« Puis je vis un autre Ange monter de l’Orient, portant le sceau du Dieu vivant ; il cria d’une voix puissante aux quatre Anges auxquels il fut donner de malmener la terre et la mer : « Attendez, pour malmener la terre et la mer et les arbres, que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu. » Et j’ai appris combien furent alors marqués du sceau : cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël… » L’
Apocalypse, dernier livre de la Bible des chrétiens rédigé par l’apôtre Jean, fils de Zébédée et de Marie-Salomé, se veut être le récit prophétique de ce qui doit advenir à la Fin des Temps. Fort en symbolisme, objet pseudépigraphique d’un style littéraire à part entière et sujet à de nombreuses interprétations propres aux thèses idéalistes, prétéristes, présentistes, futuristes et mystagogiques notamment ; l’ultime ouvrage du Nouveau
Testament permit aux autorités religieuses et morales des siècles passés d’asservir non sans succès les masses obséquieuses sous le joug de la terreur eschatologique et de la menace conditionnelle de souffrances éternelles et atroces une fois le pas du royaume des morts franchi. L’
Apocalypse a également constitué une source d’inspiration quasi intarissable pour de nombreuses entités de légende du sacro-saint heavy metal à l’instar d’un certain
Agent Steel.
Agent Steel se forme à
Los Angeles en Californie au cours de l’année 1984 autour du vocaliste John Cyriis (ex
Sceptre,
Abattoir) et du batteur Chuck Profus, rejoints dans la foulée par le bassiste George Robb (futur Détente) et la paire de six-cordistes Mark
Marshall (futur
Savage Grace) / Bill Simmons. Après la parution d’une première démo intitulée «
144,000 Gone » voyant le combo poser les bases d’un speed metal particulièrement efficace au travers d’une version initiale du titre éponyme, le line-up d’
Agent Steel connait ses premières mutations avec le remplacement de ses deux guitaristes par les dénommés Juan Garcia (ex
Abattoir, futur
Evildead) et
Kurt Colfelt (futur
Holy Terror) ; nouvelle mouture du combo qui enregistrera une deuxième démo fin 1984 répondant à la simple appellation de «
Second Demo ». Suite à un gig on ne peut plus décisif assuré en janvier 1985 sur les planches du Country Club de Resada en ouverture du mythique
Slayer, Steve Sinclair du label new-yorkais Combat Records n’hésite pas une seconde à signer le groupe. Le premier full length d’
Agent Steel sort en juin de la même année sous le patronyme de « Skeptics Apocalyspe ».
L’écoute de certains albums rend obligatoire la pratique d’un rituel liturgique avant la pose tant attendue et non moins délicate du diamant sur le microsillon de chlorure de polyvinyle : celui d’aller chercher sa vieille veste à patchs sans manches, de chausser une paire on ne peut plus usagée de Nike Air Jordan ornées de languettes surdimensionnées, de sortir du bac à légumes de son réfrigérateur un pack de Budweiser et enfin de monter jusqu’à 11 le volume de sa chaîne hi-fi de salon. Le premier disque d’
Agent Steel s’avère être bien évidemment de ceux-ci, constituant un modèle immuable de l’âge d’or du style auquel on le rattache. «
Skeptics Apocalypse » inaugure la carrière discographique du quintette californien au travers de « The Calling », introduction pontifiante voyant l’apparition d’une voix extra-terrestre gravissime comparable à celle de « In the Beginning » inaugurant solennellement l’inénarrable « Shout at the
Devil » de Mötley Crüe. Conditionné d’emblée au concept thématique conspirationniste et prophétique d’
Agent Steel, l’auditeur n’a plus qu’à apprécier à sa juste valeur le heavy metal d’obédience speed déflagré par l’excellent « Agents of Steel » qui incisif et énergique à souhait met en relief une production particulièrement qualitative. Des vocaux flirtant sans peine avec le suraigu de John Cyriis aux riffs/soli assassins de la paire Garcia/Colfelt en passant par la puissante rythmique des George Robb et autres Chuck Profus, le speed metal de ce «
Skeptics Apocalypse » se veut être avant tout hyper efficace et fédérateur à l’image des ultimes et jouissives «
Evil Eye/
Evil Minds », «
Bleed for the Goz », «
144,000 Gone » et autres « Back to
Reign ; exemples sonores incarnés de promptitude brute et spontanée au possible.
Bien que constituant indéniablement un release empreint de la rage et de la fureur propre à tout premier opus estampillé speed metal US cuvée 1985 qui se respecte, « Skeptics Apocalyspe » propose également des titres au tempo relativement plus ralenti que celui animant à la vitesse de la lumière les véritables et délicieuses petites bombes énoncées précédemment. A ce propos, relevons la mystique «
Children of the Sun » et son break absolument somptueux au sein de laquelle John Cyriis semble être possédé par les paroles prophétiques qu’il formule avec une complaisance sarcastique plutôt désarçonnante ou encore « Guilty as Charged » habilement marquée d’une rythmique incroyablement lancinante qui ne fait qu’accentuer le caractère grave et sentencieux des thèmes lyriques abordées par
Agent Steel au cours des neuf pistes composant ce premier effort. A défaut d’imputer au disque un certain manque de cohérence, ces deux morceaux à la cadence relativement plus modérée que le reste des hymnes survitaminés du disque matérialisent des intermèdes plutôt pertinents permettant à l’auditeur de considérer à juste titre la relative variété et la richesse musicale intrinsèque de «
Skeptics Apocalypse » trahissant notamment les indéniables influences NWOBHM du quintette speed metal de la Cité des Anges. S’il fallait coûte que coûte trouver une faille à cet enregistrement honorablement bien produit par le dénommé Jay Jones qui n’aura l’occasion de démontrer ses talents de producteur qu’une seconde fois seulement avec le «
Vicious Attack » d’
Abattoir paru un mois après « Skeptics Apocalyspe » sur Combat Records également, force serait de constater les limites de la relativement courte et maniérée « Taken by Force » qui sans être un mauvais morceau en soi s’avère néanmoins assez en deçà des excellentes « Agents of Steel », «
Evil Eye/
Evil Minds » et autres «
144,000 Gone » notamment qui auront très certainement raison des cervicales de tout metalmaniac normalement constitué au niveau de l’appareil auditif.
Remarquablement inspiré et objet d’un caractère spontané optimal et on ne peut plus légitime pour tout premier full length d’un combo originel de speed metal digne de ce nom, «
Skeptics Apocalypse » s’avère être un disque à la facture qualitative indubitable qui saura satisfaire sans aucun doute les amateurs de metal à tempo accéléré. Classique désormais indispensable à la discothèque en perpétuelle croissance de tout fan de metal d’obédience 80’s qui se respecte, cette première offrande du légendaire
Agent Steel constituera également un point d’intérêt majeur pour les aficionados des sujets intemporels et indémodables traités lyriquement et avec un certain brio s’il vous plait au sein des neuf titres composant cette petite merveille de speed metal made in USA. Un album à apprécier en version vinyle et au volume maximal si possible accompagné de bière fraîche à volonté.
Lorsque "Skeptics Apocalypse" est sorti, les plus observateurs ont remarqué que deux de ses titres ("taken by force" et "144,000 gone") étaient issus de la démo de Sceptre.
Cet obscur groupe avait en son sein un guitariste du nom de John Camps, qui n'était autre que John Cyriis.
Ce dernier avait composé les trois morceaux (les deux cités plus haut et "sceptre") de l'unique démo de cette formation.
Le titre "taken by force" fut ensuite sélectionné pour figurer sur le quatrième volume de la compilation Metal Massacre.
Sceptre splittera peu après, et John Cyriis partira chanter chez Abattoir (en remplacement de Raul Preston, qui reprendra sa place peu après !).
Avec ce groupe John Cyriis réenregistrera les deux morceaux présents sur la précédente démo ("vicious attack" et surtout "scream from the grave", dont la nouvelle version figurera elle aussi sur Metal Massacre IV), avant de le quitter pour fonder Agent Steel.
C'est la raison pour laquelle on retrouve sur "skeptics apocalypse" ces deux titres de Sceptre (cette fois-ci chantés par John Cyriis).
De leur coté les frangins Tony et Phil Sardo (bassiste et batteur de Sceptre) formeront bien plus tard le groupe Thrustor, et enregistreront deux albums dont le second "Abysmal Fear" est sorti en 2012 sur le label français Emanes Metal Records.
Découvert lorsque j'ai vu la pochette à l'arrière de l album de darkthrone " the underground resistance"....Son écoute eveilla en moi bcp d'intérêt.
Acheté rapidement...c'est 1 album magique. Il faudra que j'écoute les 2 suivants.
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