Unstoppable Force

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17/20
Nom du groupe Agent Steel
Nom de l'album Unstoppable Force
Type Album
Date de parution Mars 1987
Style MusicalSpeed Thrash
Membres possèdant cet album139

Tracklist

Re-Issue in 2008 by Century Media with 3 bonustracks taken from the "Mad Locust Rising" EP
1.
 Unstoppable Force
 03:52
2.
 Never Surrender
 03:51
3.
 Indestructive
 03:29
4.
 Chosen to Stay
 04:45
5.
 Still Searchin'
 04:11
6.
 Rager
 04:06
7.
 The Day at Guyana
 06:37
8.
 Nothin' Left
 04:20
9.
 Traveller
 03:48

Bonus
10.
 (The Swarm Is Upon Us)
 00:16
11.
 Mad Locust Rising
 04:14
12.
 Let It Be Done / The Day at Guyana
 04:39

Durée totale : 48:08

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Agent Steel


Chronique @ largod

28 Juin 2012

Le côté speed de la force

Ce second album d’Agent Steel a le mérite d’annoncer la couleur dès son titre, empreint d’une inéluctable destinée et d’un peu d’arrogance. Prenant à son compte le vocabulaire du premier chevalier Jedi venu, on peut légitimement s’attendre à glisser avec le groupe soit vers le côté obscur de la force, soit combattre les troupes de l’Empire et venir à bout de l’arme absolue qu’est cette monstrueuse Etoile Noire. La sagesse de Yoda et la fougue de Luke Skywalker semblent habiter nos cinq « steelers » car ils nous proposent une belle variété de titres dans un style speed mélodique teinté de thrash, manié avec dextérité et finesse comme le sabre-laser d’Obiwan Kenobi.

Agent Steel, c’est d’abord un homme, João Campos.
Après le split du groupe Sceptre, où il tenait la guitare au côté des frères Sardo, John Camps, version américanisée de son nom d’origine latino, effectue une pige sous son nom de scène, John Syriis, au micro du groupe Abattoir et participe à la démo 2 titres de novembre 1983 « Screams from the grave » aux côtés d’un certain Juan Garcia à la six-cordes. S’appelant désormais John Cyriis, il quitta la zone d’équarrissage de bovins et autres bêtes à cornes pour créer Agent Steel avec Chuck Profus, batteur de Los Angeles, en 1984. Complétés du bassiste George Robb et de la paire de guitaristes, Bill Simmons et Mark Marshall, que l’on retrouvera plus tard chez Savage Grace, Agent Steel enregistre sous la houlette du producteur Dan Mc Conomy, une démo « 144,000 Gone » qui permit au groupe d’ouvrir pour le légendaire Slayer lors d’un show au Country Club de Reseda, mais surtout d’attirer l’attention de Steve Sinclair, à la recherche de talents pour Combat Records. Ce jeune label indépendant, ayant à son actif les premiers albums de Megadeth, Exodus et Dark Angel, donne sa chance au groupe et « Skeptics Apocalypse » voit le jour en août 1985. Ce premier LP voit aussi Juan Garcia et Kurt Kileft tenir les postes de guitaristes. Ce dernier, après une prise de tête avec John Cyriis, part former Holy Terror et manque donc aux crédits du nouveau EP « Mad Locust Rising » enregistré fin 85 avec Bernie Versailles en soutien de Juan Garcia. Les évènements s’accélèrent à nouveau pour le groupe. Ils entament les sessions d’enregistrement du nouvel album en mars 1986 au fameux Morrisound studio de Tampa en Floride avec un nouveau bassiste, Michael Zaputil. Profitant d’une opportunité de tourner en Europe en mai avec Anthrax et Overkill, ils reprennent ensuite le chemin du studio pour achever « Unstoppable Force » qui sortira finalement début 1987.

Malgré de nombreux changements de line-up, mais aidé par une bonne production et un « gros son », Agent Steel distille une bonne dose d’agressivité sur cette nouvelle galette, notamment dans ses riffs joués à deux guitares, qui renforcent l’effet de percussion sur les cages à miel du cyborg de classe supérieure C3PO. Le style speed-thrash est bien dans la veine de la scène de L.A. de ce milieu d’années 80, avec un chant parfois suraigu mais tout de même mélodieux et maitrisé, ce que ne contredirait pas le baryton-basse Chewbacca. Reconnaissons d’ailleurs, par moment, des vocaux proches des intonations d’un Geoff Tate au meilleur de sa forme ainsi qu’un phrasé à la Rob Halford. Mais les puristes seront bien entendu agacés par les incursions intempestives dans les aigus de John Cyriis. On est bien loin du brame du grand Kudu au fin fond du parc Krueger. Et malgré les années qui passent, il garde toujours ce grain haut perché, à perdre haleine et les cordes vocales.
Histoire de ne pas trop focaliser sur le leader front man d’Agent Steel, saluons le magnifique instrumental « The day of Guyana » sur lequel les quatre autres membres du groupe déchainent un feu nourri. S’y succèdent riffs joués en doublette, d’inspiration Metallica pour instaurer une première ambiance glauque et bien heavy puis une accélération soutenue par le plomb de Chuck Profus sur la caisse claire et son pédalage insidieux sur la double Sonor. La cavalcade des guitares et leurs soli flirtent avec une composition que n’auraient pas reniée Iron Maiden et Judas Priest, tout juste épicé par un break de basse vertigineux durant lequel Michael Zaputil, sous stimulant à base de plantes des hautes cimes himalayennes, arrache la peau de ses innombrables doigts sur les cordes ultra-métalliques de son instrument. Bernie Versailles, dont le prénom affuble celui de notre tant adoré vocaliste de Trust à un symbole flamboyant de la royauté, semble avoir scellé avec Juan Garcia une alliance qui tient toutes ses promesses.

Le plat de résistance commence avec le titre donnant le nom à l’album. Après le passage furtif d’un OVNI en introduction, Bernie Versailles et Juan Garcia attaquent en bloquant la poignée d’accélération à fond ! Le riff thrash du titre est épaulé par le jeu de batterie, rapide et à la limite du blast, de Chuck Profus. En arrière plan, l’ami Michael Zaputil propulse une ligne de basse titanesque. Les pré-chorus et le break permettent à John Cyriis de reprendre son souffle et d’avoir quelques intonations du chanteur de Queensryche, mais aussi aux guitares de retrouver une trame plus heavy à la Judas Priest. Les soli de Bernie et Juan, très UFOesques, tranchent avec le bourdonnement des couplets. « Indestructive » est un nouvel exemple de speed-thrash où l’attaque de moissonneuse-batteuse des guitares répond à un martèlement en règle de la caisse claire et de la double-pédale. Rajoutez-y une basse d’égoutier et un chant glissant sur la mélodie comme un cobra dans la jungle et cela vous donne une idée de la boucherie envoyée par Agent Steel. Les chœurs gorgés d’hormones mâles éructent le refrain alors que le boss du cri surpuissant nous explose les esgourdes avec un divin plaisir, après nous avoir tenu en joue jusqu’au refrain. Encore une magnifique copie rendue par le couple de six-cordistes, qui interviennent par touches successives pour relancer la mélodie ou distiller quelques soli de derrière les fagots.

Les titres mid-tempo tiennent une place non négligeable sur cet opus.
D’abord avec « Never Surrender » dont l’attaque de basse et son groove tout au long du morceau feraient passer une charge de Panzers (salut Zaz…) pour un moment de franche rigolade. Les guitares tissent un lead riff des plus classiques et permettent à John Cyriis de déclamer ses paroles avec un phrasé Halfordien. L’autre co-fondateur du groupe nous scotche avec une bonne partie de gambettes sur sa double grosse-caisse, tout en finesse et en doigté du pied, alors que les soli complètent un ensemble d’excellente facture. Agent Steel enfonce le clou avec un « Rager », dont on retient très vite une inspiration Anvil prononcée. Le travail de Chuck Profus est à mettre en avant, tant pour son introduction sèche et sa tenue de rythme sur la caisse claire en contretemps avec le jeu sur la double pédale, qu’il actionne en piston lorsque le besoin s’en fait sentir. Les riffs de Bernie Versailles et Juan Garcia découpent la mélodie comme des scies circulaires avec une attaque de médiator que des violonistes aguerris ne renieraient pas. Ils nous administrent deux magnifiques soli, sur le manche et en soft-shredding. Le chant et les chœurs sont aussi illuminés que ceux de la bande à Lips. Un titre à part sur lequel la basse de Michael Zaputil est l’écho parfait et complémentaire de l’artilleur aux fûts. « He’s coming to town, he’s the rager » et « Our hammers are pounding into your heads » illustrent le sentiment que l’on ressent au final à l’écoute de ce titre. A la limite du titre speed-thrash, « Nothin left » déboule avec une sauvagerie déconcertante. Les guitares Priestiennes nous transpercent et nous collent au plafond dès les premières notes. Impitoyables, elles prennent même une teinte à la Helloween lors du pont en milieu de morceau. Chuck Profus joue au professeur de rythmique appliquée en saccageant la peau de sa caisse claire d’une frappe sèche et lourde. La palme d’honneur aussi à la contribution de vandale possédé par le démon d’un bassiste toujours prêt à en découdre lorsque le titre demande de la puissance.

Passons enfin à la partie plus heavy qu’Agent of Steel aborde sur ce second album.
Guitares sèches et vocaux à la Geoff Tate sur un « Chosen to stay » qui va accélérer après une introduction de ballade heavy où le chant de John Cyriis tranche avec sa capacité de hurleur invétéré. Il retombe assez vite dans sa trame habituelle au risque de nous fêler les tympans. Mais on préfère retenir le jeu de charleston hystérique et la claque lourde du batteur alors que Michael Zaputil frôle à nouveau la camisole avec son jeu de dingue atteint de schizophrénie paranoïaque. Bernie Versailles et Juan Garcia envoient du bois à nouveau, à la fois dans l’atmosphérique et l’aérien, puis le fer porté au rouge dans la partie plus soutenue du morceau. Les deux amis arrachent à nouveau de leurs cordes d’acier un riff lourd et inquiétant sur « Still searchin ‘ ». La mélodie devient bien vite enivrante et entêtante avec une montée d’arpège et un refrain que les chœurs entonnent d’une voix lugubre. Les soli somptueux surgissent au milieu d’une rythmique basse-batterie, bien plombée, sourde et métronomique comme un cœur battant avec régularité. John Cyriis adopte à nouveau des intonations du divin chanteur de Queensryche. C’est enfin dans une ambiance à la Scorpions que débute un splendide « Traveller ». Le rôle des guitares est prépondérant dans ce titre heavy et gorgé de feeling. Le chant de John Cyriis est exceptionnel de technique et de velours, patiné de ce qu’il faut de chromosome animal pour faire de cette ballade une pièce maitresse de cet album. Michael Zaputil assène une simple ligne de basse aussi dévastatrice qu’un tsunami sur la plage du camping des flots bleus. Agent Steel clôture donc un album où les soli de guitare comme les riffing ont une touche d’ingéniosité et de talent, ainsi que de solides fondations coulées dans un béton taloché par deux énergumènes efficaces et durs à l’ouvrage. Ils prouvent ainsi que le groupe sait se hisser au niveau des ambitions de son leader et vocaliste.

Bizarrement, cet album marquera l’arrêt de l’évolution de ce groupe puisqu’il se coupa ensuite littéralement en deux. D’un côté, les deux fondateurs éliront leur camp de base en Floride à Tampa, alors que le reste des musiciens ne sauront s’exiler de la prolifique scène heavy-metal de Los Angeles. Cyriis et Profus partent donc au printemps 1987 en Europe avec à nouveau deux nouveaux guitaristes, James Murphy et Jay Weslord ainsi que Richard Bateman à la basse. Malgré des performances remarquées en Hollande et un show d’anthologie avec Onslaught et Nuclear Assault à l’Hammersmith Odeon mythique de Londres, le groupe connaitra ses derniers soubresauts début 1988 qui le conduira au split.
C’est donc le côté obscur de la force qui finalement prit le dessus. Pas de contre-attaque nécessaire de l’Empire devant la reddition pure et simple d’Agent Steel, terrassé par la rébellion couvant en son sein. Comme quoi, il ne faut pas toujours annoncer trop vite la couleur…

Didier – juin 2012

28 Commentaires

13 J'aime

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MikeSlave - 25 Septembre 2012: album écouté réécouté à tel point que le saphir de ma platine a cramé.
J'aime assez le chant,extrème dans son genre.
Super papelard une fois de plus Mr LARGOD!

@ZAZ :roooh tu casses Living Death roohhh la la !! pas bien!
et question chant Gerrit ( Gérard chez nous ) P.Mutz est le maître du suraigu insupportable mais ça colle si bien à Sacred Steel que j^'adore.
Sperma_frost - 13 Fevrier 2014: Vraiment surprenant ce mariage de plusieurs styles, très original, j'adhère à 100 %, un disque à absolument posséder dans sa collection !
grogwy - 27 Août 2016:

Lors de sa sortie en 1987, ce second album des californiens d'Agent Steel a été descendu dans Hard Rock Magazine et Hard Force.
La raison : le chant de John Cyriis qui, pour les chroniqueurs de l'époque, copiait trop celui de Geoff Tate (Queensrÿche).
D'ailleurs ces journalistes faisaient le même reproche à Michael Kiske, le nouveau chanteur d'Helloween, dans leur chronique de "Keeper Of The 7 Keys Part.I" sorti à la même période.
Ces exécrables chroniques étaient d'autant plus injustes que ce disque, musicalement et vocalement excellent (malgré son caractère égocentrique et tyrannique John Cyriis est un formidable chanteur), est considéré aujourd'hui comme l'une des perles du Speed/Thrash Metal des années 80.

mechant - 17 Novembre 2019:

Belle chronique pour 1 album decouvert sur le tard.

Agent steel delivre ici 1 merveilleux album un clic au dessus du precedent que je considere plus "brut" dans son approche. 

Les annees 80 ont vraiment eu des perles musicales et des groupes influencant la suite de la scene metal.

Les precisions de Grogwy sont imparrables et me font dire que la presse metal en europe ne juge pas de la meme facon les albums.

16/20

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Commentaire @ thewarning

10 Fevrier 2008
Quelle claque ce second opus!! Un deuxième album moins direct que Skeptics Apocalypse mais un style davantage alambiqué variant les tempos passant du speed dévastateur dans le titre éponyme à des passages plus lents dans "Still Searchin'" laissant la part belle à des soli remarquablement inspirés.
Le second titre de la galette "Never Surrender" bien speed avec un batteur (Chuck Profus) déchainé notamment à la double et le gratteux Bernie Versailles qui venait juste d'intégrer la formation après le départ de Kurt Colfelt (parti former HOLY TERROR) démontre à l'écoute des performances aux solos notamment, qu'il s'est déjà bien intégré dans le combo californien et dans la paire de gratteux artilleurs qu' il forme avec Juan Garcia. On citera également les performances du chanteur John Cyriis qui réalise des envolées lyriques incroyables.
On retiendra également le superbe instrumental "Day at Guyana" tes épique alternant des passages hyper speed et mid tempo le tout avec une maitrise hors paire.
un des tout meilleurs disque du genre qui a plutot bien traversé les epoques,a posseder dans sa collection!!

3 Commentaires

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swit35 - 12 Juin 2011: Tres bon album dont la production surpasse celle du premier Skeptics Apocalypse.. mais les compos sont un cran en dessous, je préfère le style plus rageur du premier opus.
samolice - 22 Octobre 2011: J'apprécie les 2 albums. L'instrumental est monstrueux!
Les 2 derniers albums parus récemment sont pas mals aussi d'ailleurs. Dommage que le groupe n'ait pa davantage de succès car il mérite toujours. Wait and see, on ne sait jamais (qui aurait prédit la résurrection d'Anvil?).
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