être pour quelque chose).
Il est assez rare dans le metal progressif d'avoir une introduction, mais quand il y en a une, elle est toujours utile et agréable. Celle que propose
Haken maintenant ne déroge pas à la règle. Nommé simplement The
Path, ce morceau n'est constitué que de piano et de chant, tout en douceur, presqu'à la manière de leurs compatriotes d'
Anathema. De The
Path découle donc
Atlas Stone, qui dévoile un metal progressif bien inspiré et original. Très jazzy par moments, mais parfois plus aérien, c'est un titre très condensé, il y a beaucoup d'idées, qui sont pour la plupart très bonnes. Le chant est d'un excellent niveau ici, sans jamais être démonstratif. Les instruments aussi ont le niveau, mais ce n'est en réalité pas très important, car c'est plus la composition que l'interprétation qui prime (bien que cette dernière soit excellente aussi).
Les autres (longs) titres sont du même acabit, avec un metal progressif moderne, en plein dans ce qui se fait actuellement. Falling Back to
Earth et Pareidolia proposent tous les deux une musique originale, parfois flirtant avec l'étrange, alternant les passages plus incisifs avec des moments aériens calmes. Les lignes de chant sont très travaillées, et parfois en décalage avec la mélodie, ce qui créé une atmosphère bizarre mais pas déplaisante. Le premier des deux titres sus-cités se termine sur une longue partie calme et lente très réussie, qui transmet une ambiance de sérénité, avec juste une petite remontée en puissance à la toute fin.
Quant au deuxième morceau le plus long, notons un excellent passage instrumental au milieu, agrémenté de sons étranges produits par des instruments dont je ne connais pas les noms (comme d'habitude, si vous le savez, soufflez-le moi) ; le tout accompagné d'un très beau chant qui transmet beaucoup d'émotions. Tant que nous y sommes, autant parler des autres morceaux sur lesquels la voix de Ross Jennings est touchante, par exemple l'interlude As Death Embraces, ou encore Because It's There, où l'on se rapproche encore une fois beaucoup d'
Anathema. Soit dit en passant, c'est sur ce genre de morceaux que le piano se montre sous son meilleur jour, et participe beaucoup dans les compositions, et ce n'est pas pour me déplaire.
Le morceau final, nommé Somebody, tend plutôt vers ce qu'a fait
Leprous cette année, soit une musique plus sombre et dramatique, mais aussi très aérienne, cristalline, pure … Tout est magnifiquement bien orchestré, les instruments s'organisent dans le plus bel ensemble, pour ne former plus qu'un seul mouvement. Somebody aurait été la meilleure chanson de l'album s'il n'y avait eu
Cockroach King.
Cockroach King est un savant mélange entre Scale the Summit,
Van Canto, et un groupe de jazz lambda. Les guitares saturées et la grosse batterie du début du morceau ne nous leurrent pas longtemps sur l'étrangeté du machin, car tout de suite commence le chant. Une voix chante seule (à la limite de la justesse, ce qui la rend encore plus proche de nous, et donne plus de sensibilité), et en arrière-plan d'autres voix chantent des syllabes articulées mais incompréhensibles. Les instruments arrivent ensuite, discrètement d'abord, puis prennent de plus en plus d'importance. La suite du morceau dévoile une bonne partie de bizarreries, certaines semblant sortir tout droit de jeux vidéos. On s'éloigne alors un peu du metal progressif pour lorgner du côté de la musique expérimentale, le temps de quelques minutes.
De surprises en surprises,
Haken nous fait voyager pendant une bonne heure autour d'un thème que je regrette de ne pas connaître. Les morceaux sont peut-être tous très différents les uns des autres, mais, magie de la composition, ils se suivent et s'organisent avec beaucoup de cohérence.
C'est donc une troisième belle performance pour
Haken, surtout si l'on prend en compte la durée entre chaque album, c'est un exploit ! Trois albums d'excellente qualité en quatre années, c'est du jamais vu. Peut-être est-ce dû à la présence de Richard Henshall et de Tom MacLean, qui sont loin d'être des débutants, ou alors est-ce dû juste à cette chose mystérieuse, le Saint
Graal des compositeurs de musique, nommée Inspiration ...
Voyons voir... Ou plutôt, voyons écouter.
.....
Ah oui, m*****, à la première écoute, ça a l'air d'être franchement sympa ! Je réécoute : Non, c'est carrément excellent ! Et cet album "The Mountain" tourne maintenant en boucle depuis 5 jours.
Ce qui m'a frappé lorsque j'ai commencé à appréhender l'univers musical proposé, c'est la richesse de la forme et l’a-propos toujours juste des interventions de chaque instrument (chanteur compris). L'émotion vient ensuite par l'appréhension de la richesse du fond qui, elle, est immense ! Au final, l'adjectif que je trouve le plus approprié pour qualifier ce disque : passionnant !
Quelques frissons principalement concentrés dans "Falling Back to Earth" - la pièce centrale et maîtresse du disque, "Because It's There" et son magnifique travail vocal et enfin "Somebody" aérienne à souhait.
Mais surtout une écoute passionnante tant l'inspiration de la forme et du fond est profonde. En 7 minutes, "Atlas Stone" en dit infiniment plus qu'une discographie complète d'un groupe quelconque de hard rock binaire croyant ses quelques breaks téléphonés carrément géniaux.
Autre caractéristique de l'album : tout est bon ! Pas de chanson inintéressante ; que du réussi ! La seule chanson dont je me surprends à attendre la fin est "In Memoriam". Désolé pour elle...
Une très belle découverte ! Merci au site !
A ce sujet, je dois retrouver la chronique faisant référence à Haken : je me dois d'écouter les autres groupes cités...
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