Liste des groupes Metal Alternatif Nemesea Uprise

Cinq ans après « The Quiet Resistance », troisième et rayonnant album full length, les Néerlandais de Nemesea remettent le couvert, plus déterminés que jamais à en découdre. Cofondé en 2002 à Groningue par la charismatique Amanda Ophuis, chanteuse à la voix suave et puissante, et Kendrik Jan de Jong, sensible guitariste, claviériste et vocaliste, l'expérimenté combo batave revient en force avec un roboratif « Uprise », via Napalm Records. Aussi, les quatorze titres (dont quatre pistes bonus) égrainés sur un ruban auditif d'une bonne heure non seulement offrent une palette étoffée de plans atmosphériques et esthétiques, une dynamique rythmique invitatoire à l'adhésion, mais témoignent aussi d'un travail de recherche plus approfondi sur les lignes mélodiques et vocales que par le passé. Une parenthèse pour indiquer que les quatre titres bonus sont des versions alternatives de pistes extraites de « In Control » (2007) et « The Quiet Resistance » (2007), non encore disponibles à ce jour. Ce faisant, le groupe a également fait évoluer son style, s'éloignant d'une veine symphonique pour imprimer une touche rock et électro à son message metal gothique mélodique, un poil dark, à chant féminin.

Précisons que le collectif a toujours eu pour souci de se laisser le temps nécessaire à la maturité de ses compositions, espaçant chacune de ses sorties d'albums d'au moins trois ans. Et, à chaque fois, on gravit un échelon dans la qualité de production. Ce qui se vérifie d'autant plus sur cette dernière offrande, où l'enregistrement a particulièrement été soigné, ne laissant filtrer que peu de sonorités résiduelles. Une belle profondeur de champ acoustique s'observe également ayant pour corollaire une péréquation de l'espace sonore entre les parties instrumentales et vocales. A ce mixage ajusté s'ajoute une distribution efficace des pistes relayées par de propres enchaînements, même si certains titres nous imposent une brutale clôture. Sans oublier la finesse du trait et l'originalité du concept graphique de l'artwork de la jaquette. On entre ainsi avec les honneurs en contact avec des compositions énergiques, troublantes ou romantiques de bonne facture technique, où l'instrumentation se déploie avec justesse et authenticité, sans emphase. Un travail de cohésion indéfectible transparaît dans cette œuvre, celle-là même où la sirène a gagné en densité oratoire, en allonge en voix pleine, trouvé un positionnement optimal lui permettant de sublimer chacune de ses prestations.

On décèle, tout d'abord, quelques titres aptes à figurer dans les charts, révélant de séduisantes et efficaces séries de notes distillées par une instrumentation bien inspirée et une signature vocale qui pourra sans mal nous rallier à leur cause. Ainsi, l'entraînant « Forever », véritable hit metal gothique dans le sillage atmosphérique de Delain, avec un soupçon d'Amaranthe côté arrangements, ne ratera pas son effet, le cheminement harmonique nous menant à un parcours instruments/voix ultra sécurisé. Une touche électro nous imprègne alors que de langoureux couplets et de magnétiques refrains alternent dans une ronde des saveurs propice au headbang subreptice. Quant aux volutes oratoires de la belle, eu égard au souffle éolien dont elles se nourrissent, font mouche où qu'elles se meuvent. Corroborées à une présence masculine en background, elles nous embarquent pour s'incruster durablement dans notre mémoire. On y reviendra pour y goûter à nouveau, assurément. D'inspiration électro dans la veine d'Amaranthe tout en nous projetant sur une rythmique d'obédience rock, « Time to Make It » glisse tout naturellement dans nos pavillons alanguis, ses armes percussives se déployant avec célérité sans nous laisser la moindre occasion d'un quelconque décrochage. Une ambiance mordorée s'installe alors sur les couplets, les refrains les relayant par une luminosité mélodique invitatoire au frissonnement de nos sens. De plus, de fines variations de tonalité s'offrent parallèlement à une stupéfiante montée en puissance, pour finir crescendo. Enfin, « Hold On », entraînant titre metal gothique progressif calé en partie sur une rythmique syncopée, suit un tracé mélodique engageant. La sirène, pour sa part, se charge de nous encenser le tympan tant par ses chatoyantes envolées que par ses vocalises veloutées. Efficace et sensible, cette piste frétillante se livre aisément, même si l'empreinte vocale masculine en arrière-fond était dispensable. Agréable moment à défaut d'être imparable.

Le combo s'est également montré plus incisif, sans y perdre en impact mélodique. Ainsi, le féroce et efficace « Hear Me » est une piste metal gothique estampée rock, où des riffs acérés étreignent en continu une rythmique vrombissante sur une trame mélodique plutôt agréable, prenant toute sa dimension sur le refrain. Sur cette magmatique assise instrumentale, brièvement interrompue par un break opportun, on suit les inflexions vocales de la sirène, qu'elle module avec délicatesse tout en usant d'un rai de puissance, pour finir crescendo. Offensif à souhait, « Can't Believe It », quant à lui, fait crisser ses riffs et vrombir sa section rythmique, pour un voyage rock metalisé sous haute tension. Et ce, avec le souci permanent de ne pas se perdre en conjectures technicistes au profit d'une assise mélodique infiltrante, dans la veine de leur effort précédent. Aussi, lorsque la machine percussive s'emballe, elle détruit tout sur son passage, et c'est volontiers qu'on fendrait l'air sous ses blasts et descentes de toms, cheveux au vent. Bref, une piste qu'on suit sans sourciller une seule seconde. Pour sa part, le dynamique « Get Out » est un titre metal gothique aux riffs graveleux et à la rythmique rock, non sans rappeler The Murder Of My Sweet. Ce faisant, il dissémine des couplets émoustillants alternant avec des refrains aux accords convenus et à la mélodicité un tantinet linéaire mais attachante et, donc aisément mémorisable.

Le collectif a également ralenti son tempo pour distribuer ses vibes. Ainsi, sur un mid tempo évoluant sur une rythmique féline, le subtil « Twilight » laisse glisser quelques fluides et alertes séries de notes en picking à la lead guitare, d'inspiration brit pop, savamment distribuées au gré des fluctuations de l'espace percussif typé rock metallisé. C'est au fil d'une jouissive traversée au sein de couplets bien sculptés et de refrains immersifs de par le délicat tracé mélodique, dans le sillage de Delain, que la déesse dissémine ses sulfureuses patines vocales, agréablement secondée par la voix de gorge un poil aérienne d'Hendrik. Par ailleurs, déployant une rythmique souple, une double caisse martelante et des riffs gras, « Bones », titre metal gothique mélodique, à la touche électro, nous octroie un agréable mid tempo où un serpent synthétique ondoie au fil de couplets nuancés et de refrains on ne peut plus accessibles mais percutants. Dans une atmosphère proche de Delain, la belle nous charme alors de ses aériennes inflexions parallèlement à une lead guitare au picking alerte au fil d'un cheminement harmonique de bon aloi.

Enfin, on n'aura pas oublié quelques moments tamisés, le groupe ayant livré ses mots bleus à l'instar de deux voluptueuses ballades, différentes dans leur principe d'émission. D'une part, un guitare/piano/voix nous introduit en douceur sur « Let It Burn », romantique power ballade aux accords effilés, dotées de riffs émoussés et d'une rythmique tout de soie vêtue, dans le sillage atmosphérique conjugué d'un Within Temptation de la première heure et d'Autumn. On évolue sur un parterre orchestral feutré, offrant quelques belles montées en puissance, au gré d'une ligne mélodique invitante, un tantinet répétitive, où la déesse fait étinceler ses envolées en voix de tête. Un break opportun s'intercale pour mieux laisser la vague de la reprise nous fouetter le tympan sur la crête du refrain, comme pour mieux nous faire courber l'échine. Et la sauce prend, sans l'ombre d'une difficulté. D'autre part, une soyeuse onde vibratoire nous parcourt dès les premières mesures d'un réjouissant piano/voix sur « Light Up the Sky », délicieuse ballade progressive, non sans renvoyer à Evanescence, où la belle nous prend la main pour une virée en apesanteur. Des accords finement ciselés confèrent à cette délicate pièce une riche palette de nuances, son charme tenant également dans les chatoyantes impulsions de la douce.

A l'issue de l'écoute de cette galette, on comprend que le combo batave a opté pour une heureuse combinaison metal gothique, électro et rock mélodique, qui s'apprécie au fil des passages, le temps qu'il faut pour en déceler toutes ses subtilités et ses marques d'évolution. Se voulant le plus souvent accessible et libératoire de toute frustration, le propos n'en demeure pas moins exigeant sur ses portées et quant à la restitution des séries d'accords délivrées. Si l'on peut regretter la rareté des ponts techniques, l'absence de prises de risques et d'un brin d'originalité supplémentaire, on ne peut que reconnaître le minutieux travail en studio et l'effort d'avoir ajouté une corde stylistique de plus à son arc, pour un rendu plus qu'honorable. De l'eau a coulé sous les ponts, certes, mais on reconnaît la patte du groupe dans ses gammes et ses arpèges. Ce qui permettra aux fans du groupe de le retrouver, voire de le redécouvrir, et aux autres amateurs de metal gothique à chant féminin d'entrer en contact avec l'expérience et le talent de ce potentiel pour un voyage au long cours. Bref, un album vitaminé, mélodieux et romantique qui ne devrait pas passer inaperçu...