Il est toujours périlleux de rebondir après avoir sorti un album d'exception.
Isolation Songs était dans cette veine. Quel est le choix de
Ghost Brigade pour le petit nouveau
Until Fear No Longer Defines Us : continuité, renouveau, abomination ou surpassement ?
Tenant l'objet en main, on ne peut que s'extasier devant la somptueuse pochette. Il souffle sur cette oeuvre un vent glacial, un brouillard pénétrant, des ombres pas très rassurantes mais la lueur purificatrice du soleil vient pointer à l'horizon, par delà les montagnes. En plus de l'apparente beauté, elle reprend donc les éléments de la musique du groupe. Coup de maître !
En démarrant l'écoute, un titre acoustique chargé de mélancolie vient perturber nos sens. Que se passe-t-il ?
Ghost Brigade nous laisserait-il tomber? Point n'en est, une écoute attentive de ce morceau totalement novateur permet de retrouver ses repères. On reconnaît malgré tout la patte du groupe qui vient faire briller nos yeux d'entrée de jeu avec un titre chargé d'émotions, contrairement à la légèreté apparente.
Cependant, la suite vient nous réconforter avec Clawmaster en totale adéquation avec le travail fourni sur
Isolation Song. Du
Ghost Brigade pur jus, brutal, abyssal et colérique, tout en restant atmosphérique.
Comme à son habitude, le groupe oscille entre des passages saturés et clairs, agressifs et atmosphériques, sombres et empreints d'espoirs. Caractéristique qui se retrouve à la fois entre les morceaux et à l'intérieur de ceux-ci. C'est ainsi que l'on passe d'un morceau doux (Chamber), à une agression digne du death mélodique (Traces of Liberty), où à la profondeur étouffante de Breakwater.
Jusque là, rien de nouveau, l'album s'affiche comme un remake du précédent, sans pour autant atteindre une telle intensité. Certains titres sont limite décevants (
Grain, Traces of Liberty), alors que d'autres inspirent le meilleur : Soulcarvers, Clawmaster, Breakwater (s'il ne fallait en retenir que trois, ce serait ceux-ci). Pourtant, en prêtant une oreille attentive, on s'aperçoit que le groupe explore, notamment sur les intros : bruitages (Breakwater), touche électro (Cult of
Decay), hurlements (
Torn).
Autre constat, la sensation laissée est totalement différente. Cet album est nettement plus aéré et poétique. Les titres les plus lumineux sont ceux qui laissent la meilleure impression. Il est donc intéressant de constater qu'en appliquant la même recette (les morceaux auraient pu être composés à l'air de
Isolation Songs), on peut parvenir à un résultat totalement différent.
Alors que
Isolation Songs nous emmenait dans les abysses de notre inconscient par une descente progressive et pénétrante, pour faire jaillir nos sentiments enfuis dans les profondeurs de notre âme, cette fois-ci les morceaux semblent se succéder aléatoirement. On regrettera donc cette introspection qui faisait de ce second album un chef d'oeuvre. A moins qu'ils n'aient voulu nous offrir un pèle-mêle des émotions humaines nous secouant telle une boule de flipper. Après tout, le titre de l'album, que l'on pourrait traduire par «Jusqu'à ce que la peur cesse de nous définir» semble indiquer que ce remue-émotions ne s'arrêtera que lorsqu'on sera immunisés.
On peut tout de même observer une continuité entre les trois albums. La colère "guidée par le feu" est canalisée par l'introspection purificatrice du
Isolation Songs, pour apparaître apaisé sur
Until Fear No Longer Defines Us. La thérapie semble avoir fonctionné aussi bien pour les fans que pour le groupe, tant la couleur de cet opus est plus atmosphérique, plus légère, plus éclairée par l'espoir.
Pour conclure cette chronique, je dirai que cet album peut être une légère déception pour qui attendait énormément du groupe. Cependant, pris séparément, il semble être très intéressant, et plus accessible. Je le conseillerais donc à ceux et celles qui ne connaissent pas encore ce fantastique groupe. Les fans risquent de l'apprécier sans pour autant être chamboulés. Après tout, on n'a pas tous les jours besoin d'un lavage de cerveau... Cet album mérite certainement de plus nombreuses écoutes pour s'en imprégner totalement. Qui sait, peut-être que sa magie apparaîtra au fil du temps.
Extrait d'une interview de Veli-Matti Suihkonen (le batteur) par radiometal.com:
«Nous avons tous peur de quelque chose. Le sens du titre signifie pour nous «se débarrasser de ces peurs, les combattre. Prends ta vie en main, fais ce que tu veux faire. Réfléchis à ta vie, à comment tu la perçois, et à ce que tu veux faire». C’est le propos principal. Tout le monde devrait se poser ces questions. C’est ta vie, tu dois essayer d’être heureux, de réaliser tes rêves.»
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Petit joueur :)
La première impression que j'ai eu en écoutant GB: De la musique qui ne révolutionne rien mais orchestrée correctement et intelligemment. Une impression de "Metal professionnel" ou mature.
C'est vrai: les riffs sont basique mais l'ambiance est telle qu'on se sent directement imprégné par la musique. C'est assez étrange, autant que le fait d'avoir une autre ambiance avec la même recette que sur l'album précédent.
Ce serait donc ça qu'on appelle le génie???
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